"On est à l'os" : la CGT appelle ce jeudi à des actions sur tout le territoire pour défendre l'emploi et l'industrie. Regardez sa secrétaire générale, Sophie Binet.
Regardez L'invité d'Amandine Bégot du 12 décembre 2024.
Regardez L'invité d'Amandine Bégot du 12 décembre 2024.
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00:00RTL Matin
00:03Avec Amandine Bégaud et Thomas Soto
00:05Il est 8h17, l'interview d'Amandine Bégaud. Toujours pas de fumée blanche pour Matignon, en revanche de plus en plus de signaux sociaux passent au rouge.
00:11On en parlait tout à l'heure avec les agriculteurs notamment, c'est vrai aussi dans le monde du travail.
00:16Ce matin Amandine, vous avez donc choisi de recevoir Sophie Binet, c'est la secrétaire générale de la CGT. Bonjour et bienvenue à vous.
00:21Bonjour Sophie Binet.
00:22Bonjour.
00:23Arnaud Rousseau, le patron de la FNSEA était à votre place il y a quelques minutes ici même sur RTL et il a réagi à ces agriculteurs qui ont mûré les permanences de députés depuis la censure.
00:35Une trentaine de permanences au moins ont été mûrées. Il le dit, il ne cautionne pas la violence mais comprend. Est-ce que vous aussi Sophie Binet, vous comprenez ces actions des agriculteurs ?
00:48Ça dépend desquelles et surtout ce qui est important c'est qu'il n'y ait pas de poids de mesure parce que nous avons plus de mille militants et militantes de la CGT qui sont poursuivies par la justice.
00:58Certains ont été condamnés pour avoir fait uniquement un feu de palette sur la voie publique, d'autres pour avoir fait une opération escargot.
01:05Je pense que c'est important de ne pas judiciariser les relations sociales et de ne pas emmener les conflits sociaux devant la justice.
01:11Ça doit se régler politiquement et socialement.
01:13On laisse trop faire les agriculteurs, c'est ce que vous nous dites ?
01:15Ce que je veux dire c'est que dans ce cas-là, qu'on fasse la même chose pour nous. Nous on fait un dixième de ce que font les agriculteurs et on a des condamnations parfois jusqu'à des peines de prison-exercice donc il faut arrêter.
01:24Venons-en à cette journée que vous organisez. Entre les agriculteurs, les fonctionnaires, les salariés menacés de licenciement, on a l'impression que ça craque de partout.
01:32Est-ce que cette crise politique qu'on est en train de vivre depuis plusieurs semaines est en train de tuer notre économie ?
01:38Ça avait commencé avant. Malheureusement, ça fait six mois que la CGT alerte sur les plans de licenciement.
01:43Au mois de mai, on en avait recensé 130. Aujourd'hui, ce matin, il y en a 300 parce que nos alertes ne sont pas entendues.
01:51Il faut mettre en place des mesures d'urgence pour empêcher ces licenciements. Je rappelle qu'il n'y a pas pire violence sociale que le chômage.
01:58C'est des territoires dévastés, des vies des familles anéanties et c'est une économie qui aura beaucoup de mal à se relever, notamment notre industrie.
02:06Donc, il faut bloquer ça.
02:08300 plans sociaux, combien d'emplois ? 300 000 ?
02:10Oui, environ 300 000, sachant que la partie immergée de l'iceberg est encore plus importante puisqu'il y a beaucoup de choses qui sortent de nos radars,
02:18notamment les licenciements qui ont lieu dans les toutes petites entreprises.
02:21On était tout à l'heure du côté de Dijon avec une entreprise menacée de fermeture. Vous dites qu'il faut stopper ça, mais comment on fait ? Avec quelles baguettes magiques ?
02:32On ne croit pas à la magie, à la CGT. Par contre, on propose de mettre en place un moratoire sur les licenciements.
02:37C'est une proposition qui est désormais portée au plan européen par la Confédération européenne des syndicats qui rassemble tous les syndicats du continent.
02:43L'objectif, c'est de rendre obligatoire la recherche d'un repreneur, d'interdire les licenciements tant qu'on n'a pas trouvé de repreneur
02:51et d'interdire aussi les licenciements pour toutes les entreprises qui font des dividendes, comme Michelin, par exemple, qui a fait 500 millions de rachats d'actions.
02:59Les rachats d'actions, c'est ce qu'il y a de pire. C'est comme si on brûlait 500 millions d'euros et qui, dans le même temps, licencie près de 1500 salariés.
03:07On entend pour les grandes entreprises, celles qui font des bénéfices. En revanche, les petites entreprises qui, elles aussi, souffrent aujourd'hui, comment vous interdisez les licenciements ?
03:18Ce n'est pas possible. Le patron ne s'y peut plus payer, il ne peut plus payer.
03:22Oui, il existe des dispositifs. On a pris des mesures exceptionnelles pendant le Covid. C'est ce type de mesures qu'il faut prendre.
03:29Il faut que c'est à l'état de payer.
03:31La CGT demande pour toutes les entreprises qui n'ont pas la trésorerie pour payer d'activer l'activité partielle pour pouvoir protéger les petites entreprises en faisant payer les grosses.
03:42Il faut que celles qui ont les moyens financent.
03:44Sauf qu'on sait qu'on n'a plus d'argent et par ailleurs, on n'a pas de gouvernement.
03:47On a chiffré cette revendication, ça serait 1 à 1,5 milliard.
03:52Donc franchement, par rapport au plan d'économie à rechercher, par rapport aux 200 milliards qui sont consentis chaque année sans contrepartie ni condition aux entreprises, c'est une goutte d'eau.
04:02Pour nous, il faut conditionner les aides, au fait qu'il y ait un accord avec les organisations syndicales, à l'interdiction des licenciements et au fait qu'il n'y ait pas de dividendes de versées.
04:11Je vous repose la question, pour ça il faut un gouvernement ?
04:13Oui, il faut un gouvernement.
04:16Qu'est-ce que vous dites ce matin à Emmanuel Macron ? On espère un Premier ministre d'ici ce soir. Il faut que la promesse soit tenue sur le timing ?
04:24Oui, c'est sûr et il faut surtout un Premier ministre qui réponde aux exigences sociales.
04:28On a perdu 6 mois parce qu'Emmanuel Macron a refusé d'entendre le message des urnes et d'accepter qu'il fallait qu'il change de politique économique et sociale.
04:37Aujourd'hui le message est clair, les 8 organisations syndicales de ce pays se sont rassemblées pour adopter une déclaration très forte au lendemain de la censure en disant
04:46nous voulons un gouvernement qui répond aux exigences, à commencer par le blocage des plans de licenciement, l'augmentation des salaires et des pensions, la défense de nos services publics.
04:57Mais c'est qui l'homme ou la femme de la situation ? François Bayrou, vous dites non, vous aussi ou pas ?
05:01La question pour nous ce n'est pas le casting, la question c'est le contenu des politiques dans les points d'urgence. Il faut abroger la réforme des retraites, c'est une mesure de justice sociale mais aussi de justice démocratique.
05:12Donc vous continuez à demander l'abrogation de la réforme des retraites ? J'avais cru comprendre que comme Olivier Faure du Parti Socialiste vous disiez on peut la geler le temps de faire une conférence de financement.
05:22Non pas du tout, la CGT et les organisations syndicales d'ailleurs ont toujours demandé une conférence de financement pour justement montrer qu'on peut financer notre système de retraite pour permettre l'abrogation de la réforme des retraites, les choses sont très claires.
05:33Donc vous restez sur cette ligne rouge ? Sur cette exigence, oui évidemment, c'est une mesure de justice sociale. L'abrogation de la réforme des retraites en 2025 ça coûterait 3 milliards d'euros, c'est tout à fait atteignable et finançable.
05:453 milliards plus les 1,2 milliards que vous demandez pour les licenciements, ça commence à faire beaucoup de milliards, il y a un moment où il faut faire des concessions Sophie Binet ?
05:54Bien sûr, tout ça comparé aux 200 milliards d'aides publiques sans condition ni contrepartie qui sont accordées aux entreprises chaque année. Nous avons beaucoup de propositions pour réaliser des économies et trouver de l'argent pour financer nos services publics.
06:04Vous êtes prête à faire des concessions vous en tant que syndicat ? On demande aux politiques et on entend tous les auditeurs qui appellent RTL tous les midis disent qu'il serait temps que les politiques essayent de se mettre d'accord autour de la table.
06:14On voit qu'il y a un début de compromis avec d'un côté le Parti Socialiste et puis le reste de la classe politique avec LFI et le RN mis de côté pour essayer de faire ce gouvernement.
06:29Vous, vous êtes prête à des concessions ? Vous les appelez ces politiques, ces partis à faire des concessions ?
06:33Nous on appelle chacun et chacune à prendre ses responsabilités au vu de la grave situation que vit notre pays.
06:39Mais ça veut dire quoi ?
06:40Prendre ses responsabilités ça veut dire faire dominer l'intérêt général au lieu des égaux et des petits calculs politiciens qui trop souvent mettent en danger le pays.
06:48Ça veut dire répondre à l'urgence sociale. On n'est pas dans n'importe quelle situation quand même.
06:53Il y a 9 millions de pauvres en France, il y a de plus en plus de salariés qui n'arrivent pas à joindre les deux bouts même s'ils et elles travaillent et il y a quasiment 300 000 salariés qui sont en train de se faire licencier.
07:04Donc il faut répondre à cette urgence sociale.
07:06Quand vous parlez de petits calculs vous sous-entendez que le Parti Socialiste a raison aujourd'hui de prendre ses distances avec la France Insoumise ?
07:14Non, je pense surtout aux gros calculs de Marine Le Pen dont l'objectif est d'avoir une présidentielle anticipée pour échapper à une condamnation judiciaire.
07:22Par exemple ça c'est assez grossier.
07:24Bon, mieux vaut pas de gouvernement qu'un Premier Ministre de droite ?
07:28La question c'est pour faire quelle politique ? Si c'est pour continuer la politique économique et sociale d'Emmanuel Macron, le problème c'est que la censure se reproduira.
07:38Il faut qu'Emmanuel Macron tire les leçons de la censure, tire les leçons de ses trois échecs électoraux.
07:43Il a quand même perdu les élections européennes et les deux tours des élections législatives, il faut qu'il comprenne.
07:48Sophie Binet, il y a un point positif dans cette censure, les pensions de tous les retraités vont être revalorisées, 2,2% au 1er janvier.
07:54En revanche, il y a 18 millions de Français qui risquent de payer plus d'impôts.
07:58Est-ce que vous demandez ce matin à l'ensemble des députés, tous partis confondus, de voter l'amendement que propose la France Insoumise pour que ce barème de l'impôt soit bien indexé sur l'inflation ?
08:07Oui, je pense que c'est important parce que le problème c'est que les salaires n'ont pas suivi l'inflation,
08:13qu'il y a de plus en plus de salariés qui ont du mal à boucler les fins de mois,
08:17si en plus il y a une augmentation violente des impôts pour les classes moyennes, c'est pas forcément une bonne chose.
08:22Donc la question elle est à l'ordre du jour dès aujourd'hui à l'Assemblée, vous leur dites allez-y ?
08:26Oui, je pense que c'est important de préserver le pouvoir d'achat et les salaires, oui bien sûr.
08:30Merci beaucoup Sophie Binet.
08:32Il faut un Premier ministre qui réponde aux urgences sociales, 300 plans de licenciement ont été recensés par la CGT,
08:37la CGT qui par la voix de sa secrétaire générale Sophie Binet demande un moratoire sur les licenciements
08:42et d'interdire les licenciements pour toutes les entreprises notamment qui distribuent des dividendes.