Françoise Casadebaig, présidente des Restos du cœur en Gironde

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00:00 Il est 7h45 sur France Bleu Gironde, la 39e campagne des Restos du Coeur.
00:04 Donc, démarre en Gironde dans un contexte économique compliqué pour l'association fondée par Coluche.
00:08 Et on en parle ce matin avec notre invitée Françoise Casadebay, c'est la présidente des Restos du Coeur en Gironde.
00:14 Bonjour Françoise Casadebay.
00:15 Bonjour.
00:16 Les Restos du Coeur vont-ils devoir refuser des bénéficiaires cet hiver en Gironde ?
00:21 Oui, ça c'est une certitude.
00:23 C'était annoncé par Patrice Doré, notre président au niveau national.
00:27 On en refusera le moins possible, on l'espère.
00:30 En tout cas, on ne fermera pas la porte.
00:32 Parce que ça ne veut pas dire d'être refusé d'aide alimentaire, ça ne veut pas dire qu'on ferme la porte.
00:35 Il y a d'autres activités au resto où on peut aider différemment.
00:39 C'est important pour les personnes de dire qu'on peut aider pour un microcrédit par exemple.
00:43 Il n'y a pas besoin d'aide bénéficiaire alimentaire pour ça.
00:46 Donc, la porte va rester ouverte quoi qu'il arrive.
00:49 Le nœud du problème, c'est l'aide alimentaire.
00:51 L'aide alimentaire bien sûr.
00:52 L'inflation, vous l'avez dit, est passée par là.
00:54 Donc, c'est très compliqué.
00:55 Ça coûte beaucoup plus cher.
00:57 Et nous en Gironde par exemple, on a aidé beaucoup plus de familles cet été qu'on l'a fait l'hiver dernier.
01:02 Donc, on sait qu'on a déjà beaucoup plus de familles à aider.
01:04 - Est-ce que vous mesurez l'afflux de bénéficiaires, de personnes qui viennent taper à la porte des restos pour obtenir de l'aide ?
01:10 - Alors, les centres l'ont bien vu, les bénévoles l'ont bien vu.
01:13 Parce que les bénévoles ont été surchargés cette année.
01:15 Dans un lieu, il a été difficile d'accompagner correctement.
01:19 Donc, après, c'est une qualité qu'on a quelques fois perdue.
01:22 Voilà, pas le temps d'accueillir correctement, d'écouter correctement.
01:25 Donc, ceci, c'est une difficulté par les bénévoles.
01:28 Il ne faut pas que nos bénévoles nous quittent parce qu'ils ne retrouvent plus sens à leurs bénévolats.
01:32 - On va écouter un auditeur qui réagit à cette perspective de l'hiver difficile pour les Restos du Coeur.
01:39 - Bonjour, je m'appelle Denis et je suis de Saint-Jean-d'Iac.
01:42 S'ils n'ont plus assez de stock, s'ils n'arrivent plus à faire des collectes, forcément,
01:48 ils auront moins de repas que de bénéficiaires qui demanderont de l'aide.
01:52 Je crois que ça ne va pas aller en s'arrangeant. C'est très compliqué.
01:55 Il y a de plus en plus de précarité. Même les gens qui travaillent n'y arrivent plus.
01:59 Coluche a eu une bonne initiative à l'époque, sauf qu'aujourd'hui, les restos risquent de disparaître.
02:05 - Et vos réactions également sur notre page Facebook.
02:07 Ce matin, elles sont nombreuses, comme celle de Marcel qui dit
02:09 « Pour avoir bénéficié de leur aide quelques mois suite au décès de mon mari en attendant la reversion,
02:14 je trouve tout à fait normal aussi que dès que tout va mieux,
02:17 on laisse la place à ceux qui en ont vraiment besoin. »
02:20 Est-ce que c'est ça ? Il faut changer les critères ?
02:22 Revoir la façon dont on reçoit les bénéficiaires au resto du coeur ?
02:26 - C'est sûr qu'il va y avoir une discussion qui va être faute au niveau national
02:30 pour voir si on n'est pas arrivé au bout de quelque chose.
02:32 Vous repensez les choses d'une autre façon.
02:35 L'aide alimentaire ne s'arrêtera jamais au resto.
02:38 C'est quand même le sens même des restos.
02:41 La création, c'est l'alimentaire.
02:42 Mais on est bien au-delà maintenant de l'alimentaire au resto.
02:45 Et heureusement, on reçoit des profils totalement différents.
02:48 Et on reste sur le coup de pouce.
02:50 C'est Coluche, c'était ça, c'est le coup de pouce à un moment donné.
02:53 Reprendre nos pieds, on est un peu au fond et on reprend pied grâce à ça.
02:57 Grâce à l'alimentaire soit, mais à l'écoute et la bienveillance des bénévoles.
03:00 - Il faut souligner toute l'action des restos du coeur dans sa globalité.
03:05 - C'est vraiment un lieu d'accueil.
03:06 Et puis on accueille inconditionnel.
03:08 Qui dit inconditionnel veut dire que c'est tout accueil.
03:12 Donc l'alimentaire oui, mais bien autre chose derrière.
03:16 - Il est 7h48 sur un France Bleu Gironde.
03:18 La 39e campagne des restos du coeur qui démarre aujourd'hui dans le département.
03:21 Et on en parle avec la présidente des restos du coeur de Gironde,
03:24 Françoise Casadebay, notre invitée.
03:25 Avec ces circonstances si particulières, dans quel état d'esprit vous êtes vous-même ?
03:29 Dans quel état d'esprit sont les bénévoles au lancement de cette 39e campagne d'hiver en Gironde ?
03:33 - Alors pour moi, ça a commencé des mois de juillet.
03:35 Puisqu'on a commencé à travailler dessus.
03:39 Je me suis déplacée dans tous les centres restos,
03:41 donc dans les 41 centres d'activité.
03:44 À la rencontre de tous les bénévoles pour expliquer, rassurer.
03:48 Parce que les bénévoles avaient besoin d'être rassurés.
03:50 Ne comprenaient pas ce qui se passait.
03:52 Qu'il y ait une compréhension et puis redonner sens à leurs bénévoles.
03:55 Donc ce sont des choses qui ont été faites.
03:57 Et heureusement, c'est bien de l'avoir fait.
03:59 Donc les bénévoles ont la compréhension de ce qui se passe.
04:04 C'est pas pour ça qu'ils n'ont pas rencontré de difficultés.
04:06 Ou qu'ils sont parfaitement à l'aise.
04:08 Parce que dire non pour un bénévole, c'est très difficile.
04:11 Et refuser un peu d'alimentaire, c'est compliqué.
04:15 Parce que quand on dit non, on sait que la personne est dans la difficulté.
04:19 Donc on va aider les personnes, je n'aime pas trop ce mot,
04:23 les plus démunies parmi les plus démunies.
04:25 C'est un mot que je n'aime pas trop.
04:27 Parce que quand on pousse la porte des restos, c'est qu'on a un besoin.
04:30 On ne la pousse pas comme ça par hasard.
04:32 Surtout dans les campagnes, on pousse la porte au dernier moment.
04:36 - Ce nom qu'il faut parfois donner à une personne
04:39 qui vient taper à la porte des restos,
04:40 comment est-ce qu'il est perçu ?
04:43 - Il est perçu quelques fois brutalement.
04:46 Les bénévoles sont formés à savoir dire non.
04:49 Et comment dire non ?
04:51 Et ne pas dire un nom brutal.
04:52 Dire non, oui, mais on peut...
04:55 La porte n'est pas fermée.
04:56 Si vous avez un moment difficile en fin de mois, on est là.
05:00 Si vous avez besoin d'autres aides, on est là.
05:03 Donc ce n'est pas un nom brutal.
05:05 Mais c'est quand même brutal pour la personne qui le reçoit.
05:08 - Évidemment, ces personnes qui viennent vous voir,
05:10 est-ce que vous voyez évoluer les profils
05:12 avec cette crise de l'inflation ?
05:14 - L'évolution, oui.
05:15 Parce que nous en Gironde, par exemple, j'avais regardé,
05:18 il y a 62% des familles qui venaient pour la première fois cette année.
05:21 C'est énorme.
05:22 Venir pousser la porte pour la première fois, 62%,
05:26 c'est un nombre que j'ai retenu
05:28 parce que c'est la première fois que c'est aussi difficile à entendre.
05:32 Et c'est des retraités que l'on voit arriver.
05:34 Donc c'est compliqué.
05:35 Des étudiants que l'on voit arriver parce que c'est trop compliqué.
05:38 Des personnes qui travaillent et qui dorment dans leur voiture.
05:40 Des mamans avec enfants qui dorment dans leur voiture.
05:43 Donc tout ça c'est très difficile humainement, bien entendu.
05:45 - Et est-ce qu'il y a une forme d'inquiétude
05:47 pour le déroulement de cette campagne d'hiver qui est lancée aujourd'hui ?
05:51 - Alors je ne ressens pas d'inquiétude parmi les bénévoles
05:53 parce qu'ils sont tout à fait acquis à ce qu'ils font.
05:57 Ils aiment ce qu'ils font surtout.
05:58 Voilà, je les remercie parce que c'est eux qui sont sur le terrain
06:02 et qui sont aux plus proches.
06:04 Donc là-dessus, ce n'est pas vraiment une inquiétude.
06:06 C'est se dire "espérons que ça ne durera qu'une année".
06:09 C'est plutôt ça.
06:10 - Que la crise se solutionnera.
06:12 Puisqu'on parle des bénévoles,
06:15 les restos sont toujours en quête de nouveaux bénévoles ?
06:18 - Oui, il y en a un peu plus.
06:19 On est à 1 400 maintenant.
06:20 Donc ça veut dire qu'on a un peu plus de bénévoles.
06:22 Mais cependant, pour être à l'aise et pour être accueillis correctement
06:27 et prendre le temps pour chacun,
06:28 on a toujours besoin de bénévoles.
06:29 - Donc on n'hésite pas à se rapprocher des Restos du Coeur
06:31 si on a un peu de temps ?
06:32 - Surtout pas !
06:33 - Merci beaucoup Françoise Casadevay
06:35 d'avoir été avec nous ce matin sur France Bleu Gironde
06:37 pour le lancement de cette 39e campagne d'hiver des Restos du Coeur en Gironde.

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