Pierre Lescure - Le Cinéma et Moi : Une Conversation Intime avec Sonia Devillers ! Explorez la Passion Cinématographique de Pierre Lescure dans cette Interview Exclusive

  • l’année dernière
L'émission "L'invité de 9h10" sur France Inter a reçu Pierre Lescure pour une conversation intime et passionnante autour du cinéma.

Animée par Sonia Devillers, cette interview exclusive a permis de découvrir la passion dévorante de Pierre Lescure pour le 7ème art.

De ses premiers émois cinématographiques à ses fonctions actuelles à la tête du Festival de Cannes, Pierre Lescure s'est livré avec sincérité et enthousiasme.

Au fil de l'entretien, il a partagé ses anecdotes de tournage, ses rencontres avec les plus grands noms du cinéma et ses réflexions sur l'évolution de cet art qui le fascine.

C'est un véritable voyage dans l'univers du cinéma que nous offre Pierre Lescure, un voyage ponctué d'humour, d'émotion et d'amour pour cet art qui le fait vibrer.

Voici quelques-uns des sujets abordés lors de l'interview :

Les premiers films qui ont marqué Pierre Lescure
Ses rencontres avec des réalisateurs et des acteurs légendaires
Son rôle de président du Festival de Cannes
L'avenir du cinéma à l'ère du numérique

Si vous êtes passionné de cinéma, cette interview est un véritable trésor à découvrir.
Transcript
00:00 Le 7 9 30 sur France Inter.
00:06 Sonia De Villers, votre invitée ce matin lance une nouvelle émission de cinéma.
00:10 Bonjour Pierre Lescure.
00:12 Bonjour Sonia.
00:13 Tout le monde n'a pas eu la chance d'avoir des parents communistes.
00:15 C'est le titre d'un film, mais c'est votre histoire aussi.
00:18 Votre mère a donné toute sa vie à la CGT.
00:20 Hier, elle aurait probablement été dans le cortège.
00:22 Et qu'est-ce qu'elle dirait de vous voir retourner au charbon à 77 ans ?
00:26 Elle me dirait sans doute, si ça t'amuse et si ça te fait plaisir, te prive pas.
00:31 Plus sérieusement, vous êtes un enfant de la guerre.
00:34 Vous êtes né en 1945.
00:36 Vous êtes fils et petit-fils de résistants.
00:38 Mais vous êtes aussi, Pierre Lescure, un enfant de la guerre froide.
00:41 Fils de journaliste communiste, fils de militante syndicale.
00:45 D'où vous vient cet appétit pour l'Amérique ?
00:49 L'Amérique, c'était l'ennemi forcément dans votre enfance ?
00:52 C'était l'ennemi capitaliste et impérialiste ?
00:55 Oui et non.
00:57 J'ai eu la chance surtout, évidemment, d'avoir des parents communistes,
01:01 mais d'avoir des parents communistes pas sectaires,
01:03 qui étaient avant tout des gens cultivés.
01:06 Ma grand-mère était directrice d'école, mon grand-père était dans les chemins de fer,
01:10 mon père était rédacteur en chef de l'UMA, ma mère vous l'avez dit.
01:12 Mais ils s'intéressaient à toute la littérature,
01:15 aussi bien Tolstoy que Faulkner,
01:17 aussi bien les polars américains qui explosaient à l'époque,
01:21 dans les années 50-60, où tout le monde lisait James Cain,
01:24 Dachel Amet ou Jean Deler,
01:27 il y avait Hemingway,
01:29 et ça n'empêchait pas de parler de l'apartheid,
01:31 de parler de la guerre froide, de parler plus tard du Vietnam, etc.
01:36 Donc il n'y avait aucune illusion sur le système libéral américain,
01:40 mais d'un seul coup il y avait des discussions chez moi,
01:43 où tout le monde parlait de Roosevelt,
01:44 et de ce qu'avait fait Roosevelt avec le New Deal.
01:46 Donc on allait au cinéma et on allait voir des films américains ?
01:49 - Oui bien sûr !
01:50 Et de tout, on n'allait pas systématiquement voir des films soviétiques !
01:55 - Non mais il y a des familles où on n'allait jamais voir Disney,
01:58 et on allait voir des films d'animation hongrois.
02:00 - On allait voir Disney aussi !
02:02 On allait voir Disney aussi, bien sûr !
02:05 - Alors c'était quoi les cinémas de votre enfance ?
02:07 - Les cinémas de mon enfance, c'était vraiment beaucoup de cape et d'épée,
02:11 je suis tout content de voir les trois mousquetaires qui vont ressortir,
02:14 j'ai l'impression de retomber en enfance et de finir gaga,
02:17 mais j'attends ça avec gourmandise,
02:19 parce que je suis né avec les films de cape et d'épée,
02:21 l'un des premiers films que ma grand-mère m'a laissé aller voir,
02:24 seule avec des copains, à "Choisi le roi" où je grandissais chez elle,
02:29 c'était "Scaramouche" avec Stewart Granger et Deborah Kerr,
02:33 et d'un seul coup il partait du balcon,
02:35 comme plus tard le "Fré Belmondo" ou comme le "Freddo" de cape et d'épée,
02:39 et donc c'était ça, c'était l'aventure, c'était les acrobates du cinéma.
02:44 - A quel âge, si vous vous en souvenez, avez-vous eu,
02:47 enfin à la maison, votre premier poste de télévision ?
02:50 - Oh là là, tard !
02:51 - Tard ? - Tard, parce qu'on écoutait beaucoup la radio à la maison,
02:55 j'écoutais certaines émissions commerciales sur,
02:58 ça s'appelait Radio-Télé Luxembourg, mais on écoutait beaucoup France Inter,
03:02 énormément de l'histoire racontée à la radio,
03:06 des émissions policières, plein de trucs, ma famille écoutait beaucoup,
03:09 et puis quand Lee Harvey Oswald a tiré sur Kennedy,
03:15 et surtout quand Jack Ruby a tiré sur Lee Harvey Oswald,
03:18 mon grand-père est rentré et a dit "s'il commence à se tuer en direct,
03:21 on va quand même l'acheter".
03:23 Donc on a acheté la télévision.
03:25 Donc tard, 63, 63, 64.
03:28 - Est-ce que lui vous l'avez vu ? Il s'appelait François Chalet.
03:30 - Quand on voit sur un plateau, c'est très amusant,
03:32 parce que vous riez tout le temps, on sent que c'est absolument pas forcé.
03:35 Vous avez toujours l'air d'être de bonne humeur ce dame.
03:37 - Depuis le temps que j'interroge des acteurs,
03:39 j'essaie de me faire une opinion sur ce que doit être l'acteur idéal,
03:43 j'avoue que je n'y suis jamais parvenu.
03:45 D'abord, est-ce qu'il faut, à votre avis, qu'un acteur travaille ?
03:48 - Vous êtes sûr, dans le fond, que votre carrière marche très bien ?
03:51 - Vous êtes sûr, dans le fond, que votre carrière marche très bien ?
03:55 Ça c'est François Chalet qui interroge Bourville.
03:58 Fallait le faire quand même pour lui poser cette question.
04:00 Vous lancez une nouvelle émission de cinéma qui s'appelle "Beau geste",
04:02 qui va commencer dimanche sur France 2, Pierre Lescure.
04:05 Alors je me suis demandé, moi, si la télévision avait eu un rôle,
04:09 à vous, dans votre jeunesse, de vous apprendre la cinéphilie,
04:12 de vous faire découvrir quelque chose du cinéma.
04:14 - Énormément. - Énormément ?
04:16 - Énormément, parce que j'ai 77 ans,
04:18 donc j'ai été contemporain d'émissions comme "Cinéma, cinéma".
04:23 J'ai dans mon panthéon une interview dans "Cinéma, cinéma" en noir et blanc
04:28 de l'acteur américain Sterling Hyden,
04:30 qui avait une gueule insensée, un phrasé incroyable,
04:33 et en radio, c'est important la voix et le phrasé,
04:37 et il y avait cette émission, ce temps long, toutes choses égales.
04:41 Ce n'était pas interminable, mais on avait le temps d'avoir ce genre de conversation.
04:45 C'est magnifique les extraits de François Chalet que vous avez passés.
04:48 - François Chalet qui a été un des pionniers de la chronique de cinéma
04:52 et qui ensuite a été un des piliers du Festival de Cannes.
04:56 C'est pour ça que j'y pensais.
04:57 - Mais vous avez bien pensé, parce que cet homme est cultivé, est passionné,
05:01 et regardez comme ces interviews sont des conversations.
05:04 Parce qu'il faut être dans la conversation pour être capable de dire
05:07 "Mais au fond, est-ce que votre carrière, est-ce qu'il y a vos vies ?"
05:10 Au fond, on est là tranquillement,
05:13 et on peut se permettre des choses plus personnelles, plus profondes,
05:16 et je trouve ça extra.
05:18 - Et par ailleurs, François Chalet, ça aurait été aussi une grande plume,
05:22 de cinémons, de revues, et vous, vous les avez collectionnées ces revues ?
05:26 Vous les avez lues, mais vous les avez gardées ?
05:29 - Bah oui, faut rien jeter !
05:31 J'ai déjà du mal à jeter des allumettes usées, donc c'est vous dire !
05:35 (Rires)
05:37 Non mais sincèrement, je garde les journaux.
05:40 Tous les matins, on me dépose des journaux sur le palier,
05:43 depuis je ne sais combien de temps,
05:44 et je suis incapable de jeter un journal dans lequel il y a un papier intéressant.
05:49 A fortiori pour les magazines, avec des photos.
05:51 - Alors, on va faire un bond dans le temps.
05:53 On va passer vos premières années tonitruantes en radio,
05:57 ARMC, RTL, bon, on va passer vos premières années dans le service public,
06:02 de la télévision, aux côtés des grands pionniers, comme des groupes et tout ça.
06:06 Et on va arriver au début de Canal+, parce qu'en fait,
06:10 on voit Canal+ comme une machine à fabriquer du cinéma,
06:13 comme une machine à produire du cinéma.
06:15 Mais ce n'était pas que ça, au départ.
06:17 (Musique)
06:31 - Ça, c'est la chorale des enfants au début de La nuit du chasseur, avec Grégory Peck.
06:36 Au début de Canal+, donc vous avez 35 ans, quelque chose comme ça,
06:41 il y a une idée incroyablement cinéphile et nouvelle,
06:44 c'est que cette chaîne, elle va constituer des catalogues
06:48 et elle va aller acheter des films, le droit de diffuser ces films dans le monde entier.
06:54 Et ça, c'est complètement génial et complètement nouveau.
06:57 - C'est complètement nouveau, mais c'est assez naturel.
07:00 Je pense que l'immense mérite de l'aventure de Canal+
07:04 c'est d'avoir eu une page blanche.
07:07 Je souhaite à toutes et tous d'avoir un jour une page blanche.
07:10 C'est-à-dire que quand on vous dit, on va bâtir une chaîne,
07:14 est-ce que vous voulez être de l'aventure, me dit André Rousselet, le fondateur,
07:18 vous allez avoir une page blanche, il faut qu'on donne envie aux gens d'acheter l'abonnement.
07:23 Ça veut dire qu'il faut à la fois des films nouveaux
07:25 et ceux de Robert Mitchum, La nuit du chasseur.
07:28 - Ah oui, j'ai vu Grégory Peck, vous avez raison.
07:29 - Vous avez vu comment j'ai élégamment... - Oui, élégamment.
07:32 - Et donc, on essaie de tout faire.
07:34 On nous dit, vous avez l'obligation, c'est le système économique qui est mis en place,
07:38 12% de votre chiffre d'affaires doit aller dans le pré-achat de films,
07:42 ce qui va permettre de les financer et de monter la production.
07:47 Mais dans le même temps, on se dit, il nous faut aussi du catalogue,
07:50 puisqu'on a grandi avec ça.
07:52 À la télévision, il y avait dans notre époque, Alain De Greff comme moi,
07:55 et pour André Rousselet pareil.
07:57 - De Greff, c'était votre directeur des programmes.
07:58 - Directeur des programmes, de génie et mon meilleur pote, mon meilleur ami.
08:03 Et donc, il y avait énormément d'émissions qui proposaient des films de patrimoine.
08:07 Maintenant, on les trouve sur toutes les plateformes, je comprends que tout a changé.
08:11 - C'est comme ça que vous rachetez le catalogue UGC,
08:13 qui lui-même avait racheté le catalogue de la métro Golding-Mayer,
08:16 et que vous vous retrouvez avec des pépites américaines extraordinaires.
08:20 Mais vous allez racheter des films japonais, vous allez racheter des films italiens.
08:23 J'en ai parlé avec une journaliste qui couvrait le secteur à l'époque et qui me disait,
08:27 ils inventaient quelque chose à l'époque d'un point de vue économique,
08:31 c'est-à-dire l'achat de droits, et nous on ne comprenait rien à ce qu'ils faisaient,
08:34 c'était hyper nouveau.
08:35 - Mais regardez comme ça a perduré.
08:37 Aujourd'hui, l'une des forces du groupe Canal, c'est d'avoir ce catalogue de films à Studio Canal,
08:45 qui est exceptionnel, qui leur permet à la fois de nourrir les chaînes du groupe,
08:49 et en même temps de faire du commerce avec les autres chaînes.
08:52 - C'est ça, et ça préfigurait aussi les plateformes,
08:54 parce qu'aujourd'hui, pour nourrir ces plateformes, c'est toute une affaire de catalogue.
08:59 Mais c'est quand même génial l'idée que le petit cinéphile que vous étiez a grandi
09:04 et s'est mis à racheter la chance de la page blanche et de l'ambition d'un rousselet.
09:09 - Alors l'ambition justement.
09:10 * Extrait de « La chance de la page blanche » de Martin Luther King *
09:27 - Et ça c'est Gladiator, parce qu'en 2000,
09:31 l'ambition fait que Canal+ devienne filiale de Vivendi,
09:36 qui lui-même prend le contrôle des studios Universal Pictures aux Etats-Unis.
09:40 Et vous voilà dans un bureau à Hollywood,
09:42 vous, qui n'avez jamais jeté un numéro de Cinémonde.
09:47 - Je suis au 15ème étage de la Black Tower, et de mon bureau,
09:53 derrière l'interlocuteur qui est de l'autre côté du bureau et avec qui je taille la bavette,
09:57 j'aperçois une attraction de Jurassic Park.
10:01 C'est-à-dire que je vois sans arrêt la grosse patte du ptérodactyte.
10:05 Et c'est ma vie quand j'arrive dans mon bureau.
10:08 - C'est ça, parce que Universal c'est E.T., c'est Jurassic Park, c'est Gladiator,
10:13 c'est Erin Brokovitch l'année où vous arrivez.
10:15 - C'est presque une ville, Universal, comme Warner ou comme les autres grands studios.
10:21 Donc Universal, c'est Universal City, dans la banlieue d'Hollywood.
10:26 Vous avez les hangars mythiques, mais bien réels, où on est en train de tourner.
10:31 Vous avez les attractions d'Universal Park qui sont à côté, d'où Jurassic Park.
10:37 Et c'est vrai qu'il y a à la fois la vie du cinéma et toute l'histoire du cinéma.
10:42 C'est une merveille.
10:43 - C'est ça.
10:44 France Inter, il est 9h19, vous écoutez Pierre Lescure qui va nous raconter
10:47 pourquoi sa nouvelle émission s'appelle "Beau geste".
10:50 Probablement parce que cinéma, cinéma, et face à moi, j'ai Pierre Lescure.
10:53 - La voix dingue de Nilsson.
10:56 - Putain, c'est beau.
10:59 - Et ça nous amène forcément à faire un coup de chapeau à David Crosby
11:04 qui est parti la nuit dernière.
11:07 Crosby style Nash & Young, c'est le premier qui s'en va.
11:10 De ce quatuor, de voix, d'une harmonie phénoménale et de mots intéressants.
11:15 - Et bien on l'embrasse.
11:16 - Oui, on l'embrasse fort.
11:17 - Et puis moi j'embrasse aussi Jean-Baptiste Audiberg
11:20 qui m'aide à choisir les disques chaque semaine.
11:22 - Et toute l'équipe de choc, oh oui il le fait très très bien,
11:25 de l'interview du 9h10.
11:26 Béatrice Bessières, Lucie Lemarchand, Grégoire Nicolet et Redouane Tella.
11:30 Mon invité s'appelle Pierre Lescure, vous avez reconnu sa voix, évidemment.
11:41 Vous avez reconnu sa voix.
11:43 Dimanche soir, France 2, "Beau geste", cette émission consacrée au cinéma.
11:47 On l'a vu, c'est toute une vie pour vous, le cinéma.
11:50 "Beau geste", pourquoi ?
11:52 - "Beau geste", c'est un double sens si j'ose dire.
11:54 D'abord parce que faire un beau geste, être l'objet d'un beau geste,
11:59 tout ça, ça résonne, il y a plein de sens.
12:02 - C'est noble, c'est généreux.
12:03 - Ce serait quoi votre beau geste, vous, au cinéma ?
12:06 - Ah au cinéma, que au cinéma ?
12:08 Euh...
12:10 C'est dans "My Darling Clementine" qui est mon western absolument adoré.
12:15 Et donc il y a le shérif qui s'appelle Wyatt Earp,
12:17 qui est interprété par Henri Fonda.
12:19 - Une figure de légende.
12:20 - Voilà.
12:21 Et il y a un moment, il faut bien que le shérif,
12:24 qui est quand même la loi sur pattes,
12:26 fende un petit peu l'armure.
12:28 Et c'est devant une femme qui va le faire et il l'invite au bal.
12:31 Et au bal du village, il a une petite danse.
12:35 Et à un moment, il a sa santiag, il monte par l'arrière dans sa petite danse.
12:38 Et je me dis, ça dure 15 secondes.
12:41 C'est un geste et c'est...
12:43 - Donc "beau geste", c'est un mot magnifique, c'est un mot valise comme disent...
12:48 - J'y ai pensé parce que tout au long de l'émission,
12:50 vous demandez à des gens très différents, des acteurs,
12:53 et vous leur demandez "c'est quoi votre beau geste à vous au cinéma ?"
12:56 - Voilà. Et en même temps, il y a un film de 1939,
12:59 d'un réalisateur honnête qui s'appelle William Whelham,
13:02 qui a fait un film qui s'appelle "Beau geste".
13:05 Donc on se dit "ah tiens, un mot français !"
13:07 Et non, le type s'appelle Beau.
13:09 - C'est son prénom ?
13:10 - C'est son prénom.
13:11 Comme il y a eu Beau Bridges, il y a "Beau geste".
13:13 Et il est joué par Gary Cooper.
13:15 C'est un film de trois frères qui ont une vie très mouvementée
13:18 et qui vont s'engager dans la Légion étrangère.
13:21 - Ça, c'est la bande originale d'"In the mood for love",
13:31 sur laquelle vous allez mixer une de vos séquences.
13:34 L'idée, c'est que "Beau geste" soit beau.
13:37 Aussi, à l'image.
13:39 - C'est bien la moindre des choses quand on veut parler de cinéma.
13:42 Que ce soit toutes les formes de cinéma,
13:45 c'est d'abord une image magnifique.
13:47 Donc la télé se doit, dès lors qu'elle traite du cinéma,
13:50 que l'image soit belle,
13:51 pas seulement pour le visage des comédiennes ou des comédiens.
13:54 - Vous avez demandé à Benjamin Biolay de vous concocter un générique original.
13:59 Et puis vous avez une ouverture d'émission en forme d'affiche.
14:03 Alors ce ne sont pas des vraies affiches,
14:06 puisque là, il y a marqué "Pierre Lescure", "Présente", blablabla.
14:09 Mais c'est la typo du mythique du cinéma,
14:12 ce sont des images qui nous envoient...
14:15 Vous, vous avez une affiche de film culte,
14:17 vous qui êtes un collectionneur fou.
14:19 - Euuuh...
14:21 - Euf !
14:22 - Je déteste choisir, je dois vous avouer Sonia.
14:25 Si on me demandait ce que tu emmènes sur une île déserte,
14:27 j'emmène tout, j'emmène rien.
14:29 Donc, j'en ai pas 30...
14:31 C'est les premières, mes affiches de films technicolores,
14:35 qui étaient très dessinées, qui étaient moins esthétiques que les Saul Bass.
14:39 Mais il n'empêche que c'est des premières évasions.
14:45 Donc j'aime beaucoup ces affiches-là.
14:46 Et puis ensuite, c'est vrai que toutes les Saul Bass sont démentes.
14:49 Je regardais encore avec...
14:51 - Saul Bass, c'est lui qui a fait le générique de James Bond, c'est ça ?
14:54 - Il en a fait, mais il a fait aussi toutes les...
14:56 "Autopsie d'un meurtre", le film de Preminger.
15:00 C'est aussi un homme qui a fait énormément de pochettes de disques de jazz,
15:04 puisqu'on en parlait tout à l'heure.
15:05 Et vraiment...
15:06 - Alors...
15:07 - "Dans Beaux Gestes", dimanche soir.
15:10 Virginie Effira, hors promo, qui vous raconte, elle, son rapport profond au cinéma.
15:15 Philippe Lachaud et sa bande.
15:17 Ça, c'est du cinéma populaire qui cartonne partout en France,
15:20 qui remplit les salles, c'est de la comédie.
15:22 Il y a Damien Chazelle, le réalisateur de "Babylone",
15:27 qui vous raconte pourquoi il aime tant Louis de Funès, etc.
15:30 Il y a des cinémas en Ukraine qui résistent face à la guerre.
15:33 Et je me suis dit, cette émission,
15:35 vous l'auriez faite dans les années 90,
15:37 vous auriez fait la même.
15:40 C'est-à-dire que le cinéma vit une crise majeure,
15:43 il réfléchit à son avenir, il réfléchit même à sa survie.
15:46 Le cinéma, aujourd'hui, est face à la feuilletonisation géante
15:50 parce que le monde est envahi par les séries,
15:53 aux plateformes, etc.
15:54 Et vous, vous êtes toujours dans une approche du cinéma
15:58 qui aurait été la même il y a 30 ans.
16:00 - Je pourrais le prendre mal...
16:01 - Non, non, non, c'est une vraie question.
16:03 - Mais je le prends au contraire.
16:04 - Est-ce que c'est une émission de puriste ?
16:06 - Non, non, c'est pas une émission de puriste,
16:08 c'est une émission d'amoureux profond.
16:11 Dès lors que je crois à la profondeur de l'art cinématographique,
16:16 à l'absolue émotion d'être dans une salle et de voir un film
16:21 qu'on aime plus ou moins, mais on a passé un moment d'émotion.
16:25 C'est la même chose devant des peintures,
16:26 c'est la même chose quand on ouvre un livre.
16:28 Je crois à ces absolues profondeurs-là.
16:31 Donc en ce moment, il y a des difficultés économiques,
16:34 il y a des gros points d'interrogation,
16:36 mais je n'imagine pas une seconde que le cinéma puisse s'éteindre.
16:40 Je ne l'imagine pas parce que ce serait contre nature.
16:43 Ça pourrait, ça paraît peut-être avec un certain irréalisme.
16:48 Je suis convaincu du contraire.
16:50 Parce qu'on m'a raconté aussi dans les années 80, au début de Canal,
16:55 qu'on allait vider les salles et que le cinéma...
16:57 - Parce que vous passiez du cinéma à la télévision,
16:59 et beaucoup de cinéma à la télévision,
17:01 et vous, Pierre Lescure, président du Festival de Cannes,
17:04 vous avez dit "En compétition au Festival de Cannes,
17:07 le cinéma, ça restera le cinéma,
17:09 et pas des films Netflix et pas des films Amazon Prime".
17:12 C'est la même idée ?
17:13 - En revanche, les films de plateforme peuvent venir hors compétition.
17:17 Je suis sûr que Thierry Frémaud et Iris Nobloch, qui m'a succédé,
17:21 vont aller dans cette idée.
17:23 Il faut qu'on puisse exposer le travail des cinéastes sur les plateformes,
17:27 pas forcément en compétition.
17:29 - Et voilà, le cinéma, toujours le cinéma.
17:32 Ça ne s'appelle donc pas cinéma, cinéma, parce que c'était déjà pris.
17:35 - Ils avaient tué le game !
17:37 - Ça s'appelle beau geste, c'est Pierre Lescure,
17:39 et c'est Dimanche Soir sur France 2. Merci Pierre.
17:41 - Merci Sonia.
17:41 - Merci à tous les deux, merci Sonia De Villers,
17:44 et merci à la rédaction d'Inter et à tous ces services.
17:47 À la préparation du 7/9 cette semaine, merci à Juliette Accus,
17:51 Alexandre Gilardi, Alexandra Brouillet, Jean Brossier, Agathe Lévitas et Agnès Rimbaud.
17:55 À la réalisation Rémi Sistiaga et Maxime Goudard.
17:59 À la rédaction en chef Stéphanie Boutonnat, Nasser Maggi et Michael Thébaud.
18:02 Assisté de Joseph Ascal et Sylvain Le Sage.
18:07 Je n'oublie pas Thibaut Cavallès.
18:08 Merci également à tous les standardistes d'Inter.
18:10 Dans un instant, Rebecca est là pour Totemic.

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