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Alain Di Crescenzo, président de CCI France, répond aux questions d'Alexandre Le Mer. Ensemble, ils s'intéressent à l'impact de l'inflation sur la consommation du Made in France.
Retrouvez "L'invité éco" sur : http://www.europe1.fr/emissions/linterview-eco

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Transcription
00:00 - On est à deux jours de l'ouverture du 11e salon du Made in France qui vous ouvrira ses portes jeudi à Paris Expo,
00:06 porte de Versailles, Europe 1 est partenaire du salon.
00:09 Avant l'ouverture, une inquiétude tout de même. Il y a une envie, une véritable envie de produits fabriqués en France
00:15 mais les ventes sont menacées par l'inflation. On vous dévoile des chiffres en exclusivité ce matin sur Europe 1.
00:21 - Alexandre Lemaire, vous recevez Alain Di Crescenzo, président de CCI France, le réseau des chambres de commerce et d'industrie.
00:27 - Bonjour Alain Di Crescenzo. - Bonjour.
00:29 - Vous avez publié ce matin une étude sur les Français et le Made in France.
00:32 Alors merci d'avoir choisi Europe 1 pour nous en donner la primeur de ces chiffres.
00:37 Il y en a un quand même qui frappe.
00:39 Deux tiers des personnes interrogées dans votre étude déclarent renoncer à acheter des produits bleu blanc rouge à cause de l'inflation.
00:46 - Effectivement. Alors c'est sans doute pas que les produits bleu blanc rouge,
00:49 mais c'est vrai que l'inflation touche la globalité des produits, voire des investissements.
00:55 Et donc on a une véritable problématique là-dessus de niveau de prix.
00:59 Voilà. Ça si vous voulez c'est peut-être la bouteille à moitié vide.
01:02 Si je regarde la bouteille à moitié pleine, vous avez 85% des Français qui consomment du Made in France.
01:07 - Qui continuent à acheter français. - Et 89% qui voudra en acheter plus.
01:11 Alors sans doute les prix font partie des éléments d'amélioration,
01:14 mais on a une enquête qui est à la limite hyper positive et surprenante.
01:18 - Bon, le verre à moitié plein. Alors sans aucun doute, le prix est une raison déterminante en effet,
01:24 puisque dans les motivations d'achat, le critère fabriqué en France arrive en quatrième position.
01:29 Loin derrière, alors très logiquement bien sûr en temps d'inflation,
01:33 loin derrière le prix qui est le premier motif pour acheter un produit plutôt qu'un autre.
01:38 Les produits français n'étant pas les moins chers, ça veut dire que dans un grand nombre de situations, ils sont perdants ?
01:43 - Alors ils sont perdants peut-être, mais on sait produire en France avec des prix corrects et compétitifs.
01:50 D'ailleurs ce que je porte aujourd'hui le démontre, puisque j'ai un super beau t-shirt que j'ai mis ce matin pour vous,
01:56 et donc qui démontre que c'est une entreprise, je ne veux pas faire particulièrement de publicité,
01:59 mais simplement c'est un bon cas d'usage, qui dit que si on arrive à réduire les stocks qui pèsent pour 30% du prix d'un vêtement,
02:06 si on arrive à fabriquer en France, à avoir des accords particuliers avec de la production locale,
02:11 on arrive à fabriquer des produits compétitifs, c'est tout ce qu'on veut.
02:13 Je reviens sur un point, vous avez cité le prix à 70%, c'est vrai.
02:18 À 50%, c'est des produits qu'on ne trouve plus ou qu'on ne voit pas.
02:21 Et ça c'est très important de travailler dessus, parce qu'effectivement il y a une offre du Made in France qui s'est un petit peu abîmée,
02:28 il faut absolument la renouveler pour qu'on puisse la choisir.
02:30 Et le dernier point peut-être, c'est la compréhension de ce qu'est le Made in France.
02:35 - Mais pourquoi abîmer ? Pourquoi abîmer ?
02:37 - Parce qu'au fil des années, les producteurs ont arrêté de produire,
02:42 et ce qu'il faut aujourd'hui bien sûr, c'est relancer une production Made in France,
02:46 pour autant qu'il y ait de la consommation, d'où le salon du Made in France que l'on fait aujourd'hui.
02:50 - Le problème de visibilité, c'est effectivement ce que souligne votre étude,
02:54 puisque plus de la moitié des Français jugent les produits Made in France pas assez mis en valeur en grande surface en particulier,
03:00 on n'a quand même pas honte, on ne va pas se cacher de produire français,
03:03 bien au contraire, comment se fait-il qu'ils soient aussi peu visibles aujourd'hui ?
03:06 Si c'est un argument de vente.
03:08 - Déjà, il y en a moins que de produits étrangers, et deuxièmement, sans doute, c'est le réflexe qu'on doit avoir.
03:13 Vous savez, il y a beaucoup de choses qu'on pourrait faire et qu'on ne fait pas,
03:15 et donc parmi les éléments sur lesquels je voudrais sensibiliser justement la distribution ou les vendeurs de produits,
03:21 c'est "mettez-nous les produits français à notre tête de gondole".
03:24 Et je pense que ça fera partie des éléments qui vont faciliter les ventes bien sûr.
03:28 - Alors, il y a cette envie d'acheter français,
03:31 9 Français sur 10 aimeraient acheter davantage français,
03:35 il y a cette conscience, cette conscience d'achat,
03:38 le sens d'acheter français plutôt que des produits importés,
03:42 mais quand le budget est serré et que chacun recompte,
03:45 là le patriotisme économique recule,
03:48 on va au prix le plus serré, et tant pis si c'est importé, c'est ça la réalité aussi.
03:53 - La réalité c'est ça aussi, mais on nous dit aussi que les Français sont prêts à faire des efforts.
03:57 Alors évidemment, on sait quoi ? Quel est le prix de d'effort ?
04:00 Parce qu'on veut faire vivre nos producteurs locaux,
04:03 parce qu'on veut faire vivre notre pays,
04:04 et parce que derrière le "Made in France",
04:06 quelque chose qu'on oublie souvent, c'est la qualité.
04:08 Et c'est pour ça que vous avez cette relance importante du "Made in France"
04:12 que l'on voit et que l'on pousse et qu'on accompagne,
04:14 avec encore une fois 89% des Français qui disent "j'en veux plus".
04:18 - Donc on paye plus cher, mais ça dure plus longtemps.
04:20 - Voilà, alors on paye plus cher, ça dure plus longtemps,
04:22 et en plus on peut réparer plus facilement les produits français.
04:25 - Donc la durabilité, c'est un argument aussi sur lequel vous pouvez peser,
04:30 justement, face à la concurrence chinoise par exemple, vous en citez quel ?
04:33 - Je vous donne un autre chiffre parce que j'adore les chiffres,
04:35 53% des Français ont envie de consommer autrement.
04:38 Dans le "consumer autrement", ça veut dire la durabilité,
04:41 que ça dure, que ça donne du sens.
04:42 - Tourner le dos à la fast fashion ?
04:44 - Tourner le dos à la fast fashion, et surtout se mettre front,
04:48 si vous voulez, à la réparation.
04:50 Et là-dessus, la France est en avance sur les autres pays.
04:52 N'oubliez pas que nous avons créé le Conseil national pour la réparation,
04:56 que nous avons des primes à la réparation,
04:57 et qu'il y a une volonté de réparer nos produits.
05:00 Je pense que le "Made in France", le réparer en France,
05:03 ça fait partie d'une éducation et d'un mouvement qui est en train de démarrer aujourd'hui,
05:09 de s'accélérer aujourd'hui, il faut absolument l'accompagner.
05:11 - Alors le "Made in France", c'est 100 000 emplois en France,
05:13 il y a des familles de produits fabriqués en France qui marchent très bien,
05:17 l'alimentation bien sûr, l'hygiène, la cosmétique, le prêt-à-porter toujours,
05:21 même s'il est en difficulté.
05:22 Est-ce qu'il y a des marques qui sont menacées de fermer boutique,
05:27 justement concurrencées par des produits importés à prix cassé ?
05:31 - Bon, vous l'avez vu, c'était le textile, on a eu beaucoup de difficultés autour du textile.
05:34 - Et oui, une série noire.
05:35 - Une série noire française, mais pas que française, un peu partout.
05:38 Mais aujourd'hui, je dirais que c'est vraiment l'inflation qui nous percute,
05:42 et puis directement, c'est le pouvoir d'achat des Français.
05:45 Ça veut dire que si vous avez de l'inflation et que le pouvoir d'achat suit,
05:48 bon, tout ça, ça se compense.
05:49 Quand vous avez un décalage, il est évident que les produits de moins de nécessité
05:53 ou les plus chers sont les plus touchés.
05:54 - Faire un effort sur les prix, c'est encore possible ou vous êtes vraiment au max ?
05:57 - Non, bien sûr que c'est possible, mais il faut consommer.
05:59 Il y a deux éléments.
06:01 Vous avez l'amélioration de la supply chain, on va dire,
06:03 de tout l'outillage de production qu'on peut avoir pour produire un produit,
06:08 et puis vous avez la volumétrie.
06:10 Et on oublie la volumétrie.
06:11 C'est vrai qu'on n'est pas le plus grand pays du monde,
06:13 mais simplement, si 5% de Français consommaient plus de Made in France,
06:17 ça changerait la volumétrie et ça arrangerait beaucoup de choses.
06:20 La preuve en est, encore une fois, c'est le t-shirt que je porte aujourd'hui,
06:23 on arrive à produire chez nous.
06:25 Et puis moi, dans mon entreprise, qui n'a rien à voir avec le textile,
06:28 qui faisait des softwares, on a démontré qu'on pouvait faire des gains de production dans notre pays.
06:32 - Votre t-shirt French Touch, merci d'avoir frompé pour venir sur Europe 1,
06:37 Cocorico qui sera visible au Salon du Made in France.
06:39 - Je l'aurai en permanence.
06:41 - Voilà, qui ouvre après demain, le Salon du Made in France,
06:43 donc plus de 1000 exposants, le savoir-faire français,
06:46 à partir de jeudi, donc demain, après-demain, pardon, à Paris Expo, Porte de Versailles.
06:49 - 100 000 visiteurs.
06:50 - 100 000 visiteurs attendus.
06:52 - Merci Alain de Crescenzo, président de CCIFrance. Merci à vous.
06:55 - Merci.

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