Charlotte Halpern, docteure en sciences politiques, directrice de l'Institut de Sciences Po Paris pour les transformations environnementales, est l'invitée de 6h20. Cette formation sur l'urgence climatique vit ses premières heures aujourd'hui. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-6h20/l-invite-de-6h20-du-lundi-06-novembre-2023-8107786
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00:00 Sciences Po, la grande école qui forme de nombreux décideurs politiques, renforce sa
00:04 formation sur l'urgence climatique.
00:06 Elle lance aujourd'hui un institut pour les transformations environnementales.
00:10 Vous en êtes la directrice, Charlotte Alpern.
00:12 Bonjour.
00:13 Bonjour.
00:14 De quoi s'agit-il exactement ? Est-ce que c'est une nouvelle formation, un nouveau
00:16 centre de recherche ou juste une structure qui chapeaute ce qui se fait déjà à Sciences Po ?
00:21 C'est une structure qui va coordonner ce qui se fait déjà à Sciences Po.
00:24 On fait beaucoup de choses à Sciences Po sur l'environnement, sur la biodiversité,
00:28 sur le climat en général.
00:30 Et puis on s'est rendu compte qu'on avait besoin de soutenir ces initiatives, de les
00:33 soutenir en transversal à l'échelle de l'établissement pour venir soutenir ce qui
00:37 se fait déjà dans nos centres de recherche, dans nos départements, dans toutes nos formations.
00:41 Mais ce n'est pas un cursus à part entière sur l'urgence climatique ?
00:43 Ce n'est pas un cursus à part entière.
00:44 Ce n'est pas un cursus à part entière sur l'urgence climatique.
00:47 On ne crée pas un nouveau silo.
00:48 Mais on vient simplement coordonner, donner plus de visibilité et puis développer, approfondir,
00:53 faire plus encore que ce que nous faisons pour le moment.
00:55 Mais il y a besoin de ça ? Parce que là pour le moment c'est disséminé un peu dans
00:58 tous les cours, c'est ça, et pas très bien organisé.
01:01 Vous voulez justement avoir une vision plus globale ?
01:02 Alors pour le moment, on a des choses qui sont à la fois disséminées dans les cours,
01:06 et puis on a des choses qui existent aussi.
01:08 Il y a plus de 250 cours à Sciences Po qui existent maintenant depuis une dizaine d'années
01:11 sur l'environnement, sur la biodiversité.
01:13 Mais on avait besoin de structurer, d'organiser, de mettre en valeur ce que nous faisions déjà.
01:19 Nos étudiantes, nos étudiants n'étaient pas toujours bien conscients.
01:22 Donc il fallait qu'on puisse par exemple organiser un site web.
01:25 Ce sont des choses qui sont un peu basiques, un peu concrètes.
01:27 Mais le fait de créer une structure, comme c'est un site pour les transformations environnementales,
01:32 c'est un moyen de mettre en place tout un ensemble de dispositifs de mesure, un site,
01:37 un point d'entrée, de telle sorte que l'on puisse organiser cette transversalité.
01:41 Puis c'est aussi un moyen de créer de la veille, de la réflexion à l'interne sur
01:45 la façon dont on réfléchit sur notre marché du travail, par exemple, et nous déboucher
01:48 pour les étudiants.
01:49 C'est un moyen de travailler aussi avec des partenaires extérieurs, de manière à pouvoir
01:53 organiser cette ouverture sur la cité.
01:56 Est-ce que c'est aussi un moyen de soutenir la recherche ? Est-ce que vous avez beaucoup
01:58 d'élèves, de doctorants qui travaillent sur ces sujets ? Et est-ce que vous soutenez,
02:03 est-ce que vous financez des postes permanents de chercheurs sur l'environnement ?
02:06 On a plus de 40 enseignants-chercheurs à Sciences Po qui travaillent déjà sur l'environnement,
02:10 dont les recherches portent sur l'environnement, que ce soit dans toutes les disciplines qui
02:15 sont centrales à Sciences Po, donc le droit, l'économie, l'histoire, la science politique,
02:19 la sociologie et l'économie.
02:21 Et puis, c'est un premier élément, on a une quarantaine de doctorants qui sont formés
02:28 sur ces sujets et donc cet institut va aussi pouvoir aider à aller chercher des nouvelles
02:32 bourses de thèses, pouvoir trouver de nouveaux financements.
02:35 Et puis nous avons aussi des postes doctorants, à la fois sur des contrats de recherche,
02:41 mais également depuis l'année dernière, grâce à notre fonds Bruno Latour pour la
02:44 recherche en sciences sociales, nous avons pu recruter 10 postes doctorants qui viennent
02:49 d'arriver à Sciences Po et qui travaillent sur toute une série de sujets qui ont trait
02:53 à l'actualité, qui ont trait à différentes thématiques environnementales.
02:56 Charlotte Alperne, cet institut pour les transformations environnementales, Sciences Po le lance aujourd'hui,
03:01 vous regrettez de ne pas l'avoir fait avant parce que ces préoccupations environnementales,
03:05 on les entend depuis longtemps, déjà même de la part des étudiants de plusieurs grandes
03:08 écoles, pas que la vôtre, pas que Sciences Po, il y a une envie, un besoin qui est formulé
03:13 depuis déjà pas mal d'années, pourquoi seulement maintenant ?
03:16 Alors, ça c'est une très bonne question, je pense qu'il y a deux manières de vous
03:20 répondre.
03:21 D'abord, la création de cet institut, c'est le résultat d'un cheminement, c'est le résultat
03:24 d'un travail de quelques années qui nous a permis tout d'abord de travailler sur le
03:28 besoin qui était celui des équipes, des enseignants, des étudiants, des salariés
03:32 de Sciences Po et de voir quels étaient les besoins qu'ils avaient, de manière à pouvoir
03:35 soutenir les initiatives qu'ils menaient déjà.
03:37 Nous, on savait qu'il y avait déjà tout ce terreau, toutes ces initiatives qui fourmillaient
03:40 un peu partout, mais on a voulu comprendre quel était le besoin et donc de créer cette
03:44 coordination.
03:45 Et puis, le deuxième élément, c'est qu'on a eu la chance d'être lauréat d'un programme
03:49 d'investissement d'avenir l'année dernière, ce qui s'appelle les PIA4, qui nous ont permis
03:53 en fait de financer la mise en place de cet institut en transversale à l'échelle de
03:56 l'institut.
03:57 Donc, c'est vraiment la rencontre de ces deux éléments.
03:58 D'accord, donc il n'y a pas de retard à l'allumage pour vous ?
04:01 Il n'y a pas de retard à l'allumage, ça s'inscrit vraiment dans une réflexion qui
04:05 est menée depuis une dizaine d'années maintenant sur le sujet.
04:07 Ça fait depuis dix ans et notamment les travaux qu'ont initiés Bruno Latour, Laurence
04:12 Toubiana, qui ont commencé à réfléchir à la manière dont on pouvait renforcer cette
04:15 question au sein de Sciences Po.
04:16 On a longuement hésité sur la forme que cela devait prendre et puis on a progressivement,
04:21 à travers ces besoins, et puis aussi les échanges avec nos partenaires extérieurs.
04:24 Ce n'est pas uniquement un institut qui est dédié à l'interne de Sciences Po, mais
04:27 qui va nous permettre aussi de nous ouvrir sur nos partenaires extérieurs académiques,
04:32 institutionnels, privés, de manière à pouvoir organiser.
04:34 Parce que cette réflexion, elle est aussi évoquée depuis plusieurs années par le
04:38 célèbre climatologue Jean Jouzel, qui d'ailleurs fait partie de votre comité.
04:41 Vous avez un comité au sein de cet institut qui regroupe des personnalités.
04:44 Jean Jouzel en fait partie.
04:45 Et lui, ça fait longtemps qu'il dit que l'enseignement supérieur n'est pas à la
04:48 hauteur de ses enjeux, qu'il faudrait qu'il y ait une formation à la transition écologique
04:51 dans tous les cursus.
04:52 Et ça arrive tard ?
04:53 Oui.
04:54 Alors Jean Jouzel, effectivement, est le président de notre conseil de partie prenante.
04:58 Et puis, on discute beaucoup avec lui sur la manière dont on va pouvoir faire rayonner
05:01 cet institut et l'ouvrir notamment à l'extérieur.
05:04 Et puis, articuler aussi sciences exactes, sciences naturelles et sciences humaines et
05:07 sociales.
05:08 Ça arrive tard ?
05:09 Oui.
05:10 Mais en même temps, et c'est ce que disent par exemple le Chief Project, pour un réveil
05:13 écologique depuis de nombreuses années, on sait bien que créer un cours de culture
05:16 écologique obligatoire en première année pour 1700 étudiants, 7 campus en deux langues,
05:21 avec 10 enseignants, 10 enseignantes, ça ne se prépare pas du jour au lendemain.
05:24 C'est ce qu'on fait depuis le mois de janvier.
05:25 C'est ce qu'on fait depuis le mois de janvier et on a mis une année pour le préparer.
05:27 Et une dernière question, est-ce que c'est aussi une réponse aux bifurcœurs, ces diplômés
05:31 de grandes écoles qui ne veulent pas suivre la voie toute tracée ?
05:33 Je résume vraiment, on se souvient de la rébellion de certains étudiants d'agro-parité,
05:37 vous avez ça à Sciences Po aussi ?
05:38 Alors, on a des étudiants qui nous poussent, qui nous talonnent, qui nous demandent et
05:42 qui cherchent à ce qu'on fasse plus.
05:44 Nous, ce qu'on veut faire avec cet institut et puis les actions que l'on mène à Sciences
05:48 Po, c'est de les aider, les accompagner pour transformer leur vision en action, c'est-à-dire
05:52 en capacité d'action.
05:53 Qu'on ne soit pas dans une attitude de renoncement, mais qu'on soit bien dans la recherche de
05:57 solutions, du débat, de la mise au service de toutes ces idées, de ces visions pour
06:05 répondre à cet enjeu majeur que va être le défi climatique.
06:07 Charlotte Alpern, directrice du tout nouvel institut pour les transformations environnementales
06:12 créé par Sciences Po.