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Jean-Luc Gleyze, président du Conseil départemental de la Gironde

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00:00 C'est une véritable asphyxie financière qui menace nos départements, dit le président du conseil départemental de la Gironde,
00:05 Jean-Luc Gleize.
00:06 Organise demain un rassemblement dans le hall de l'immeuble Gironde pour la défense des services publics.
00:11 Il est avec nous ce matin pour en parler Yves Maug.
00:13 Bonjour Jean-Luc Gleize.
00:14 Bonjour.
00:14 Vous parlez donc d'asphyxie financière.
00:16 Elles vont si mal que ça les ressources du département ?
00:20 Écoutez, elles sont très liées aux lois du marché tout simplement, ce qu'on appelle les frais de notaire,
00:26 c'est-à-dire les frais qui sont payés sur les transactions immobilières.
00:28 On connaît tous la crise de l'immobilier aujourd'hui, et donc nous avons perdu pratiquement 130 millions d'euros en une seule année.
00:35 Et la TVA n'est pas non plus à la hauteur attendue.
00:37 Il se trouve qu'en face nous n'avons plus d'impôt local.
00:40 J'ai entendu que la question allait être posée sur l'impôt et la solidarité.
00:43 En fait nous n'avons plus d'impôt, ni taxes d'habitation, ni foncier bâti, ni foncier non bâti, ni taxes professionnelles.
00:48 Donc aucune marge de manœuvre sur nos recettes.
00:50 Alors justement, est-ce que les Girondins seraient prêts à payer plus pour financer la solidarité ?
00:55 Écoutez l'avis de cette retraitée de la thèse de Buch.
00:59 Bonjour, c'est Cathy.
01:00 Pourquoi payer plus ? L'impôt doit être réparti et puis c'est tout.
01:04 Je pense qu'on en paye déjà assez.
01:06 Il y a pas mal de solidarité déjà. Tout le monde participe.
01:08 Les réactions sont aussi nombreuses.
01:10 Sur notre page Facebook ce matin, on a Virginie qui nous dit par exemple,
01:12 "Et nous, qu'est-ce qui va nous aider ?"
01:14 Eh bien quand on sera dans le rouge, la solidarité il en faut, c'est sûr.
01:17 Mais pourquoi les classes moyennes et les grosses sociétés qui se débrouillent à ne pas payer d'impôt,
01:22 est-ce qu'on ne pourrait pas s'en occuper et modifier leur fiscalité par exemple ?
01:25 Je suis parfaitement d'accord.
01:26 Augmenter les impôts, ça pourrait être une solution de la part du gouvernement.
01:31 Mais le gouvernement va vous dire, parce que le gouvernement vous répond et va vous répondre,
01:34 j'imagine, on est déjà endetté depuis la crise du Covid, on n'a pas d'argent.
01:38 Oui, j'imagine, puisqu'effectivement 3 000 milliards d'euros de dettes,
01:41 c'est quand même un déficit abyssal.
01:43 Mais pour autant, encore une fois, nous n'avons plus d'impôt direct.
01:46 C'est-à-dire que nous n'avons plus la capacité à lever quoi que ce soit.
01:49 Donc c'est l'État qui nous verse des dotations aujourd'hui,
01:52 mais qui ne sont pas la hauteur de la protection de l'enfance,
01:55 des personnes âgées avec l'aide personnalisée à l'autonomie,
01:57 ou des personnes handicapées avec la prestation de compensation du handicap,
02:00 et tous les hébergements associés.
02:02 Donc nous n'avons plus aujourd'hui de recettes à due concurrence de nos dépenses.
02:05 Ces carences de l'État, vous êtes capable de les chiffrer ?
02:09 Oui, tout à fait. En 6 ans, le manque à gagner,
02:12 le reste à charge pour le département de la Gironde,
02:14 donc pour les Girondins et Girondins quelque part,
02:16 est de 1,8 milliard d'euros,
02:18 c'est-à-dire l'équivalent d'un budget annuel pour le département.
02:21 C'est ce qui nous a manqué pendant 6 ans.
02:23 Donc forcément, on accumule la situation au fil des années.
02:25 Alors concrètement, Jean-Luc Gleize,
02:27 quel est déjà, ou quel va être l'impact pour les habitants de la Gironde ?
02:32 L'impact va être très concret,
02:35 puisqu'on ne peut plus piloter notre budget que par les dépenses.
02:38 Donc il faut aller dans les économies,
02:40 beaucoup plus radicales encore que ce qu'on a pu faire par le passé.
02:43 Donc il va falloir arrêter certains investissements,
02:46 ça aura un impact sur l'économie locale.
02:48 Il va falloir diminuer probablement les aides aux communes,
02:50 probablement les aides aux clubs sportifs, aux associations culturelles,
02:54 et puis certainement aussi directement peut-être sur les citoyens.
02:57 Et donc ça, ce sont des choix qui sont des crèves-cœurs pour nous,
03:00 que nous ne voudrions pas faire, mais que nous allons être obligés de faire.
03:03 Ça va se faire sur vos compétences propres également ?
03:07 Oui, tout à fait.
03:08 Il va falloir aller chercher des économies,
03:10 y compris sur nos compétences obligatoires.
03:13 Donc qu'est-ce qu'il faut faire par rapport aux aides sur les personnes âgées ?
03:17 Qu'est-ce qu'il va falloir diminuer ?
03:19 Vous voyez le type de choix que l'on doit faire aujourd'hui
03:21 sur le handicap, sur la protection de l'enfance, sur les routes.
03:24 Typiquement, normalement il faudrait 15 années pour refaire,
03:27 au bout de 15 ans, refaire des routes départementales.
03:29 Nous sommes en train de repousser à 23 années la restructuration de nos routes.
03:33 Ça n'est pas du tout quelque chose qui est pertinent par rapport aux besoins.
03:37 C'est une question de sécurité pourtant.
03:38 Parfois le département de la Gironde va devenir le département des Nid de Poule ?
03:43 Non, parce que tous les départements vont se trouver dans la même situation.
03:46 Aujourd'hui, la Loire-Atlantique, l'Essone, le Nord, les Rôles et Bouches-du-Rhône sont en difficulté aussi.
03:51 C'est un phénomène général en France qui est en train de se produire.
03:54 Et c'est ce que nous voulons dire au Président de la République.
03:56 Jean-Luc Gleize, le Président du Conseil départemental de la Gironde,
03:59 est notre invité ce matin à l'occasion de ce rassemblement
04:01 dans le hall de l'immeuble Gironde pour la défense des services publics.
04:04 Comment va se dérouler ce rassemblement et qu'est-ce que vous en attendez Jean-Luc Gleize ?
04:09 L'idée c'est de reproduire ce qui s'était réalisé il y a 5 ans,
04:12 qui était contre la métropolisation à l'époque.
04:14 Donc cette fois-ci c'est vraiment pour dire
04:16 "défendons nos collectivités locales qui sont nécessaires en termes d'action de proximité".
04:19 L'idée c'est d'avoir un maximum d'élus, de présidents, de représentants d'associations,
04:23 de citoyens éventuellement quand ils peuvent venir,
04:26 de manière à démontrer le collectif autour de nous
04:29 puisque l'appel est un appel signé par le département,
04:32 par la région Nouvelle-Aquitaine, par Bordeaux-Métropole,
04:34 par les maires de Gironde et par les maires ruraux de Gironde.
04:37 C'est vraiment un appel très collectif, donc beaucoup de monde,
04:39 et ensuite lancer l'appel des Girondins au Président de la République.
04:42 La région ou la métropole, elles connaissent les mêmes difficultés que les vôtres financièrement ?
04:47 Ou elles ont davantage de marge de manœuvre ?
04:49 Alors la métropole a plus de marge de manœuvre,
04:52 la région commence aussi à rencontrer des contraintes budgétaires assez fortes
04:55 parce qu'un certain nombre de ses recettes ne sont pas à la hauteur.
04:58 Et puis on voit bien que les communes aujourd'hui commencent à être inquiètes,
05:00 elles n'ont plus qu'un seul impôt qui est le foncier,
05:02 et ensuite si on leur enlève cet impôt-là, elles seront sans fiscalité.
05:05 Donc tout le monde est inquiet aujourd'hui au niveau des collectivités locales.
05:08 Vous imaginez, je ne vais pas dire la déflagration,
05:11 mais quand vous dites "on ne va plus pouvoir aider les clubs de sport,
05:13 on ne va plus pouvoir aider les associations culturelles dans les villages de Gironde",
05:17 ça va remuer un peu, non ?
05:20 Oui bien sûr, mais j'ai déjà des retours moi de clubs sportifs,
05:22 ou de maires, ou d'acteurs culturels qui disent "il faut continuer à nous aider",
05:27 mais nous voulons continuer à les aider, c'est pour ça que nous voulons nous regrouper demain,
05:30 c'est pour dire "laissez-nous les moyens de continuer à agir auprès de nos concitoyens,
05:35 auprès des associations, auprès des communes".
05:38 Cet appel des Girondins que vous allez lancer demain,
05:43 vous croyez vraiment qu'il y aura une réponse en face de la part du gouvernement ?
05:47 Écoutez, moi je me dis que si le gouvernement n'est pas conscient
05:49 de ce qui est en train de se passer dans ce pays
05:51 où toute la cordée est en train de dévisser,
05:53 à la fois depuis les collectivités locales jusqu'aux associations et aux citoyens,
05:57 je pense qu'il y a vraiment un problème de conscience
05:59 et un problème de connaissance de la réalité du terrain.
06:01 On voit bien aujourd'hui combien il est essentiel d'être présent,
06:04 la société a quand même beaucoup évolué,
06:06 et donc il faut absolument garantir à la fois la solidarité
06:09 mais aussi l'action des clubs que j'évoquais tout à l'heure
06:12 qui sont essentiels dans la vie quotidienne.
06:14 Donc s'il n'y a pas cette prise de conscience, c'est catastrophique.
06:16 Jean-Luc Gleize, merci à vous, bonne journée, rendez-vous demain
06:19 devant l'immeuble Gironde, l'immeuble du département, à 10h.
06:23 Vous retrouverez cette interview dans son intégralité
06:25 également sur notre site francebleu.fr et en vidéo.
06:28 Il est 7h51.
06:29 Dans quelques instants, on vous raconte ce qu'y fait la Une
06:34 dans la région Sandrine-Bonnerre à porter plainte
06:36 contre un EHPAD en Charente-Maritime.
06:38 Ça fait la Une dans la région Nouvelle-Aquitaine
06:40 et on va vous raconter dans quelques minutes.
06:42 quelques minutes avant ça on va se...

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