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00:00 PN Emmanuel Macron annonce donc la dissolution de l'Assemblée nationale.
00:03 Le Président convoque de nouvelles élections législatives les 30 juin et 7 juillet prochains.
00:09 Alors coup de poker ou grand plongeon dans l'inconnu ?
00:12 Eh bien on décrive tout cela avec notre invité, le politologue Jean Petau qui répond à vos questions.
00:16 - Bonjour Jean Petau. - Bonjour Gilles, bonjour Jonel.
00:19 Merci d'être avec nous ce matin après une longue soirée politologue et peut-être aussi sismologue.
00:24 Tant on assiste ce matin à deux séismes, le premier peut-être Jean Petau, c'est le résultat tout simplement de cette élection européenne ?
00:31 Alors celui-là il a été annoncé par les capteurs si je puis dire.
00:34 Les sondages n'ont pas menti ?
00:35 Alors pour le coup, il y a souvent des soirées électorales qui tournent au tir au pigeon vis-à-vis des sondeurs.
00:42 Là cette fois-ci c'était tout à fait dans les standards et depuis un moment.
00:45 C'est-à-dire que, bien sûr ça bougeait avec des évolutions de 0,5 en 0,5 en fonction de ce qu'on appelle les "rolling",
00:54 c'est-à-dire les sondages sont presque en continu.
00:57 Mais le rapport de force était cristallisé depuis un certain nombre de jours et l'ordre aussi.
01:04 Même si un temps la question a été posée de savoir est-ce que Madame Hayé allait finir avec sa liste après celle de M. Glucksmann,
01:13 autant dit renaissance derrière l'EPS et Place Publique.
01:17 Ce n'est pas été le cas, l'ordre a été tout à fait prévu.
01:20 Évidemment, le gros coup ça a été l'annonce du président vers 21h.
01:26 Et ça personne ne l'attendait, c'est évidemment le fait marquant de la soirée,
01:29 une heure à peine après les résultats de ce scrutin, peut-être d'abord sur le tempo.
01:34 Est-ce que vous, politologue, vous êtes tombé de votre chaise aussi comme bon nombre d'électeurs ?
01:38 Alors en ayant suivi le début de la soirée, il y a eu quelques annonces qui ont été un peu préannonces.
01:49 L'éditorialiste politique très compétente Nathalie Saint-Cricq sur le plateau de France 2 a annoncé qu'il y aurait une déclaration
01:57 et ça ne sera pas simplement pour quelques commentaires de la parution de l'État.
02:01 À ma connaissance, c'est la première fois que le chef de l'État, un chef d'État depuis 1958, s'invite dans une soirée électorale.
02:09 Il y a eu un précédent qui est très particulier et encore ce n'est pas une invitation, c'est une expression.
02:15 Après, dans la soirée du référendum de 1969, ni vous Janel, ni vous Jules n'étiez nés,
02:21 fin mai, lorsque le général de Gaulle annonce bien communiqué de l'Élysée qu'il mettra fin à ses fonctions le lendemain à midi,
02:32 ça c'est l'Élysée qui intervient, mais c'était pour le départ.
02:35 Et on savait d'une certaine façon, le général l'avait dit, que si le non l'emportait, il partirait.
02:40 - Alors justement, cela avait fonctionné pour le général de Gaulle à deux reprises, cela avait aussi fonctionné pour François Mitterrand.
02:46 À chaque fois, les dissolutions ont servi le camp de la majorité présidentielle, sauf en 97 avec Jacques Chirac et la cohabitation de Lionel Jospin.
02:55 Là, avec un tel scrutin et cette forme d'antimacronisme, en un mois seulement, Emmanuel Macron peut-il renverser la tendance ?
03:05 - Alors, je me permets de vous reprendre, ce n'est pas un mois, c'est dans 20 jours, puisque le premier tour c'est en juin, et le deuxième tour c'est en juillet.
03:13 J'entends dire que ce serait extrêmement précipité, non, l'article 12 de la Constitution donne un délai entre 20 et 40 jours pour organiser les élections.
03:21 Alors évidemment, c'est très dangereux, risqué, on va dire, pour l'auteur de l'acte.
03:26 - Coup de poker, vous dites, vous aussi, comme d'autres éditorialistes ce matin ?
03:29 - Certains disent roulette russe, vous connaissez la différence en part détaillée entre la roulette russe et la roulette belge, ça tient au nombre de balles dans le barillet.
03:38 - Est-ce que c'est renverser la table au risque de faire trembler toute la maison en fait ?
03:41 - Oui, avec peut-être aussi un calcul qui est peut-être difficilement exprimable, c'est que si l'ORN a la majorité en juin, juillet 24, il n'est pas dit qu'il gagne à la présidentielle de 27.
03:57 - Expliquez-nous ce calcul, peut-être cette stratégie, peut-être de la terre brûlée, comme le dit Jean Luglès, le patron du département de la Gironde, patron socialiste du département.
04:06 L'objectif donc d'Emmanuel Macron serait peut-être de laisser l'ORN entre Amatignon pour éviter qu'il ne remporte l'Elysée ?
04:12 C'est quoi, pour montrer l'impuissance au pouvoir, c'est ça ?
04:14 - Alors chacun s'exprime d'où il parle, comme on dit. Jean Luglès, c'est un homme politique, il fait de la politique.
04:19 Moi, je ne vais pas employer cette expression de terre brûlée, parce que ce serait, de mon point de vue, une appréciation, comme on dit, ad valorem.
04:26 Non, un des arguments qui jouent en faveur du RN, c'est qu'ils n'ont jamais exercé le pouvoir.
04:31 Après tout, les électeurs peuvent se dire "essayons-les et confions-leur", en quelque sorte, faisons cette expérience du RN.
04:39 - Je rappelle, à ce titre, pardonnez-moi Jean Petos, qu'a déclaré le patron des marcheurs dans notre département, il y a quelques instants, à votre fauteuil, Aziz Khali, qui était notre invité,
04:49 s'est offensé d'assumer ce risque d'envoyer Jordan Bardella à Amatignon.
04:53 - Vous voyez, par votre intermédiaire, Jules, la forme de dialogue qu'il peut instaurer avec M. Khali, très clairement, il peut se passer l'intention de dire
05:03 "au bout de trois ans, d'une certaine façon, la bulle RN spéculative, politiquement parlant, sera percée, parce qu'elle est preuve des faits,
05:12 quand vous êtes à Amatignon, et que vous prenez le vent de face, comme on peut l'être aujourd'hui, dans la vie politique, regardez ce qui s'est passé pour Lionel Jospin,
05:21 au bout de cinq ans de cohabitation avec Jacques Chirac, avec un bilan, globalement, on peut dire très positif, et bien il termine, à peu de voix près, mais troisième,
05:29 et il est éliminé, le fameux 21 avril, autre coup de tonnerre en matière de météo et de séisme.
05:35 - Notre invité ce matin sur France, Bleu Gironde, Jean Petos, politologue.
05:40 - On peut dire que ça sera qui ? Tout double, est-ce qu'on répond à un pari raté, celui de remporter, de faire barrage au Rassemblement National, par un autre pari ?
05:49 Certains y voient cette métaphore du joueur de casino, vous savez, ruiné, persuadé qu'il va se refaire.
05:54 Alors bon, ce n'est pas toujours le cas, même très rarement, qui en fasse peut-être, dans cette élection législative qui s'annonce, ce scrutin est clair.
06:03 Voyez-vous des alliances ? On a parlé de Front Populaire à gauche.
06:07 - Alors ce qu'il faut avoir en tête, c'est que la participation électorale sera sans doute nettement plus importante qu'en juin 22 pour les législatives.
06:15 Autrement dit, il y aura beaucoup plus de triangulaires, voire de quadrangulaires au deuxième tour, le 7 juillet, qu'au deuxième tour de 2022.
06:24 Où là, avec la faible participation électorale, il y avait beaucoup de duels.
06:29 Emmanuel Macron est un ancien banquier et il aime cette expression de "prendre son risque", un peu comme le trader.
06:36 Alors ce n'est pas le joueur de casino, mais ça peut y ressembler.
06:39 - À qui ton double, on l'a dit.
06:41 - À qui ton double, on l'a dit, d'une certaine façon, voilà cette idée. Qui en fasse ?
06:43 Eh bien, une gauche qui n'est pas forcée de se réunir d'une certaine façon.
06:48 - Irréconciliable en ce moment.
06:49 - Modèle Nupes, ça c'est le risque, c'est de faire une sorte de réconciliation pour la galerie.
06:56 Les électeurs vont le voir. C'est très ouvert, c'est un jeu qui est extrêmement ouvert, entre trois scénarii finalement.
07:02 Une assemblée qui sera tout aussi ingouvernable avec aucun parti ou coalition qui sera avec une majorité absolue.
07:10 Premier scénario. Deuxième scénario, le RN l'emporte avec la majorité absolue.
07:14 Macron est obligé de prendre un RN à Matignon et ce n'est pas lui qui choisira, c'est le RN.
07:20 Et puis troisième option, et à ce moment-là il gagne, c'est le qui-tout-double et là il emporte son pari.
07:25 Et la majorité macroniste est de nouveau stable à l'Assemblée comme elle ne l'est plus depuis le législatif de 22.
07:35 - Les différents scénarii, donc les différentes possibilités avec vous.
07:39 En tout cas c'est un saut dans l'inconnu.

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