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Antoine Valentin, maire DVD de Saint-Jeoire en Haute-Savoie, répond aux questions de Dimitri Pavlenko. Ensemble, ils reviennent sur l'augmentation des violences dans les petites communes rurales.
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NewsTranscription
00:00 sur Europe 1, Dimitri Pavlenko, vous recevez ce matin le maire de la commune de Saint-Jouar en Haute-Savoie.
00:05 - Bonjour Antoine Valentin. - Bonjour Dimitri Pavlenko.
00:08 - Bienvenue sur Europe 1, le 105e congrès des maires de France s'ouvre ce matin à Paris.
00:12 Alors le thème cette année, "Communes attaquées, républiques menacées".
00:16 Vous, vous êtes un jeune maire Antoine Valentin, d'abord vous avez la petite trentaine, c'est votre premier mandat,
00:20 élu sous l'étiquette d'hiver droite. Vous vous êtes signalé médiatiquement il y a deux ans,
00:25 en publiant dans le Figaro une tribune dans laquelle vous alertiez
00:28 les pouvoirs publics sur la hausse de l'insécurité dans les territoires ruraux.
00:32 On a justement dans l'actualité l'attaque de cette salle des fêtes samedi à Crépole dans la Drôme.
00:36 Donc Crépole, 500 habitants, 20 blessés, 1 mort.
00:40 Vous vous dites quoi quand vous voyez une telle affaire ? Vous vous dites ça peut réarriver à Saint-Jouar ?
00:44 - Bien sûr, alors évidemment j'ai d'abord une pensée pour la victime, c'est proche,
00:48 et je ne peux que transposer cela dans ma commune. Puis très vite vient un sentiment de colère.
00:53 Un sentiment de colère dont la façon est traitée de cette affaire, c'est à dire
00:58 qu'on n'est pas là face une Rix, mais face à une Razia meurtrière opérée par des racailles, par des tueurs, des sauvages.
01:04 Une colère ensuite parce que depuis des années nous alertons sur le manque de gendarmes dans nos communes rurales,
01:11 sur l'ensauvagement global de la société, et puis en colère enfin
01:14 parce qu'on constate qu'il y a désormais deux France, des morts que l'on donne hors,
01:19 qui méritent des minutes de silence de la France insoumise,
01:22 qui méritent des marches, et d'autres qui tomberont bien vite dans l'oubli parce que c'est celle de français ruraux.
01:28 - Mais pour revenir très concrètement, donc Saint-Georges localise, on est donc en Haute-Savoie, on n'est pas très loin de Genève,
01:34 entre Annemas et Cluze, 3500 habitants, vous n'êtes pas très loin de ville moyenne, vous êtes un petit peu à l'écart aussi,
01:41 et vous avez vécu, vous expérimentez vous concrètement ce déplacement d'une délinquance urbaine
01:47 vers les campagnes.
01:50 - Vous savez moi ma gendarmerie n'accueille plus le public depuis des années.
01:53 Mes gendarmes sont en sous-effectif, nous sommes ici à Paris, vous avez l'équivalent d'un policier pour 350 habitants,
01:59 quand dans mon territoire on compte un gendarme pour 1800-2000 habitants.
02:03 Donc on a créé des déserts de sécurité, et la nature comme la délinquance a horreur du vide.
02:08 Donc nous voyons des populations nouvelles s'installer dans nos territoires, moi j'ai eu une installation massive de délinquants albanais
02:14 venus monter spécifiquement
02:17 un trafic sur le territoire de ma commune.
02:20 - Pourquoi ? Parce qu'il n'y avait pas de présence de gendarmes ?
02:22 - Bien sûr, parce qu'il y a moins de gendarmes, parce que les enquêtes sont plus difficiles à mener,
02:26 parce qu'il y a moins de concurrence entre les délinquants eux-mêmes.
02:28 Ce sont des territoires vierges, des territoires plus faciles à venir conquérir,
02:33 et ce ne sont pas les annonces du ministre de l'Intérieur de la création de 200 brigades
02:39 dont plus de la moitié sont en réalité des camping-cars.
02:42 - Elles sont bienvenues quand même ces nouvelles brigades de gendarmerie.
02:44 - Vous savez moi...
02:45 - Vous en avez chez vous d'ailleurs par exemple ?
02:47 - Pas sur le territoire de ma commune, il y en a en Haute-Savoie,
02:51 mais il faudrait déjà pourvoir les postes vacants.
02:54 Moi dans ma gendarmerie, il y a des postes de gendarmes qui ne sont pas pourvus.
02:57 Et puis ensuite il faut s'attaquer aux fléaux, celui de la drogue, celui de la violence.
03:01 Ce ne sont pas avec des postes de gendarmes mobiles qui sont des espèces de gros camping-cars
03:06 qui viendront s'installer sur les marchés de nos campagnes
03:08 que l'on va résoudre l'ensauvagement de la société.
03:10 - Donc il y a des épiceries itinérantes, il y aura bientôt des gendarmeries itinérantes.
03:13 C'est aussi le plan des nouvelles gendarmeries annoncées il y a quelques semaines.
03:16 - Exactement. Et mes administrés ne veulent pas voir les gendarmes le mercredi matin sur le marché,
03:21 ils veulent les voir sur le terrain à démanteler des trafics de stupéfiants
03:24 et à s'opposer à l'ensauvagement de la société.
03:26 - Vous avez d'ailleurs investi, vous à Saint-Jouard, je rappelle 3500 habitants,
03:30 c'est une petite commune, Antoine-Valentin,
03:33 vous avez investi dans du matériel qui est celui auquel on pense plutôt pour une grande ville,
03:38 vidéoprotection, policiers municipaux, des équipements de protection pour vos agents, etc.
03:42 - Effectivement, face au désengagement de l'État de nos territoires,
03:45 nous sommes contraints de pallier avec nos petits budgets communaux.
03:48 Donc effectivement, nous avons installé une cinquantaine de caméras,
03:52 engagé deux policiers municipaux qui sont armés, qui travaillent la nuit,
03:55 tout ça pour stopper le trafic et stopper l'ensauvagement de la société.
04:00 Et c'est un effort qui est important mais qui est difficile.
04:02 Vous savez, nos dotations baissent.
04:04 Ma commune touchait il y a 20 ans, chaque année, 680 000 euros de dotation générale de fonctionnement,
04:09 c'est-à-dire une dotation donnée par l'État.
04:11 Cette année, nous avons touché 232 000 euros.
04:14 - Trois fois moins qu'il y a 20 ans. - Trois fois moins, 400 000 euros par an.
04:17 - Et comment vous allez le chercher ?
04:19 - Eh bien, on va le chercher en faisant des économies.
04:21 On ne remplace pas un agent qui est absent ou qui est malade
04:24 et ce sont les élus qui vont faire la cantine.
04:26 On fait des économies sur nos indemnités, on fait des économies sur nos investissements,
04:31 on fait des économies sur tout pour pallier au désengagement de l'État
04:34 et il n'y a pas que la sécurité.
04:36 J'avais sur le territoire de ma commune un trésor public, une officine des impôts
04:40 qui louait un bâtiment communal.
04:42 Elle a fermé, nous avons perdu cette rente locative,
04:44 mais mieux, nous avons dû financer, co-financer une maison des services publics
04:48 pour pallier au désengagement de l'État de nos territoires.
04:51 Donc nous arrivons au fond de l'entonnoir avec deux types d'administrés.
04:55 Ceux qui ont la faveur des politiques publiques
04:58 et puis ceux qui sont les habitants des territoires oubliés.
05:01 Et ces territoires oubliés, ce sont souvent les territoires euros
05:04 qui ne bénéficient pas d'une audience médiatique,
05:07 qui ne brûle pas de voitures, qui ne casse-yasse pas de pompiers.
05:10 - Vous avez été victime de violences,
05:12 parce que c'est aussi un des chiffres qui ressort de cette enquête Cevipof
05:15 publiée en levé de rideau du Congrès de l'Association des maires de France.
05:18 7 maires sur 10 disent avoir été déjà victimes d'incivilité.
05:22 Alors, grande catégorie qui va des injures aux coups et blessures.
05:25 - Tous les maires sont victimes de violences, qu'elles soient verbales ou physiques.
05:29 Et il y a deux types de violences.
05:31 Il y a celle que subissent aussi les policiers, les gendarmes
05:33 qui sont écrasés au détour d'un contrôle routier,
05:36 des enseignants poignardés, des infirmières giflées.
05:39 C'est celle de l'ensauvagement d'une frange de notre société.
05:42 Et puis il y a une deuxième violence, nous sommes les réceptacles malgré nous.
05:46 Vous savez, dans une société où les Français se sentent de plus en plus trahis,
05:50 où ils ont le sentiment que l'État est fort avec les faibles,
05:53 mais faible avec les forts, le maire est souvent la dernière porte ouverte
05:57 pour exprimer une colère, pour exprimer ce dégoût de la société
06:01 qui ne tourne pas rond jamais, hier ou avant-hier.
06:04 - Mais qu'est-ce qui vous a incité à vous lancer, vous à 28 ans,
06:07 vous avez été élu maire à 28 ans, vous savez tout ça,
06:09 vous vous dites "j'y vais quand même" ?
06:11 - Oui, j'y vais quand même parce qu'en étant maire,
06:13 on voit tout ce qui ne fonctionne pas en France,
06:15 mais on voit surtout que notre population est magnifique.
06:19 Nous avons là des chefs d'entreprise qui se battent pour faire tourner
06:22 une petite PM des membres d'associations qui font tourner un club de foot,
06:26 une association de rugby, et tout ça nous donne foi en la France,
06:30 en notre pays, même si tout ne tourne pas rond.
06:32 - Merci Antoine Valentin, le maire de la commune de Saint-Jouard,
06:35 Saint-Jouar en Haute-Savoie était ce matin l'invité d'Europe 1 Matin.