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Élisabeth Borne présente ce lundi la nouvelle stratégie nationale pour la biodiversité : Jean Burkard directeur du plaidoyer de WWF France est l'invité de 6h20. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-6h20/l-invite-de-6h20-du-lundi-27-novembre-2023-3861886

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00:00 * Extrait de la vidéo *
00:20 6h21, la biodiversité s'approverit à un rythme alarmant. 1 million d'espèces animales et végétales sont menacées d'extinction dans le monde.
00:28 Comment la préserver, voire la restaurer ? Elisabeth Born présente ce matin la stratégie française pour la biodiversité.
00:35 Bonjour Jean Burkard, vous êtes directeur du plaidoyer du WWF France, vous serez à Matignon tout à l'heure pour assister à cette présentation.
00:42 Et dans 3 jours, vous vous envolez vers Dubaï pour la COP 28 sur le climat.
00:47 Climat et biodiversité, même combat, les deux sont indissociables.
00:51 Disons que c'est deux crises jumelles. Deux crises qui ont une cause commune, c'est l'activité humaine.
00:56 Donc effectivement, on a commencé à prendre conscience de cette crise climatique.
01:00 Je crois que maintenant, il est accepté par tous qu'il faut tendre vers la neutralité carbone.
01:05 Sur la biodiversité, on a encore du travail à faire, on a encore des gens à sensibiliser.
01:10 C'est le parent pauvre des grands engagements internationaux ?
01:12 C'est encore le parent pauvre des engagements internationaux, exactement.
01:15 Ça pose beaucoup plus de questions, puisque au-delà du réchauffement climatique, il y a la question des pollutions,
01:21 les pollutions de l'eau, de l'air, de la terre, la question de l'artificialisation des sols.
01:26 Et tout ça, il faut évidemment pouvoir lutter de front contre ces différentes causes.
01:34 Préserver la biodiversité, ce n'est pas juste pour le plaisir d'entendre des petits oiseaux chanter le matin, c'est vital !
01:38 La biodiversité, ça remplit des fonctions qui sont indispensables à notre survie en tant qu'économie, en tant que société.
01:44 On a beaucoup documenté la disparition des abeilles et des vers de terre.
01:47 Sans les abeilles et les vers de terre, on ne peut pas avoir les cultures dont on dispose aujourd'hui en France.
01:52 Comment expliquer que la France ait mis autant de temps à établir cette nouvelle stratégie pour la biodiversité, si c'est si important que ça ?
01:58 Il y a plus de deux ans de retard, ça devait être prévu déjà pour le premier quinquennat.
02:02 Ça fait du débat.
02:04 Parce qu'évidemment, on est très heureux aujourd'hui d'avoir une stratégie pour la biodiversité, mais il existe encore des stratégies contre la biodiversité.
02:11 En France, aujourd'hui, il y a chaque année 10 milliards d'euros de subventions qui sont versées chaque année et qui sont dommageables à la biodiversité.
02:19 Et évidemment, au premier rang desquels, 7 milliards d'euros pour l'agriculture.
02:23 Quand on favorise l'agriculture intensive, on détruit la biodiversité.
02:27 Donc en fait, tant qu'il y aura...
02:29 Donc deux tiers des subventions qui sont néfastes à la biodiversité vont à l'agriculture, c'est ça ?
02:35 Exactement. Et donc en fait, tant qu'on aura ces subventions dommageables à la biodiversité, les politiques en faveur de la biodiversité, ça sera une éponge contre un quart cher.
02:42 Mais ça, normalement, Elisabeth Bande, tout à l'heure, devrait dire que ces 10 milliards, c'est fini, c'est ça ?
02:46 Ça, c'est ce qu'on espère, mais je doute qu'elle dise que c'est fini.
02:49 Je doute qu'elle dise que c'est fini parce qu'effectivement, il y a des enjeux économiques derrière.
02:54 On croit encore que l'agriculture intensive, c'est ce qui nourrit la population et c'est ce qui rapporte de l'argent.
03:00 Le problème, c'est que l'agriculture intensive, ça détruit la terre, les pollinisateurs et l'eau qui sont nécessaires à sa richesse.
03:09 Donc l'agriculture intensive se détruit elle-même.
03:11 Et le petit enjeu économique, c'est là toute la difficulté, c'est d'intégrer la biodiversité aux modèles économiques.
03:16 Et ça, c'est justement un des volets que doit détailler Elisabeth Bande tout à l'heure, c'est mobiliser les entreprises.
03:22 Comment on fait pour les mobiliser, pour les embarquer dans ce combat pour la biodiversité ?
03:26 Oui, c'est notre objectif.
03:27 C'est pour la première fois, la stratégie nationale biodiversité va reconnaître que les entreprises ont un rôle à jouer.
03:33 Et l'idée, c'est de pouvoir embarquer un maximum d'entreprises, les grandes évidemment, mais aussi les petites,
03:37 pour qu'elles prennent conscience de leur impact sur la biodiversité et qu'elles s'engagent dans des démarches qui permettent de réduire cet impact.
03:44 Ce qui évidemment pose beaucoup de questions.
03:46 Ça veut dire d'aller voir vos fournisseurs par exemple et de s'assurer qu'ils ne pratiquent pas la déforestation.
03:50 Ça veut dire vous assurer que l'eau que vous rejetez en tant qu'usine ne va pas polluer les cours d'eau de l'ensemble de la population.
03:57 Donc évidemment, c'est des démarches très englobantes que nous chez VVF, on pratique de longue date avec une méthodologie qui s'appelle SBTN.
04:04 On va essayer d'embarquer un maximum d'entreprises.
04:07 Dès cette semaine, on devrait, avec le ministère de la biodiversité, rencontrer des entreprises, leur présenter nos méthodologies
04:13 et essayer de faire cette prise de conscience qui est le préalable à la prise de décision.
04:17 On sait bien que l'argent c'est le nerf de la guerre.
04:19 Est-ce que vous connaissez le montant de l'enveloppe que va dévoiler Elisabeth Borne ou pas ?
04:25 Pour justement défendre cette biodiversité ?
04:28 On devrait être aux alentours de 260 millions d'euros.
04:31 C'est très bien, puisque c'est la première fois qu'on a des moyens attachés à une stratégie nationale biodiversité.
04:37 Après, est-ce suffisant quand je vous parlais des 10 milliards d'euros qu'il faut mettre au regard de ces 264 millions ?
04:43 Evidemment non, et malheureusement on n'en fera jamais assez pour la biodiversité.
04:48 Vu les dégradations qu'on a, vous l'avez cité, ce million d'espèces prêt à disparaître.
04:52 En France, on a 13 000 espèces, 20% sont menacées de disparition.
04:57 Donc il reste beaucoup à faire.
04:59 On l'a vu récemment, l'extra-difficulté en France, vous l'avez dit, qui est d'appliquer l'objectif de zéro artificialisation des terres.
05:05 Au niveau européen, la plupart des derniers grands textes qui pouvaient concerner la biodiversité,
05:09 que ce soit la restauration de la nature, la réduction des plastiques,
05:13 ces textes ont été amoindris ou rejetés.
05:15 L'autorisation du glyphosate a été prolongée de 10 ans.
05:17 Est-ce qu'on prend réellement le bon chemin ?
05:19 On ne prend pas le bon chemin, non.
05:21 Non, on ne prend pas le bon chemin, mais il y a quelques signes positifs qu'on commence déjà à en parler.
05:26 On commence à parler de restauration, on commence à penser que le glyphosate c'est de trop.
05:31 Je crois qu'il reste quand même la crainte, le mythe, qu'on veut mettre la nature sous cloche et qu'on a besoin de la nature.
05:39 Nous, on ne dit pas qu'il faut mettre la nature sous cloche, mais on dit que l'homme ne peut pas vivre dans une bulle,
05:43 qu'on a besoin de la nature et qu'on ne pourra pas réinventer la nature.
05:46 Personne sous cloche, ni l'homme ni la nature, en gros, c'est ça.
05:48 Exactement.
05:49 On vit tous ensemble.
05:50 Vivre en harmonie.
05:51 Voilà, la conclusion est parfaite. Merci Jean Burkard, directeur du plaidoyer du WWF France.
05:57 Vous étiez l'invité du 5/7.

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