• l’année dernière
Transcription
00:00 "Popote et Popotin", c'est le menu de la passion de Daudin Bouffan, au cinéma cette semaine.
00:05 Tu connais cette sauce ? Tu saurais bien ce qu'il y a dedans ?
00:08 De l'air fumé, des champignons.
00:12 Tu veux avoir la crème fraîche ?
00:14 Le carré de veau, s'il vous plaît.
00:15 Pour les taquins, on rappellera que le titre international du film à l'époque, c'était "The Pot of Fire"
00:21 et que l'une des vedettes, l'une des stars qui éclipsent toutes les autres de ce très long métrage,
00:28 c'est un pot au feu préparé par Pierre Gagnère.
00:31 C'est quand même une purge, ce film, pour rester dans la métaphore culinaire, une daube.
00:35 Le film se passe à la fin du 19e siècle, donc ce n'est pas les repas Nouvelle Cuisine ni Michel Guérard.
00:40 On est plutôt dans du 6 000 calories, le repas, avec plein de personnages qui, à l'issue du repas,
00:46 sont certes ravis, mais aussi très dodus et un peu bouffis.
00:49 Ça démarrait plutôt pas mal. Il y a quand même une très longue scène au début de préparation d'un repas,
00:54 pratiquement sans parole ou alors vraiment juste ce qu'il faut pour pouvoir mener comme il faut un repas.
01:00 Drôle de gros travail sur le son, sur toute sa mijote, sa glougloute, sa coupe, sa tranche.
01:06 Pas de musique. Donc ça, c'est très bien fait.
01:08 C'est un peu comme si on voyait "Top Chef" sur une version un petit peu longue et "Top Chef" version gastronome.
01:13 Donc ça, on se dit que c'est pas mal, c'est assez intéressant, c'est presque expérimental.
01:16 Le seul problème, c'est que ça dure un bon quart d'heure et après, malheureusement, ils vont se mettre à parler.
01:21 Nous sommes à l'automne de notre vie.
01:23 Parlez pour vous, je me sens en plein été.
01:25 Je vous le demande encore, Eugénie. Marions-nous.
01:27 Nous passons plus de temps ensemble que bien des époux à étudier des recettes, à les faire.
01:32 Ne sommes-nous pas bien ainsi ?
01:34 Je relève le paré d'émerveiller le prince avec un poteau-feu de ma composition.
01:38 Avec votre aide.
01:39 C'est vrai que le film aurait sans doute gagné à être extrêmement radical, comme dans son début.
01:45 Samuel parlait d'une séquence expérimentale.
01:48 Si ça avait été la préparation d'un poteau-feu, avec juste les mots nécessaires et rien d'autre pour le faire,
01:56 peut-être qu'on aurait pu s'intéresser à ce film qui ensuite part dans mille directions,
02:03 et surtout une espèce de direction sentimentale.
02:05 L'idée, c'est de raconter leur grande histoire d'amour.
02:08 Lui est inspiré de Bria Savarin, pour faire court.
02:13 Elle est sa cuisinière, sa maîtresse, mais elle n'a jamais voulu être sa femme pour rester sa cuisinière,
02:19 et pour rester peut-être à sa place.
02:21 Il y a une espèce de modestie charmante et de bonne à l'oie du personnage de Juliette Binoche,
02:25 qui m'a très vite tapé sur les nerfs.
02:27 La cuisinière est-elle irremplaçable, plus que la maîtresse ?
02:30 Vous le saurez en allant voir le film.
02:32 Le souci, c'est que la mise en scène, et c'est pour ça que le film a été primé à Cannes, pose de vraies questions.
02:36 Cette imagerie très ensoleillée, chaude, publicitaire, s'accompagne d'une mise en scène un peu speed.
02:44 C'est-à-dire que Tranalong a vraiment peur qu'on s'ennuie,
02:46 parce que finalement, la cuisine, ça ne lui suffit pas tant que ça.
02:49 Et donc, il faut sans arrêt se balader, suivre les personnages, monter les escaliers avec eux,
02:53 les suivre dans des couloirs, aller dans la chambre.
02:55 Cette espèce de mise en scène un peu agitée du bocal
03:00 s'accompagne de considérations extrêmement pénibles sur la vie, l'amour et l'histoire du vol au vent.
03:07 C'est quand même une espèce de France ultra datée, empesée, qui véhicule comme ça
03:14 une espèce d'image finalement très élitiste et très pédante de ce que serait la gastronomie.
03:20 Il faut de la culture, de la mémoire, pour que le goût se forme.
03:24 Ça a été quand même une des grandes surprises de Cannes de voir ce film,
03:27 certes très bien accueilli par la presse internationale,
03:29 ce qui explique peut-être pourquoi, à la surprise générale,
03:32 le film a été retenu pour représenter la France aux Oscars.
03:36 Mais le film, là aussi, a eu, et c'était la grande surprise,
03:39 voir un petit peu la grosse boulette du palmarès, le prix de la mise en scène.
03:43 Marie a très bien dit en quoi cette mise en scène est un peu problématique.
03:47 Et puis, je veux vraiment signaler un point qui m'a vraiment beaucoup énervé à l'époque
03:51 et continue de m'énerver encore aujourd'hui sur la mise en scène.
03:53 Il y a un effet de montage particulièrement malheureux,
03:55 et le montage, c'est de la mise en scène.
03:57 On essaie de mettre en rapport le fait de regarder la cuisine se faire,
04:02 de regarder la beauté d'une femme nue.
04:04 Et bien donc, Trainan Long, pour montrer ça, il va enchaîner,
04:06 il va faire un raccord de montage entre des poires pochées
04:10 et les fesses de Juliette Binoche.
04:12 Alors là, en termes de faute de goût, franchement, c'est le pompon.
04:16 Voilà, donc encore une fois, on ne comprend pas pourquoi un jury à Cannes
04:19 où des cinéastes étaient majoritaires,
04:21 ont donné le prix de la mise en scène à un réalisateur qui ose faire ça.
04:25 Là, franchement, les bras m'en tombent.
04:26 La passion de Dodin Bouffant, hélas, c'est vraiment pas bon.
04:30 Le pote au feu, je préfère celui de ma mère.
04:32 Pour moi, Dodin Bouffant, c'est hélas.
04:34 (Générique)
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