Avec Leïla Chaouachi, pharmacienne au centre d’addictologie de Paris, rapporteure d’une enquête annuelle sur la soumission chimique auprès de l’Agence du médicament
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NewsTranscription
00:00Sud Radio, la vérité en face, Patrick Roger.
00:04La vérité en face, le procès des viols de Mazan.
00:07Gisèle Pellicot est le symbole des victimes de la soumission chimique, on va en parler avec vous.
00:13Leïla Chawashi, bonjour.
00:16Vous êtes pharmacienne au centre d'addicto-vigilance,
00:19c'est un centre où vous êtes là pour essayer de travailler
00:23sur justement cette addictologie à la soumission chimique.
00:28Et quel est le phénomène ? C'est ce qu'on va voir avec vous.
00:32Alors dans le cas de Gisèle Pellicot, elle raconte qu'elle ne se souvient de rien.
00:37Elle a tout découvert à travers les vidéos retrouvées sur le portable et l'ordinateur de son mari.
00:43Son mari interpellait un peu par hasard en 2020
00:46alors qu'il filmait sous les jupes de certaines femmes, de filles,
00:51dans un supermarché de Carpentras.
00:53Il prend des bonnes prises de vue votre téléphone, il est en train de filmer sous votre robe.
00:57Si, vous portez plainte, il est en train de filmer sous votre robe le téléphone comme ça, à l'instant.
01:01Allez, police, police direct.
01:03Voilà, donc c'est un vigile, la sécurité qui s'est aperçue
01:07et pendant l'enquête ensuite, il y a eu des enquêteurs
01:11qui ont eu la bonne idée de regarder son portable
01:14et de voir ces milliers de vidéos, parce qu'il y en avait beaucoup,
01:18où sa femme, Gisèle Pellicot, était violée.
01:22Alors c'est un obsédé sexuel, un malade évidemment, forcément.
01:26Alors après, c'est évidemment au psy de définir, au médecin,
01:30pour violer quand même sa femme qu'il droguait.
01:33On ne sait pas si le procès va pouvoir se poursuivre
01:35parce que lui-même est malade actuellement
01:37et donc il pourrait être à la journée.
01:39De quoi parle-t-on quand on parle, justement,
01:41dans cette affaire de soumission chimique ?
01:43Leïla Chawashi.
01:45La soumission chimique, c'est le fait de droguer une personne
01:47à son insu ou sous la menace,
01:49c'est-à-dire sans son consentement,
01:51pour commettre un fait criminel ou délictuel.
01:53Alors effectivement, dans la majorité des cas,
01:55ce sont des agressions sexuelles qui sont retrouvées
01:57et des violences sexuelles, de façon plus générale
01:59dans nos enquêtes pharmaco-épidémiologiques.
02:01Mais il n'y a pas que les agressions sexuelles,
02:03il y a bien sûr les vols, les enlèvements,
02:05les séquestrations, les tentatives d'homicide,
02:07les homicides eux-mêmes, la traite des êtres humains.
02:09Il faut bien comprendre que la soumission chimique
02:11est un mode opératoire des violences.
02:13Comment parvenir à commettre le crime ou le délit ?
02:15Alors là, dans le cas précis,
02:17on a parlé à un moment donné de Temesta.
02:19Je ne sais pas ce qui a été utilisé,
02:21vous avez suivi ça, forcément ?
02:23Alors, de ce qu'on entend dans la presse,
02:25je laisse les experts faire le procès
02:27et je ne me substitue pas aux experts.
02:29Effectivement, on a entendu en tout cas dans la presse
02:31parler de Temesta, de Stimnox également,
02:33de Zolpidem. Ce sont des benzodiazépines
02:35et des apparentés aux benzodiazépines,
02:37des médicaments qui sont anxiolytiques,
02:39donc des calmants, pour vulgariser,
02:41qui effectivement peuvent être retrouvés
02:43dans les affaires de soumission chimique.
02:45Dans nos données, ce sont essentiellement
02:47les médicaments sédatifs qui sont utilisés,
02:49mais dans les benzodiazépines, cette classe de médicaments
02:51arrive en première position.
02:53Il faut de grosses doses pour que la personne
02:55ne soit plus consciente de ce qui se passe autour d'elle ?
02:57Il y a autant de modes opératoires que d'agresseurs
02:59et il faut toujours se prémunir en matière criminelle
03:01d'essentialiser les cas.
03:03On peut avoir des situations, nous, dans nos données,
03:05où on a administré justement
03:07une faible dose à une personne qui était déjà
03:09par exemple très alcoolisée et l'alcool
03:11va majorer l'effet des substances
03:13et on peut avoir bien sûr une personne qui n'aura rien consommé
03:15ni d'alcool ni d'autres substances
03:17et qui ne sera pas médiquée
03:19et dont la majoration des doses pourra entraîner cette sédation.
03:21Mais vraiment, c'est très important
03:23de se rendre compte que chaque cas est unique
03:25et qu'il faut garder l'esprit bien curieux
03:27quand il s'agit d'affaires criminelles.
03:29Dans le cas de Gisèle Pellicot,
03:31visiblement, elle ne buvait pas.
03:33On lui donnait simplement ce calmant
03:35ou en tout cas cette « drogue ».
03:39Effectivement, encore une fois,
03:41le mode opératoire exact sera justement décrit
03:43par les experts et par la justice
03:45qui est là pour faire la lumière sur cette question.
03:47Mais c'est vraiment important de comprendre
03:49que dans ces substances qui sont utilisées,
03:51il y a à la fois la sédation,
03:53le fait d'endormir, de baisser la vigilance,
03:55de faciliter le passage à l'acte
03:57et aussi toute la composante amnésiante,
03:59c'est-à-dire que quand bien même on se réveillerait,
04:01on a potentiellement aussi un effacement de la mémoire.
04:03C'est ça qui est assez incroyable dans cette histoire
04:05parce qu'il y a eu des dizaines
04:07et des dizaines de viols
04:09et il y a une perte de mémoire
04:11et on ne se souvient pas de ce qui s'est passé.
04:13Alors dans nos données, c'est une victime sur deux
04:15qui a une amnésie. Cette amnésie,
04:17elle peut être totale, c'est le fameux trou noir,
04:19le black-out ou partiel, des flashs,
04:21une espèce de puzzle incomplet
04:23que la victime n'arrive pas à reconstituer parfaitement
04:25mais qui peut avoir quand même des intrusions
04:27de cette agression qu'elle aurait subie.
04:29Donc il y a des victimes qui savent parfaitement
04:31ce qui s'est passé mais qui auront de toute façon
04:33le plus grand mal à déposer plainte, à faire la démarche.
04:35Et puis celles qui ne se souviennent pas
04:37qui soit vont avoir des marques
04:39indicatrices d'agression,
04:41donc par exemple se réveiller déshabillé,
04:43il y a des symptômes et au-delà des symptômes
04:45parce que bien sûr on a l'amnésie,
04:47les troubles du comportement, les troubles neurologiques,
04:49des vertiges, des somnolences, en présence
04:51de faits criminels ou délictuels possibles,
04:53être déshabillé, avoir un objet introduit,
04:55avoir un écoulement au niveau vaginal par exemple
04:57et d'autres
04:59signes comme par exemple des vols
05:01à un appartement saccagé, des préservatifs usagés
05:03autour de soi, enfin il y a beaucoup de signes
05:05qui peuvent indiquer mais comme je vous l'ai dit,
05:07vous voyez bien que chaque mot d'opératoire est propre
05:09et là si on en croit en tout cas ce qu'on lit
05:11dans les médias, il y a un mot d'opératoire
05:13tout à fait bien ficelé pour
05:15ne laisser place à aucun doute
05:17et aucun signe
05:19qui puisse alerter la victime si ce n'est que
05:21ces symptômes récurrents qui de toute manière
05:23l'ont alerté sur ces symptômes récurrents
05:25puisqu'elle a fait
05:27un certain nombre de consultations
05:29de ce qu'on a entendu, donc pour essayer
05:31de comprendre.
05:33Mais malgré tout les médecins
05:35ne pouvaient pas expliquer.
05:37Il y a toute l'importance de la formation
05:39des professionnels de santé à large échelle
05:41à cette question, mais pas uniquement des professionnels
05:43de santé, alors là on est dans un cas tout à fait
05:45hors norme où l'impensable
05:47ne peut être pensé par personne, mais en revanche
05:49c'est important de comprendre que pour les professionnels
05:51de santé, une fois qu'on a éliminé tous les autres
05:53diagnostics, parce qu'il n'y a pas de symptômes
05:55spécifiques en soumission chimique, on a que des tableaux
05:57évocateurs, quelque chose qui peut nous laisser
05:59penser à, mais vous imaginez bien que tout vertige
06:01ne signifie pas que vous êtes drogué à votre insu,
06:03que tout nausée ou vomissement ne signifie pas
06:05que vous êtes drogué à votre insu. En revanche, une fois
06:07qu'on a écarté toutes les autres
06:09possibles hypothèses diagnostiques,
06:11il faut que l'empoisonnement,
06:13que l'administration d'une substance nuisible
06:15puisse être une option et que
06:17les professionnels aient les moyens diagnostiques
06:19de révéler cette preuve.
06:21Après il peut y avoir un
06:23autre phénomène qui est un peu psychologique,
06:25par exemple son mari lui disait
06:27tiens, attention
06:29c'est Alzheimer qui guette
06:31etc. parce que tu ne te souviens plus
06:33de certaines choses où tu mélanges un peu les choses
06:35c'est ce qui peut se produire.
06:37Bien sûr, alors là ça se produit
06:39dans les faits aussi extraordinaires
06:41que celui qu'on vient de
06:43décrire actuellement, mais il y a aussi tous les phénomènes
06:45de maltraitance chimique. Là,
06:47la personne va vous sédater, va vous endormir
06:49mais pas forcément pour commettre un crime
06:51ou un délit derrière, c'est vous maltraiter chimiquement.
06:53On appelle ça les enfants battus chimiquement,
06:55les seniors battus chimiquement,
06:57c'est surtout les extrêmes de la vie,
06:59les personnes les plus vulnérables qui sont concernées
07:01et là, ces victimes n'auront que des symptômes
07:03elles n'auront pas de signes d'agression
07:05puisqu'il n'y a pas eu d'agression au décours et c'est tout le travail
07:07important de formation qu'il faut faire
07:09pour les décerner.
07:11Quand vous parlez des enfants,
07:13sans doute des enfants et des seniors, des personnes
07:15plus âgées, c'est quoi ?
07:17C'est pour les calmer ?
07:19Parce qu'elles ont de la douleur ?
07:21Non, non, non,
07:23je vous pose toutes tes questions.
07:25Justement, n'y voyez aucun acte de soin ou de bienveillance
07:27c'est vraiment, on parle de maltraitance
07:29là actuellement, on n'est pas en train de parler d'automédicament
07:31ou d'automédication de soin
07:33ça c'est vertueux le soin
07:35là on est vraiment en train d'évoquer
07:37déjà les extrêmes de la vie sont concernés par les violences
07:39sexuelles, bien sûr que les enfants sont victimes
07:41d'incestes, que les personnes âgées sont
07:43parfaitement désirables et vulnérables
07:45pour vous donner une idée, dans nos données ça commence à 9
07:47mois, ça se termine à 90 ans
07:49donc il n'y a pas de victimes qui ne
07:51puissent être concernées par ce phénomène
07:53bien sûr les violences sexuelles sont extrêmement
07:55présentes, la sédation forcée
07:57comme je vous l'ai dit tout à l'heure, cette maltraitance
07:59pour ne pas raconter une histoire à un enfant pour dormir
08:01on le tanne avec des substances
08:03pareil pour son grand-père ou sa grand-mère
08:05etc. et les personnes âgées sont particulièrement
08:07exposées au vol, à l'extorsion
08:09d'héritage, au détournement testamentaire etc.
08:11Est-ce qu'on a une idée
08:13du phénomène, du nombre de personnes
08:15qui pourraient être touchées ?
08:17C'est très complexe
08:19de définir un nombre pour une raison toute simple
08:21c'est qu'aujourd'hui
08:23l'accès aux analystes toxicologiques est conditionné
08:25par le dépôt de plaintes
08:27et la soumission chimique est une affaire technique
08:29il faut pouvoir l'identifier et ça ce sont avec des machines
08:31que les experts utilisent pour pouvoir
08:33aller à faible dose, récupérer
08:35ces informations. Et j'imagine qu'il faut le faire
08:37peu de temps après ?
08:39Très rapidement. Quand vous dites très rapidement
08:41c'est quoi ? Alors très très rapidement
08:43c'est le plus vite possible donc je resterai
08:45sur le plus vite possible mais effectivement
08:47si vous prenez que le GHB c'est 6 à 9 heures dans le sang
08:4910 à 12 heures dans l'urine
08:51donc vous voyez que la cadence est intense
08:53si vous avez d'autres substances qui peuvent rester plusieurs jours
08:55mais dépasser 5 jours, il est rare qu'on vous fasse
08:57des prélèvements de sang ou d'urine
08:59il restera le cheveu, donc sur nos têtes
09:01c'est notre dossier pharmaceutique que nous avons
09:03donc le cheveu pousse d'un centimètre
09:05par mois, donc là on peut attendre un mois
09:07pour faire les prélèvements capillaires
09:09et après les experts en faisant les analyses
09:11par fragmentation du cheveu
09:13centimètre par centimètre, on va voyager
09:15mois par mois dans les consommations
09:17et l'historique des consommations. Mais c'est impossible
09:19de donner effectivement un chiffrage quoi
09:21Un chiffrage c'est compliqué, il y a ce qui existe
09:23actuellement et ce qui n'existe qu'en France
09:25c'est une enquête pharmacoépidémiologique
09:27qui existe depuis 20 ans
09:29donc depuis 2003
09:31et ce que nous avons enregistré en 2022
09:33la dernière enquête en date, c'est 1229
09:35victimes ayant suspecté
09:37une soumission chimique
09:391229 victimes
09:41ayant suspecté
09:43Sur quoi ? Sur une période donnée ?
09:45Sur l'année 2022
09:47Donc dans notre enquête nous avons
09:49inclus 1229
09:51victimes qui ont suspecté avoir été
09:53soumises chimiquement et on
09:55voit augmenter de façon exponentielle
09:57les déclarations suspectes
09:59donc plus de 69%
10:01depuis 2021, mais ça c'est vraiment
10:03le reflet, il faut bien l'intégrer, de la libération
10:05de la parole, puisque c'est depuis 2017
10:07et le hashtag MeToo qu'on a cette levée de voile
10:09sur les violences sexistes et sexuelles
10:11donc il ne faut pas le lire sous le prisme d'une augmentation de la criminalité
10:13ça nous ne pouvons pas le dire
10:15mais en tout cas ce qui est certain c'est que la libération
10:17de la parole a une vertu phénoménale
10:19sur les déclarations
10:21et le tournant est marqué en automne 2021
10:23avec la ramification du MeToo
10:25c'est le fameux hashtag MeTooGHB
10:27où là il y a une réelle onde de choc
10:29qui s'est propagée depuis la Belgique
10:31On va le voir avec vous dans un instant, on va poursuivre
10:33la conversation Leila
10:35Shawashi parce que évidemment ce n'est pas
10:37nouveau complètement ce phénomène
10:39ça existe et on va revoir avec vous aussi les produits
10:41qui existent et est-ce qu'il y a des moyens
10:43de se protéger entre guillemets
10:45On va voir ça dans un instant ensemble
10:47dans la vérité en face sur Sud Radio jusqu'à 10h
10:49et je précise au passage qu'on vient d'apprendre
10:51il y a quelques minutes que le procès est ajourné
10:53parce que évidemment Dominique Pénicaud
10:55comme on le disait est malade
10:57il est atteint d'une infection du rein
10:59donc il est absent de l'audience
11:01et sans lui c'est difficile
11:03de continuer ce procès
11:05on verra la suite. Allez 9h44
11:07vous pouvez poser vos questions
11:09ou témoigner d'ailleurs 0826 300 300
11:11sur cette soumission
11:13chimique
11:15j'attends vos appels et vous pouvez poser des questions
11:17à Leila Shawashi
11:19qui est pharmacienne au centre d'Addicto Vigilance
11:21qui peut répondre justement à vos interrogations
11:23Sud Radio
11:25La vérité en face
11:27Patrick Rocher
11:29La vérité en face et c'est un procès hors normes
11:31avec les viols
11:33de Mazan je le disais il est
11:35ajourné parce que
11:37Dominique Pénicaud le mari
11:39est atteint d'une infection du rein
11:41et donc il ne peut pas être
11:43dans le box, il est souffrant
11:45en attendant il y a la souffrance
11:47qu'a subi Gisèle Pénicaud
11:49alors elle a subi
11:51sans le subir directement
11:53puisqu'elle était droguée
11:55complètement à son insu
11:57ce qui est assez incroyable c'est qu'évidemment il y a un jour
11:59des enquêteurs qui sont venus frapper à sa porte pour lui dire
12:01Madame, voilà ce qui s'est passé
12:03en fait pour vous
12:05et au premier jour de son procès
12:07elle avait témoigné dans une forme de dignité
12:09je pense avoir dit
12:11tout ce que je pouvais dire c'est pas évident
12:13bien évidemment c'est un exercice de style
12:15qui n'est pas facile et puis il y a aussi
12:17la pression de tous ces individus
12:19qui sont derrière moi et je sens bien
12:21qu'on essaye au niveau des questions de me piéger
12:23bien évidemment donc
12:25j'essaye de répondre le mieux possible et puis
12:27il va falloir se battre jusqu'au bout
12:29bien sûr parce que ce procès va durer 4 mois
12:31voilà
12:33Leïla Chawashi vous êtes avec nous, pharmacienne au centre
12:35d'Addicto Vigilance
12:37donc elle dit voilà, on essaie de me piéger
12:39après elle-même avoir été piégée
12:41on en parlait tout à l'heure
12:43de toutes les substances qui existent
12:45ce que vous me disiez en micro
12:47juste avant de se retrouver c'est que c'est pas nouveau
12:49ce phénomène, il y a toujours eu
12:51mais peut-être
12:53qu'aujourd'hui via internet
12:55ça a explosé, non ?
12:57ce que je veux dire c'est que surtout
12:59la soumission chimique a toujours
13:01existé même dans la conscience
13:03collective, elle a été simplement perçue
13:05aussi différemment, si vous voyez par exemple
13:07dans la mythologie, même dans la mythologie
13:09on parlait de sorcières
13:11qui utilisent des substances
13:13pour happer les marins etc
13:15si vous regardez nos contes de fées
13:17les contes médiévaux, on entend parler des filtres
13:19d'amour, en 2024 on parlerait de
13:21soumission chimique et de drogue du violeur
13:23donc c'est quelque chose qui existait, puis là
13:25les faits divers sont venus en revanche ancrer
13:27là on n'est pas dans le monde de la mythologie
13:29et du conte, dans la réalité
13:31ce mode opératoire criminel
13:33le tournant qui va s'observer, ça va être dans les années
13:3590, où là il va y avoir une large couverture
13:37médiatique sur le phénomène
13:39et en 97
13:41un premier état des lieux va être réalisé en France
13:43à la demande de la Direction Générale de la Santé
13:45et depuis cette enquête va être
13:47institutionnalisée, parce qu'on a considéré
13:49Pourquoi dans les années 90 ? Qu'est-ce qui s'est passé ?
13:51Alors ce qui s'est passé exactement
13:53c'est exactement cette vague médiatique
13:55où on a pu remonter des cas de soumission chimique
13:57nous en France, les premiers cas qui ont été
13:59remontés, c'était en 1982
14:01par le professeur Jacqueline
14:03Jouglard
14:05qui a été justement
14:07en capacité de lancer l'alerte
14:09et puis en 97
14:11également avec le professeur Bismuth
14:13on a pu mettre en évidence
14:15un usage criminel des substances
14:17donc chez les enfants justement
14:19qui étaient dans un état de léthargie
14:21et c'est dans les années 2000 qu'on a pu faire la preuve
14:23en routine sur l'ensemble du
14:25territoire national et que l'enquête a été
14:27investigée. De quels produits
14:29parlait-on à l'époque et aujourd'hui
14:31ce qui a évolué parce qu'il y a une large
14:33gamme. Alors les médicaments
14:35c'était les premiers à être
14:37identifiés en usage criminel
14:39et ces substances ont été
14:41identifiées comme telles, c'est la raison pour laquelle
14:43c'est l'agence du médicament qui s'est atteinte
14:45à la problématique et d'ailleurs au départ on parlait de soumission
14:47médicamenteuse, on ne parlait pas de soumission
14:49chimique. C'est au fil du temps qu'on a
14:51élargi la gamme
14:53des agents de soumission chimique et nous
14:55ce qu'on voit de plus en plus c'est que maintenant
14:57les médicaments restent majoritairement retrouvés
14:59mais on a les drogues illicites qui gagnent
15:01du terrain, aujourd'hui elles sont au coude à coude
15:03c'est 57% des mentions
15:05d'agents de soumission chimique qui étaient des médicaments
15:07et 43% des drogues. Ces drogues
15:09peuvent être au contraire pas uniquement des
15:11sédatifs donc qui en donnent mais également des stimulants
15:13c'est vraiment les stimulants qui gagnent du terrain
15:15la MDMA par exemple qui rentre dans la composition
15:17des comprimés d'ecstasy et puis de façon
15:19plus générale les nouvelles drogues de synthèse
15:21qui maintenant constituent un
15:23réel enjeu forensique pour les
15:25experts et au delà bien sûr
15:27des drogues stimulantes, il y a les drogues dissociatives
15:29qui elles vont faire
15:31perdre la notion de la réalité, ce sont des drogues qui sont
15:33hallucinogènes, qui vont provoquer des hallucinations
15:35mais que l'agresseur...
15:37Mais alors où ces
15:39violeurs, ces agresseurs
15:41retrouvent ça ? En vente libre ?
15:43Ou alors ?
15:45Les drogues sont interdites, celle que je vous
15:47tout dépend de ce que vous
15:49appelez en vente libre
15:51dans le trafic
15:53Dans le trafic et sur internet
15:55évidemment ces drogues on peut
15:57se les procurer et puis de toute façon
15:59le médicament, il y a toute une batterie réglementaire
16:01qui est là pour justement réduire
16:03les risques de détournement et l'agence du
16:05médicament s'y attelle mais
16:07par exemple mettre les médicaments sur ordonnance sécurisée
16:09pour éviter les falsifications, réduire la taille
16:11des conditionnements, restreindre à certains prescripteurs
16:13ajouter des colorants pour
16:15déjouer les tentatives de soumission chimique
16:17ce ne sont que des mesures de réduction des risques, la réponse
16:19ne peut pas être que réglementaire puisqu'à la fin
16:21les médicaments arrivent dans votre
16:23pharmacie familiale et après deviennent
16:25en libre service et finalement
16:27la meilleure démonstration, ce sont ce qu'on retrouve dans les résultats
16:29d'enquête, dans la majorité des médicaments utilisés
16:31ce sont des médicaments sur prescription
16:33donc ça ne veut pas dire que la réglementation
16:35n'est pas nécessaire, la réglementation est
16:37indispensable mais elle ne fera pas tout
16:39lutter contre la soumission chimique c'est un autre enjeu
16:41Leïla Shawashi, dans ce que vous dites
16:43quand ça existait aussi à cette époque
16:45il y a tout, il y a eu des violeurs purs et durs
16:47entre guillemets et ces gens
16:49abominables qui abusent
16:51d'enfants, de personnes âgées, ce que vous avez dit
16:53tout à l'heure, ou de femmes classiques
16:55et puis à un moment donné c'était utilisé
16:57dans des fêtes
16:59certains qui
17:01connaissaient un petit peu plus ces médicaments
17:03je ne vais pas les incriminer mais notamment on sait
17:05en médecine, en pharma, cette pharmacienne
17:07vous savez, il y avait un abut
17:09de certains produits
17:11dans ces aspects festifs
17:13Oui, je pense que ce que nous montre
17:15ce procès, je pense
17:17que c'est très important de se rendre compte qu'il n'y a aucune
17:19classe sociale, aucune filière
17:21particulière qui serait adepte
17:23de la soumission chimique et d'autres qui seraient
17:25exemptes de tels agissements
17:27les agresseurs peuvent être
17:29tout le monde et n'importe qui et c'est très
17:31important de le garder en mémoire mais
17:33effectivement on a souvent entendu parler
17:35de la sphère festive et on
17:37entendait parler uniquement du GHB
17:39dans la soumission chimique, c'est une idée
17:41reçue mais comme plein d'idées
17:43reçues étaient également présentes sur les violences
17:45et sur les viols de façon générale, les violences sexistes et sexuelles
17:47donc on avait toujours l'impression que c'était
17:49un rôdeur, un mâle solitaire
17:51dans une ruelle sombre à la quête d'une proie facile
17:53et effectivement
17:55on se rend compte que les violences sont infiniment plus
17:57complexes, que souvent les agresseurs sont connus
17:59les victimes et que c'est un abut de confiance
18:01et un abut de pouvoir qui va s'exercer sur elles
18:03donc finalement c'est pour ça que j'insistais en début
18:05de démission en disant que la soumission chimique
18:07est un mode opératoire des violences
18:09donc on est en train de parler des violences ici
18:11et l'arme chimique n'est qu'un
18:13arme du crime
18:15Quelle arme utiliser contre cette arme ?
18:17Est-ce qu'il y a des moyens de se défendre ?
18:19Alors l'aspect réglementaire nous l'avons abordé
18:21ensemble, il va faire son effet
18:23mais il ne sera pas suffisant et entier en lui-même
18:25mais bien sûr qu'il y a tout ce travail
18:27de sensibilisation qui est extrêmement important
18:29à faire à la population générale
18:31le travail d'information des victimes
18:33lorsqu'elles demandent de l'aide, comment les informer
18:35vers qui les orienter, la montée en compétences
18:37professionnelles de santé
18:39Mais en prévention c'est difficile
18:41Il y a des filles qui vont participer
18:43à une soirée qui peuvent être abusées
18:45comment le déjouer ça ?
18:47Alors c'est toujours très compliqué
18:49la prévention et on voit effectivement
18:51un florilège d'outils de réduction des risques
18:53pour éviter d'être droguée
18:55j'ai vu des vernis antiviole, j'ai vu des couvercles
18:57à verre, j'ai vu des dessous de verre, j'ai vu des pailles
18:59etc. qui malgré tout
19:01même si je pense que c'est très encourageant
19:03que des gens s'investissent dans cette question-là
19:05mais entretiennent l'idée finalement que tout est affaire
19:07de prudence, il y a qu'à, il faut juste
19:09surveiller son verre et ça laisse la responsabilité
19:11sur les victimes. Je pense que le mot d'ordre
19:13important à intégrer, quels que soient les outils
19:15qu'on utilise, c'est la vigilance solidaire
19:17c'est l'extérieur qui viendra
19:19vous sauver dans ces situations-là
19:21quand vous écoutez vos doutes, si vous sentez
19:23que rien ne va, dans la mesure du
19:25possible il faut s'extraire de la zone de danger
19:27malheureusement parfois les substances auront déjà
19:29eu effet et on va être en difficulté
19:31pour s'enfuir ou agir
19:33et puis il y a tout l'effet de sidération que vous connaissez
19:35pour les victimes de ces violences
19:37il faut être vigilant ensemble et surtout
19:39dans l'espace festif, venir en assistance
19:41à toute personne en danger. Où faut-il faire
19:43les analyses si jamais on a un doute ?
19:45Alors aujourd'hui, en France
19:47l'accès aux analyses toxicologiques
19:49pour la soumission chimique est conditionné au dépôt de plainte
19:51donc on dépose plainte, on est orienté
19:53aux unités médico-judiciaires et lorsqu'on est
19:55orienté aux unités médico-judiciaires, des prélèments
19:57conservatoires de sang et d'urine seront
19:59réalisés pour pouvoir être sur
20:01réquisition, être analysé par les experts
20:03analystes. Merci pour toutes ces
20:05explications, c'était très intéressant
20:07pertinent. Leïla Chawachi
20:09pharmacienne au centre d'addicto
20:11vigilance
20:13dans un instant c'est Valérie Expert
20:15et Gilles Ganzemann. Je rappelle que ce procès
20:17dont nous parlons, les viols de Mazan, a été pour l'instant
20:19ajourné. Il est 9h57
20:21bonne journée à l'écoute de Sud Radio.