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L’Observatoire de l’Épargne Européenne a mis à jour son indice de performance de l'épargne financière des ménages français avec les données du troisième trimestre 2023. Cet indice permet notamment de comprendre les comportements d’épargne des ménages, il met en lumière la contribution de chaque classe d’actifs à la performance globale de l’épargne financière des ménages, et d’autres choses qu’expliquent Grégoire Naacke, Directeur de l’OEE, et Laetitia Gabaut, économiste à l’OEE.

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Transcription
00:00 Et nous enchaînons à présent avec enjeu patrimoine. Nous allons revenir ensemble sur l'indice de performance de l'épargne financière des ménages français pour le second trimestre 2023.
00:15 Un indice calculé par l'Observatoire de l'épargne européenne. Pour en parler, nous avons le plaisir de recevoir sur le plateau de Smart Patrimoine Laetitia Gabot.
00:22 Tout d'abord, bonjour Laetitia Gabot. Bonjour. Vous êtes économiste au sein de l'Observatoire de l'épargne européenne. Vous allez pouvoir nous expliquer dans un instant un petit peu ce que l'on constate sur le second trimestre 2023.
00:32 Juste avant, nous avons le plaisir d'accueillir également Grégoire Nacq. Bonjour Grégoire Nacq. Bonjour. Vous êtes directeur de l'Observatoire de l'épargne européenne.
00:40 Alors cet indice, cet indice de performance de l'épargne financière des ménages français, on en a déjà parlé dans l'émission, mais on va quand même rappeler aux gens qui nous écoutent deux choses.
00:48 Déjà l'objectif de calculer un indice comme celui-là et ensuite la méthodologie pour arriver à cet indicateur Grégoire Nacq. Alors merci. L'objectif, c'est d'avoir un indice de mesure synthétique et globale de la performance du patrimoine financier des ménages français.
01:08 Parce qu'on va souvent parler de l'assurance vie, des différents produits. Bien sûr. Mais on a rarement cette vision globale. Au final, le ménage français moyen, quelle est la performance de son patrimoine ? Est-ce qu'il gagne ou perd de l'argent sur la période ? Voilà.
01:24 Et par ailleurs, un indice, c'est aussi parfois un benchmark. C'est-à-dire que le ménage individuel qui a gagné 5% sur 3 ans, il peut se dire par rapport au ménage lambda.
01:36 Alors ménage lambda, en fait, nous, c'est le ménage typique au niveau macroéconomique de tous les ménages agrégés. C'est peut-être un peu la limite de cet indice.
01:46 C'est que ça regroupe des types de profils très différents, des types de revenus très différents. En même temps, c'est son objectif. C'est les ménages français dans leur globalité. C'est son objectif.
01:56 Mais on est au début de cet indice. Et c'est un projet de place qu'on a lancé avec l'ensemble des membres de l'OEU, qui sont les acteurs financiers de la place de Paris.
02:07 Et donc moi, je pense déjà à plein... Ce serait bien d'avoir le même dans les autres pays d'Europe.
02:12 – Bien sûr. Ça n'existe pas aujourd'hui, non ? On commence par la France et... avec la même méthodologie. En tout cas, ça n'existe pas aujourd'hui.
02:18 – Je ne veux pas rentrer dans des détails trop techniques. Mais ce qui nous bloque, ce qui est bien en France, c'est qu'on a... La Banque de France fait la distinction
02:26 dans les produits d'OPCVM ou les produits d'assurance vie entre les supports en euros, les supports en unité de compte, les différents types d'OPCVM.
02:34 Ce qui nous permet de transpariser la détention d'action à travers les différents produits. Et au final, de regarder ce qui nous intéresse
02:42 et ce qu'on essaye de présenter de manière assez synthétique dans cet indice, la grande poche produit de taux et la grande poche produit de fonds propres.
02:51 Et de voir ce qui contribue.
02:53 – Alors, on va rentrer un petit peu dans le détail. Mais alors, juste avant, une question générale.
02:57 Laetitia Gabot, qu'est-ce qu'on constate au second trimestre 2023 en matière de performance de l'épargne financière des ménages français ?
03:05 Avec tous les garde-fous que nous a donné Grégoire Nac, déjà qu'on réfléchit au global.
03:11 Donc effectivement, après, on ne rentre pas dans le détail des différents revenus. Mais alors, qu'est-ce qu'on constate au global ?
03:15 – On constate que du coup, il y a une performance globale de 3,79% en nominal.
03:23 Mais cette performance, si on compte l'inflation, elle est diminuée parce que l'inflation a beaucoup impacté cette performance.
03:31 Et donc, elle reste en réelle négative. Mais quand même, depuis deux trimestres, on constate que cette performance est redevenue positive.
03:39 – C'est-à-dire qu'elle reste négative, mais moins que les deux trimestres précédents ? C'est comme ça qu'il faut le comprendre ?
03:47 – Exactement, oui. Voilà. Et notamment sur le dernier trimestre où la performance réelle n'est que de -1%.
03:55 – Grégoire Nac, qu'est-ce que ça nous dit ? Ça nous dit qu'il y a eu un changement dans les investissements sur les derniers trimestres ?
04:01 Ou que les fonds euros ont plus rapporté ?
04:03 – Non, alors, la première chose que ça nous dit, c'est que l'inflation, c'est nouveau pour beaucoup de...
04:09 Là, je parlais des différents profils d'épargnants. Depuis 20 ans, on n'a pas eu d'inflation comme ça.
04:16 Donc, quand on regarde l'indice sur 10 ans, c'est la première fois qu'on a des performances significativement négatives en termes réels,
04:24 à cause de la montée de l'inflation. Et donc, ça, c'est nouveau.
04:28 Et malheureusement, les ménages mettent du temps à s'adapter. Et c'est compliqué pour un ménage d'appréhender cette inflation.
04:37 La perception qu'il a de l'inflation ou des taux n'est pas forcément la perception réelle.
04:43 Et donc, paradoxalement, alors que notre indice, pour la première fois depuis 10 ans, est négatif en termes réels,
04:51 est assez fortement négatif, beaucoup de ménages ont l'impression de enfin gagner de l'argent parce que le livret A est à 3%.
04:57 Alors qu'en fait, ils en perdent plus qu'avant parce que l'inflation est plus élevée.
05:02 Et qu'ils mettent du temps, enfin, ce qu'on voit aussi dans notre indice, c'est que la composition est très, très stable dans le temps,
05:10 sur les 10 dernières années, la part fonds propres et produits taux. En gros, il y a 80% de produits de taux et 20% de produits de fonds propres.
05:21 Ça a peu évolué. Donc c'était 84-16% 10 ans avant. Mais ça évolue un peu depuis. Enfin, depuis 5-6 ans, ça reste très stable.
05:29 — Donc ça veut dire qu'en gros, les investissements réalisés par les ménages français n'évoluent pas.
05:37 Et ce, malgré par exemple un contexte, Laëtitia Gabaud, un contexte inflationniste qui, lui, pour le coup, a été largement documenté depuis un an.
05:46 Tous ceux qui s'intéressent de près ou de loin à leur épargne ont entendu parler de l'impact de la hausse des taux sur le sujet.
05:51 Et pour autant, ce que vous constatez, c'est qu'il n'y a pas eu de grand mouvement.
05:55 — C'est ça. La composition globale du patronne financier reste relativement stable dans le temps. Et c'est vrai que les ménages ont du mal à s'adapter.
06:02 Et en fait, ce qu'on constate, c'est que justement l'épargne liquide reste encore fortement prédominante dans le patrimoine total des ménages.
06:11 — Et on arrive... Alors effectivement, c'est pas l'objectif de l'indice, mais à avoir quelques clés d'explication là-dessus ?
06:17 Alors on peut se dire effectivement que comme là, plus récemment, ça a offert de meilleures performances, ça a pas forcément incité les investisseurs à sortir.
06:27 Mais quand on essaie de comprendre ce comportement, qu'est-ce qu'on peut identifier ?
06:35 — En fait, les ménages français restent quand même frileux par rapport au risque. Beaucoup n'aiment pas prendre trop de risques.
06:41 Et donc c'est vrai que le livret A et l'assurance vie en euro restent des placements phares, en fait, pour les ménages français.
06:49 Et notamment, là, le livret A, avec un taux à 3 %, beaucoup de gens préfèrent investir dans leur livret A, malheureusement.
06:56 — Malgré le fait qu'ils perdent de l'argent, comme le disait Grégoire Nac par rapport à un taux d'inflation.
07:01 Je sais que j'ai sous les yeux effectivement un certain nombre de comparatifs que vous avez faits, Laetitia Gabo.
07:06 Si on compare par exemple à un indice action ou un indice obligataire sur une dizaine d'années...
07:11 Alors là, c'est le CAC 40 que j'ai sous les yeux quand on parle d'indice action. Comment se situent les parrains financiers des Français ?
07:17 Est-ce que la prudence paie ou au contraire... ?
07:21 — Bah disons que s'ils avaient investi en actions sur longue période, ils auraient eu une meilleure performance.
07:27 — D'accord. Oui. — Voilà.
07:29 — Sachant que vous calculez sur 10 ans. On parle de la performance sur le deuxième trimestre 2023.
07:33 Mais vous étalez ça ensuite sur 10 ans, bien sûr, parce qu'on garde de l'épargne longue.
07:36 — Sur longue période, investir en bourse est forcément plus rentable que d'investir sur des produits liquides.
07:43 Mais ça, c'est encore une conception que les ménages français ont du mal à intégrer.
07:47 — Et alors si on avait été sur un indice obligataire, c'est là où c'est intéressant, puisqu'aujourd'hui, tout le monde parle du retour de l'obligataire.
07:54 Mais si on regarde sur les 10 dernières années, c'est peut-être pas forcément vrai.
07:57 — Voilà. C'est pas forcément vrai. Et si on regarde là, par exemple, l'obligataire, il y a eu la hausse des taux.
08:03 Mais on remarque que quand même la performance a été relativement stable autour d'un peu moins de 1%. Voilà.
08:11 — Grégoire Naque, qu'est-ce que ça nous dit, ces comparatifs entre effectivement la manière dont les Français ont de gérer leur épargne,
08:19 qui n'a pas l'air de tellement bouger dans le temps, si je comprends un petit peu effectivement ce que vous calculez sur l'indice,
08:25 et les différentes autres possibilités qui auraient pu leur être offertes sur le même laps de temps ?
08:33 — Oui. Alors ce que ça nous dit, c'est que l'investisseur particulier, c'est pas un investisseur institutionnel sophistiqué.
08:41 Et déjà, comprendre l'obligataire, c'est pas facile. Et en fait, quand il investit dans l'obligataire, c'est à travers des produits d'assurance-vie.
08:49 Et pourquoi ? Pour moi, il y a deux raisons principales. Un, la fiscalité. Et deux, la manière dont les produits sont vendus.
08:56 Et la fiscalité, moi, je pense qu'en France, c'est très important. Souvent, on dit le produit préféré des Français, c'est l'assurance-vie.
09:03 Mais l'assurance-vie, pour moi, c'est une enveloppe fiscale. — Bien sûr. Après, tout dépense qu'on met dedans.
09:07 — Des obligations et des actions. Mais donc ça, c'est une question d'éducation financière. Et c'est normal. Enfin on peut pas demander
09:14 à quelqu'un qui n'est pas familier du sujet à s'adapter à un environnement économique complexe comme le ferait un investisseur institutionnel.
09:23 Ça veut pas dire que ça bouge pas du tout. Et je pense que par exemple... Enfin la part des UCÉ augmente petit à petit,
09:30 que les ménages commencent à prendre conscience du fait que sur le long terme, ce sont les actions qui leur apporteront de l'argent.
09:36 — Bien sûr. — Mais c'est notamment aussi... Je pense que la loi PACTE en France a eu un impact là-dessus. Et les incitations fiscales ont un rôle clé.
09:48 — Est-ce qu'on a... Alors Grégoire ou Laëtitia, est-ce qu'on a une idée, une cartographie, une photographie du patrimoine moyen des Français
09:58 aujourd'hui, enfin des ménages français, entre immobilier détenu en direct, action détenue en direct, assurance vie, compte-titres ?
10:06 On a la capacité d'avoir des ordres de grandeur de ce patrimoine ? — Oui. C'est quelque chose qu'on suit régulièrement assez bien.
10:16 Et Laëtitia, qui produit le tableau de bord de l'OE, qu'on publie chaque trimestre, là aussi, enfin on regarde chaque élément.
10:23 En gros, sur le patrimoine financier, il y a 45% de liquidité, 40% d'assurance vie et 15% d'actions cotées détenues directement et indirectement.
10:42 Dans nos analyses, on a tendance à toujours retirer, nous, les actions non cotées... — D'accord. Oui.
10:47 — ...à cause des méthodes de valorisation qui peuvent être incertaines et du fait que souvent, c'est des entrepreneurs qui détiennent
10:56 en fait leur outil de travail plus que les investissements. — Et ça pourrait venir fausser l'analyse, effectivement. — Exactement. Donc on préfère retirer.
11:03 Et ensuite, au patrimoine global, il y a 60% de... Tu me corriges si j'évoque. 60% de non financiers et 40% de financiers.
11:15 — Bon. Et donc on a dit effectivement que ça évoluait pas beaucoup dans le temps. Un mot peut-être pour conclure. Laetitia Gabo, on repasse en positif,
11:22 même si en réel, face à l'inflation, on reste négatif. Est-ce que ça veut dire qu'on peut s'attendre à ce que le mois prochain...
11:28 Alors je sais qu'effectivement, les chiffres le diront de toute façon, que le trimestre prochain, on continue sur une dynamique positive.
11:35 Ou comment est-ce qu'on voit un petit peu la fin de l'année ? — Alors là, sur le troisième trimestre, on va bientôt avoir les données.
11:42 Mais toutes ne sont pas encore disponibles. Mais déjà, ce qu'on a pu voir, c'est qu'il y a eu quand même une baisse des marches actions,
11:49 notamment du 4,40. Et donc ça devrait quand même impacter négativement l'indice. Mais peut-être dans une moindre mesure,
11:56 étant donné que ça représente que les actions représentent 15% à peu près du patronage financier des ménages.
12:02 Et après, comme le reste reste relativement stable, voilà. On devrait espérer pouvoir rester sur une dynamique un peu positive. Voilà.
12:13 — Grégoire Nac, même question pour conclure. Qu'est-ce qu'on peut identifier de cet indice ou conclure de cet indice
12:20 ou peut-être se projeter un petit peu sur la suite ? — Je pense que la période qui vient est intéressante, parce que comme je le disais au début,
12:29 c'est nouveau. C'est nouveau parce qu'il y a de l'inflation, ce qui n'existait pas avant, et qu'on revient petit à petit à des niveaux plus raisonnables.
12:37 Mais il y a des taux, quoi. Et ça, je pense que vraiment, pendant 10 ans, même plus, il y avait des taux à zéro.
12:46 Et donc l'investisseur, il était forcément passif, parce qu'il n'y avait pas le choix entre soit ses liquidités ou de prendre du risque sur
12:54 le marché action. Et donc je pense qu'on devrait revenir à des performances qui soient plus stables. Mais c'est plus compliqué à comprendre aussi,
13:02 parce que comme je disais, le marché obligataire, il faut comprendre les tenants et les aboutissants. Et donc c'est pas toujours évident de jouer
13:11 avec ces différents ingrédients que sont les taux, l'inflation et l'évolution des marchés actions, qui restent encore hauts,
13:16 même s'il y a une petite baisse. On reste encore au-dessus du niveau de fin d'année. — On reste sur des niveaux élevés, effectivement.
13:21 Merci beaucoup, Grégoire Nacq, directeur de l'Observatoire de l'épargne européenne, de nous avoir accompagné dans l'émission.
13:27 Merci également, Laëtitia Gabaud, économiste au sein de l'Observatoire de l'épargne européenne. Et quant à nous, on se retrouve tout de suite
13:33 dans l'œil du CGP.

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