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00:00 Bonjour Pascal Lavergne. Bonjour. Pouvez-vous d'abord, vous qui êtes rapporteur de ce projet de loi,
00:06 nous en dessiner les grandes lignes, nous dire qu'est-ce qu'il contient ce texte qui sera présenté demain ?
00:10 Alors déjà c'est un texte qui a beaucoup évolué entre le moment où il devait être déposé à l'Assemblée nationale et aujourd'hui,
00:17 puisqu'il y a eu effectivement les manifestations agricoles qui ont fait en sorte que ce projet a été repoussé
00:24 pour être un petit peu plus travaillé et intégrer notamment les revendications ou en tout cas une partie.
00:29 Donc en fait il y a un volet qui est apparu, nouveau, suite aux manifestations agricoles,
00:36 c'est de consacrer l'agriculture, la souveraineté alimentaire comme étant d'intérêt général majeur,
00:41 ainsi que l'aquaculture et également la pêche, parce que ça fait aussi partie de notre alimentation.
00:47 Donc c'est déjà un point important, ça veut dire que pour les agriculteurs il y a une reconnaissance extrêmement forte,
00:53 quasi constitutionnelle en fait de l'agriculture comme étant l'agriculture qui nourrit les peuples.
01:00 Souveraineté alimentaire c'est un terme générique qui ne veut peut-être pas dire grand chose pour le commun des mortels.
01:05 Qu'est-ce qu'on entend par souveraineté alimentaire ?
01:07 Il y a plusieurs définitions de souveraineté alimentaire mais finalement aujourd'hui en France,
01:12 compte tenu des moyens qui sont les nôtres, soit des moyens financiers, soit des moyens de production,
01:17 on peut toujours par le biais des échanges internationaux avoir une souveraineté alimentaire tout en dépendant un petit peu de fournisseurs.
01:25 On peut avoir une vision de la souveraineté alimentaire différente en disant quelle est notre dépendance d'autres pays
01:31 par rapport à certaines matières premières agricoles.
01:34 Il ressort finalement qu'on est dépendant de tous les fruits exotiques, ça ne vous aura pas échappé,
01:38 même s'il y a du changement climatique, et nous sommes également très dépendants de production végétale de type protéique, des protéagineux.
01:46 Que nous donnons à nos animaux pour l'alimentation et que nous faisons arriver du Brésil,
01:52 le soja et notamment du soja OGM, alors que les soja OGM sont interdits de culture en France,
01:59 donc on ne peut pas les produire à un coût suffisamment raisonnable, donc en fait on fait venir du soja du Brésil.
02:05 Et c'est un petit peu problématique parce que c'est de la déforestation importée,
02:08 puisque pendant de longues années on a déforesté la forêt amazonienne pour pouvoir faire des grandes cultures très peu vertueuses
02:15 et qui ont eu un impact très fort sur le climat.
02:17 Alors, puisqu'on parle évidemment beaucoup de ce texte en ce moment,
02:20 certains estiment qu'il conforte un modèle productiviste défendu notamment par la FNSEA,
02:25 qui favoriserait les grandes exploitations. Est-ce que c'est vrai Pascal Lavergne ?
02:29 Non, moi je ne le crois pas, parce que je crois que le ministre ne cesse de le dire,
02:34 et moi je le dis à peu près à chaque fois, soit dans des tribunes, soit dans mes interventions,
02:38 on ne peut pas opposer un modèle à l'autre. Et sincèrement, qu'est-ce que ça veut dire un modèle industriel ?
02:44 Quand on parle d'une ferme par exemple de 400 ou 500 vaches, est-ce que c'est industriel ?
02:50 C'est sans doute beaucoup plus gros évidemment que quand on avait 5 ou 6 vaches il y a 40 ou 50 ans,
02:55 dans à peu près toutes les fermes. Aujourd'hui, si vous voulez produire du lait qui sert à fabriquer du fromage
03:01 ou qu'on consomme en briques, il faut effectivement le produire à un coût qui est accessible à la population.
03:10 Si on doit importer du lait qui vient d'autres pays et qui est produit dans des conditions d'élevage de taille beaucoup plus importante,
03:20 finalement ça revient au même. Pourquoi on ne s'autoriserait pas à le faire en France alors qu'on importerait des produits
03:26 qui arrivent d'ailleurs, dont on ne connaît pas aussi finement la qualité du suivi sanitaire et également des résidus ?
03:34 Plutôt grande ferme ou petite ferme à taille humaine, c'est la question qu'on a posée à nos auditeurs ce matin.
03:39 On va écouter la réponse de Francine qui vit à Bordeaux.
03:41 Alors moi je pencherais pour des modèles à petite ferme, même si ce n'est pas très productif,
03:46 que d'avoir des grosses fermes où on va utiliser plus d'engrais pour pouvoir avoir de l'agriculture intensive.
03:52 Enfin les gens reviennent un peu sur cette façon de faire parce que j'ai vécu un peu aux Etats-Unis et au Canada c'était un peu ça.
03:59 C'était vraiment la grosse agriculture où ça n'avait pas de goût. La qualité ce n'est pas la quantité.
04:04 On n'en est pas encore aux fermes-usines qu'on peut connaître aux Etats-Unis ou au Canada parce qu'à la verte...
04:08 - Mais comment définit la bonne taille d'une exploitation ?
04:11 - Déjà on n'est pas aux fermes-usines ou industrielles du type américain ou du type également ukrainien ou russe.
04:18 Tout simplement parce que nous n'avons pas un parcellaire et un paysage en France qui permettrait d'organiser,
04:23 même s'il y a eu du remembrement dans les années 70, d'avoir des parcelles de 150, 200 ou 300 ha voire plus.
04:31 Ça existe chez nous en Gironde, dans l'Outland, sur Cestas par exemple,
04:35 une exploitation qu'on a été visiter avec mes collègues co-rapporteurs jeudi dernier d'ailleurs.
04:40 Mais globalement nous n'avons pas un parcellaire qui permet de faire une agriculture de ce type-là.
04:45 Pour autant, madame a sans doute raison que c'est plus agréable à voir des petites fermes comme ça où on connaît les gens.
04:53 Le souci c'est que quand elle va faire ses courses au supermarché,
04:57 est-ce qu'elle est capable de payer le prix pour pouvoir rémunérer correctement quelqu'un qui est dans une petite ferme ?
05:04 Le fait d'avoir des grosses unités c'est comme dans l'industrie, ça permet de faire des économies d'échelle,
05:09 c'est-à-dire d'avoir un matériel peut-être un peu plus gros qui coûte cher mais qui est rentabilisé sur de plus grosses surfaces.
05:14 Et quand on manque de main-d'oeuvre, il faut aussi passer par la mécanisation,
05:17 par de la mécanisation qui est de plus en plus chère et évidemment il faut pouvoir la rentabiliser également sur des tailles d'exploitation suffisamment grandes.
05:26 Pascal Lavergne, éleveur bovin et député Renaissance de la Gironde est notre invité ce matin sur France Blu, il est 7h50.
05:31 Vous l'évoquiez un peu à l'instant Pascal Lavergne et c'était au cœur de la colère du monde agricole au début de l'année,
05:36 c'est la question de la rémunération.
05:38 Est-ce que ce texte apporte des réponses à tous ces agriculteurs qui ont bloqué les rocades,
05:44 qui ont bloqué les autoroutes, qui ont manifesté il y a quelques semaines ?
05:46 Alors le texte n'a pas une vocation économique, ce texte prévoit des choses par rapport à la formation,
05:54 par rapport à la simplification, donc je vous l'ai dit également l'intérêt général majeur de l'agriculture,
05:59 mais il y aura un autre texte peut-être, en tout cas il y a une mission qui a été demandée par Gabriel Attal
06:05 à deux de mes collègues, Anne-Laure Babaut et Alexis Isard, qui sont rapporteurs d'une mission sur Egalim,
06:11 sur les différents textes Egalim.
06:13 Nous avions également voté un texte qui s'appelle la loi des crozailles, mais qui rentre juste en application.
06:19 Donc attendons de voir comment ça rentre en application, si les contrôles sont suffisamment diligentés ou pas,
06:25 si les gens respectent ou pas, on sait déjà que non, puisqu'il y a eu un certain nombre de contrôles
06:29 qui étaient diligentés par le ministère de l'économie, et qui ont montré effectivement qu'il y avait des clauses
06:35 qui n'étaient pas respectées, qui ne permettaient pas aux agriculteurs de rémunérer correctement.
06:38 Je pense que la loi, elle existe, mais il faut vraiment qu'elle soit appliquée par tout le monde,
06:43 et il faut aussi que les entreprises se considèrent comme des entreprises citoyennes.
06:47 C'est facile d'aller s'installer là où on va gagner plus d'argent, alors qu'en fait on a comme client
06:53 des gens qui sont sur le territoire national. Mais à un moment donné, si on continue à délocaliser tous les emplois,
06:58 on n'a plus de clients, donc il faut aussi que M. Leclerc comprenne ça.
07:01 - Merci beaucoup, Pascal Lavert.