Anwar Abu Eisheh, professeur de droit, ancien ministre de la Culture de l’Autorité palestinienne et membre du Fatah.
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00:00 Bonjour Anwar Abou-Echeh.
00:01 - Bonjour, merci.
00:02 - Vous êtes ancien ministre de la culture palestinien, professeur de droit.
00:05 Il se passe quelque chose ce matin dans la bande de Gaza,
00:07 ou plutôt militairement il ne se passe plus rien,
00:10 une trêve observée depuis 6 heures ce matin hors de Paris.
00:14 Cette trêve c'est un soulagement pour les populations civiles de Gaza ?
00:17 - C'est vrai que dès que j'ai vu ce matin,
00:21 à partir de 6 heures hors de Paris,
00:23 la population surtout de la ville de Khan Younes au sud de Gaza,
00:27 n'oublions pas que le moitié nord de Gaza,
00:30 il n'y a pas de vie toujours parce que c'est une occupation totale,
00:34 mais on a vu même des écoles publiques ouvrir à Khan Younes.
00:39 Maintenant la situation est toujours très difficile
00:43 parce qu'il n'y a toujours pas d'eau, pas d'électricité, pas de téléphone,
00:47 et surtout il y a beaucoup de cadavres sous les décombres,
00:50 enfin bon, une situation très très difficile,
00:53 mais au moins c'est calme, ça permet à la population de respirer,
00:59 c'est un bol d'oxygène certainement.
01:01 - Alors on sait que 13 femmes et enfants israéliens seront libérées dans la journée,
01:04 côté palestiniens, au total c'est 150 détenus palestiniens qui vont sortir de prison,
01:09 est-ce qu'on sait qui sont ces prisonniers ?
01:11 Il y a des jeunes, il y a des femmes notamment ?
01:12 - Pas vraiment, mais en tout cas c'est des gens
01:16 qui ont des périodes d'emprisonnement relativement courtes,
01:23 et c'est surtout des enfants et des femmes comme vous l'avez dit,
01:27 mais on ne connaît pas encore la totalité des noms.
01:31 - Est-ce que pour vous c'est une parenthèse dans la guerre ou c'est le début de quelque chose ?
01:35 - Nous espérons que c'est le début de quelque chose,
01:37 parce qu'il y a la marge de la guerre, il y a la marge de bombardement de la population à Gaza,
01:42 il ne reste plus rien à Gaza et les deux tiers de la population sont dans la rue,
01:47 nous espérons que c'est le début d'un cessez-le-feu,
01:52 nous n'arrêtons pas de réclamer un cessez-le-feu,
01:55 nous espérons que c'est le début même de démarches de paix.
02:05 - Ça pose la question de l'issue diplomatique et en réalité politique,
02:09 vous vous passez votre vie entre Paris et Héberon en Cisjordanie,
02:13 est-ce que le Hamas ne va pas finalement ressortir comme le grand libérateur,
02:17 celui qui aura permis aux prisonniers de sortir ?
02:21 - Écoutez, le bombardement israélien était sur toute la population palestinienne,
02:27 Israël n'a pas fait la différence,
02:30 d'ailleurs c'est dans un cadre de mentalité de punition collective
02:33 qui existe en Israël depuis sa création,
02:37 donc non, c'est le peuple palestinien qui a perdu,
02:40 c'est le peuple palestinien qui décidera,
02:42 et le peuple palestinien réfléchira et nous espérons,
02:45 pour prolonger la réponse,
02:48 nous espérons organiser des élections que le peuple palestinien décide.
02:53 - Parce que pour l'instant, on a par exemple Joe Biden, l'américain,
02:55 qui disait dans le Washington Post cette semaine
02:57 "il faut réunifier Gaza et la Cisjordanie sous une autorité palestinienne revitalisée",
03:02 elle est où pour l'instant cette autorité palestinienne ?
03:04 - D'abord, ce n'est ni à Biden, ni à Macron,
03:10 ni à quiconque de tailler des costumes pour nous.
03:13 Nous savons notre intérêt, nous le peuple palestinien,
03:18 nous devons décider de notre futur.
03:21 - Mais jusqu'à présent, Mahmoud Abbas a refusé des élections législatives et présidentielles.
03:25 - Et vous savez que c'est à cause d'Israël,
03:27 parce qu'Israël a refusé aux Palestiniens de Jérusalem-Est
03:31 de voter et d'accepter les élections sans Jérusalem-Est,
03:35 c'est accepter l'annexion illégale au regard des droits internationaux
03:40 de Jérusalem-Est par Israël.
03:42 Moi, à sa place, j'aurais refusé aussi,
03:45 parce que ce sera vraiment une honte nationale
03:47 qu'on accepte l'annexion illégale de Jérusalem-Est par Israël.
03:52 - On sait que l'opposition, justement, à Mahmoud Abbas s'organise.
03:55 Il va falloir que ces élections, il va falloir qu'il y ait un processus démocratique qui se mette en place.
04:01 - Nous le voulons, et depuis des années.
04:03 Et c'est dommage que l'Europe, et notamment l'Occident,
04:07 n'ont pas réussi à obliger Israël
04:11 de nous laisser faire les élections à Jérusalem-Est,
04:14 ce qui a retardé toutes les échéances des élections nationales.
04:18 Et c'est dommage. Et effectivement,
04:20 des élections peuvent être un bon chemin pour résoudre beaucoup de problèmes chez nous, les Palestiniens.
04:30 - Si je vous demande qui représente aujourd'hui le peuple palestinien ?
04:33 Quelle est la réponse à cette question ?
04:35 - Alors, c'est évident que c'est l'Organisation de la Libération de la Palestine.
04:39 Et l'autorité palestinienne n'est pas vraiment populaire en Cisjordanie ni à Gaza.
04:43 On le sait.
04:45 On n'est pas vraiment populaire, mais jusqu'à maintenant, juridiquement,
04:49 c'est l'OLP qui représente le peuple palestinien,
04:53 mais qui a le devoir de renouveler...
04:56 - Donc il y a, selon vous, une solution politique en dehors des islamistes ?
05:01 - Les islamistes qui font partie du peuple,
05:05 comme on l'a fait en 2006, 2007, et plein d'autres...
05:09 Les Palestiniens, tous les Palestiniens doivent avoir le droit de voter et de se présenter aux élections.
05:15 - Merci beaucoup, Anwar Abou-Echeh.
05:17 Merci d'avoir été ce matin dans le studio de France Info.
05:21 Je rappelle que vous êtes ancien ministre de la Culture palestinien et professeur de droit.