• il y a 4 mois
Face au risque d'une victoire de l'extrême droite aux élections législatives anticipées, la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, "appelle à un sursaut populaire". Son syndicat et quatre autres appellent à manifester ce week-end.

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Transcription
00:00 Il est 6h21, les syndicats se mobilisent contre l'arrivée possible du RN à Matignon.
00:05 Ils sont cinq à appeler à manifester ce week-end dont le vôtre, Sophie Binet.
00:08 Bonjour, vous êtes secrétaire générale de la CGT.
00:12 Il y a trois mois, vous disiez "l'extrême droite n'a jamais été aussi proche du pouvoir".
00:16 Il est minuit moins le quart. Il est quelle heure aujourd'hui ?
00:19 Peut-être moins 5, effectivement. J'écrivais ça en pensant qu'on se situait à l'échelle 2027.
00:24 Personne n'avait imaginé que ça pourrait être une perspective pour dans trois semaines
00:29 La décision du président de la République de dissoudre l'Assemblée nationale dans ces conditions est totalement irresponsable.
00:35 Cela restera le président du CAO. Organiser des élections législatives en moins de trois semaines et à la veille des Jeux Olympiques, c'est extrêmement dangereux.
00:43 D'où votre appel, vous, à ce syndicat, à manifester contre le RN ce week-end.
00:46 Mais ça sert encore à quelque chose, les manifs contre le RN ?
00:49 Oui, ça sert toujours d'aller manifester.
00:52 La preuve, c'est que c'est grâce à la grande dynamique populaire que, hier soir, il y a eu un accord d'union de la gauche
00:58 alors qu'on était sur des conflits irréconciliables jusqu'à il y a 24 heures.
01:03 Et puis, la preuve aussi, c'est quand on regarde ce qui se passe à l'étranger, c'est parce qu'il y a eu de grandes mobilisations en Allemagne
01:09 que l'extrême droite allemande a reculé dans les urnes.
01:12 C'est parce qu'il y a eu de très grandes mobilisations en Espagne avec une unité syndicale sur ces questions-là
01:16 que l'extrême droite n'est pas arrivée au pouvoir en Espagne et qu'au contraire, c'est le gouvernement le plus à gauche d'Europe.
01:22 On le sait en comparaison internationale et aussi dans l'histoire.
01:26 Notamment, la CGT a appelé hier à un front populaire.
01:31 Le contexte nous ramène au contexte des années 30 où, pour empêcher que le scénario allemand se produise en France
01:38 avec l'arrivée de l'extrême droite au pouvoir après l'arrivée d'Hitler au pouvoir en Allemagne,
01:43 la CGT avait appelé en France à un front populaire.
01:47 Grâce à la grande mobilisation sociale et à l'unité des forces de gauche, on avait eu une des plus grandes séquences de conquête sociale du pays.
01:54 Rien n'est jamais écrit d'avance et c'est nous qui ferons la différence.
01:58 Ça veut dire qu'il faut vraiment beaucoup de monde ce week-end dans les rues en France.
02:01 Vous aimeriez qu'il y ait combien de personnes ?
02:03 Le maximum de personnes en fait.
02:05 J'appelle toutes les personnes pour qui le climat est anxiogène et qui sont inquiètes pour l'avenir du pays
02:10 à venir manifester ce week-end.
02:12 J'appelle à un sursaut populaire.
02:14 Ce ne sont pas les sondages qui font les élections, c'est à nous de prendre en main notre destin en occupant les rues et les urnes le 30 juin prochain.
02:22 Est-ce que le patronat aussi doit prendre position ?
02:24 Écoutez, oui, je pense que ça serait bien.
02:27 Après, ce qui est sûr, c'est qu'aujourd'hui, s'il y a un grand gagnant de la situation, c'est le patronat.
02:32 Puisque cette fausse alternative et ce tête-à-tête organisé entre Emmanuel Macron et l'extrême droite,
02:38 c'est une fausse alternative parce qu'à chaque fois c'est au détriment des travailleuses et travailleurs.
02:42 Emmanuel Macron, on connaît sa politique, c'est fort avec les faibles et faible avec les forts.
02:47 Il prend toujours au même, à savoir aux salariés.
02:49 Et l'extrême droite essaye d'avoir une position attrape-tout, mais en vérité, il n'y a pas pire ennemi pour le monde du travail que l'extrême droite.
02:58 Par exemple, le Rassemblement National défend la suppression des cotisations sociales
03:02 et donc la fin de notre modèle de sécurité sociale, chômage, retraite ou assurance maladie, par exemple.
03:08 Et pourtant, 50% des ouvriers ont voté RN aux européennes. La poussée du RN, elle est partout, dans toutes les catégories sociales,
03:14 parmi les ouvriers, donc aussi les employés. Comment on fait quand on est patronne de la CGT pour les faire changer de camp ?
03:19 Eh bien, on argumente toujours et c'est ce que la CGT fait et va encore amplifier dans les prochaines semaines.
03:27 Nous avons décidé de multiplier les temps de débat avec les salariés et d'y aller aussi sur des arguments factuels.
03:36 On sait ce que l'extrême droite fait quand elle est au pouvoir, y compris en France. On les a vus au Parlement français,
03:42 on les a vus au Parlement européen, on a vu leurs votes. A chaque fois que le Parlement français a eu à se positionner sur des avancées
03:48 pour le droit du travail, notamment des votes pour augmenter les salaires, le RN a toujours voté contre.
03:54 Vous l'avez évoqué, effectivement, les grands partis de gauche, socialistes, écologistes, insoumis et communistes,
04:01 ont réussi à se mettre d'accord pour l'idée d'un front populaire en vue de ces législatives.
04:06 Raphaël Glucksmann lui propose carrément Laurent Berger pour le poste de Premier ministre, ancien patron de la CFDT. Bonne ou mauvaise idée ?
04:13 Ecoutez, franchement, ça ressemble vraiment à une idée sortie du chapeau. Je crois que ça ne répond pas du tout aux besoins du moment.
04:22 Le besoin du moment, et c'est ce que nous avons exprimé hier dans notre déclaration commune, c'est de répondre aux aspirations du monde du travail.
04:28 Dans notre déclaration commune, nous mettons en avant 10 propositions, 10 enjeux sur lesquels il faut qu'il y ait une alternative et des perspectives sociales qui soient créées.
04:39 Oui, par exemple, augmenter les salaires, les pensions, revenir sur la réforme des retraites, défendre les services publics, mettre en place des mesures de justice fiscale, voilà, il y en a une dizaine comme ça.
04:47 C'est ça, relocaliser et transformer notre industrie pour répondre aux défis environnementaux, c'est de ça dont on a besoin.
04:52 Parce que ce qu'il faut rappeler, c'est que si on est dans cette situation-là, c'est parce que le Rassemblement National, l'extrême droite, prospère sur les cendres laissées derrière elle par les politiques néolibérales.
05:04 Sur quand on ferme une usine, quand on ferme un service public, c'est un député du Rassemblement National qu'on élit.
05:11 Le Rassemblement National, il prospère aussi sur la violence des politiques sociales menées par le patronat et par Emmanuel Macron.
05:17 Et c'est ça qu'il faut inverser, on a besoin de perspectives sociales rassembleuses d'espoir pour le monde du travail.
05:23 Mais alors pourquoi il n'y a pas d'union syndicale vraiment au sens large ? Parce que là vous êtes cinq à appeler à manifester, il y a quand même trois syndicats qui étaient réunis avec vous hier soir et qui ont dit non.
05:31 FO, la CFE, CGC, la CFTC, l'union syndicale, c'est plus difficile à obtenir que l'union de la gauche ?
05:37 Non, c'est différent en fait, c'était totalement sans surprise parce que nous avons des cultures et des histoires syndicales différentes.
05:44 En 2002 déjà tout le monde n'avait pas appelé à manifester, ce sont à peu près les mêmes qui n'avaient pas appelé à manifester en 2002 qui n'appellent pas aujourd'hui.
05:51 Et là qui reste à politique ?
05:53 On va dire c'est ça, si on fait un résumé. Moi ce que je retiens c'est que cet après-midi nous serons toutes et tous ensemble à faire une conférence de presse sur la question de l'assurance chômage
06:03 pour dénoncer le scandale de ce que veut faire le gouvernement qui ose dissoudre l'Assemblée nationale et annoncer, mettre en oeuvre quand même de façon extrêmement autoritaire, la réforme de l'assurance chômage par décret
06:16 alors qu'il n'y a plus de contrôle démocratique par le Parlement, c'est un hold-up scandaleux, c'est une réforme qui va pénaliser plus de un million de personnes, nous toutes et tous potentiellement
06:26 parce que toutes et tous on peut arriver au chômage un jour. Pourquoi cet acharnement ?
06:30 Merci Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, vous étiez l'invité du 5/7.

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