Israël-Hamas : «On est en présence dans ce conflit, d'une inversion des réalités», juge Georges Bensoussan

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Transcript

00:00 Macron a condamné avec la plus grande fermeté le bombardement de cet hôpital.

00:04 Les États-Unis démentent avoir donné le feu vert à Israël pour intervenir.

00:08 Et l'armée israélienne depuis hier publie des images de stocks d'armes et d'uniformes de Hamas.

00:13 Georges Ben Sousan, de quoi cet hôpital est devenu le symbole aujourd'hui ?

00:17 - Cet hôpital Al-Shifa est le centre de commandement du Hamas depuis les années 2007-2008.

00:22 L'ONU, en 2009, avait déjà dénoncé l'hôpital Al-Shifa pour cacher des armes

00:26 sous les salles d'opération, sous les salles de pédiatrie, etc.

00:31 Mahmoud Abbas avait dit la même chose en 2014, mais ça on l'a oublié.

00:34 Et donc depuis longtemps, c'est un secret de polychinelle en Israël,

00:37 mais comme dans tous les États-majors, que l'hôpital Al-Shifa, c'est le centre de commandement.

00:40 Alors la question pour Israël était la suivante.

00:43 Faut-il ou non s'attaquer au centre de commandement du Hamas,

00:46 alors qu'il est situé sous un hôpital ?

00:48 Et ce à quoi on a assisté hier, c'est que l'armée israélienne a pris l'hôpital sans donner l'assaut.

00:53 Elle ne l'a pas détruit.

00:54 Souvenez-vous de l'hôpital de Mossoul.

00:56 Quand les Américains l'ont pris, ils l'ont rasé littéralement.

00:59 Hier, on a vu les images, ils n'ont rien détruit.

01:02 Ils sont entrés par le service des urgences, puis ils ont gagné les souterrains.

01:06 Ils ont assuré la vie et la survie.

01:08 Ils ont apporté du matériel médical.

01:10 On est en présence dans ce conflit d'une inversion des réalités,

01:15 d'un retournement de l'agresseur en agressé, qui stupéfie

01:18 et qui, je crois, stupéfiera les historiens dans 20 ans.

01:22 C'est quelque chose de très significatif, ce qui est en train de se passer ici.

01:26 Avec, je l'ai dit hier, non pas l'aval,

01:29 mais en tout cas, tout cela est nourri par les déclarations aussi des pays occidentaux.

01:33 Quand je vous cite ce que dit le président français, le président américain,

01:36 est-ce qu'il contribue par ses déclarations à cette inversion ?

01:40 Le président américain est tenu une certaine neutralité,

01:43 mais on se demande pourquoi Washington devrait donner le feu vert à l'armée israélienne

01:47 pour lancer une offensive.

01:48 Les intérêts de l'État d'Israël dépendent de l'État d'Israël et de lui seul.

01:52 En revanche, en ce qui concerne la déclaration du président Macron,

01:56 il est difficile de la commenter parce qu'elles sont erratiques.

01:59 Elles sont absolument illisibles.

02:00 On ne comprend plus rien, ni en politique étrangère, ni en politique intérieure.

02:03 Pourtant, Georges Bensoussan, hier encore, le président,

02:06 affirme justement que ce ne sont pas des revirements,

02:08 mais c'est une situation et une politique d'équilibre, a-t-il dit ?

02:12 D'équilibre entre qui et qui ?

02:13 Entre un agresseur et un agressé ?

02:15 Toute la subtilité de ce conflit, et c'est le drame d'ailleurs

02:18 pour les deux parties, palestinien et israélien,

02:21 c'est que les apparences donnent tort à l'État d'Israël.

02:23 Alors, en l'occurrence, ici, il a été agressé le 7 octobre.

02:26 Alors, que fallait-il faire ? Ne pas réagir ?

02:29 Il devait réagir.

02:29 Il a eu 1 400 morts en une journée, l'équivalent de 12 000 tués en France.

02:34 Est-ce que la France n'aurait pas réagi ?

02:36 40 000 tués aux États-Unis.

02:37 Les États-Unis n'auraient-ils pas réagi ?

02:39 On sait comment les États-Unis auraient réagi.

02:41 Ils auraient tout détruit sur leur passage.

02:43 Ce n'est pas le cas de l'État d'Israël.

02:44 C'est intéressant ce que vous dit George Bensoussin,

02:46 parce qu'il y a quelques jours, sur cette antenne, sur CNews,

02:49 l'ancien Premier ministre Dominique de Villepin a exhorté Israël

02:52 à ne pas répéter les erreurs du passé, et en particulier les erreurs des États-Unis,

02:57 qui, dit-il, en luttant contre le terrorisme,

03:00 a fini par nourrir la bête immonde du terrorisme.

03:02 Est-ce que ce n'est pas ce qu'est en train de faire Israël ?

03:04 Alors, il a raison, Dominique de Villepin, sur la première partie.

03:07 Effectivement, réagir comme les États-Unis, c'est nourrir la haine,

03:10 nourrir le ressentiment et élever les nouvelles générations de terroristes.

03:15 Il se trouve que l'État d'Israël, on le voit,

03:18 il suffit simplement d'écouter les correspondants militaires,

03:20 il suffit d'écouter les généraux qui s'expriment sur différents plateaux,

03:24 n'a pas la même position, la même tactique militaire que celle des États-Unis.

03:28 Ils ne détruisent pas tout systématiquement sur leur passage,

03:30 ils avancent lentement, progressivement.

03:32 Il y a déjà plus de trois semaines qu'ils ont lancé cette offensive autour de Gaza

03:36 sur un territoire extrêmement réduit.

03:38 Ça signifie qu'ils veulent réduire les pertes des deux côtés.

03:40 Non pas des terroristes du Hamas,

03:42 ceux-là évidemment, ils les ont en ligne de mire, mais des populations civiles.

03:46 Ils sont conscients qu'il faut préparer l'avenir.

03:49 Un jour ou l'autre, il faudra vivre avec ces populations.

03:51 - C'est-à-dire préparer l'avenir ?

03:52 Parce que ce que reprochait Dominique de Villepin,

03:54 c'était seulement une stratégie militaire

03:56 et pas la moindre voie ni opportunité politique.

04:00 - Écoutez, si l'État d'Israël, et je ne suis pas ici son porte-parole,

04:05 n'avait eu qu'une stratégie militaire,

04:07 ils auraient déjà détruit en 48 heures l'ensemble de la zone de Gaza City.

04:11 Donc les propos de Villepin sont ineptes.

04:14 - Ineptes, vous dites ?

04:15 - Absolument ineptes, oui.

04:18 - C'est lourd de sens, venant de votre part.

04:20 - Oui, lourd de sens, je le redis.

04:21 Absolument ineptes.

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