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La secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, était l'invitée d'On n'arrête pas l'éco, sur France Inter, samedi 18 novembre. Elle a répondu aux questions d'Alexandra Bensaid au sujet du chômage qui remonte, des nouvelles règles d'indemnisation pour les demandeurs d'emploi, du rapport de force qui se tend avec l'exécutif et le patronat ou encore de la loi immigration en discussion au Parlement et ses mesures controversées.

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Transcription
00:00 La secrétaire générale de la CGT et l'invité d'On n'arrête pas l'écho, bonjour et bienvenue Sophie Binet.
00:05 Bonjour.
00:06 Depuis 2017, environ 2 millions d'emplois créés.
00:09 Le gouvernement répète que c'est grâce à sa politique de l'offre.
00:12 Il table sur ses mesures pour la réindustrialisation.
00:15 Là entendu, il compte aussi sur sa loi Pleine Emploi, adoptée cette semaine.
00:19 Bref, l'exécutif croit au chômage à 5% en 2027.
00:23 Qu'en pensez-vous Sophie Binet ? Est-ce qu'il peut y arriver ?
00:25 Non, on est très inquiet.
00:27 Ça fait plusieurs mois qu'on le dit.
00:28 Il faut qu'il change de politique économique parce qu'aujourd'hui, cette politique économique
00:32 conduit dans l'impasse avec à la fois une hausse du prix de l'énergie qui met beaucoup
00:37 d'entreprises en difficulté, la hausse des taux d'intérêt qui continue au niveau européen
00:40 et puis la baisse de la consommation qui atteint beaucoup de secteurs, notamment le secteur
00:44 de l'alimentaire.
00:45 Et le gouvernement se trompe de diagnostic parce qu'il nous dit qu'il ne faut pas augmenter
00:49 les salaires pour éviter une boucle prix-salaires qui n'existe pas.
00:52 Et il refuse d'agir sur la boucle prix-profit qui, elle, est bien réelle et sur les profits
00:56 dans l'agroalimentaire qui font augmenter les prix et qui ne profitent pas du tout aux
01:00 salariés.
01:01 Le deuxième point qui est fallacieux dans leur politique, c'est sur les questions de
01:06 chômage, de faire comme si les personnes qui sont privées d'emploi le choisissaient
01:11 et comme s'il fallait les inciter, les forcer à reprendre des emplois qui existeraient.
01:15 Or, on voit bien qu'aujourd'hui, le problème, c'est qu'il n'y a pas assez d'emplois pour
01:18 tout le monde et que les fermetures d'entreprises continuent, voire augmentent, là, en cet
01:23 automne.
01:24 Au gouvernement, il y a un ministre qui fait entendre une musique vraiment très différente
01:27 de la vôtre, c'est Bruno Le Maire, le ministre de l'économie.
01:29 Lui, il dit que si on veut atteindre le plein emploi, on ne va pas y arriver mécaniquement
01:33 et naturellement.
01:34 Et il plaide au sein du gouvernement pour une remise à plat du modèle social.
01:38 Vous l'avez sans doute lu et entendu.
01:41 C'est-à-dire une nouvelle réforme de l'assurance chômage.
01:43 C'est un vrai débat dans l'exécutif.
01:45 Que répondez-vous ?
01:46 C'est scandaleux.
01:47 On a déjà eu deux réformes très violentes de l'assurance chômage avec des reculs violents
01:52 pour les privés d'emploi.
01:53 Il y a un accord qui vient d'être signé, sur lequel la CGT critique parce qu'il y
01:58 a de nouveaux reculs pour les privés d'emploi.
02:00 J'alerte d'ailleurs le gouvernement.
02:01 Là, la balle est dans le camp du gouvernement parce que c'est lui qui doit décider d'agréer
02:05 ou pas cet accord.
02:06 Si le gouvernement décide d'en rajouter et de rajouter encore des reculs, là, ça
02:10 ne sera pas possible.
02:11 Et on voit bien qu'aujourd'hui, le problème, ce n'est pas que les privés d'emploi ne
02:14 veulent pas travailler.
02:15 Le problème, c'est qu'il n'y a pas assez d'emplois pour tout le monde parce que la
02:18 politique industrielle du gouvernement est mauvaise.
02:20 Donc, vous, vous appelez le gouvernement à valider cet accord sur l'assurance chômage,
02:25 c'est ce que vous souhaitez ?
02:26 On appelle le gouvernement à le revoir pour supprimer les reculs de cet accord.
02:31 Or, aujourd'hui, le gouvernement veut le revoir pour amplifier les reculs de cet accord,
02:35 ce qui est un énorme problème.
02:36 C'est un accord que vous n'avez pas signé.
02:38 Là pourtant, on est sur les conditions d'indemnisation des chômeurs.
02:43 Vous dites vous-même qu'il y a eu deux réformes de l'assurance chômage que vous
02:46 qualifiez de très dures.
02:47 Les partenaires sociaux tiennent, reprennent le stylo.
02:50 La CFDT considère qu'il y a des mesures d'amélioration pour des dizaines de milliers
02:56 de demandeurs d'emploi.
02:57 FO dit que ça sauve le paritarisme.
03:00 C'est quand même aussi le sujet.
03:01 Pourquoi la CGT ne signe pas ?
03:03 La décision n'est pas encore prise.
03:05 Il y a une consultation en cours à la CGT.
03:06 Les négociateurs ne souhaitent pas qu'on signe parce qu'ils ont tout simplement sorti
03:10 la calculette et fait le total.
03:13 Dans cet accord, il y a 1,7 milliard de baisse de droit pour les privés d'emploi.
03:17 Il y a 1,5 milliard de baisse de cotisation pour les employeurs.
03:22 Et il y a 800 millions d'amélioration pour les privés d'emploi.
03:25 Sachant qu'on sort de deux réformes violentes.
03:27 Donc le résultat est déséquilibré.
03:30 Les négociateurs souhaitent que la CGT ne le signe pas.
03:33 On prendra notre décision la semaine prochaine.
03:35 On sent que ça va être plutôt non.
03:38 En général, on suit l'avis des négociateurs.
03:40 En tout cas, avec la baisse du chômage, le rapport de force s'est inversé dans le nombre
03:44 d'entreprises au profit des salariés.
03:46 Et maintenant, il remonte.
03:47 Est-ce que ça vous inquiète ?
03:48 Est-ce que vous craignez que la parenthèse des augmentations de salaire se referme avec
03:52 cette remontée du chômage ?
03:53 Oui, c'est très inquiétant.
03:54 Parce qu'en plus, la parenthèse des augmentations de salaire n'est pas allée au bout.
03:57 Puisque les salaires ont baissé en euros constants pour l'ensemble des salariés avec
04:01 un décrochage en matière de pouvoir d'achat qui pèse aussi sur l'économie.
04:05 C'est quand même très inquiétant de voir que la consommation dans l'alimentaire a
04:09 baissé de 10%.
04:10 C'est très inquiétant de constater que, par exemple, il y a une crise sur le secteur
04:14 du bio, qui était quand même un secteur d'avenir nécessaire pour l'environnement,
04:18 qui est en train de mourir parce que les salariés français ne peuvent plus bien se nourrir.
04:21 C'est une question qui préoccupe l'exécutif.
04:24 Vous avez vu que Bercy s'est démené pour avancer les dates des négociations entre
04:28 la grande distribution, puisque vous parliez de l'alimentaire et les industriels.
04:32 Cette semaine, ça fait hurler les restaurateurs, mais il a dit « ok » pour que le ticket
04:37 resto serve toujours à payer le caddie.
04:38 Pour vous, ça n'est pas suffisant ?
04:40 C'est beaucoup de gesticulation médiatique.
04:42 Mais en fait, on ne tape pas sur le vrai problème que sont les profits générés par l'industrie
04:46 agroalimentaire.
04:47 Il y a des mesures toutes simples qui pourraient être prises.
04:49 Par exemple, de taxer les profits, d'interdire les dividendes, et puis de baisser la TVA
04:56 sur les produits de première nécessité, ou de contrôler les prix d'un certain nombre
04:59 de produits de première nécessité, notamment dans l'alimentaire.
05:02 A la SNCF, où vous êtes implantée, la négociation sur les rémunérations est tendue.
05:08 Vous étiez, il y a quelques jours, au congrès des cheminots CGT à Tours, il me semble.
05:15 La direction de la SNCF propose en moyenne 4,6% d'augmentation en 2024.
05:20 Sudrail vous appelle à vous mobiliser.
05:23 Vous étiez au congrès.
05:25 Est-ce que les cheminots vous ont dit qu'ils étaient prêts à faire grève à Noël ?
05:28 Ce n'est pas dans les pratiques, nous, de faire grève à Noël pour pénaliser les
05:34 usagers, les Françaises et les Français.
05:37 C'est un point qui va être débattu par les cheminots, les cheminotes.
05:41 Ce que les cheminots ont décidé, c'est d'organiser une intersyndicale la semaine
05:44 prochaine pour pouvoir en décider ensemble.
05:46 Et c'est à ce moment-là qu'ils décideront de leurs actions pour la suite.
05:51 Par la mobilisation, on a forcé la direction à revoir un peu sa copie sur les augmentations
05:55 de salaires.
05:56 Mais ne le conteniez pas parce que les baisses de pouvoir d'achat ne sont pas rattrapées.
05:59 C'est ça le débat aujourd'hui dans l'entreprise.
06:01 A votre avis, qu'est-ce qui serait le plus productif ?
06:04 Ce que vous souhaitez, c'est rouvrir les négociations ?
06:07 Vous êtes prêts à dire que vous serez possiblement prêts à faire un mouvement ?
06:14 Ce n'est pas moi qui vais le dire toute seule à ce micro.
06:16 C'est décidé démocratiquement, et pas par moi d'ailleurs, par les salariés de
06:19 la SNCF, qui sont les premiers concernés.
06:21 Et donc là, on a une consultation en cours d'abord pour savoir si on va signer l'accord
06:25 salarial ou pas.
06:26 Donc c'est la première question.
06:28 Ça on comprend que non ?
06:29 C'est en cours, on va donner la réponse la semaine prochaine.
06:31 Et puis ensuite, on va débattre avec les autres organisations syndicales de, est-ce
06:35 qu'on organise des actions pour obtenir des augmentations de salaires.
06:38 Mais effectivement, ce qui est sûr, c'est qu'il y a besoin que la direction rouvre
06:41 des négociations sur cette question-là.
06:43 Parce que s'il y a des bougées, ils ne sont aujourd'hui pas suffisants pour compenser
06:48 les baisses de pouvoir d'achat.
06:49 Sophie Binet, on s'interroge sur le poids des syndicats aujourd'hui finalement.
06:54 Et là, on parlait sur les salaires de rapport de force.
06:56 Il y a eu évidemment la réforme des retraites sur laquelle les organisations étaient très
07:00 mobilisées.
07:01 Finalement, cette réforme, elle, est en vigueur aujourd'hui.
07:04 Il y a un mois, vous avez organisé sur les salaires en intersyndicales une grande mobilisation.
07:10 Ça a fait pchit.
07:11 Il en est où le rapport de force ?
07:12 Le rapport de force, il est compliqué évidemment dans ce contexte où les questions sociales
07:18 sont très occultées.
07:19 Donc je suis très contente d'être dans votre émission pour enfin parler salaire,
07:22 parce que l'industrie emploie, parce qu'on n'en entend plus parler alors que c'est
07:24 la première préoccupation des salariés aujourd'hui.
07:27 La colère, elle est intacte.
07:29 Il y a de très nombreuses mobilisations dans les entreprises avec de très nombreuses mobilisations
07:33 gagnantes.
07:34 Mais le problème, c'est qu'avec les réformes du gouvernement, notamment les ordonnances
07:37 Macron qui ont changé le code du travail et les règles de négociation, le rapport
07:40 de force est plus faible dans les entreprises et dans les branches, surtout pour gagner
07:44 des augmentations de salaires.
07:45 Et c'est ça qu'il faut revoir parce qu'on le voit que c'est un problème social, mais
07:48 c'est aussi un problème économique.
07:50 La CGT demande à ce que les salaires soient indexés sur l'inflation, à l'image de
07:54 ce qui se passe en Belgique ou au Luxembourg, ce qui permet d'ailleurs à ce que les Belges
07:58 aient un taux de chômage plus faible que le nôtre et une croissance plus importante.
08:02 Mais ça, c'est pas dans l'ADN du gouvernement, qui est plutôt avec sa politique de l'offre
08:07 pro-business et qui a dit non à cette indexation des salaires sur l'inflation.
08:12 Quels sont vos leviers d'action à présent ? C'est-à-dire qu'on voit que la manif
08:14 monstre va finalement être faite petite, on voit que 6 mois de mobilisation contre
08:19 les retraites, ça marche pas.
08:20 Quels sont les leviers d'action aujourd'hui ?
08:22 Bah nos leviers d'action, malheureusement, on n'a pas de baguette magique.
08:25 Donc c'est les batailles.
08:26 Là, la CGT lance une mobilisation sur les salaires dans les entreprises, dans les branches
08:31 et au niveau interprofessionnel en appelant à multiplier les mobilisations sur les questions
08:36 salariales et à multiplier les grèves.
08:37 Et quand même, ce qui est démontré par tout le monde, c'est que quand il y a des syndicats
08:42 dans l'entreprise, quand il y a des grèves dans l'entreprise, les augmentations de salaires
08:45 sont là et sont plus importantes que quand il n'y en a pas.
08:47 Donc on sait que le rapport de force, ça fonctionne.
08:49 Donc j'appelle, j'invite tous nos auditeurs à créer des syndicats dans leurs entreprises
08:54 et à faire grève pour gagner des augmentations de salaires.
08:56 Alors, le cas particulier de la CGT, on a eu le résultat des élections professionnelles
09:00 dans l'énergie.
09:01 Pour la première fois depuis 1946, la CGT n'est plus le premier syndicat chez EDF.
09:07 Je ne sais pas si c'est un tremblement de terre, mais en tout cas, est-ce que ça déclenche
09:10 une réflexion ? On dit que les méthodes musclées, justement, pendant la réforme
09:14 des retraites, les coupures d'électricité, ça ne vous a pas fait que des fans en interne,
09:20 ça a divisé.
09:21 Alors ce qui est sûr, c'est que nous, on n'est pas comme le président de la République.
09:26 La démocratie pour nous, c'est important.
09:27 Et donc la CGT, notamment dans l'énergie, a lancé un grand processus pour analyser
09:32 ce qui s'était passé avec ces syndicats, avec ces syndiqués, comprendre et s'adapter
09:36 aux attentes, aux besoins des salariés.
09:38 Après, ce que je veux dire quand même, c'est que la CGT fait toujours quasiment 31% dans
09:43 l'entreprise.
09:44 Donc quand on compare avec les élections politiques où beaucoup de grands partis de
09:47 gouvernement ont fait moins de 5% aux élections…
09:50 Ça fait 77 ans que vous êtes les premiers ! C'est un tremblement de terre ou pas ?
09:52 Non mais évidemment que c'est un signal fort qui doit être pris en compte par la
09:56 CGT et qui est pris en compte dans l'énergie.
09:59 Ils ont lancé une grande réflexion là-dessus dès le lendemain des élections.
10:02 Il y a des élections professionnelles actuellement dans toutes les entreprises.
10:06 Il y a beaucoup d'endroits où on progresse, où on devient première organisation syndicale.
10:09 Par exemple à Amazon ou aux Galeries Lafayette.
10:12 Et donc c'est très important ces élections parce que c'est ça qui nous donne le pouvoir
10:16 de négocier au niveau national et interpro.
10:17 Et donc j'appelle vos auditeurs et auditrices à voter.
10:19 Sophie Bimnet, parlons du projet de loi immigration, en particulier qui comporte la régularisation
10:25 des travailleurs sans-papiers dans les métiers en tension.
10:27 Vous avez vu qu'au Sénat le texte a été durci.
10:29 Maintenant c'est l'Assemblée qui doit en débattre.
10:31 Qu'attendez-vous des députés ?
10:32 Eh bien d'avoir des débats d'une autre teneur que les débats qui ont animé le Sénat
10:38 qui n'étaient pas à la hauteur des débats.
10:40 Puisqu'il y a quand même une hypocrisie centrale en France.
10:43 On sait qu'il y a des secteurs entiers qui fonctionnent seulement grâce à la main-d'œuvre
10:48 immigrée.
10:49 Je pense à l'aide à domicile, je pense à l'hôtellerie-restauration, je pense au
10:52 bâtiment par exemple.
10:53 Et il y a besoin de mettre fin au dumping social dans ces secteurs.
10:57 Puisque comme il y a de très nombreux travailleuses et travailleurs qui n'ont pas de papiers,
11:01 n'ont pas de régularisation, les droits sont tirés vers le bas.
11:04 Donc il faut rétablir, vous appelez les députés à quoi ? Rétablir l'article 3 qui
11:08 donne le droit à la régularisation pour les travailleurs ?
11:11 Mais l'article 3 était déjà insuffisant à nos yeux.
11:14 Pourquoi ? Parce que c'était des régularisations d'une durée de 1 an sur une liste de métiers
11:19 en tension extrêmement limitative.
11:20 Nous ce que nous voulons c'est que dès lors que quelqu'un travaille en France, il puisse
11:25 avoir accès à des papiers.
11:26 La CGT a organisé une grande grève de travailleuses et de travailleurs sans papiers il y a quelques
11:30 semaines.
11:31 650 travailleurs et travailleuses qui se sont mis en grève et qui ont obtenu des régularisations.
11:35 Ce n'est pas normal qu'on soit obligé de faire grève pour ça.
11:37 C'est un droit de base.
11:38 Et c'est très important pour tirer les droits de tous les salariés vers le haut.
11:42 Après ce que je veux dire c'est qu'évidemment on est attaché à la régularisation par
11:45 le travail, mais le reste du projet de loi nous préoccupe aussi.
11:47 Et donc le fait de prétendre supprimer l'aide médicale d'Etat, de remettre en cause et
11:52 de fragiliser le regroupement familial etc. c'est très dangereux.
11:56 Ça fait quand même 30 ans que quasiment chaque année il y a une réforme sur l'immigration.
12:00 Il faut arrêter de stigmatiser les personnes d'origine immigrée.
12:03 D'un mot, l'abandon de l'idée d'un référendum sur l'immigration qui est sorti des rencontres
12:07 de Saint-Denis.
12:08 Il était temps.
12:09 Par contre il faut faire un référendum sur les retraites.
12:12 Sophie Binet, la secrétaire générale de la CGT, merci d'avoir accepté l'invitation
12:17 d'On n'arrête pas les cours.
12:17 [Générique]

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