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Eric de Riedmatten reçoit chaque week-end un invité dans #LHebdoDeLEco pour approfondir un sujet économique.

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00:00 On va parler du marché des éoliennes avec l'un des derniers acteurs français, la société Vernier, basée à Orléans.
00:06 Face à elle, il y a les fabricants chinois de plus en plus puissants qui sont prêts à conquérir l'Europe.
00:12 Avec nous, Vincent Demoni. Merci.
00:14 Vous voulez innover, c'est le seul moyen de contrer les Chinois ?
00:18 C'est le seul moyen de contrer les Chinois.
00:20 L'arrivée des entreprises chinoises sur le marché européen, qui est le marché le plus important pour les éoliennes, est un défi.
00:27 C'est un défi qui est très stimulant et qui nous demande d'innover dans notre capacité à répondre à ces obligations.
00:36 On a perdu la main en Europe. Il y avait pourtant de beaux acteurs.
00:39 Il y a des très beaux acteurs aujourd'hui, Vestas, Gérard Léaélectrique. On n'a absolument pas perdu la main.
00:43 On est encore une fois le marché le plus important.
00:46 Mais par contre, on a des concurrents chinois qui sont appuyés par des gouvernements qui joignent les efforts capitalistiques aux paroles politiques.
00:56 Ce qu'il faudrait, nous, c'est que dans un espace de souveraineté, l'Union européenne se mobilise pour donner des solutions et pour épauler les entreprises.
01:04 Et bien sûr, elle ne le fait pas, comme toujours. C'est pareil pour la voiture électrique.
01:07 Elle rentre massivement, mais pour l'instant, il n'y a pas vraiment de taxes.
01:10 On se souvient des panneaux solaires.
01:11 Les panneaux solaires. Certains disent tout de même que soit on stoppe les Chinois aux entrées des frontières, soit au contraire,
01:17 on les laisse venir pour qu'au moins ils créent des usines et fabriquent sur place en Europe. C'est quoi la meilleure solution ?
01:22 Effectivement, il y a deux visions. On soit en considère que l'éolienne, l'énergie en général, c'est un sujet de souveraineté,
01:28 c'est un sujet de sécurité. Et à l'instant, on monte des herses.
01:31 Soit on considère effectivement qu'on laisse entrer les Chinois et que cette stimulation nous permet à la fois de développer,
01:37 mais aussi de les faire rentrer dans le jeu européen.
01:39 Ça ferait des emplois.
01:40 Ça ferait des emplois et puis ça lisserait un petit peu les règles qui peuvent être différentes entre la Chine et ce qu'on voit en Union européenne.
01:47 C'est ça. Mais vous, le petit français, si j'ose dire, parce que même c'est vous-même qui le dites, on est petit, comment résister ?
01:53 Mais nous, 95% de notre chiffre d'affaires est à l'étranger. Donc on résiste très bien. On n'est pas dépendant du marché français.
02:00 Nos éoliennes sont anticycloniques. Elles sont rabattables. Donc en fait, nos clients ne sont pas en France.
02:06 On a une éolienne qu'on a créée au début des années 2000. On est en train d'en créer une seconde qui sera plus puissante
02:11 et qui effectivement, celle-là, pourra répondre à des besoins du marché européen.
02:15 Nous, on considère qu'il y a une place pour tout le monde. Aujourd'hui, l'éolienne, c'est à peu près 30 000 emplois en France, directs et indirects.
02:22 C'est le premier employeur dans les énergies renouvelables. C'est plus 40% d'emplois depuis 2019. Donc c'est un marché très intéressant, très important.
02:30 Et pourtant, il y a vraiment des opposants parce qu'on parle de pollution visuelle, on parle de problèmes de recyclage.
02:36 Qu'y faut-il croire ? Parce qu'entre les gouvernants qui disent « il faut des éoliennes » et les anti-éoliennes qui veulent les détruire.
02:42 Alors il y avait des opposants aux phares, maintenant on les visite. Il y avait des opposants aux moulins avant, au XIIe siècle.
02:48 Il y a des récits de moines qui demandaient la destruction des moulins en vin. Il y a effectivement des opposants aux éoliennes,
02:54 mais je pense que c'est des oppositions qui sont des oppositions de plus de principes. On parle de problèmes de bruit, mais en fait, les éoliennes ne font plus de bruit.
03:02 Aujourd'hui, on a beaucoup avancé là-dessus. On dit parfois que les éoliennes sont installées n'importe où et n'importe comment.
03:07 Ce n'est pas vrai. Il y a des études, les dossiers administratifs sont très lourds.
03:12 On parle quand même de l'emprise de béton qui est considérable.
03:16 Chez Vernier, on a une emprise de béton qui est très légère et on remplace des centrales hydrogène-diesel.
03:22 Notre empreinte carbone est réduite en moins d'un an. Toute cette partie-là est recyclable.
03:28 Ce qui n'est effectivement pas recyclable encore aujourd'hui, c'est la partie composante, donc les pales et les jambes.
03:33 Qu'est-ce qu'elles deviennent ? On dit qu'elles sont enterrées, c'est vrai ?
03:35 Non, elles ne sont pas tout à fait enterrées. On peut parfois les réutiliser dans un certain nombre d'autres applications.
03:41 Mais c'est vrai qu'aujourd'hui, la recherche et l'innovation se penchent sur ces sujets.
03:45 Justement, quand on les décompose, qu'est-ce qu'elles deviennent ? Ça va se réutiliser après ?
03:50 Ça pourrait être réutilisé. Il y a beaucoup de recherches, notamment EDF et Total, qui travaillent sur ces sujets.
03:55 Il y a beaucoup de chercheurs qui sont financés par ces entreprises et qui travaillent sur ces sujets.
04:00 Donc elles pourraient avoir une deuxième vie ?
04:01 Je pense qu'elles pourraient avoir une deuxième vie. Je pense que c'est sur ces dossiers, sur ces sujets d'innovation,
04:05 que l'Europe, sa filière de formation d'ingénieur, a quelque chose à dire.
04:09 Mais qu'est-ce qu'on va devenir, nous, Français, si on n'a plus aucun fabricant ?
04:12 Ça, c'est une très bonne question, mais ce n'est pas une question auxquelles les entreprises peuvent répondre.
04:16 En tout cas, vous résistez.
04:17 Nous, on résiste. C'est vraiment les décideurs politiques qui doivent se saisir de ces sujets de souveraineté.
04:22 On parle évidemment d'éoliennes, donc c'est un mât avec des pales, mais derrière ça, c'est de l'énergie.
04:26 Les composants, c'est quand même des matériaux précieux, rares, sur les pales. C'est de l'aluminium, parfois c'est du zinc.
04:33 Il y a quand même beaucoup, beaucoup de composants coûteux, d'ailleurs.
04:36 Il y a beaucoup de composants coûteux.
04:38 Mais alors, ils viennent d'où ?
04:39 Ils viennent de Chine, ils viennent aussi d'Europe. Nous, une grande partie de nos composants dans nos nacelles sont européennes, presque françaises.
04:48 Donc il y a une sorte de souveraineté.
04:49 On pourrait, l'Union européenne pourrait dire dans un appel d'offres d'éoliennes qu'un certain nombre de composants doivent venir de l'Union européenne.
04:56 Aujourd'hui, ce n'est pas le cas. Ça pourrait être une initiative européenne.
04:58 Est-ce que c'est un marché vraiment important ou est-ce qu'à terme, il va s'étouffer ?
05:02 Non, non, c'est un marché extrêmement important.
05:04 On est capable, en Europe en tout cas, on est béni.
05:06 On est capable, en ce qui concerne en tout cas les éoliennes offshore, de produire plus d'énergie en 2050 qu'il y a de besoin d'électricité dans le monde.
05:15 Donc non, non, ce n'est absolument pas un marché qui s'éteint.
05:19 On est aujourd'hui dans une production de 40 TWh d'éolien de vent.
05:25 On était à 10 il n'y a même pas une dizaine d'années.
05:28 Donc on a connu le secteur.
05:30 Certains vont vous dire qu'on a le nucléaire, ça peut suffire.
05:32 Non, on a le nucléaire et je pense que c'est une filière très importante de la France.
05:35 Je pense que c'était une idée extraordinaire du général De Gaulle et de ses gouvernements.
05:38 Il faut conserver et je pense qu'il ne faut pas opposer le nucléaire, l'éolien, le solaire.
05:44 Ce sont des énergies qui sont non fossiles.
05:46 Il faut qu'on arrive à ce que le gouvernement demande en 2050 à avoir une production non carbonée.
05:51 Ces deux grands piliers doivent coexister.
05:55 On sait très bien que les usines sont vieillissantes.
06:01 Il va falloir refaire les centrales.
06:03 C'est acquis, on va en refaire.
06:05 Le temps qu'on en refasse, il faut bien produire de l'électricité.
06:07 Nous, on est là pour répondre à ces sujets.
06:09 Orléans depuis 1989, donc ça c'est vernier.
06:12 Quelle est l'origine de l'entreprise ? Vous n'avez pas toujours fait des éoliennes ?
06:16 A l'origine, on faisait des pompes hydrauliques activées par l'homme en Afrique.
06:21 Ensuite, au début des années 90, on a fait des toutes petites éoliennes qu'on vendait en France et à l'international.
06:27 C'est au début des années 2000 qu'on s'est mis à faire cette éolienne rabattable anticyclonique
06:31 pour répondre aux besoins d'un certain nombre de nos clients, des Domtom, de l'Ile-de-la-Réunion, de la Nouvelle-Calédonie.
06:37 On peut les voir se rabattre en 4 temps.
06:40 C'est ça, c'est une éolienne qui se rabat en 1 heure.
06:43 Et l'entreprise, aujourd'hui, vous cherchez des partenaires pour vous renforcer ?
06:47 On cherche des partenaires, on est dans une compétition mondiale.
06:49 On vient d'organiser la Coupe du monde de rugby.
06:51 J'aime beaucoup l'idée de compétition.
06:53 La compétition stimule, on cherche des partenaires pour croître et nous aider à nous développer.
06:57 Et rester français.
06:58 Et rester français, évidemment.
07:00 Et à Orléans.
07:01 Oui, à Orléans, c'est clair.
07:02 Vincent Demoni, merci d'être venu sur CNews, restez avec nous.
07:06 [Musique]
07:10 Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org

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