Dérapage de Guillaume Meurice : un administrateur de Radio France demande des sanctions

  • l’année dernière
TOUCHE PAS À MON POSTE : 100% médias, 100% darka ! 


Du lundi au vendredi à 18h45 sur C8.


Tous les extraits et émissions de "Touche pas à mon poste" sont à retrouver sur MyCANAL : https://www.canalplus.com/c8/tpmp/touche-pas-a-mon-poste




TPMP sur les réseaux sociaux : 
Facebook : https://www.facebook.com/TPMPTV
Twitter : https://twitter.com/TPMP
Instagram : https://instagram.com/tpmptv/

Category

📺
TV
Transcript
00:00 Je vais vous répondre, je vais pas être en deux mots, vous dire pourquoi j'ai accepté votre invitation.
00:03 Parce qu'on s'est demandé pourquoi un député administrateur de Radio France venait sur votre antenne.
00:06 Il y a deux raisons.
00:07 La première, c'est que je suis administrateur de Radio France, je suis attaché à l'audiovisuel public,
00:10 on pourra en discuter et je pense que c'est important et que Guillaume Meurice, d'une certaine manière,
00:14 nuit à ce que fait le service public et essaie de faire le service public.
00:17 La deuxième raison, c'est que je crois à la diversité de l'information et des médias.
00:20 Je n'ai pas accepté le boycott, l'appel au boycott de votre émission.
00:25 Et je suis là aussi en tant que député, je pense qu'on peut être en désaccord avec ce que vous pouvez défendre,
00:30 on peut être en désaccord avec ce que certains médias défendent, mais je pense, et je le dis aux jeunes qui nous écoutent,
00:33 on ne peut pas dans notre pays boycotter des émissions ou des médias.
00:36 C'est vrai pour vous, c'est vrai pour France Inter, quand j'entends des gens dire "il faut boycotter France Inter",
00:40 on a besoin de cette diversité des médias, c'est pour ça aussi que j'ai accepté votre invitation et je voulais vous le dire.
00:44 - C'est bien de le dire. Bravo, bravo Gérardine.
00:46 Et Gérardine, je vais rebondir sur ce que vous dites, on peut ne pas être d'accord avec nous,
00:52 ne pas être d'accord avec moi sur plein de séquences, sur des choses, etc.
00:55 Mais là, en l'occurrence, ne pas être d'accord avec une émission qui prône la paix, sur ce point-là,
01:01 là, c'est que vraiment il y a un énorme problème.
01:03 Sur d'autres séquences de l'émission, je peux comprendre qu'il y ait des gens qui ne soient pas d'accord, etc.
01:07 Sur cette séquence-là, c'est quand même problématique.
01:10 - C'est très dangereux quand on en vient dans un pays à boycotter des médias.
01:13 Est-ce qu'on veut devenir la société américaine ?
01:14 Regardez, les gens de gauche regardent CNews, les gens de droite regardent Fox News.
01:16 C'est ça qu'on veut dans notre pays ? On veut que les gens de gauche regardent certains médias
01:19 et les gens de droite, il faut la diversité des médias.
01:22 Moi, je me réjouis qu'un député Rassemblement national ait été invité à France Inter hier.
01:26 - Il y a plein de gens qui ont lancé un boycott de France Inter.
01:28 France Inter n'a jamais aussi bien marché.
01:30 Et le boycott de TPP n'a jamais aussi bien marché aussi.
01:32 Donc c'est vrai que les boycotts, c'est surtout sur les réseaux sociaux.
01:35 Mais c'est vrai que boycotter la paix, c'est assez problématique.
01:41 Bon, sinon, sur le cas de Guillaume Meurice, vous avez dit il y a un instant, M. le député,
01:45 vous avez dit qu'il nuisait aux services publics, aux valeurs du service public.
01:49 - Moi, je crois que le problème de Guillaume Meurice, ce n'est pas ce qu'un humoriste peut dire.
01:52 Moi, on pourra en discuter, je pense qu'un humoriste peut tout dire.
01:55 Et ce n'est pas la question.
01:56 La question, c'est à quel moment on n'est plus un humoriste et on devient un militant politique.
02:00 Et c'est ça la question.
02:01 Moi, c'est ce que j'ai écrit dans mon courrier à la présidente,
02:04 ce n'est pas de mettre des limites à la liberté d'expression.
02:06 La loi en pose, on l'a vu avec l'affaire Dieudonné.
02:08 Mais c'est est-ce que quelqu'un qui, sur son compte Twitter,
02:11 toute la journée exprime des opinions politiques peut ensuite se cacher derrière l'humour
02:16 pour avoir des propos aussi scandaleux qu'il a tenus ?
02:18 Et c'est important parce que ce n'est pas ici un combat contre la liberté d'expression.
02:22 Moi, je suis attaché à la liberté d'expression, au droit à l'humour,
02:24 au droit à la satire des proches qui disaient on peut rire de tout.
02:27 Mais on ne peut pas, quand on a des expressions politiques,
02:30 quand d'une certaine manière on est un militant politique,
02:34 se cacher derrière l'humour pour ensuite dire qu'on est un humoriste.
02:37 - L'humour, en fait, c'est militant.
02:38 C'est-à-dire que l'humour, de part son essence, c'est militant.
02:40 Et tous les chroniqueurs à la radio ont toujours été, quelque part, politisés,
02:45 ont fait passer leur message politique à travers leur humour.
02:47 On ne peut pas demander à un humoriste d'avoir l'air complètement neuf.
02:51 - Non, moi je parle de ce type d'humoriste, chroniqueur à la radio, à la télé.
02:56 Généralement, quand on fait de l'humour, il y a souvent un aspect politique
02:59 et on peut lire à travers ce que dit Gaspard Pouces.
03:01 C'est exactement la personne que j'avais en tête.
03:04 - Oui, mais dans la limite...
03:05 - C'est une question de goût, d'humour.
03:06 Malheureusement, moi, je ne le trouve pas drôle.
03:07 Mais peut-être, il y a des gens qui ont malheureusement rigolé.
03:09 - Mais dans la limite de ce qui est autorisé, dans la limite de ce que dit la charte.
03:13 - Gaspard Pouces, toi, tu estimes que Gaspard Pouces, c'est politiquement correct ?
03:16 - Ah oui, c'est politiquement correct.
03:17 - Gaspard Pouces, il est sur une chaîne privée.
03:18 - Parce que ce n'est pas militant, Gaspard Pouces.
03:21 Ça n'a rien à voir.
03:22 Il est beaucoup plus proche d'un des proches que de Guillaume Laurin.
03:26 Et puis Gaspard Pouces, je vais te dire, l'avantage de Gaspard Pouces,
03:28 et c'est pour ça qu'on lui pardonne tout, c'est qu'il est très drôle.
03:31 Je suis désolé, c'est comme Pierre Desproges, il avait le talent.
03:33 Gaspard Pouces, il a le talent.
03:34 Après, à un moment…
03:35 - Il est sur une radio privée.
03:36 - Mais Cyril, par ailleurs, il est sur une chaîne privée.
03:38 Ça regarde le groupe.
03:39 - On ne peut pas museler quelqu'un parce qu'il est nul.
03:41 - Non, non, je suis d'accord avec vous.
03:42 Ce n'est pas une question de talent.
03:43 - Là, il est en contravention, et monsieur l'administrateur, vous pouvez nous le dire,
03:45 il est en contravention avec l'article 5 de la charte.
03:48 - Si vous ne permettez juste de…
03:49 - Juste, je voudrais la citer.
03:51 La société participe aux actions en faveur de la cohésion sociale
03:54 et de la lutte contre les discriminations.
03:56 Il est en violation avec ce principe-là, avec cet article-là.
04:00 À ce titre, il devrait être sanctionné à minima.
04:02 - Ce qui est compliqué, ce que vous dites, c'est qu'il y a l'expression qu'on fait en humoriste
04:05 dans un sketch ou dans une antenne à un moment donné, dans une chronique,
04:08 et il y a ensuite le prolongement sur les réseaux sociaux.
04:10 C'est-à-dire qu'aujourd'hui, la complexité, c'est qu'à côté de la parole humoristique,
04:14 que moi, j'ai trouvé déplacée, mais ce n'est pas le sujet,
04:16 il y a un prolongement sur les réseaux sociaux avec des expressions politiques.
04:20 Et moi, c'est ce que j'ai dit.
04:21 C'est quelque chose de plus mesuré peut-être, mais c'est qu'il faut faire la différence.
04:24 À un moment donné, soit on est humoriste, soit on est militant politique.
04:27 Si on est militant politique, on s'engage, on se rend aux élections et on est candidat.
04:30 On ne peut pas se servir, c'est ça mon argument, il n'est pas très convaincu,
04:33 on ne peut pas se servir de l'humour comme d'une tribune politique.
04:36 Gaspard Proust, il reste, je ne pense pas qu'il prétend être un militant politique.
04:40 L'humour est militant.
04:41 - Non, mais à travers ce humour, on peut lire ses opinions politiques.
04:44 - Ça n'a rien à voir.
04:45 - Mais il ne compte aucun humeur.
04:46 - Et c'est le cas de plein d'humoristes.
04:47 - Mais comme le faisait Colmage, etc.
04:48 Mais là, ce que je ne comprends pas, c'est qu'il a un tel CV sur les réseaux sociaux,
04:52 à un moment donné, quand on l'engage, on sait exactement à qui on a affaire.
04:56 On a son profil et on le prend quand même.
04:59 Donc en fait, on l'engage pour quoi ?
05:01 - On peut l'engager en considérant que c'est un humour particulier,
05:05 qui ne nous plaît peut-être pas, mais qu'il a un humour particulier.
05:07 Après, depuis qu'il est en fonction, on voit qu'il prend des positions politiques.
05:12 Et c'est là mon sujet.
05:13 - Mais même Gavrivière aussi, si je peux me permettre.
05:15 - Gavrivière est très drôle.
05:17 - Oui, mais ça c'est une question de point de vue de chacun.
05:19 - Non mais il ne tweet pas politique toute la journée.
05:21 - Ce qu'a dit M. le député, ce qu'a dit M. le député,
05:24 ce n'est pas seulement ce qu'il fait sur les antennes de Radio France.
05:27 Philippe Gavrivière ou Gaspard Proust,
05:30 ils ne sont pas sur les réseaux toute la journée à faire des tweets politiques.
05:34 - Après, ils sont en campagne idéologique.
05:35 - Exactement, ils ne sont pas en campagne idéologique.
05:36 Ils traitent du sujet du jour, que ce soit Philippe Gavrivière ou Gaspard Proust.
05:42 Ils ne sont pas toute la journée sur les réseaux.
05:44 Ils ne sont pas toute la journée sur les réseaux à faire de la propagande politique.
05:48 Je ne suis pas d'accord.
05:49 Sur la directrice de France Inter, vous avez vu sa réponse ?
05:53 - Je l'ai lue.
05:54 - Alors, est-ce que sa réponse vous convient ?
05:57 Gilles, vous aviez dit que c'était une réponse…
05:58 - Molle.
05:59 - Molle.
06:00 - C'est des mots, mais en tant qu'administrateur,
06:02 est-ce que vous ne demandez pas une mise à pied ou un départ de ce pseudo humoriste ?
06:06 - Moi, au-delà de Guillaume Meurice,
06:09 moi j'ai demandé, pardon de me répéter,
06:10 mais j'ai demandé une vraie clarification.
06:12 Je vois dans le service public ou ailleurs des humoristes
06:15 qui sont des pseudo-chroniqueurs, qui se disent humoristes,
06:18 mais qui en fait derrière ont une idéologie qu'ils essayent de distiller à travers l'humour.
06:22 Et moi, je demande une clarification plus large.
06:24 Ce n'est pas la question de Guillaume Meurice.
06:25 Et c'est aussi pour ça que je suis là,
06:26 parce que c'est un débat essentiel, les médias.
06:28 Vous êtes les premiers à être confrontés.
06:29 On a appelé à boycotter votre émission.
06:31 Ce n'est pas un petit sujet.
06:32 C'est derrière Guillaume Meurice.
06:33 C'est un sujet majeur.
06:35 Un, la pluralité de l'information dans notre pays,
06:38 la liberté d'expression qui est importante.
06:40 Et à force d'y mettre des coups,
06:42 on porte préjudice à des émissions comme la vôtre,
06:46 au service public, à France Inter.
06:47 Il y a des journalistes à France Inter qui font un boulot remarquable.
06:49 Couvrir l'actualité au Proche-Orient,
06:51 couvrir l'actualité au Proche-Orient, ce n'est pas facile.
06:53 On est un pays qui est à cran, qui est en tension.
06:55 Le moindre mot, le moindre mot est épié.
06:58 Et moi, je sais que les journalistes de France Inter,
07:00 les journalistes essayent de couvrir cette actualité
07:02 en étant le plus équilibré possible,
07:04 en essayant de ne pas prendre position, de dire les faits.
07:06 Ce n'est pas évident.
07:07 J'étais en Israël, moi.
07:08 J'ai vu l'horreur de mes yeux. J'ai vu la barbarie.
07:10 Et ensuite, il faut être capable de prendre du recul
07:13 et de manière objective, de décrire des faits.
07:15 Ce n'est pas évident.
07:16 Et donc moi, j'appelle à de la modération.
07:18 Vous savez ce qui me dérange le plus dans ce qu'a fait Guillaume Meurice ?
07:20 C'est qu'il alimente un moment de notre pays
07:23 où la société est fracturée.
07:25 Est-ce qu'on est obligé de brutaliser le débat public ?
07:27 Vous avez des désaccords, je vous regarde de temps en temps,
07:29 ça m'arrive, vous donnez votre avis.
07:30 Mais est-ce qu'on est obligé en permanence d'avoir la terreur des mots,
07:33 la brutalisation de la vie politique ?
07:34 Est-ce qu'on est obligé de dire qu'Israël est un État fasciste ?
07:36 Les mots ont un sens.
07:38 – Donc on le sanctionne ? – Oui.
07:40 – Donc on le vire ? – Oui.
07:41 – Donc on prend des mesures fortes.
07:43 Et je fais confiance, et je le dis ici,
07:45 je fais confiance à la présidente et directrice générale de Radio France
07:48 pour prendre les mesures qui seront utiles.
07:50 Mais ce sont des mesures plus importantes.
07:52 Le problème de Guillaume Meurice, c'est que ça arrive à un moment donné
07:54 où tout nous expose à la figure,
07:56 où on voit bien que ces débats qui couvaient,
07:58 la politisation d'une partie des humoristes, des chroniqueurs,
08:03 ça fait des années qu'on en parle, c'est un vrai sujet,
08:05 c'est maintenant qu'il faut y répondre.
08:07 – On ne va pas en faire un héros si on le sanctionne et si on l'enlève de l'antenne ?
08:11 – Non, non.
08:12 Humoriste ou pas humoriste, politique ou pas politique,
08:14 mais il y a un dérapage antisémite.
08:16 Et on ne peut pas cautionner ça sur un plateau.
08:18 Le service public a viré un animateur pour une blague de très mauvais goût
08:22 sur un sujet qui n'avait rien à voir, et là on garde à l'antenne
08:24 qu'elle parle de dérapage antisémite.
08:26 – D'accord, d'accord, d'accord.
08:27 – Sa blague était atroce, mais je trouve ça,
08:29 si on peut se permettre de faire une échelle,
08:31 c'est moins grave qu'un dérapage antisémite dans cette période.
08:33 Et mettez-vous à la place de n'importe qui qui tiendrait ses propos sur un plateau,
08:38 c'est la porte directe.
08:39 Pourquoi on garde ce mec-là ? On en fait limite une star et on couture sur un propos.
08:42 – Mais il n'y a pas une police de… moi je suis d'accord avec vous.
08:44 – Parce que ce n'est pas une question de ce qu'on dit,
08:45 c'est une question de ce qu'il était sorti de son rôle d'humoriste,
08:47 on parlait de Gaspard Proust,
08:48 ou est-ce que ça devient du militantisme politique
08:50 et qu'on juge ses propos comme tel ?
08:52 – Et l'antisémitisme est toléré dans l'humour.
08:53 – Non !
08:54 – Je peux vous dire, moi je lis tout ce qui arrive,
08:56 donc je vous pose la question,
08:57 parce qu'il y a plein de gens qui réagissent sur les réseaux et qui disent,
08:59 moi je ne suis pas d'accord, il ne faut pas sanctionner Guillaume Meurice
09:02 parce qu'il y a énormément même d'Israéliens qui sont contre la politique de Netanyahou
09:08 et qui disent qu'il ne s'est pas attaqué au peuple juif mais au Premier ministre.
09:14 Qu'est-ce que vous répondez à ça ?
09:15 – Moi j'ai lu, sur Twitter, une comparaison
09:22 où on insinuait qu'Israël était un État fasciste.
09:24 Être en désaccord avec la politique de Benhamin Netanyahou,
09:27 considérer qu'aujourd'hui la guerre est peut-être trop importante
09:30 et qu'il faut protéger les civils palestiniens, éviter les dommages collatéraux,
09:34 tout ça ce sont des opinions tout à fait légitimes.
09:36 Mais quand un humoriste, lui comme un autre, parle d'État fasciste,
09:40 il faut faire attention à ce que l'on dit.
09:42 Aujourd'hui on ne peut pas faire semblant de ne pas voir que l'antisionisme,
09:46 la haine d'Israël est le nouveau visage de l'antisémitisme.
09:49 Il faut être aveugle pour ne pas le voir.
09:50 Vous avez vu ces jeunes dans le métro, qu'est-ce qu'ils disent ?
09:53 Ils disent "Nique Israël, nique les juifs".
09:56 C'est comme ça, l'antisionisme, la haine d'Israël
09:59 est aujourd'hui le nouveau visage de l'antisémitisme.
10:02 Et donc il faut faire attention.
10:03 On peut dire "je ne suis pas d'accord avec la politique de Benhamin Netanyahou".
10:06 On peut dire qu'on ne cautionne pas ce qu'il est en train de faire à Gaza.
10:10 Mais ça ne veut pas dire qu'Israël est un État fasciste.
10:13 Attention aux mots qu'on emploie, il y a des jeunes qui nous regardent.
10:15 – Bien sûr.
10:16 – Il faut être capable d'avoir des mots qui nous regardent.
10:18 – C'est la responsabilité d'un service public que de ne pas non plus sortir du cadre.
10:21 Il n'est pas dans le cadre de l'humour.
10:23 Il est dans un cadre où il donne une opinion politique
10:26 en assimilant Netanyahou à un nazi,
10:28 en faisant référence au prépuce qu'il nous renvoie à la période de l'occupation.
10:32 Ce sont des termes qui sont extrêmement graves.
10:34 On n'est pas dans un cadre d'humour, on est dans un cadre plus que militant.
10:37 Et ça, on ne peut pas le tolérer sur une chaîne de service public.
10:40 – C'est pour ça que je suis venu ici, aussi pour dire,
10:42 comme administrateur de Radio France, et ne pas me cacher,
10:44 que les équipes de Radio France, de France Inter,
10:47 font un boulot remarquable, les journalistes font un boulot remarquable.
10:49 Ce n'est pas facile du tout d'être un journaliste.
10:51 – Parce que le service public peut aussi être garant de la cohésion sociale,
10:53 de la cohésion en France, et là il participe à une moyenne.
10:55 – Je vais vous dire un truc, et c'est ce que dit M. le député,
10:59 sachez qu'aujourd'hui, et c'est vrai, il y a des journalistes exceptionnels
11:03 sur le service public, et ils sont un petit peu gênés aussi
11:07 par ce qui se passe autour de Clio de Loris, et il ne leur rend pas service.
11:11 – Il ne leur rend pas service.
11:12 – Il paraît qu'il y a des petites tensions…
11:14 – Ça coince en interne.
11:15 – Ça coince, bien sûr, évidemment que ça coince,
11:17 parce qu'il jette le discrédit sur une rédaction qui bosse comme elle peut.
11:22 – Est-ce que vous ne pensez pas qu'il va partir de lui-même ?
11:24 – Moi je pense que là il se pose des questions, il est dans une surenchère,
11:27 il cherche peut-être une porte de sortie par le haut,
11:30 comme il va pouvoir faire en insultant le RN, etc.
11:33 On sent qu'il est un peu perdu.
11:34 Moi je pense qu'inéluctablement, peut-être qu'il finira la saison,
11:37 mais en tout cas, je ne le vois pas rester sur France Inter.
11:40 – Moi aussi.
11:41 – Et je pense que M. le député, vous ne voyez pas non plus un avenir à terme
11:44 pour M. Meurice sur France Inter ?
11:46 – Je vois ce que la présidente, directrice générale de Radio France décidera,
11:50 mais vous avez bien compris mon point, c'est un sujet plus large,
11:53 c'est un sujet plus large que Guillaume Meurice, c'est ce sujet majeur.
11:56 À un moment donné, je me répète, mais des éditorialistes politiques,
12:00 ce ne sont pas des humoristes, il faut choisir son métier.
12:02 – Non, ce ne sont pas des humoristes, ce ne sont pas des journalistes non plus,
12:04 parce que, pour trouver le parallèle, on dirait qu'il y a des journalistes formidables,
12:06 et ça c'est vrai sur le terrain, mais un humoriste ce n'est pas un journaliste
12:09 qui donne son avis.
12:10 – Je me pose juste une question, est-ce que le fait qu'il ne s'excuse pas,
12:13 qu'il refuse de s'excuser, ça ne jette pas davantage de l'huile sur le feu ?
12:17 Parce que faire effectivement un parallèle qui est inacceptable,
12:20 et moi je suis d'accord avec tout ce qui a été dit, c'est une chose,
12:22 c'est un dérapage, mais le fait d'en rajouter une couche en disant
12:25 "je refuse de m'excuser", est-ce que ça ne devient pas inadmissible ?
12:28 – Je vous ai dit ce que j'en pense, la société est en tension,
12:31 je la vois comme député, vous la voyez, mais regardez les manifestations,
12:34 regardez la multiplication des actes antisémites,
12:36 et je pense qu'à un moment donné, sans se renier, on peut être capable de dire
12:40 "je suis allé trop loin", moi j'aime beaucoup Patrick Timsit,
12:43 il a fait des blagues horribles sur les personnes en situation de handicap,
12:47 c'était son droit, il est humoriste, à un moment donné il a vu les mois,
12:50 il a pris la parole, il a dit "écoutez, à aucun moment je ne voulais vous viser,
12:55 c'est de l'humour, c'était mal en contre eux, c'était maladroit",
12:57 je pense qu'un humoriste, sans se déshonorer, sans se renier,
13:00 peut être capable de dire "j'ai poussé le bouchon",
13:03 Pierre Desproges disait "on a besoin des humoristes en temps de guerre",
13:06 il y a une forme de catharsis, j'ai vu de l'horreur,
13:08 je suis allé dans les camps de Shoura où j'ai vu les bébés israéliens assassinés,
13:12 je l'ai vu de mes yeux, d'avoir de l'humour, ça paraît peut-être incohérent ce que je dis,
13:16 mais on a besoin d'artistes, on a besoin d'humoristes
13:18 pour essayer de nous aider à traverser ces périodes,
13:20 et donc quand un humoriste fait des propos qui finalement contribuent
13:26 à mettre le pays en tension, ça a des conséquences, regardez, on est en débat,
13:29 – Mais ce n'est pas drôle ce qu'il a dit, pardon ?
13:31 – Il faut être capable de s'excuser.
13:33 – Desproges était drôle.
13:35 – J'aimerais dire exactement, Gaspard Couste est drôle,
13:37 Desproges est drôle, et Philippe Carverivière est très drôle, désolé.
13:41 – Mais le problème ce n'est pas s'il est drôle,
13:43 le problème c'est est-ce qu'il est homme politique ou est-ce qu'il est humoriste ?
13:46 – En moi il n'y a aucun doute.
13:48 – Oui mais vous savez on a une classe politique aujourd'hui
13:50 qui n'a pas voulu nommer par exemple des attentats,
13:52 et qui a laissé justement le truc de la même manière.
13:54 – Alors justement, 61...
13:55 [Musique]

Recommandée