• l’année dernière
Avec Stéphane Pichon, président du Conseil régional de l'ordre des pharmaciens en PACA

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##C_EST_A_LA_UNE-2023-10-30##

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News
Transcription
00:00 - Monsieur de Radio, à 7h13, cette question dans l'actualité, va-t-on connaître une nouvelle pénurie de médicaments cet hiver ?
00:06 C'est en tout cas l'inquiétude des pharmaciens. L'an dernier, 3 700 médicaments ont connu des pénuries ou des tensions d'approvisionnement.
00:12 Fin août, on en était déjà à 3 500. Stéphane Pichon, bonjour.
00:16 - Oui, bonjour.
00:17 - Et merci d'être avec nous ce matin sur Sud Radio. Vous êtes président du Conseil Régional de l'Ordre des Pharmaciens, en PACA.
00:23 Quelle est aujourd'hui la... et en Corse, qu'on n'oublie pas bien évidemment, quelle est aujourd'hui la situation dans les pharmacies de la région ?
00:30 Vous rencontrez déjà des ruptures de stock.
00:33 - Écoutez, c'est simple. Moi, j'ai tiré la sonnette à l'arme depuis 2019. Donc c'est malheureusement pas nouveau.
00:37 C'est accommodé par une forme de casse thérapeutique qui sont les antihypertenseurs, les Sartan.
00:42 Même à des ruptures d'antibiotiques, ça, tout le monde le sait, parce qu'on en parle fréquemment de l'oxycine, notamment.
00:49 Alors de temps en temps, un petit miracle arrive. On arrive à avoir un arrivage par les génériqueurs.
00:55 Mais il faut savoir qu'il y a deux types d'alimentation, d'approvisionnement de produits.
00:58 Il y a le gros six répartiteurs, les petits camions qui tournent dans la ville, que tout le monde voit, et qui vous amènent des médicaments de...
01:05 Par eux, il est quasiment impossible d'en avoir.
01:07 Donc parfois, en un mois, un mois et demi avant d'avoir un arrivage par des génériqueurs,
01:12 et sur des quantités qui sont absolument impensables par rapport au nombre de personnes qu'on doit traiter.
01:20 Et aujourd'hui, on a aussi des manques de corticoïdes, d'antiarrithmiques, on a eu des manques de produits contre le diable.
01:27 Il y a un panel de médicaments qui manque et qui est assez important.
01:31 - Ça veut dire, Stéphane Pigeon, que ça concerne aussi bien les médicaments pour les épidémies hivernales que pour les pathologies chroniques ?
01:37 C'est généralisé, finalement, c'est ça ?
01:39 - C'est généralisé, effectivement. Et vous savez, on a la chance de vivre dans une région qui, avec un temps clément jusqu'à présent,
01:45 mais dès que ce temps va se refroidir, on va se retrouver confronté à une augmentation.
01:50 En plus, on a moins l'habitude du froid que, par exemple, les zones du Nord.
01:53 Et donc, tout de suite, il va y avoir un flux de malades qui va être important et qu'on n'arrivera peut-être pas à soigner.
01:59 On trouvera toujours une solution. Les pharmaciens ont dans leur panel beaucoup de produits qui peuvent remplacer les uns les autres.
02:06 Mais c'est-à-dire que c'est très difficile de soigner un flot de populations importantes si demain arrive une épidémie de grippe ou de quoi que ce soit,
02:13 même si la grippe est une infection virale.
02:15 - On a les pharmacies qui peuvent aussi fabriquer des médicaments ? Ça peut être en recourse ?
02:21 - Bien sûr. Nous avons les pharmacies qui sont agréées par l'Agence régionale de santé pour fabriquer des préparations magistrales,
02:27 on appelle ça donc des préparations magistrales, mais qui, par contre, n'arriveront jamais à être l'équivalent d'une industrie.
02:34 Il faut savoir qu'elles représentent à peu près 20% des fabrications, avec un coût largement supérieur au coût du médicament industriel.
02:41 Il faut se rappeler quand même aussi que tout arrive de différentes conséquences, des difficultés d'approvisionnement, des difficultés dans le remboursement des produits.
02:49 Donc, il y a des pays qui sont favorisés par rapport aux nôtres.
02:52 Et donc, on a quand même toute cette chaîne de problématiques qui fait qu'aujourd'hui, au comptoir, le pharmacien...
02:57 Je vais le donner rapide quand même à tous les auditeurs que ce n'est pas le pharmacien qui est responsable de la pénurie.
03:02 C'est-à-dire que si le patient ne trouve pas le médicament dans sa pharmacie, c'est pas seulement le pharmacien.
03:08 J'ai absolument envie que mon patient soit soigné, soigné.
03:10 - Est-ce que vous avez des situations de tension importante, déjà, dans les pharmacies ? C'est ce que vous constatez ?
03:16 - Bien sûr, c'est pour ça que j'utilise votre réseau radiophonique pour dire aux gens, ce n'est pas la faute du pharmacien.
03:23 Le pharmacien, lui, il n'a qu'un intérêt, c'est de distancer un traitement pour que les gens soient soignés.
03:27 Si on ne l'a pas, c'est qu'on ne peut rien faire.
03:28 - Très concrètement, vous craigniez une année pire que l'année précédente, que l'hiver dernier, Stéphane Pichon ?
03:35 - Écoutez, si ça continue comme ça, on va avoir des problèmes, oui.
03:38 Moi, quand je vois que j'arrive à avoir une boîte par jour, deux boîtes par jour par mon grossisserie partiteur,
03:43 c'est-à-dire que je soigne une demi-personne, quasiment, je me fais du souci.
03:47 - Pourtant, les autorités sanitaires se voient plutôt rassurantes en expliquant que les stocks sont suffisants au niveau des industriels pour passer l'hiver.
03:55 À vous entendre, vous ne partagez pas ce constat ?
03:59 - Écoutez, la grosse difficulté, c'est qu'entre des autorités et des industriels,
04:03 il y a un temps de latence qui est important entre le moment où ces produits seront disponibles chez l'industriel
04:08 et dans une pharmacie. C'est-à-dire que vous, quand vous êtes malade,
04:11 c'est aujourd'hui que vous avez besoin des produits.
04:13 Ce n'est pas dans un éventuel plan qui sera débloqué dans quelques temps.
04:16 Moi, ce que je demande, effectivement, il s'avère que les industriels sont censés avoir quatre mois de stock.
04:22 Ils bloquent le stock à deux mois et qu'ils libèrent les deux mois de stock en plus.
04:27 Parce que là, nous, aujourd'hui, c'est maintenant qu'on a besoin des médicaments.
04:30 - Mais il y a eu des mesures d'urgence quand même qui ont été mises en place, je pense à l'augmentation de 10% du prix de l'amoxycyline,
04:37 en échange justement d'une garantie de la part des industriels d'avoir des stocks suffisants pour l'hiver.
04:43 Ça ne suffit pas, ça ?
04:44 - Écoutez, je vous le dirais, le Conseil de l'Ordre, c'est là pour gérer l'éthique, pour gérer la situation d'une profession, la stabilité d'une profession.
04:50 On n'est pas des syndicats qui gérons l'économie des médicaments.
04:53 Mais pour information, la gélule d'amoxycyline se vend 22 centimes d'euros.
04:58 Elle est augmentée de 10 centimes, ça veut dire qu'elle va se vendre 24 centimes.
05:02 Par comparaison, en Autriche, elle est à 53 centimes et en Allemagne, elle est à 73 centimes.
05:07 Donc, vous comprenez que le choix pour les industriels, les industriels, ce n'est pas des financiers,
05:12 ce sont des gens qui font du business international, le choix est vite fait.
05:15 Donc, à un moment donné, il va falloir trouver des solutions ou alors être maître de la fabrication,
05:20 faire des usines chez nous, avec peut-être des conventions collectives particulières pour qu'il n'y ait pas de charges sur les employés,
05:25 pour faire baisser le prix de ces médicaments et que nous soyons les producteurs.
05:29 En même temps, nous aurons la main sur la logistique, sur la fabrication, sur la distribution,
05:33 tout sera fait pour qu'on puisse répondre comme une armée à une épidémie chez nous en France
05:39 et qu'on soit maître de notre distribution et de notre fabrication de médicaments.
05:42 - Stéphane Bichon, je rappelle, vous êtes président du conseil régional de l'ordre des pharmacies en région PACA et Corse.
05:48 Merci d'avoir été avec nous ce matin sur Sud Radio et bonne journée à vous.
05:52 au revoir.

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