Nathalie Arthaud porte-parole de lutte Ouvrière est l'invitée de 6h20, en plein campagne des législatives anticipées qui doivent avoir lieu le 30 juin et le 7 juillet. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-6h20/l-invite-de-6h20-du-lundi-24-juin-2024-9300597
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00:00Dans un monde politique en pleine recomposition, avec des alliances qui se font et se défont,
00:05voilà un pôle de stabilité, un parti qui se distingue par sa constance, qui n'a jamais
00:09changé de ligne.
00:10C'est Lutte Ouvrière et je reçois sa porte-parole.
00:13Bonjour Nathalie Arthaud.
00:14Bonjour.
00:15Pour ces législatives, Lutte Ouvrière présente des candidats dans 550 circonscriptions sur
00:19577.
00:20Vous êtes vous-même candidate.
00:21Est-ce que vous avez hésité à rejoindre le nouveau Front Populaire ?
00:24Non.
00:25Non, parce que nous ne faisons pas confiance.
00:29Dans le nouveau Front Populaire, parce qu'il réunit des partis qu'on a vus au pouvoir,
00:34qui ont trahi les intérêts du monde du travail, qui les ont laissés, laissés confronter
00:40au licenciement, aux fermetures d'usines, à cette dégringolade du pouvoir d'achat,
00:47à ce délitement des quartiers ouvriers, au fait qu'il n'y a même plus maintenant
00:52de médecins pour se soigner.
00:54C'est finalement cette politique-là qui a été menée par Mitterrand, Jospin, Hollande.
01:01Et comment croire qu'on pourrait aujourd'hui leur refaire confiance ?
01:05Vous savez, même pour faire barrage au Rassemblement National.
01:09Oui, c'est ce que j'allais dire.
01:10Exceptionnellement, vous n'êtes pas dit qu'il fallait que toutes les forces de gauche
01:11soient unies.
01:12On voit que le NPA de Philippe Poutou est dans le nouveau Front Populaire.
01:14Combien de fois nous ont-ils dit, votez pour nous, nous allons faire barrage au RN, on
01:19va le faire reculer, etc.
01:20Ce n'est pas un barrage qu'ils ont fait, c'est une autoroute.
01:24Voilà, pour le RN.
01:25Parce qu'encore une fois, ils ont abandonné le monde ouvrier.
01:29Donc c'est tout ça qui ressort aujourd'hui.
01:31Donc nous, nous menons le combat bien sûr contre le RN, parce que sa politique est un
01:36poison pour le monde du travail.
01:38A commencer par sa division, le fait de dresser des travailleurs les uns contre les autres.
01:42Mais ça sera tout en exprimant notre méfiance justement vis-à-vis de la gauche.
01:46C'est pourquoi il y aura des candidats à lutte ouvrière dans quasiment toutes les
01:49circonscriptions.
01:50Et pourquoi vous ne faites pas plus aux élections, je vais citer juste les deux dernières, 056
01:54à la dernière présidentielle, 049 aux dernières européennes ? Pourquoi les travailleurs
01:58qui sont votre priorité, vous venez de le dire, ne vous suivent pas davantage ?
02:02D'abord, je tiens à dire que quand ils veulent se battre, quand ils veulent faire
02:06grève, quand ils veulent se mobiliser, c'est de notre côté qu'ils le regardent.
02:10Ce n'est pas du côté du RN, dont ils savent en réalité qu'ils sont des paillassons
02:17en fait, des plus riches et du grand patronat.
02:19C'est du côté de militants comme nous que les travailleurs regardent.
02:22Mais dans les urnes, c'est vers le RN, 54% des ouvriers déclarent avoir voté pour
02:27Jordan Bardella aux dernières européennes.
02:29Et je pense qu'il y en a encore plus qui s'abstiennent, parce qu'en fait ils réalisent
02:32que de toute façon, il faut qu'ils se débrouillent par eux-mêmes, voilà, ils n'ont pas le
02:35choix.
02:36Ceux qui ont le pouvoir, en effet, ne s'intéressent pas à leur sort, à leurs conditions de vie,
02:41etc.
02:42Mais le problème, si vous voulez, des élections, c'est toujours la même chose, il faut trouver
02:48un sauveur suprême, celui qui va vous sauver.
02:51Et nous, les ouvrières, nous disons qu'il n'y en a pas, ça va dépendre de notre capacité
02:56à nous unir, à nous battre, que les avancées que les travailleurs ont obtenues les ont
03:00arrachées au travers des grèves, des manifestations, des mouvements sociaux profonds.
03:04Donc ça nécessite, en effet, d'avoir confiance dans notre propre capacité et c'est cela
03:11que nous avons perdu.
03:12Et nous, nous disons, il faut retrouver cela, parce que sinon, on reculera encore et toujours.
03:17C'est quand même un constat d'échec, pour vous, vous le dites, les ouvriers font
03:20appel à vous quand il s'agit de se battre dans les usines, mais quand il s'agit de
03:23mettre un bulletin de vote, ce n'est pas le vôtre, c'est celui de l'URM.
03:25Non, c'est un constat d'échec pour la gauche, je tiens d'abord à le dire, parce
03:29qu'elle a eu le pouvoir, elle, et ô combien ! Elle a eu le pouvoir, avec toutes les manettes,
03:37même à une époque.
03:38Elle en a fait quoi ? Elle en a fait quoi ? Au bout du compte, ils sont écrasés, écrasés
03:44devant les Bernard Arnault, les Muliez, les Peugeot, devant le Grand Patronat, devant
03:49les plus financiers, devant les spéculateurs, elle s'est écrasée cette gauche.
03:53Nous, effectivement, on ne nous a pas encore vus au pouvoir, si on n'a pas vu notre
03:57projet.
03:58C'est-à-dire que les travailleurs eux-mêmes dirigent cette société, et moi j'espère
04:01en effet qu'un jour les travailleurs trouveront la force, l'énergie de se révolter pour
04:05dire c'est à nous, finalement, de gérer toute cette société-là, parce qu'elle
04:08marchera mieux.
04:09Mais votre adversaire numéro un, c'est la gauche ou c'est l'URN ?
04:11Notre adversaire numéro un, c'est bien évidemment Emmanuel Macron, sa politique
04:16entre ouvrières et l'URN, et l'URN qui, en effet, est un danger grave pour le monde
04:22du travail.
04:23Vous savez, pour le monde du travail, il y a une chose qui est évidente, et ça c'est
04:27vrai dans toutes les entreprises, la force, leur force, la force des travailleurs, c'est
04:31leur nombre, c'est donc leur unité.
04:34À partir du moment où ils se divisent, ils ne peuvent plus finalement se défendre
04:38contre la rapacité patronale, contre tous les coups qui leur tombent dessus dans les
04:41entreprises.
04:42Et dès qu'ils ont besoin, dès qu'ils veulent se défendre, il faut qu'ils trouvent
04:47cette unité-là.
04:48Et le Rassemblement National, en plus de mentir, de mentir sur sa politique, on voit très
04:55bien quand même comment Bardella, il a déjà abandonné la bourgation, la retraite à 64
05:01ans.
05:02On voit comment il ne supprimera pas la TVA sur les produits de nécessité.
05:05Je ne le dis pas dans un premier temps, mais un peu plus tard.
05:07Oui, enfin, on connaît l'histoire.
05:09La gauche, elle nous l'a fait d'ailleurs.
05:10« Ah oui, mais il n'y a plus d'argent dans les caisses ! ». Mais qu'est-ce que
05:13c'est que cette blague-là ? Il n'y a plus d'argent dans les caisses de Bernard
05:16Arnault ? 200 milliards de fortune, les caisses de la grande bourgeoisie débordent.
05:20Il n'y a plus d'argent dans ce pays ? Mais bien sûr que si, il y en a.
05:23Il y en a pour mettre y compris le SMIC à 2000 euros, vous voyez ? Donc, il y a tous
05:27ces mensonges-là du RN et encore une fois, il y a cette politique de division du monde
05:34du travail.
05:36Il y a plein de petits partis qui disent avoir du mal à organiser cette campagne juste après
05:39les européennes.
05:40Comment faites-vous pour financer ces législatives lutte ouvrière ? Avez-vous les moyens de
05:44soutenir 550 candidats ? De faire imprimer tous les bulletins de vote, les professions
05:48de foi, etc ?
05:49C'est très cher.
05:50Ça nous coûte.
05:51Ça nous coûte beaucoup.
05:522 millions d'euros.
05:53C'est une élection qui nous coûte.
05:54Qui nous coûte, effectivement.
05:55Mais quand on est des militants, quand on se bat, quand on veut se donner les moyens
06:00justement de proposer une politique aux travailleurs, de leur redonner confiance dans ce qu'ils
06:07font, etc.
06:08Et bien, on se donne les moyens.
06:09Voilà.
06:10Donc, on se donne les moyens.
06:11Et d'ailleurs, on a y compris des soutiens, on a y compris des femmes et des hommes qui
06:14sympathisent et qui veulent nous aider à faire entendre cette voix.
06:17Ceux qui voudront voter et contre Bardella et contre Macron, tout en exprimant une méfiance
06:22vis-à-vis des partis de gauche, ils pourront le faire avec nos 550 candidats.
06:26Nathalie Arthaud, porte-parole de Lutte ouvrière et candidate vous-même aux législatives.