Tabac : «La hausse du prix peut être dissuasive d'acheter dans le réseau français», estime Philippe Coy
Philippe Coy, président de la Confédération nationale des buralistes, répond aux questions d'Alexandre Le Mer. Ensemble, ils reviennent sur l'interdiction des puffs et à la nouvelle augmentation du prix du tabac.
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00:00 Le prix des cigarettes va donc encore augmenter.
00:03 Le gouvernement a présenté hier son nouveau plan anti-tabac.
00:06 Le paquet de cigarettes atteindra 13 euros en 2026,
00:10 après des hausses par paliers successifs.
00:12 L'effet prix, donc, pour faire reculer encore le tabagisme.
00:16 Quel effet pour les buralistes ?
00:18 On leur donne la parole ce matin sur Europe 1.
00:20 Avec votre invité, Alexandre Lemaire, Philippe Coil,
00:22 qui est le président de la Confédération des Buralistes.
00:25 Bonjour Philippe Coil.
00:26 Bonjour.
00:27 Le prix des cigarettes va donc passer à 12 euros le paquet en 2025,
00:31 qui sera à 13 euros au minimum en 2026.
00:34 Vous l'accueillez comment cette mesure ?
00:35 Vous saviez que cette logique du prix n'était pas arrivée à son terme ?
00:39 Oui, malheureusement, ça fait 20 ans que c'est une recette
00:42 que l'on peut qualifier de magique ou de diabolique,
00:45 avec une recette toujours la même,
00:47 celle du prix qui fait que le marché parallèle se développe,
00:51 s'accentue partout sur le territoire,
00:53 sans vraiment aller, excusez-moi de le dire,
00:54 au fond du vrai sujet qui est la santé publique,
00:57 la prévention, l'éducation.
00:59 Oui, mais si l'on parle de la santé, le ministre lui-même,
01:01 Aurélien Rousseau, dit qu'agir sur le prix du tabac,
01:04 ça reste la mesure la plus efficace pour lutter contre le tabagisme.
01:08 Vous lui répondez quoi ?
01:09 Je lui réponds que fausse vraie idée,
01:11 parce que depuis 20 ans, c'est la même recette.
01:14 Évidemment que la hausse du prix peut être dissuasive,
01:17 d'acheter français, d'acheter dans le réseau légal des buralistes,
01:20 mais je rappelle à chacun qu'il y a aujourd'hui un réseau secondaire,
01:24 c'est 35% aujourd'hui, malheureusement en France, partout.
01:27 C'est-à-dire que, vous dites que quand le prix augmente,
01:29 ceux qui veulent continuer à fumer trouvent des plans B,
01:32 par exemple en passant la frontière,
01:33 mais ça peut être le coup de pouce manquant tout de même
01:36 pour les fumeurs qui, eux, souhaiteraient se séparer de leur addiction,
01:38 cet effet prix ?
01:40 Il y a certainement une part des fumeurs qui arrêtent chaque année,
01:43 et on peut le saluer,
01:45 mais je note quand même que ce marché parallèle est une réalité.
01:48 Il y a par contre aussi un report sur la consommation du vin potage
01:53 pour tous ceux qui cherchent une offre alternative,
01:56 moins chère et moins nocive,
01:58 et c'est là où le réseau des buralistes est complètement investi aujourd'hui
02:02 pour accompagner le fumeur traditionnel à combustion, comme on le dit,
02:05 vers une consommation de la nicotine, qui est celle de l'addiction,
02:09 vers le vin potage qui est réputé moins nocif.
02:11 - Alors, autre mesure, Philippe Coil, de ce plan anti-tabac,
02:14 elle concerne l'interdiction des poffes,
02:16 ces cigarettes colorées au goût fruité très prisées des mineurs,
02:20 qui peuvent jusqu'ici en acheter librement.
02:22 Ces poffes seront donc interdites à la vente,
02:25 oui, pour la santé des jeunes.
02:26 Philippe Coil, on ne peut que s'en réjouir.
02:28 - Alors, aujourd'hui, nous sommes face à une probable interdiction
02:31 qui sera votée par l'Assemblée nationale dans les prochains jours.
02:34 Ça prouve bien que cette catégorie-là doit être encadrée, réglementée.
02:39 C'est la distribution de la nicotine.
02:41 Moi, j'ai souvenir d'avoir vu ces cigarettes électroniques plus jetables,
02:45 GAPJ environnementales, écologiques,
02:47 mais elles étaient en libre service dans des magasins, des solderies,
02:51 alors qu'il y a une règle déjà où les produits de vin potage
02:53 ne peuvent pas être en libre service.
02:55 Donc, s'il n'y a pas de règles, de réglementation, d'application,
02:59 voilà où on en arrive à des dérives et malheureusement,
03:01 un public qui a accès à ces produits.
03:03 - Bien, nous parlons avec vous de santé publique,
03:06 de lutte contre le tabagisme.
03:07 Philippe Coil, vous qui représentez les burealistes,
03:10 on ne va pas se le cacher,
03:11 on parle aussi de la perte de revenus pour les bureaux de tabac.
03:14 Or, vous n'avez pas attendu ce nouveau plan anti-tabac du gouvernement
03:17 pour diversifier vos sources de revenus.
03:19 Aujourd'hui, quand on va dans un bureau de tabac,
03:21 on trouve bien d'autres choses que des cigarettes,
03:23 d'autres produits et puis des services,
03:26 paiement de proximité des impôts, vous vendez des billets de train.
03:28 - Vous avez raison de signaler que la profession n'est pas restée immobile
03:32 ces dernières années, elle a pris son destin en main,
03:34 si je peux le dire ainsi, face aux baisses conséquentes
03:37 des volumes de tabac, notamment accélérées par le marché parallèle.
03:40 Donc, notre métier de commerçant de proximité,
03:43 nous le valorisons dans tous les territoires,
03:45 que ce soit les quartiers comme les zones urbaines, rurales,
03:49 parce que nous avons aujourd'hui 10 millions de Français qui nous fréquentent,
03:52 nous avons 23 300 entrepreneurs qui s'investissent
03:55 et qui portent ce lien social indispensable dans tous les territoires.
03:58 Et cette transformation, qui est soutenue d'ailleurs
04:01 par le ministère des Comptes publics et en l'occurrence Thomas Cazenave aujourd'hui,
04:05 qui accompagne ce projet, c'est que nous avons aujourd'hui
04:08 des phases de résilience et d'adaptation
04:10 pour être toujours présents avec des réponses adaptées au territoire.
04:14 - Oui, vous l'avez la solution alors pour compenser la baisse
04:17 des ventes de cigarettes, Philippe Coil.
04:18 - Mais on a l'adaptation pour être des commerçants d'utilité locale,
04:21 être ce drugstore du quotidien des Français.
04:24 Mais néanmoins, mon métier originel, mon ADN,
04:27 la valeur du réseau des bureaucratistes,
04:28 c'est la distribution du tabac ou de la nicotine.
04:30 Et je rappelle que le tabac est un produit légal
04:32 et que je le vends sous le monopole de l'État français.
04:35 - On en parlait dès lundi sur Europe 1,
04:37 vous allez bientôt être autorisé également à vendre des munitions de chasse.
04:41 Il y a de moins en moins d'armureries en France.
04:43 Vous allez récupérer une bonne partie de la clientèle des chasseurs, Philippe Coil.
04:46 - On va récupérer surtout un service que nous allons rendre dans les territoires.
04:50 41% des bureaucratistes français exercent dans des communes de moins de 3 500 habitants.
04:55 Ce qui veut dire que nous sommes toujours à la recherche du service de la proximité
04:59 et de l'utilité locale.
05:00 C'est une proposition qui vient du ministère de l'Intérieur
05:04 que j'ai discuté avec la Fédération des chasseurs
05:05 et qui va se mettre en place au premier trimestre 2024
05:09 en concertation avec toutes les parties prenantes
05:11 pour amener une proximité à ce service
05:13 parce que nous sommes les yeux, les oreilles et le lien de tout territoire.
05:18 C'est une évolution, je dirais, obligatoire pour notre métier
05:23 mais aussi au contact des populations.
05:25 - Une mesure que vous accueillez bien, ce n'est pas le cas de tout le monde.
05:28 Les armuriers disent "c'est une hérésie, les bureaux de tabac sont souvent cambriolés,
05:32 ils n'ont pas les mêmes moyens de protection dans leur magasin qu'une armurerie".
05:36 Et puis on entend aussi le comité contre le tabagisme s'étonner et dire
05:39 "mais comment on va laisser les burealistes vendre des cartouches de chasse
05:43 alors que, et ça c'est le chiffre du comité contre le tabagisme,
05:46 que deux burealistes sur trois continuent de vendre illégalement des cigarettes aux mineurs ?
05:50 - Écoutez, je ne suis pas là pour commenter ce genre de polémiques,
05:53 je suis là pour faire des propositions utiles, efficaces et concrètes.
05:56 Les burealistes qui demain pourront commercialiser des munitions de chasse uniquement
06:02 suivront une formation validante, qualifiante,
06:05 qui permettra à mes collègues au volontariat de réaliser ces actes marchands.
06:10 Avoir des munitions dans notre établissement ne fera rien d'autre
06:13 que continuer à faire notre métier de proximité.
06:15 - Merci Philippe Coil, président de la Confédération des Burealistes.
06:18 Merci à vous.
06:18 - Merci et bonne journée.