Manuel Vall, ancien Premier ministre, était l'invité du "8h30 franceinfo", mercredi 8 novembre 2023. Grande marche contre l'antisémitisme, guerre Israël/Hamas et projet de loi immigration... Il répondait aux questions de Jérôme Chapuis et Salhia Brakhlia.
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00:00 Bonjour Manuel Valls. Bonjour. La présidente de l'Assemblée nationale Yael Braun-Pivet et son homologue au Sénat Gérard Larcher
00:06 appellent à une grande marche contre l'antisémitisme dimanche à Paris. Vous y serez ?
00:12 Oui évidemment et moi je veux saluer cette initiative. J'appelais ce week-end et chez vos confrères de BFM et RMC il y a deux jours
00:21 à une mobilisation, un sursaut, à une prise de conscience sur ce que nous sommes en train de vivre.
00:27 C'est-à-dire de mon point de vue une véritable rupture par l'explosion, le tsunami de ces actes antisémites, judéophobes,
00:37 parce qu'au fond je crois qu'il faut utiliser les bons mots, la haine des Juifs, la haine d'Israël se répand dans notre pays
00:45 avec des chiffres qui d'ailleurs font froid le dodo et pas seulement en France.
00:48 Plus de 1000 actes depuis moins d'un mois. On va en parler.
00:52 C'est vrai en France, c'est vrai en Allemagne, c'est vrai en Grande-Bretagne, c'est vrai aux Etats-Unis.
00:56 Et le fait que la présidente de l'Assemblée Nationale, le président du Sénat, une femme, un homme, la majorité présidentielle,
01:02 la majorité sénatoriale, soit capable à travers un texte de très grande qualité d'appeler à la mobilisation d'un maximum de Français
01:12 pour manifester contre la haine, contre l'antisémitisme, au nom du rassemblement autour de nos valeurs, pour aussi nos otages,
01:23 en rappelant nos victimes. Il y a eu 40 Français tués. C'est la première fois depuis la dernière guerre qu'on tue autant de nos compatriotes juifs,
01:33 certes en Israël, mais ce sont aussi des Français. Donc il fallait un sursaut, une mobilisation, une prise de conscience
01:41 pour que je salue cet acte politique de rassemblement qui manque tant dans notre vie politique.
01:46 Bravo à Yael Brompivet et à Gérard Larcher.
01:49 Cette marche, vous y allez, même si Marine Le Pen et Jordan Bardella seront dans le cortège ?
01:54 C'est un appel au rassemblement de tous les Français. Moi je connais les racines, l'idéologie fondatrice il y a déjà des années du Rassemblement National.
02:05 J'ai défilé, j'ai combattu l'extrême droite. Mais défilé au côté de Jordan Bardella qui estime par exemple que Jean-Marie Le Pen n'était pas antisémite ?
02:14 Mais c'est eux qui décident de venir. Mais moi je vais à une manifestation à l'appel du président de la présidence de l'Assemblée Nationale
02:21 et du président du Sénat qui est un appel à tous les Français.
02:25 Mais vous comprenez les hésitations ? On entendait ce matin par exemple dans les rangs de Renaissance le parti d'Emmanuel Macron,
02:30 les gens qui disent "c'est une opération de blanchiment du passé antisémite du Rassemblement National".
02:35 Non, ce n'est pas une opération. C'est peut-être eux qui cherchent à opérer cette manifestation, ce changement, ce blanchiment,
02:43 pour reprendre votre expression et d'une certaine manière, nous y reviendrons peut-être,
02:47 ils sont aidés par l'attitude de Jean-Luc Mélenchon et de la France insoumise.
02:52 Mais là il s'agit honnêtement, dans ce moment très particulier, très grave, dans un monde marqué, on n'en parle plus,
03:02 par une guerre en Europe, par des fractures dans nos sociétés, par une mise en cause de la démocratie,
03:08 par la montée de la haine des Juifs. Moi, avec mon expérience, avec le recul des choses, avec mes combats bien sûr,
03:15 contre l'antisémitisme, contre l'islamisme depuis des années, malheureusement l'histoire m'a donné raison,
03:21 aussi contre l'extrême droite, j'ai envie qu'un maximum de Français se rassemblent.
03:26 Et comme le disait il y a un instant sur votre antenne Jonathan Arfi, le président du CRIF,
03:30 moi je manifesterai avec ceux qui partagent mes valeurs.
03:34 Mais Dimanche, si vous vous retrouvez, nez à nez avec Éric Zemmour par exemple, puisqu'il a annoncé qu'il y allait.
03:39 Oui mais ça, vous savez, je connais ce débat, je comprends parfaitement.
03:42 Et vous connaissez la force des symboles aussi, Manuel Valls.
03:44 Je connais parfaitement, je comprends parfaitement ce questionnement.
03:49 Mais dans ce moment-là, je ne donnerai jamais évidemment un passeport de probité à l'extrême droite.
03:56 Je n'ignore pas qu'en plus, Madame Le Pen, Monsieur Bardella, le Rassemblement National,
04:04 aussi d'une certaine manière manifestent leur rejet des musulmans.
04:08 Donc il y a tout cela, bien évidemment.
04:11 Mais dans ce moment précis, si grave, où il y a cette violence contre nos compatriotes juifs,
04:18 cette peur, parce que, pardon de m'y arrêter quelques secondes,
04:21 pour nos compatriotes juifs, et c'est vrai bien sûr en France, mais c'est vrai aussi pour les juifs du monde,
04:27 ils se retrouvent aujourd'hui face à une forme d'impasse.
04:31 Israël, censé protéger les juifs des pogroms, a été touché par un pogrom,
04:36 d'une violence inouïe, ça a été une barbarie atroce.
04:40 J'étais en Israël il y a quelques semaines, je l'ai vu de mes propres yeux.
04:44 Et voilà qu'en France, mais aussi aux Etats-Unis, il y a des actes antisémites,
04:48 il y a cette haine à l'égard des juifs qui se diffusent.
04:50 On va revenir précisément à Manuel Valls.
04:52 Donc il est temps, plus que jamais, de dire notre lien, notre amitié,
04:57 notre relation avec le judaïsme en France et notre rejet de la haine.
05:02 Donc cette manifestation doit être puissante pour déborder tous les petits débats.
05:07 Jean-Luc Mélenchon a tweeté hier soir en réaction à l'annonce de La Marche.
05:11 Il écrit "Dimanche, manif de l'arc républicain, entre guillemets,
05:14 du RN à la Macronie de Braun-Pivet", et ensuite il enchaîne,
05:18 "Et sous prétexte d'antisémitisme, les amis du soutien inconditionnel au massacre ont leur rendez-vous".
05:24 Quelle est votre réaction ?
05:26 D'abord, parfois je me dis, mais je le dis, je vous fais part de mes hésitations et de mes doutes,
05:31 au nom précisément de ce rassemblement que j'appelle de mes voeux,
05:35 est-ce que j'ai envie de me lancer de nouveau dans une critique de Jean-Luc Mélenchon ?
05:40 Est-ce que ça, d'une certaine manière, est-ce que ça en vaut la peine ?
05:42 Parce que chaque tweet, chaque expression de sa part est de plus en plus ignoble.
05:47 Mais là, c'est particulièrement grave. Pourquoi ?
05:50 Parce qu'en disant que les amis du soutien inconditionnel, non pas à Israël,
05:54 mais au massacre, c'est son mot, ont leur rendez-vous.
05:58 C'est en effet, vous venez de le citer, son tweet.
06:01 Donc là, il met de manière très claire une cible derrière tous ceux qui appellent ou qui vont manifester dimanche.
06:09 Ils sont complices, entre guillemets, du massacre des Palestiniens.
06:15 Et ça, c'est insupportable. C'est très grave.
06:18 Il y a de sa part une stratégie de rupture, de violence, de division dans notre pays
06:25 qui me paraît particulièrement grave et avec des conséquences, par ailleurs, qui peuvent être, elles aussi, très dangereuses.
06:32 Donc vous dites clairement ce matin, ceux qui vont manifester dimanche contre l'antisémitisme
06:37 ne vont pas afficher un soutien inconditionnel à la riposte israélienne.
06:41 Mais ça, c'est un autre débat.
06:43 Il faut quand même l'éclaircir.
06:45 Dimanche, c'est une manifestation de soutien à nos compatriotes qui ont perdu des proches en Israël.
06:54 Ça, il faut aussi le rappeler.
06:56 Et j'espère qu'il y aura un grand hommage.
06:58 Le président de la République l'avait annoncé à nos victimes.
07:02 Un soutien aux otages, bien sûr, parce qu'il y a encore, malheureusement, des otages à Gaza.
07:07 Et puis, une manifestation qui doit être d'une force incroyable contre l'antisémitisme, contre la haine des Juifs.
07:15 Est-ce qu'on peut faire la fracture de ce qui se passe depuis un mois ?
07:18 C'est aussi le sens de la question de Salia, c'est-à-dire cette riposte israélienne qui est très importante.
07:23 Mais cette riposte, elle est légitime.
07:26 Parce qu'Israël, nous y reviendrons peut-être, a le droit de se défendre.
07:30 Mais dans l'appel, d'ailleurs, des deux présidents, des deux assemblées, il n'y a aucune évocation.
07:36 On ne parle pas des proches orientés.
07:38 Non, non, parce que précisément, il ne faut pas en parler dans ce moment-là.
07:42 Dans cette manifestation, les choses doivent être extrêmement claires.
07:45 C'est contre l'antisémitisme, c'est contre ceux qui veulent lier le sort des Juifs français à ce qui se passe en Israël.
07:52 Et c'est ça qui est insupportable, et c'est ce à quoi contribuent, par ces tweets, par ces discours de haine,
07:57 Jean-Luc Mélenchon, qui est sorti du champ républicain, du champ de l'humanité.
08:00 Donc je repose ma question, Manuel Valls, manifester dimanche contre l'antisémitisme, ce n'est pas afficher un soutien à Israël.
08:06 Ce n'est pas manifester un soutien au gouvernement israélien,
08:09 ce n'est pas manifester un soutien à telle ou telle action de l'État d'Israël,
08:15 même si moi, je soutiens l'État d'Israël dans ce moment.
08:19 Non ! Il faut sortir de cette confusion dans laquelle cherche à nous plonger Jean-Luc Mélenchon.
08:25 Manuel Valls, vous êtes l'invité du 8.30 France Info jusqu'à 9h, on vous retrouve juste après le Fil Info 8h41.
08:30 Maureen Swignard.
08:31 Nous n'avions jamais connu un mois d'octobre aussi chaud dans le monde.
08:35 Nouvelle alerte de l'Institut Copernicus ce matin, cela fait cinq mois de suite que nous battons des records.
08:41 2023 sera donc certainement l'année la plus chaude jamais enregistrée.
08:45 Dimanche, nous serons tous juifs, affirme sur France Info le président de la conférence des Imams de France.
08:51 Il participe à la marche contre l'antisémitisme à Paris.
08:55 Marche à l'appel des présidents de l'Assemblée nationale et du Sénat.
08:58 Le Rassemblement National y sera tout comme le Parti Socialiste.
09:02 L'ancien Premier ministre Manuel Valls appelle sur France Info un sursaut face au tsunami des actes antisémites.
09:08 L'ancienne rectrice de Versailles se dit déterminée à faire valoir ses droits.
09:12 Le ministre de l'Education nationale a annoncé hier mettre en place une procédure disciplinaire contre elle.
09:17 Une procédure à la suite du courrier envoyé à la famille de Nicolas Apoissi.
09:21 Le jeune se disait harcelé et s'est suicidé.
09:24 Vous pourrez bien sûr suivre la rencontre sur France Info dès 21h ce soir.
09:28 Lance aux Pays-Bas pour affronter le PSV Eindhoven en Ligue des champions de football.
09:33 Hier soir, le Paris Saint-Germain s'est incliné 2-1 face à la Cémilan.
09:38 France Info
09:41 Le 8-30 France Info, Jérôme Chapuis, Saliha Braklia
09:46 Toujours avec l'ancien Premier ministre Manuel Valls, on continue d'évoquer cet appel à manifester, vous y serez, vous dimanche,
09:53 entre l'Assemblée Nationale et le Sénat contre l'antisémitisme. Est-ce que le Président de la République, selon vous, doit s'y rendre aussi ?
10:00 C'est vraiment de sa décision. C'est très rare qu'un chef de l'État se rende dans ce type de manifestation.
10:06 Il y a eu des précédents.
10:08 Notamment dans le cadre d'une manifestation contre l'antisémitisme en 1990, le Président en exercice, François Mitterrand, avait manifesté.
10:15 En effet, après la profanation d'un cimetière à Carpentras, lors de la grande manifestation après les attentats de Charlie et de l'hyper-cachère François Hollande,
10:25 était en tête d'une manifestation, mais les vrais, entourés de nombreux chefs d'État et de gouvernement,
10:30 dont le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou et le Président de l'autorité palestinienne Mahmoud Abbas.
10:38 Donc, ce sont des moments exceptionnels. Je pense qu'il est important que le Président de la République s'exprime.
10:44 Il l'a déjà fait pour rassurer, pour apporter son soutien à nos compatriotes juifs, pour tenter d'apaiser, pour avoir des mots très clairs contre cette haine des Juifs.
10:55 Il faut un hommage national aussi ?
10:58 Mais, je crois qu'il l'avait dit, il faut de toute façon, et il y aura un hommage national.
11:03 Mais vous avez remarqué, malheureusement, que les chiffres concernant le nombre de nos compatriotes tués,
11:09 dans ce qui a été l'orgie la plus meurtrière depuis les marches de la mort depuis 1945 en Israël,
11:16 dans ce qui bout à l'occasion de cette Rêve Parti, où on a tué des Juifs parce qu'ils étaient Juifs, des citoyens, des civils.
11:23 On a tué pour impressionner, pour faire peur, pour humilier.
11:28 Ces chiffres, malheureusement, augmentent.
11:30 Nous savons peu de choses du sort de nos compatriotes, mais il y aura, je n'en doute pas, il le faut, un hommage national pour nos compatriotes tués dans ce moment-là.
11:39 J'avais rencontré en Israël les familles des victimes. Certaines, d'ailleurs, de ces familles sont actuellement à Paris.
11:45 Il faut être avec elles, il faut être avec ces familles.
11:47 Il faut leur tendre la main, les entourer, les embrasser et puis tout faire, évidemment, pour essayer de sauver nos otages,
11:53 comme tous les autres qui sont pris par le Hamas dans la bande de Gaza.
11:57 Manuel Valls, on voit que dès l'annonce de la marche, c'est compliqué.
12:00 La classe politique elle-même n'est pas unanime. En cas de faible mobilisation, qu'est-ce que ça voudra dire ?
12:06 Moi, je ne veux pas anticiper. Le commentaire, c'est votre travail.
12:10 Moi, si je suis aussi avec vous, si j'ai répondu merci à votre invitation, c'est au contraire pour mobiliser.
12:17 Je pense que l'attitude du président du Sénat et de la présidente de l'Assemblée, c'est précisément pour dire aux responsables politiques,
12:22 à la classe politique, comme vous dites, soyez à la hauteur de la situation, de ce moment, de cette rupture morale anthropologique.
12:32 Mais l'appel, il ne s'adresse pas qu'aux politiques, l'adresse de Gérard Archayel, Brandepivest, c'est vraiment les Français.
12:36 Qu'est-ce que vous dites à nos compatriotes français, notamment ceux qui sont de confession musulmane, qui hésitent à aller manifester dimanche ?
12:41 C'est ce que je vais vous dire. C'est l'appel de responsables politiques de très grande qualité.
12:47 C'est pour que tout le monde soit à la hauteur de leur propre démarche. Mais c'est un appel d'abord aux Français.
12:54 Moi, je m'adresse à tous les Français, au-delà des confessions. Et ce que je dis à mes compatriotes musulmans,
12:59 je m'étais adressé à eux en 2015 dans mon discours à l'Assemblée nationale, qui avait d'ailleurs été applaudi sur tous les bancs de l'Assemblée nationale.
13:06 C'est vous, Français musulmans, qui êtes les premières victimes, d'ailleurs, au Proche et au Moyen-Orient du terrorisme.
13:15 Ce sont les premières victimes, comme ces Palestiniens qui sont pris en otage, comme boucliers humains, par le Hamas dans la bande de Gaza.
13:23 Mais il y a des milliers de musulmans, sunnis notamment, qui ont été massacrés, tués.
13:29 Vous savez qu'il y a des ouvriers palestiniens qui travaillaient dans les kibbouts, qui ont été tués et massacrés par le Hamas.
13:36 Donc, c'est important que chacun se rassemble, s'unisse autour des valeurs de ce beau pays qu'est la France,
13:43 qui refuse l'antisémitisme, le racisme, et qui ne peut pas supporter cette haine à l'égard des Juifs, et qui se confond d'ailleurs avec la haine d'Israël.
13:52 Donc, c'est ce rassemblement, et j'espère qu'il y aura évidemment beaucoup de monde et une belle mobilisation dimanche.
13:58 Après, chacun est responsable, chers citoyens.
14:02 Mais il y a des résistances quand même, parce que vous sentez bien qu'il peut y avoir chez certains, d'ailleurs pas forcément de confessions musulmanes,
14:07 qui soutiennent la cause palestinienne et qui se disent "Dimanche, voilà, il y a un peu deux poids deux mesures, on appelle à manifester contre l'antisémitisme,
14:15 mais on aurait pu élargir un mot d'ordre plus pour la paix".
14:18 Non, l'antisémitisme, c'est chez nous. C'est chez nous.
14:22 C'est chez nous où il y a une explosion des actes antisémites, où il y a des croix gammées qu'on dessine sur des portes,
14:31 où on signale des maisons ou des appartements parce qu'il y a des Juifs.
14:36 C'est ça qui est insupportable.
14:38 Ou sur les réseaux sociaux, on appelle au meurtre, on crie "Mort aux Juifs".
14:43 C'est chez nous. C'est dans ce pays qui est celui à la fois des droits de l'homme, mais qui a connu aussi l'affaire Drafus,
14:49 et qui a connu également les décrets anti-juifs de Pétain, où une partie de la France s'est fourvoyée avec la collaboration.
14:57 Donc il y a une histoire. C'est chez nous où il y a la première communauté juive de France,
15:01 comme aussi où il y a la première communauté musulmane, si on parle de communauté, ce que je n'aime pas faire.
15:07 Mais c'est en France. Donc le sursaut doit être au-delà de toutes les préventions.
15:14 Donc c'est un moment important. Il faut être capable de s'élever, pas seulement les responsables politiques,
15:20 mais chaque citoyen. Il ne faut pas avoir peur de manifester contre l'antisémitisme, contre la haine des Juifs.
15:28 - Et pour ceux qui ont des réserves ?
15:30 - De se rassembler. C'est un moment important et chacun doit prendre ses responsabilités.
15:35 Il ne faut pas avoir peur. Il faut échapper aux petits débats politiques et aux petites préventions.
15:40 - Et pour ceux qui ont des réserves, Manuel Valls, encore une fois, on peut critiquer la politique d'Israël sans passer pour un antisémite ?
15:46 - Évidemment. Écoutez, les premiers qui critiquaient la politique de Benjamin Netanyahou,
15:56 la présence des ministres Smotrich ou Benguir, qui sont des dingues et des incompétents,
16:02 et des radicaux, les premiers qui ont considéré qu'il y avait une faillite du renseignement de l'armée et des politiques,
16:12 ce sont les Israéliens eux-mêmes. Les gens que j'ai vus dans les kibbouts,
16:16 qui s'étaient défendus, arme à la main, contre les terroristes, qui pleuraient leurs proches,
16:22 qui étaient encore bouleversés, choqués, comme moi d'ailleurs, par ce qu'ils avaient vécu,
16:27 et moi par les images et par ce que j'ai vu dans ces kibbouts ou dans le désert du Négef,
16:33 ce sont les Israéliens. Ce sont les mêmes qui manifestaient tous les samedis.
16:37 Ce sont les mêmes qui ne votaient pas pour Benjamin Netanyahou.
16:40 C'est cette gauche qui vit dans ces kibbouts, ou cette jeunesse de Tel Aviv, qui dansait dans le désert du Négef.
16:46 Mais, mais, Israël a le droit et le devoir de se défendre. Et il n'y a pas de poids, de mesure.
16:53 On ne peut pas confondre, je sais que c'est difficile à comprendre, un massacre orchestré, organisé,
16:59 voulu, tuant des juifs, et la riposte d'Israël, avec évidemment les risques que nous connaissons,
17:06 notamment en termes de victimes civiles.
17:09 - Mais parce que certains le font, le fait de confondre.
17:12 Être ami d'Israël, dit Dominique de Villepin, qui était à votre place hier, ancien Premier ministre,
17:17 dit, c'est de leur dire de ne pas être dans la vengeance indiscriminée.
17:21 - Mais il se trompe. - Vous êtes d'accord avec ça ?
17:23 - Je ne suis pas d'accord avec Dominique de Villepin là-dessus.
17:25 Et depuis longtemps d'ailleurs, sur son regard sur le conflit du Proche-Orient.
17:29 Je vais dire les choses autrement.
17:31 Israël a le droit de se défendre.
17:33 Mais, la première victime collatérale, si vous me permettez, de l'action du Hamas,
17:39 et c'est voulu ainsi pourquoi ? Parce que le Hamas n'a jamais voulu soutenir le processus de paix.
17:44 Jamais.
17:45 Le Hamas, évidemment avec son parrain l'Iran, est contre tout accord de paix entre Israël et les Palestiniens.
17:52 - Comme le deuxième et dernier.
17:54 - Comme tout accord entre Israël et les pays arabes à travers les accords d'Abraham.
17:59 La première victime, c'est l'autorité palestinienne.
18:02 Donc, le préalable pour le dialogue, pour la paix, pour des solutions politiques,
18:07 pour restaurer notamment l'autorité palestinienne, bien sûr en Cisjordanie,
18:10 mais aussi au Hamas parce que c'est une des solutions possibles.
18:13 - À Gaza, oui.
18:15 - À Gaza, c'est l'élimination du Hamas.
18:17 Tant qu'il y aura le Hamas, qui est par ailleurs une organisation qui écarte des femmes,
18:23 qui poursuit les homosexuels, qui a tué des centaines de militants du FATA, de l'OLP,
18:29 ce qui était le parti de Arafat, tant qu'il y aura le Hamas, rien ne sera possible.
18:34 Et pour éliminer le Hamas, on ne le fait pas d'ici, depuis d'ici.
18:39 Il faut y entrer, il faut en finir avec ces tunnels, il faut en finir avec cette organisation militaire.
18:45 - Il y a des milliers de civils qui le font.
18:46 - Oui, mais c'est pour ça qu'il faut des couloirs humanitaires, des posts humanitaires.
18:49 Israël, aujourd'hui, est rentré dans un Hamas. C'est extrêmement difficile.
18:54 - Et tu refuses à la paix des Malida.
18:55 - Oui, mais la guerre, c'est très difficile.
18:57 Vous savez, il y a une belle attitude ici, j'en dis un mot.
19:00 C'est-à-dire, nous soutenons les Ukrainiens, mais c'est eux qui se font trouver la peau pour la paix,
19:05 pour résister face aux Russes.
19:09 Et les Israéliens sont en train de lutter contre une organisation islamiste
19:13 qui a déclaré la guerre aux Juifs, aux Chrétiens, à l'Occident et à nous-mêmes.
19:17 Ils ont tué, bon sang, ils ont tué 40 de nos compatriotes.
19:22 Et ici, il y a des gens qui disent, il faut en finir avec le Hamas,
19:26 mais il faut le faire de telle ou telle manière.
19:29 Non, la Dominique de Villepin, de ce point de vue-là, se trompe et je ne suis pas d'accord avec lui.
19:34 Je n'ai jamais soutenu le gouvernement de Benjamin Netanyahou et je pense qu'il s'est trompé lourdement.
19:40 Mais aujourd'hui, tout le peuple d'Israël est rassemblé pour en finir avec le Hamas.
19:44 Voilà, c'est cette étape-là.
19:46 Après, j'espère qu'avec un nouveau gouvernement en Israël, une nouvelle coalition,
19:50 un nouveau dialogue avec les Palestiniens, on trouvera les solutions.
19:53 Je l'espère de tout mon cœur.
19:54 On marque une pause, Manuel Valls, on vous retrouve juste après le Filinfo, 8h53, Maureen Swiniard.
19:58 Le projet de loi immigration est examiné au Sénat en ce moment.
20:02 Les républicains et les centristes se mettent d'accord sur l'article 3.
20:06 C'est celui qui concerne la régularisation des travailleurs sans papier.
20:09 L'article sera supprimé, mais un autre est introduit.
20:13 Il prévoit aussi des régularisations, mais au cas par cas, sur décision des préfets,
20:17 l'Assemblée nationale se penchera sur le texte le mois prochain.
20:20 L'armée israélienne affirme se trouver au cœur de la ville de Gaza,
20:24 un mois après les attaques du Hamas sur l'État hébreu.
20:26 Washington dit s'opposer à une réoccupation du territoire palestinien par Israël.
20:31 Le Premier ministre Benyamin Netanyahou a réaffirmé hier qu'il excluait
20:35 tout cesser le feu et toute livraison de carburant tant qu'il y aura des otages.
20:40 Le Pas-de-Calais est désormais en vigilance orange face aux Crumes
20:43 et les autorités scrutent avec attention la Canche.
20:46 Les nouvelles pluies cet après-midi pourraient faire déborder le cours d'eau.
20:50 Une prime de Noël de 115 à 200 euros pour les familles monoparentales
20:54 se trouvant sous le seuil de pauvreté.
20:56 Les députés socialistes disent avoir obtenu l'accord du gouvernement sur leur proposition.
21:02 L'amendement doit être voté aujourd'hui. Cela concerne 800 000 familles.
21:07 Jusqu'à 9h avec l'ancien Premier ministre Manuel Valls, la dernière circulaire
21:20 qui régule l'immigration en France et l'intégration des travailleurs.
21:26 "Porte votre nom Manuel Valls", la circulaire Valls de 2012.
21:29 Ça va changer avec ce projet de loi immigration qui est en ce moment en examen au Sénat.
21:34 Le gouvernement a cherché à trouver des compromis.
21:36 L'article 3 qui vise à régulariser les travailleurs sans papier.
21:40 Un accord a été trouvé à ce sujet avec la majorité de droite hier.
21:44 Ce sera désormais à la main des préfets si le processus va au bout.
21:48 Plus question d'un droit opposable mais une possibilité accordée au cas par cas
21:53 avec de multiples vérifications et seulement pour une durée d'un an.
21:57 Est-ce que ça va selon vous dans le bon sens ?
21:59 Pas facile de passer du sujet que nous avons abordé à celui-ci, même si c'est un sujet important.
22:05 De toute manière je vais continuer sur le même fil, c'est-à-dire celui de la responsabilité.
22:10 Et moi je pense qu'il faut sur ce sujet-là qui a fait l'objet de nombreux débats,
22:14 de nombreuses politiques mais qui au fond se ressemblent, ce sont les mêmes depuis 40 ans.
22:18 Il faut un accord, là je parle de la méthode, entre le Sénat et l'Assemblée,
22:22 entre la majorité sénatoriale et la majorité présidentielle.
22:26 Alors le débat est en cours, l'accord qui a eu lieu hier est au sein de la majorité sénatoriale,
22:29 pas forcément avec le gouvernement.
22:31 Mais pour vous répondre très très honnêtement, pour gagner en efficacité contre l'immigration clandestine,
22:37 moi je pense qu'il faut garder l'esprit de la circulaire, quitte à la modifier, y compris à la durcir.
22:42 - Ça veut dire quoi ?
22:44 - C'est-à-dire que je pense que l'article 3, le fameux article 3 sur ce droit opposable,
22:48 ne me paraît pas, mais je donne vraiment mon avis, je ne suis ni député ni sénateur,
22:52 ne me paraît pas indispensable.
22:54 Et qu'il faut garder de la souplesse pour régler des situations,
22:58 car il y a des situations évidemment impossibles, insupportables,
23:01 concernant des travailleurs, concernant des familles, concernant des enfants.
23:06 Il faut garder cette souplesse et laisser la main au préfet.
23:10 - Ça peut surprendre venant de quelqu'un qui vient de la gauche.
23:13 - Non, parce qu'à l'époque déjà, nous avions fait le choix,
23:16 en négociant d'ailleurs avec les syndicats et plus particulièrement la CGT,
23:20 nous n'avions pas voulu graver dans le marbre et dans la loi cette souplesse.
23:25 Et la circulaire permet à l'État et aux représentants de l'État sur le terrain,
23:29 avec les chefs d'entreprise, avec les syndicats, avec les associations qui représentent l'immigration,
23:35 de traiter ces questions de la manière la plus...
23:38 - Mais ça veut dire aussi, Manuel Valls, que ce n'est pas homogène au niveau national,
23:41 puisque ça va dépendre de la personnalité du préfet.
23:44 Et la différence avec votre circulaire, c'est que là, le gouvernement souhaite que le salarié lui-même,
23:50 le travailleur sans-papier lui-même puisse faire la demande de régularisation,
23:54 ce qui n'est pas le cas avec votre circulaire.
23:56 C'est le patron qui le demande. Et dans certains cas, les patrons, ils n'ont pas envie.
23:59 - On verra. Mais ce qu'il faut, c'est trouver un accord très large entre l'Assemblée et le Sénat.
24:05 Parce que s'il n'y a pas cet accord, alors que les Français très massivement souhaitent cet accord,
24:11 et soutiennent plutôt d'ailleurs le texte de loi présenté par Gérald Darmanin,
24:15 s'il n'y a pas cet accord, il y aura encore un sentiment d'impuissance.
24:20 Ça fait 40 ans qu'on a à peu près les mêmes politiques d'immigration.
24:23 Or, on voit bien qu'il y a eu des dérives concernant le droit d'asile qu'il faut préserver,
24:27 mais il faut lutter contre ces dérives, qu'il faut gagner en efficacité tout de même.
24:31 - Mais le prix à payer pour qu'il y ait un vote, c'est aussi apparemment la suppression de l'aide médicale d'État,
24:37 qui a été actée hier.
24:38 - Moi, je vous donne mon avis. Je n'ai aucun poids particulier dans ce débat,
24:43 sinon celui de mon expérience.
24:45 Et concernant la ME, l'aide médicale, qu'ils ont transformée en aide médicale d'urgence,
24:51 qui coûte un peu plus d'un milliard d'euros par an,
24:54 l'idée, comme c'est le cas dans d'autres pays, de limiter un certain nombre d'éléments,
24:59 là, il ne s'agit pas de les limiter, puisque de toute façon, j'ai noté que la proléphylaxie,
25:04 les maladies graves et douleurs aigües, les grossesses, les vaccinations,
25:09 la médecine préventive sont préservées.
25:11 Donc, il y a un débat, y compris au sein de la majorité parlementaire, au sein de la majorité présentielle,
25:16 mais il faut évidemment garder, comme le dit notamment le ministre de la Santé, Aurélien Rousseau,
25:21 tous les garanties pour venir en aide à ceux en termes de santé publique.
25:24 - Il dit que c'est une faute, la suppression de la ME, il dit que c'est une faute.
25:27 - Il ne s'agit pas de supprimer la ME, il faut le remplacer peut-être par quelque chose d'autre.
25:30 Moi, je suis très attentif, évidemment, à la situation des migrants,
25:34 parce qu'en plus, si on la supprimait totalement, ce qui n'est pas le cas,
25:37 cela pourrait amener à diffuser toute une série de pathologies dans notre pays.
25:41 Donc, ce serait en effet tout à fait irresponsable.
25:43 Mais il y a un débat, me semble-t-il, et le Sénat peut l'amener,
25:46 un débat de qualité qui doit aboutir à un compromis.
25:48 - Merci beaucoup, Manuel Valls, vous étiez l'invité de France Info ce matin.
25:52 Je vous laisse en compagnie de Salia Braklia. Dans 5 minutes, Salia, le programme des informés.
25:56 - On va revenir évidemment sur cet appel à une grande marche contre l'antisémitisme à Paris dimanche.
26:01 Comment parvenir à l'Union Nationale alors qu'au sein même de la classe politique,
26:05 certains hésitent à y participer à cause de la présence de l'extrême droite.
26:09 D'ailleurs, cette marche ne risque-t-elle pas de faciliter ce qu'on appelle le blanchiment du passé antisémite du RN ?
26:15 Et puis, on parlera aussi de la gauche, de la crise à la France Insoumise,
26:18 avec la suspension de la députée Raquel Garrido.
26:21 Voilà, on parle de tout ça dans un instant avec Renaud Delis et ses informés.
26:24 informés. A tout de suite sur France Info.