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TOUCHE PAS À MON POSTE : 100% médias, 100% darka ! 


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Transcription
00:00 Déjà, est-ce que tu peux réexpliquer aux téléspectateurs pourquoi t'es allé en prison ?
00:04 – Pour abus de bien social.
00:07 – Ouais.
00:07 – Voilà.
00:08 – Exactement.
00:09 – À 25 ans d'écart.
00:10 – Oui.
00:11 – Ce qui veut dire quelque chose, c'est que la prison ne sert à rien.
00:14 – Ah ouais, c'est ça.
00:15 – Et que je suis l'exemple vivant de l'échec du système pénitentiaire.
00:19 – C'est ça qu'il faut… À 25 ans d'écart, t'as fait la même…
00:22 – Exactement les mêmes faits.
00:24 – C'est fou. Donc en fait, toi tu dis, ça ne t'a pas guéri de faire de la prison.
00:29 – C'est-à-dire que quand on est en prison, on passe 22 heures sur 24 en cellule.
00:32 Moi, on ne m'a pas mis au contact de gens des impôts,
00:36 on ne m'a pas mis au contact de gens de comptables,
00:39 on ne m'a pas appris à comment tenir une comptabilité,
00:42 on ne m'a même pas utilisé pour la société.
00:45 C'est-à-dire, on ne m'a même pas mis dans un Ehpad
00:48 pour aider les gens à nettoyer les personnes âgées,
00:55 on ne m'a même pas mis dans un hôpital pour essayer d'aider les gens.
00:59 C'est-à-dire que je pense sincèrement, pour certaines peines,
01:03 la prison c'est un échec, c'est un système qui échoue depuis 40 ans,
01:09 dans lequel on ne change rien.
01:11 Et j'ai voulu témoigner parce que j'ai été très impressionné
01:15 par ce que j'ai vu la deuxième fois.
01:16 – Alors justement, Gilles Escoupre a appelé notre téléspectateur,
01:18 qui est Pierre Botton, parce qu'il était en quartier VIP.
01:21 – Oui, Pierre Botton c'est un homme d'affaires français
01:23 qui a été condamné une première fois,
01:24 qui était lié à l'homme politique Michel Noir,
01:27 voilà, donc condamné pour abus de biens sociaux à deux ans, c'est ça.
01:31 Et puis vous avez été condamné, vous êtes sorti,
01:33 vous avez été condamné une deuxième fois,
01:35 et là vous étiez effectivement en quartier VIP,
01:38 et vous avez pris conscience, comme vous l'exprimez très bien là,
01:41 que la prison n'aide pas à la réinsertion du tout,
01:43 au contraire, vous en êtes l'exemple, ça peut inciter à la récidive.
01:46 Et là vous vous êtes dit, il faut que je témoigne pour aider
01:49 ceux qui sont détenus parce que les conditions sont insupportables.
01:53 Et ce que vous avez vu vous a insupporté et révolté.
01:55 – Alors, surtout c'est le décalage avec les 25 ans d'écart.
01:58 C'est-à-dire que si vous voulez, il y a 25 ans,
02:01 j'étais également dans ce qu'on appelle le quartier VIP,
02:03 mais qui n'existait pas.
02:05 Il y a 25 ans c'était vraiment un quartier VIP,
02:07 cette fois-ci absolument pas.
02:08 Je vais expliquer ce que c'est, ce qu'on appelle le quartier VIP,
02:12 c'est un étage avec 18 cellules, d'accord,
02:15 qui est occupé par 18 détenus, il y a deux cellules doubles,
02:18 il y a également une cellule antisécide,
02:20 et ce quartier est juste placé en dessous du quartier arrivant.
02:25 Tout détenu qui arrive en prison reste une semaine
02:27 dans un quartier qu'on appelle le quartier arrivant.
02:30 Et je peux vous assurer que ce n'est pas du tout un quartier VIP.
02:35 Je sais que vous avez reçu ici des gens qui vous ont dit l'inverse,
02:39 c'est faux, j'y étais il y a un an, donc c'est totalement faux.
02:43 En revanche, ce que je trouve terrible, c'est l'oisiveté.
02:49 Vous savez, il y a 10 ans, j'ai mené un combat,
02:52 avec des résultats d'ailleurs, pour lutter pour l'amélioration
02:55 des conditions de détention.
02:57 J'ai fait une erreur, ce n'était pas le bon combat.
03:01 Ce n'était pas le bon combat.
03:03 Le combat, c'est à quoi sert la prison.
03:06 Qu'est-ce qu'on fait pendant le temps de prison ?
03:09 Comment on occupe ?
03:10 Moi j'ai 68 ans, mais les gamins ils ont 22, 23.
03:16 On les enferme dans des cellules pendant 22 heures.
03:21 Ils n'ont rien à faire.
03:23 Imaginez-vous ça, ils n'ont rien à faire.
03:25 Vous savez, si je peux me permettre de dire,
03:28 j'ai vu, je ne porte pas Eric Dupond-Moretti dans mon cœur,
03:31 comme tous les traîtres d'ailleurs.
03:33 Un an avant d'être incarcéré, il a signé avec l'Observatoire essentiel des prisons,
03:41 qui est une association remarquable,
03:43 une circulaire contre la surpopulation carcérale.
03:48 Aujourd'hui, sous son ministère, il n'y a jamais eu autant de détenus.
03:53 Alors je sais ce que vont dire les Français.
03:55 C'est bien fait, on s'en fout, c'est des délinquants et ainsi de suite.
03:58 Ok, très bien, et je suis d'accord.
04:02 Mais la sécurité des Français se joue en partie en prison.
04:07 Parce que je vais vous expliquer quelque chose à vous tous.
04:09 Si je vous mets dans une cellule prévue pour deux à quatre,
04:13 avec deux détenus plus forts que vous, qui vont vous dire,
04:18 "Porte la gueule là-bas, ne regarde pas cette émission
04:21 parce que ce n'est pas une émission qui va avec nos valeurs",
04:27 qui vous dit, "Fait la prière",
04:29 je vous mets au défi tous que vous êtes là,
04:32 au bout d'un mois et demi, de ne pas céder.
04:34 Un petit peu.
04:36 Et tous, vous avez des épaules, vous êtes exposés.
04:40 Prenez ça sur des gamins de 23 ans,
04:43 qui ont été élevés dans un milieu très défavorisé,
04:46 qui depuis le début sont déscolarisés,
04:49 qui depuis le début sont au contact de la drogue.
04:53 C'est ça la prison.
04:55 Et si les Français veulent que ça continue, je leur dis aujourd'hui,
04:59 les règlements de comptes à Marseille, on n'arrive plus à les arrêter.
05:03 Il y a une balle perdue d'une étudiante dans sa chambre.
05:07 Dans sa chambre.
05:09 Combien de temps on va accepter ça ?
05:12 Combien de temps on va continuer à accepter ça ?
05:15 J'étais avec des gamins qui avaient 18 ans,
05:18 ils ne savaient pratiquement pas écrire.
05:22 Mais ils savaient ce que c'était une kalachnikov,
05:24 ils savaient ce que c'était un Glock.
05:26 C'est ça.
05:28 – Mais vous êtes bien conscients que les Français n'acceptent pas ce discours ?
05:31 Les Français, ils veulent que lorsqu'il y a une sanction,
05:33 on l'exécute en prison.
05:34 Je veux dire, on a malheureusement une société qui est extrêmement violente.
05:38 Il y a ce dont vous parlez, des faits divers, la situation à Marseille,
05:43 il y a aussi de la délinquance en col blanc, vous en avez malheureusement été victime.
05:47 Mais les Français, ils n'acceptent pas qu'à un moment donné,
05:51 il y ait une justice réparatrice.
05:53 Je sais à quoi vous faites allusion.
05:55 Mais on va expliquer aux gens que quelqu'un qui est condamné
05:57 va finalement rester dehors.
05:59 – Non, non, ce n'est pas du tout ce que je vous dis.
06:02 – Le temps, le temps !
06:03 – Oui, mais je voudrais m'entendre là-dessus.
06:05 – Non, mais ce que veut dire Pierre, ce que veut dire Pierre, c'est qu'il dit…
06:07 – C'est une fabrique de délinquance.
06:09 – Exactement, il dit que ce n'est pas parce qu'on a passé 20 ans…
06:11 – Mais c'est la solution.
06:13 – Non, non, ce n'est pas la bonne solution.
06:15 – C'est quoi la solution ?
06:17 – Pierre, exprimez-vous, laissez-le parler.
06:19 – C'est un programme de réinsertion, c'est ça.
06:21 – Raymond, je ne dis pas qu'il ne faut pas de sanctions.
06:24 Je ne dis pas qu'il ne faut pas de peine.
06:27 Je ne dis pas qu'il ne faut même pas mettre les gens en prison.
06:31 Je dis même l'inverse.
06:32 Je vous dis seulement que pendant que vous les avez, ces gamins…
06:36 Je sais que je vais choquer les Français à les appeler des gamins.
06:39 Mais moi, j'ai été incarcéré avec le complice de l'assassin de Seymel Pathy.
06:45 Pendant trois semaines.
06:47 Il y a très peu de gens qui ont pu discuter avec lui.
06:50 Il a 18 ans, le gosse.
06:52 À 13 ans, on lui offre un couteau en céramique.
06:56 – C'est qui ?
06:59 – Son père, je crois. Pour son anniversaire.
07:01 Qui vient de Turquie.
07:03 Vous imaginez ?
07:05 Comment vous voulez le sortir ?
07:07 Merci de faire le…
07:09 – Je fais tout mon pire, ne t'inquiète pas.
07:11 – Comment vous voulez le sortir ?
07:13 – Donc vous parlez de la surpopulation carcérale ?
07:15 – Je vous dis qu'il faut changer les prisons.
07:18 – Pierre, ça c'est hyper intéressant ce que vous dites.
07:20 S'il vous plaît, on s'arrête deux petites minutes là-dessus.
07:23 Qu'est-ce qu'il vous a dit le complice de l'assassin de Seymel Pathy ?
07:26 – C'est hallucinant.
07:28 – C'est intéressant, ça c'est intéressant.
07:29 – C'est hallucinant, je suis d'origine lyonnaise et il est de la région lyonnaise.
07:32 Et c'est juste hallucinant, vous savez en prison,
07:34 j'ai vu des gens qui ont pris 28 ans, qui ont tué,
07:38 j'étais avec ces gens-là, qui ont tué et violé une femme handicapée
07:42 qui a pris 28 ans de taule, c'était des boules de nerfs,
07:44 ils cherchaient la bagarre avec n'importe qui, y compris avec moi,
07:47 c'était d'un ridicule sans nom.
07:49 Lui, hyper calme, très calme.
07:52 Il vous dit son parcours.
07:55 – Donc c'est quoi son parcours ?
07:57 – Son parcours, déscolarisé à l'âge de 14 ans,
08:00 il dit comme le terroriste qui a tué le dernier professeur,
08:09 que c'est à cause de son père, c'est ça pardon, excusez-moi,
08:13 c'est son père et il dit qu'il n'était pas vraiment tenté par les armes,
08:18 mais il a été tenté par la religion.
08:20 Ce gamin, il est blanc, hein ?
08:22 – Non mais c'est…
08:24 – Non mais c'est important d'entendre ça.
08:26 Le gamin, il est blanc, il est bouffé d'acné, il a 18 balais.
08:31 – Comment il justifie l'attentat de Samuel Paty ?
08:38 – Mais Cyril, je lui dis "mais qu'est-ce que tu as fait ?"
08:41 Il m'a dit "moi c'était mon copain",
08:44 il nous a envoyé un message en disant "aujourd'hui pensez à moi parce que j'ai un examen".
08:48 Il dit "moi, voilà ce qu'il me raconte, je pensais que c'était un examen de maths"
08:52 et moi en fait il m'a envoyé la photo de la tête décapitée de Samuel Paty,
08:56 je m'excuse pour la famille de Samuel Paty,
08:57 de rappeler ça, ça doit être horrible pour eux,
08:59 et vraiment je m'en excuse, mais il faut que les Français le sachent.
09:02 Le gamin, je lui dis "mais comment tu as pu regarder ça ?"
09:05 Moi je n'en ai jamais vu,
09:07 et même si j'avais l'occasion d'en voir, je ne vais pas voir.
09:09 Je lui dis "mais comment tu as pu regarder ça ?"
09:12 Et il me dit "mais moi Pierrot, ça fait plus de 14 ans que j'en regarde,
09:16 j'en regarde tout le temps".
09:18 Voilà le monde dans lequel ils évoluent.
09:21 Il faut absolument que vos téléspectateurs prennent conscience de ça.
09:26 – Et lui il a pris combien ?
09:29 – Il n'a pas pris, il n'est pas jugé, mais il s'attend à faire 30 ans.
09:32 – Donc on lui reproche quoi ?
09:34 – Je crois qu'il a envoyé, d'abord quand on l'a arrêté,
09:39 il a agressé les gendarmes avec un couteau,
09:42 mais ensuite il a envoyé la photo de la tête décapitée dans un groupe,
09:47 je ne suis pas un pro de ça, mais dans un groupe.
09:50 Et même s'il prend 30 ans, même s'il prend 40 ans,
09:54 il a 18 ans, ça fait 58, il a encore 10 ans de moins que moi.
09:57 Il va sortir, il va sortir.
10:00 Et là ce gamin-là, au lieu…
10:03 – Est-ce qu'il regrette en plus ?
10:05 – Je ne pose même pas la question.
10:07 – Il se dit "je suis ici".
10:09 – Il est ailleurs.
10:11 – Pour lui c'est un drame d'être en prison ou pas du tout ?
10:13 – Il faut le payer.
10:15 – Mais il se va ?
10:17 – Il faut le payer, voilà.
10:19 – Vous avez donné l'exemple de deux personnes avec qui vous étiez incarcérés aussi,
10:22 qui avaient violé une personne handicapée.
10:27 Ces personnes-là, elles disent quoi ?
10:31 Elles regrettent ? Elles sont enlongrées ?
10:33 – Non.
10:34 – Elles disent quoi ?
10:35 – Non, non, là je vais être très sévère,
10:37 et je vais être très sévère et je vais choquer beaucoup de gens.
10:40 Peut-être Gilles, pour moi en prison,
10:43 il y a des gens qui sont irrécupérables.
10:45 Vraiment, je le dis, j'ai rencontré des gens
10:48 qui sont vraiment irrécupérables.
10:50 Je sais que ce n'est pas bien par rapport à l'humanité.
10:55 – Moi j'ai des potes qui ont fait de la prison pendant très longtemps,
10:58 même 18 ans, des grosses peines, 20 ans, 22 ans,
11:00 et qui aujourd'hui sont vraiment dans la réinsertion,
11:02 qui sont sortis depuis des années, qui sont vraiment,
11:04 voilà, qui sont repassés à autre chose.
11:06 Mais Pierre, quand tu dis ces deux-là,
11:08 pour toi ils étaient irrécupérables ? Ils sont irrécupérables ?
11:10 – Parce que c'est des détenus que le système pénitentiaire
11:13 se balade de prison en prison, partout où ils sont,
11:15 dès qu'ils sont en cellule, on l'ouvre la cellule,
11:17 on les surveille, ils agressent en courte promenade, voilà.
11:21 – C'est intéressant.
11:23 – S'il vous plaît, merci.
11:25 – Donc eux, ils vous ont agressé, vous ?
11:28 – Ils l'ont essayé, oui, ils l'ont essayé de me racketter,
11:31 malheureusement je suis un vieux bonhomme,
11:33 et je n'ai plus de caractère, même en prison,
11:38 et je n'ai pas voulu, et j'étais au service médical,
11:41 et il y a le médecin qui me dit "Monsieur Botton, faites attention,
11:46 parce que cette personne-là, on l'a trouvé avec des larmes de rasoir
11:50 dans sa chaussette, donc faites attention, faites attention à vous".
11:54 – Et alors, il s'est passé quoi ?
11:56 – Voilà.
11:57 – Il n'est plus revenu, ils ne sont plus revenus.
11:59 – Non, non, rien, c'est mon cas personnel, là, aucune importance.
12:02 – Juste, Pierre, quand vous avez dit tout à l'heure,
12:04 vous avez dit une phrase, vous avez dit "le quartier "VIP"
12:08 n'a rien de VIP, pourquoi ?
12:10 – Non, il n'a rien, j'ai même vous dire,
12:13 il y a les détenus qui font des allers-retours,
12:17 beaucoup, parce qu'il faut savoir que 60% des détenus récidive,
12:21 donc c'est quand même un système qui échoue,
12:23 dans lequel on ne change surtout pas la méthode et surtout pas les hommes,
12:27 voilà, surtout ça, on ne change pas,
12:29 donc les gens continuent à faire leur carrière et ainsi de suite,
12:32 enfin bon, peu importe, et ce quartier-là, par exemple,
12:38 vous voyez, moi j'avais un tapis de gym,
12:41 on ne l'a pas laissé, ce n'est pas autorisé,
12:44 alors que vous avez dans toute la prison, de la drogue, des téléphones, des chichas.
12:50 – C'est-à-dire que le quartier VIP, à la limite,
12:52 est plus surveillé que les autres quartiers, c'est ça en fait ?
12:54 – Oui, bien sûr, bien sûr.
12:55 – Donc en fait, comme vous êtes plus sérieux,
12:56 vous avez le droit de faire moins de choses ?
12:58 – Je vous dis ça.
12:59 – Les surveillants passent plus dans les quartiers VIP
13:01 que dans le quartier normal ?
13:03 – Vous savez, la preuve, c'est ton invitation, Cyril,
13:07 je suis peut-être plus dangereux pour le système pénitentiaire,
13:11 que d'autres, donc il était important que le système trouve peut-être
13:15 quelque chose à me reprocher, ce qui n'a pas été le cas.
13:17 – Est-ce qu'on est mélangé aux autres détenus,
13:19 quand on est dans le quartier VIP, ou est-ce qu'on est qu'entre VIP ?
13:21 – Non, non, alors tout dépend, c'est vraiment ce qu'on appelle les VIP.
13:24 Si quelqu'un qui a pris 28 ans et qui a violé une femme handicapée,
13:30 l'a tuée, c'est un VIP, alors oui on est mélangé avec les VIP.
13:33 – Mais est-ce qu'on est mélangé avec les autres détenus ?
13:35 – J'ai été mélangé avec ces gens-là, j'ai été mélangé avec un cannibale,
13:38 j'ai été mélangé avec un gars complètement…
13:41 – Mais pas avec tous les autres détenus de la prison, c'est là qu'on dit VIP.
13:46 – Qu'est-ce que font ces gens-là dans le quartier VIP ?
13:48 – Ils sont isolés du reste du monde, en fait, pour ça je dis,
13:55 le terme VIP n'existe plus, il existait, c'est vrai,
13:59 quand moi j'étais avec Bernard Tapie, avec Guelfi,
14:04 avec Bob Denard il y a 25 ans, là ça n'existe plus,
14:08 en fait ce quartier est vulnérable, c'est-à-dire que c'est des gens
14:11 qu'on protège du reste de la détention ou qu'on isole du reste de la détention,
14:16 soit parce qu'on n'arrive pas à les gérer,
14:18 soit parce que peut-être ils auraient tendance à eux gérer la détention.
14:21 – Juste Pierre, tu étais incarcéré avec un cannibale aussi ?
14:24 – Oui.
14:25 – Tu étais tout seul avec lui dans la cellule ?
14:27 – Ah non, moi j'étais seul dans la cellule, lui il était tout seul,
14:31 avec un gars qui a violé deux femmes et qui les a massacrés à coups de casque
14:34 pour pas qu'elles puissent le reconnaître.
14:36 – Justement Pierre, c'est intéressant ton témoignage,
14:38 parce que tu es d'accord, toi ton cas, c'est vrai que tu dis,
14:41 voilà mon cas, j'ai pas envie qu'on en parle,
14:43 mais justement tu as pu parler avec ces détenus,
14:46 qu'est-ce qu'ils te disaient par exemple, le cannibale ?
14:48 Est-ce que tu as pu parler avec lui ?
14:50 – Il y a une phrase, où je ne suis pas représentatif pour une fois des détenus,
14:54 c'est que la prison est remplie d'innocents, ce qui n'est pas mon cas,
14:59 donc moi je reconnais, je conteste totalement ma peine,
15:03 le montant de ma peine, c'est juste hallucinant,
15:06 mais en revanche, voilà, je n'ai pas été condamné pour rien.
15:10 – Et donc il y en a beaucoup qui disent non ?
15:13 – Oui, la plupart, la plupart, et puis il faut savoir une autre chose,
15:17 là encore je risque de choquer, les humiliations faites à la famille,
15:22 lors des parloirs, la surpopulation ça veut dire beaucoup de choses.
15:28 – Ça veut dire quoi les humiliations faites à la famille ?
15:29 – Je vais t'expliquer, en fait, ça veut dire que vous ne pouvez pas avoir
15:32 beaucoup de parloirs, ça veut dire que vous ne pouvez plus avoir d'activités,
15:35 parce qu'il y a trop de détenus par rapport aux activités prévues,
15:38 qui ne sont déjà pas terribles, il n'y a pas assez de cheveillants
15:41 pour vous ouvrir la porte et ainsi de suite.
15:43 Je vais te donner une humiliation, lorsque les visiteurs viennent au parloir,
15:50 ils passent sous un portique, et ce portique sonne,
15:54 si jamais il y a des choses métalliques,
15:57 et ma fille est venue une fois, elle a fait 45 minutes, elle a sonné,
16:02 on pensait que c'était un bracelet qu'elle avait,
16:05 qu'il fallait un tournevis pour l'enlever, mais ce n'est pas ça,
16:08 personne ne lui dit rien, donc elle est venue pour rien,
16:10 elle n'a pas pu rentrer, et la deuxième fois, ça recommence à sonner,
16:14 en fait c'est l'armature de son soutien-gorge,
16:16 vous ne pensez pas que les surveillants, ils le savent ça ?
16:18 Et j'ai beaucoup de considérations pour les surveillants,
16:20 mais vous ne pensez pas qu'ils le savent,
16:22 et vous ne pensez pas qu'ils peuvent le dire,
16:24 qu'on peut faire une petite affichette,
16:26 et là j'en veux beaucoup à Dupond-Moretti, mais beaucoup,
16:29 il se disait défenseur des détenus,
16:32 c'est compliqué quand on les garde des seaux
16:34 de faire une affichette pour éviter ces humiliations,
16:37 ils préfèrent aller faire un flyer, c'est n'importe quoi.
16:41 – Est-ce qu'il s'est déplacé dans les prisons, Eric Dupond-Moretti ?
16:43 – Une fois, maintenant il se déplace pour inaugurer celles des autres,
16:47 qui sont évidemment construites sur le même mode que les autres,
16:55 et je ne pense pas que s'il… vous savez,
16:58 sa première visite a été à Fresnes où il s'est fait applaudir par les détenus,
17:02 je ne suis pas persuadé que cette scène-là,
17:04 qui d'ailleurs n'était pas forcément souhaitable,
17:06 puisse avoir lieu une deuxième fois.
17:08 – Est-ce qu'on fait rentrer ce qu'on veut en prison ou pas ?
17:11 – Oui. – Vraiment ?
17:12 – Oui. – Comment ?
17:14 – Moi je ne suis pas… j'ai vu beaucoup de choses rentrer,
17:18 notamment la drogue, c'est juste hallucinant,
17:20 on est dans un endroit où on doit faire respecter…
17:22 je compare beaucoup la prison, l'administration pénitentiaire
17:27 à l'éducation nationale, c'est-à-dire c'est la règle de pas de vagues,
17:32 il ne faut pas de vagues, surtout pas de mutineries,
17:35 surtout pas d'agressions, où on a complètement lâché les gens de terrain,
17:40 la hiérarchie a totalement lâché les gens de terrain,
17:43 les pauvres surveillants, ils se trouvent au contact de la violence,
17:46 de la déprachat, ne me dites pas qu'une administration digne de ce nom
17:53 ne peut pas mettre des chiens pour vous trouver la drogue,
17:57 et les téléphones, il y en a partout, alors on dit il y a des brouilleurs,
18:00 mais les gars ils ont des routeurs, donc voilà c'est réglé,
18:04 ne me dites pas, ou alors ce pays est plus bas que tout,
18:09 ne me dites pas que dans un endroit clos,
18:12 où on met des gens dont on sait qu'ils sont délinquants,
18:15 qui sont liés à la drogue, qu'on ne peut pas contrôler
18:19 l'utilisation de la drogue et l'entrée de la drogue, on laisse faire.
18:23 – On laisse faire. – On laisse faire.
18:25 – Et surveillants ne disent rien s'il vous plaît.
18:27 – Oui mais attendez, Jéradine, ça calme peut-être,
18:30 mais en même temps que la drogue vous faites rentrer autre chose,
18:33 l'argent de la drogue. – C'est ça.
18:36 – Et sincèrement, j'étais homme d'affaires,
18:40 j'ai eu beaucoup beaucoup d'argent,
18:42 j'ai été très impressionné par l'argent que ça amène,
18:45 c'est-à-dire vraiment c'est des sommes incroyables, t'as vu ?
18:47 – Hallucinant, c'est juste hallucinant.
18:50 Je vais vous raconter une anecdote, je ne veux pas qu'on puisse le repérer,
18:54 mais je suis avec un détenu et il me dit,
18:59 "tu sais Pierrot, on a un problème actuellement".
19:02 "Ah bon ?" "Ouais, c'est le cash, c'est le cash".
19:06 "Ah bon, t'as un problème avec le cash ?" "Ouais, les rats le bouffent".
19:10 [Rires]
19:13 "Les rats mangent le cash ?" "C'est énorme, non mais arrête, c'est énorme".
19:16 "Ah c'est incroyable." "Non mais c'est fou ça".
19:18 – Voilà, donc il y a énormément, énormément de choses qui rentrent en prison,
19:24 tout rentre en prison. – C'est fou ça.
19:26 – Soit ça rentre par les parloirs, soit par les surveillants,
19:28 soit par les éjections, et j'ai fait un doc pour Canal,
19:32 et vous verrez que dans ce doc, on voit, on raconte la vraie prison,
19:35 vraiment la vraie prison, puisque de toute façon,
19:38 notre chère garde des Sceaux ne m'a pas permis de rentrer filmer en prison,
19:42 c'est, on voit une livraison de drogue par drone.
19:47 – Ah oui, mais ça c'est… Ils ont commencé à mettre des filets sur les cours,
19:51 effectivement, ils ont anticipé ça, parce que ça n'existe pas encore aujourd'hui,
19:54 c'est-à-dire que les prisons ne sont pas adaptées à la délinquance,
19:58 et ils envisagent de mettre des filets sur…
20:00 – Des filets ça va rentrer quand même.
20:02 – Pascal, il y a une chose sur laquelle vous ne pouvez pas lutter,
20:04 et je vais vous expliquer laquelle.
20:06 On a 22 heures sur 24 pour penser à comment on va…
20:13 – Donc vous êtes plus fort en fait, et ça c'est une huite.
20:15 – Mais ils sont 100 fois plus forts.
20:17 Vous savez, on a une petite boîte pour le téléphone,
20:19 on a une toute petite boîte pour le téléphone.
20:21 J'étais avec un gars, pareil, 19 ans, responsable de la sécurité et tout ça,
20:26 il était là parce qu'avec des copains à cœur,
20:30 il avait essayé de pirater des comptes Amazon, un deal,
20:34 et puis quand il les a piratés, il en est rentré,
20:37 vous savez des cartes cadeaux je crois d'Amazon,
20:39 et il en est rentré 20 millions.
20:41 – Putain.
20:43 – Ils l'ont arrêté juste à temps, la petite boîte.
20:45 Comme ça j'étais là, je lui dis, tu sais, moi j'ai un problème,
20:48 le câble n'est pas assez long, je ne vois pas bien,
20:51 et il me dit, je lui dis, mais la petite boîte, tu l'as regardée ?
20:54 Il me dit, ben Pierre j'ai internet, ça m'a mis 30 minutes.
20:57 – Ah ouais, fort, non mais fort.
21:01 – C'est fort, d'ailleurs il est sorti, il a été embauché
21:03 et il est en sécurité.
21:05 – C'est fou, c'est incroyable.
21:07 Il y a beaucoup de violence en prison, tu nous en as un petit peu parlé tout à l'heure.
21:09 – Pardon ?
21:10 – Il y a beaucoup de violence en prison, tu nous en as un petit peu parlé.
21:12 – C'est énorme, moi un jour ils se sont battus,
21:14 j'ai cru que le gars était mort.
21:16 Les surveillants ne rentrent pas en cours de promenade.
21:18 – Deux détenus ?
21:19 – Oui, deux détenus.
21:20 – Pendant la promenade, oui.
21:21 – Vous savez, on avait le droit d'aller le QB4 au gymnase
21:27 une fois par semaine le vendredi matin, et donc il y avait match de foot.
21:32 [Rires]
21:34 Il n'y avait pas une fois où il n'y avait pas deux gars qui se pétaient le genou.
21:39 Enfin voilà, c'est une violence, vous n'avez pas idée de la violence.
21:44 Mais tout est violent, l'environnement est violent.
21:46 – Pourquoi les surveillants ne signalent pas ces violences par peur ?
21:49 – Ils n'ont pas beaucoup de choix parce qu'ils vont signaler à qui, Cyril ?
21:53 – D'accord.
21:54 – Ils vont signaler à qui ? À leur hiérarchie ?
21:56 À la hiérarchie, une fois ils vont mettre un CRI à un détenu,
21:59 une autre fois à un autre détenu,
22:01 et puis la hiérarchie va dire "Dites donc, vous…
22:04 – C'est quoi un CRI ?
22:06 – Ah pardon, un compte rendu d'incident, excusez-moi Raymond.
22:08 Un compte rendu d'incident.
22:11 Et donc la fameuse hiérarchie va lui dire
22:16 "Vous mettez beaucoup de CRI quand même, qu'est-ce qui se passe ?
22:20 Vous êtes sûr que ce n'est pas vous ?"
22:22 – Oui, c'est ça qu'ils font.
22:24 – Vous parliez de l'éducation il y a un moment,
22:26 c'est un peu comme dans l'éducation en fait.
22:28 – Exactement, c'est exactement ça Cyril.
22:30 C'est exactement ça, c'est-à-dire que les surveillants sont lâchés au milieu,
22:35 la hiérarchie est en costume, on ne les voit jamais,
22:37 et ils ne veulent surtout pas de problème
22:40 pour ne pas avoir un blâme ou quelque chose sur…
22:44 – Mais tout à l'heure vous avez dit que vous aviez cru
22:46 qu'un des détenus était mort après une bagarre.
22:48 S'il y avait eu un mort, le surveillant, mine de rien,
22:50 c'est compliqué pour lui derrière aussi.
22:52 – C'est son cours de promenade.
22:54 – Et alors et donc ?
22:56 – Il n'est pas responsable.
22:58 – Il n'est pas responsable ?
23:01 – Personne n'est responsable de rien en prison.
23:03 – C'est faux.
23:04 – Et il y a des bizutages par exemple ?
23:06 Parce que le bizutage c'est une pratique qui est courante pour tous les nouveaux arrivés.
23:08 Comment ça se passe ? Vous les avez vus ?
23:10 – Non, il y a… comment dire ?
23:13 Alors là c'est spécifique au QB4, quand on arrive, il y en a un,
23:17 c'était moi parce que j'étais le plus vieux,
23:19 qui va vous accueillir entre guillemets dans la cour de promenade,
23:23 voilà je présente, je lui disais à ce moment-là deux phrases.
23:27 Un, je ne veux pas savoir pourquoi tu es là.
23:30 Deux, ce qui se passe en prison est en prison,
23:33 quand je sors n'essaye pas de me contacter, je ne veux pas.
23:35 Ils le savent tous, je dis je ne veux pas.
23:37 Donc moi c'est terminé, mais quand tu es ici, on va essayer de s'occuper de toi.
23:41 Et donc là on lui demande de quoi il a besoin
23:44 et on essaye de l'intégrer le plus possible dans le groupe.
23:48 La solidarité de détenu est très forte.
23:50 – Ah ouais ? – Très forte.
23:52 – Il y a des détenus qui ont des relations sexuelles en prison ?
23:56 – Il y a une chose qui m'a sidéré, je me tourne vers Hugo,
24:02 vous voyez je sais Hugo, c'est que quand je suis arrivé,
24:06 par rapport à la première fois à 25 ans,
24:08 c'est très intéressant de voir cette analyse entre 25 ans et 15 ans,
24:13 quand je suis arrivé dans le médical, dans les WC du médical,
24:19 il y a du gel et des préservatifs.
24:22 – C'est pour ça que vous vous intéressez à moi.
24:24 – Tu es homosexuel ? – Oui, oui, bien sûr, mais c'est marrant de…
24:27 – Ah oui ? Donc voilà…
24:29 – Non mais il n'y a pas que lui… – C'est pas grave, c'est pas grave.
24:33 – Pierre, moi aussi, tu aurais pu penser à moi aussi, tu aurais pu penser à Jacques.
24:37 – Parce que c'est entre hommes, c'est au présent…
24:39 – Est-ce qu'il y a des relations non consenties ?
24:43 – Non, il n'y a pas de problème.
24:44 – Est-ce qu'il y a des viols ? – Bien sûr.
24:46 – Beaucoup ? Parce qu'on dit que ça fait partie des bisutages justement.
24:49 – Non, je ne crois pas à ça, ce qu'il y a c'est que
24:52 quand on est faible en prison, on est faible.
24:54 – Donc le plus faible en prison, ben voilà, il se fait prendre.
24:57 J'espère que je ne t'ai pas blessé puisque je ne voudrais pas.
24:59 – Ne t'inquiète pas, il n'y a pas de problème.
25:01 – Pierre, donc il y a beaucoup de détenus qui ont des relations,
25:05 mais il y a des relations amoureuses ou pas ?
25:07 Parce que c'est ça qu'on veut savoir aussi, est-ce que c'est que des relations consenties ?
25:09 Est-ce qu'il y a des histoires d'amour ?
25:11 – Oui, bien sûr.
25:13 – Comme dans la vie, c'est un peu plus…
25:15 – Attends, attends, attends, la prison ce n'est pas comme dans la vie,
25:17 tu ne marches pas main dans la main avec ceux qui sont dans la…
25:20 – Mais non, mais non, mais ce n'est pas ça qu'on veut dire.
25:21 – C'est quand même un milieu homophobe quand même.
25:23 En prison, il y a quand même une homophobie latente.
25:25 – Tout à fait, il y a une homophobie qui m'a beaucoup surpris.
25:27 – Ah oui, vraiment ? – Ah bon ?
25:29 – Ça me semble assez évident, non ? – Pourquoi ?
25:31 – Parce que c'est un endroit où tous les hommes sont mélangés,
25:33 il y a une sorte de masculinité aussi un peu toxique,
25:35 le stéréotype de père du prisonnier, c'est quand même pas le pro-LGBT.
25:40 Je pense que c'est quand même une réalité où en prison, il y a quand même…
25:44 – Pourquoi ça m'a surpris Hugo ?
25:47 – Je pense que c'est un milieu dans lequel on est tous très tolérants
25:49 envers ce que nous avons fait.
25:51 – C'est ça, c'est pour ça que c'est surprenant.
25:53 Je trouve que c'est surprenant parce que normalement,
25:55 il y a une très grande tolérance entre les détenus
25:57 puisque regarde, tu sais, c'est ce que disait Pierre,
25:59 à chaque fois qu'il y a un mec qui arrive, on lui dit,
26:01 on ne veut pas savoir pourquoi tu es là mais on va t'aider.
26:03 Donc, c'est vrai qu'il y a de la tolérance et c'est étonnant
26:05 de voir de la homophobie en prison.
26:07 – C'est vrai que c'est un… j'ai été très surpris de ça également.
26:11 Je pense par exemple qu'il y aurait énormément de choses à faire pour les femmes.
26:16 La façon dans laquelle j'entendais parler des femmes, waouh !
26:20 – Ça veut dire ?
26:22 – Enfin bon, franchement, je pense qu'il y aurait vraiment
26:29 un vrai travail de fond à faire sur…
26:31 – On peut exercer sa religion en prison ou pas ?
26:33 – Pardon ?
26:34 – On peut exercer sa religion en prison ?
26:36 – Oui, moi je suis d'origine catholique de base et puis j'ai quitté.
26:40 Et là-dessus, je suis comme beaucoup de détenus, je suis revenu à Dieu en prison.
26:46 – D'accord, de quelle manière en fait ? Comment ça s'est passé ?
26:49 – J'ai quelqu'un qui m'a écrit de façon très régulière
26:53 et puis il y a un moment, il faut bien confier sa vie à quelqu'un.
26:59 C'est un cheminement très personnel, je suis encore très pêcheur,
27:02 je ne veux pas… je suis très très pêcheur mais en tout cas,
27:07 c'est quelque chose qui m'apporte beaucoup et qui m'aide beaucoup,
27:11 y compris dans ce combat-là.
27:12 – Il y a beaucoup de détenus ?
27:13 – Je le dis, je le dis, c'est pas évident de raconter tout ça.
27:17 J'ai 68 ans, je peux plier et puis…
27:19 – C'est très bien de le dire, Pierre.
27:21 Est-ce qu'il y a beaucoup de gens qui pratiquent leur religion en prison ?
27:24 – Oui, beaucoup, beaucoup, c'est essentiel.
27:27 – Vraiment, c'est essentiel ?
27:28 – La religion est essentielle, ce qui m'est arrivé arrive à d'autres,
27:31 avec d'autres religions, mais ce qui m'est arrivé à moi arrive à d'autres.
27:34 L'important c'est de savoir qui va vous initier, vous guider et pour quelle raison.
27:41 C'est ça qui est important.
27:43 – Pour toi, tu as dit tout à l'heure qu'il y avait énormément de récidives en prison,
27:48 tu penses qu'on ne peut pas lutter contre ça ?
27:51 – Si, si, si, non, je pense que le seul combat perdu est celui qu'on ne livre pas.
27:56 – Mais ?
27:57 – Non, absolument pas, je pense qu'il faut vraiment changer le système carcéral français.
28:02 Je pense d'ailleurs que le président est prêt à le faire,
28:07 mais je crois que malheureusement, dans notre pays,
28:11 le pouvoir des politiques est très, très limité, surtout quand ils ne veulent pas l'exercer.
28:16 – Tu peux nous rappeler combien de temps tu as passé en prison ?
28:18 – 602 jours la première fois, 2 ans la deuxième.
28:20 – Non, non, non, tu comptais les jours ou un moment tu étais…
28:24 Est-ce qu'à un moment tu t'es senti bien en prison ou jamais ?
28:26 – Pardon ?
28:27 – Est-ce qu'à un moment tu t'es senti bien ?
28:28 – Non, non, c'est…
28:29 – Jamais ? Non mais c'est important, parce que… jamais ?
28:30 – Non.
28:31 – Ça, c'est pas possible.
28:32 – Impossible ?
28:33 – Non.
28:34 – C'est… tous les jours étaient un cauchemar pour toi ?
28:36 – Non, non, c'est parce que…
28:37 – Est-ce qu'il y avait des jours qui étaient meilleurs que d'autres ?
28:39 – Ouais, un jour heureux.
28:40 – Est-ce que tu te rappelles d'un jour heureux en prison ?
28:43 – Quand j'ai appris que mes filles étaient championnes de France d'équitation.
28:49 – Ouais, tu m'avais écrit d'ailleurs.
28:50 – Ouais.
28:51 – C'est vrai, c'est vrai mon pire.
28:52 – Ouais, ouais.
28:53 – Mais sinon, il y a…
28:54 – Oui, parce que je trouve que c'était très fort,
28:57 elles avaient leur père en prison, elles le subissaient parce que…
29:00 elles ont voulu garder le même nom,
29:02 et elles auraient pu prendre le nom de leur grand-père,
29:05 qui est plus prestigieux, et elles ont voulu garder le même nom,
29:10 elles sont… j'étais en prison, elles ont fait leur concours,
29:14 elles venaient me voir tout le temps, tout le temps, tout le temps,
29:17 je leur ai imposé ça, alors que c'est pas un secret
29:20 de dire qu'elles sont pas issues de cette ambiance-là,
29:23 elles ont été extraordinaires avec les familles des détenus,
29:26 elles ont, je vous racontais tout à l'heure,
29:28 un jour, elle me racontait qu'il y avait une dame assez volumineuse,
29:33 qui ne passait pas devant le portique, et elles lui ont dit,
29:37 "ben c'est votre soutien-gorge", et elles ont tendu un boubou…
29:42 – Pour qu'elle puisse…
29:43 – Pour que la dame puisse changer, et tous les gens,
29:46 toutes les familles ont tourné leur regard,
29:49 et je suis très fier d'elles de s'être adaptées dans tout ça,
29:52 du soutien qu'elles m'ont apporté, et puis du magnifique titre
29:55 qu'elles ont eu, elles viennent encore de placer 6 chevaux
29:59 parmi les 7 premiers, donc je suis très fier de ça.
30:01 – On les embrasse fort, Pierre Botton, ex-détenu auteur du livre,
30:04 QB4, je voudrais dire, ce livre il est important,
30:07 parce que Pierre Botton, il a fait ce livre aussi
30:09 pour que les conditions carcérales s'améliorent,
30:11 pour que la société s'améliore, c'est vraiment ce qu'il faut retenir
30:14 de ce livre, et qu'il y a beaucoup de choses qui partent de la prison,
30:19 et que, voilà, ce qu'on vit parfois dans la société,
30:23 et qu'on vit tous les jours, ça part parfois des prisons,
30:27 et que c'est pour éviter aux gens de récidiver,
30:30 ou d'être encore plus gangrénés en prison,
30:34 il faut améliorer les conditions de détention.
30:37 Merci Pierre, et ton livre est incroyable.
30:39 – Merci à vous tous.
30:40 – QB4, merci, tu reviens nous voir quand tu veux.
30:42 [Musique]

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