Guerre en Israël : un nouveau choc pétrolier peut-il se produire ?

  • l’année dernière
Avec Jean-Pierre Favennec, spécialiste de l’énergie et en particulier du pétrole, Professeur à l’Ecole du Pétrole et des Moteurs

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##C_EST_A_LA_UNE-2023-10-25##
Transcript
00:00 Le Grand Matin Sud Radio, 7h-8h30, Benjamin Gleize.
00:04 - Sud Radio, il est 7h12, une question ce matin, va-t-on vers un nouveau choc pétrolier ? C'est l'inquiétude
00:10 du directeur de l'Agence Internationale de l'Énergie en cas de dégradation de l'aciation au Proche-Orient. Bonjour Jean-Pierre Favénec.
00:17 - Bonjour. - Merci d'être avec nous ce matin sur Sud Radio, vous êtes spécialiste de l'énergie, professeur à l'école
00:24 du pétrole et des moteurs, ces déclarations du patron de l'AIE, est-ce qu'elles doivent nous inquiéter ? Selon vous, le risque de connaître un nouveau
00:31 choc pétrolier est-il bien réel ?
00:33 - Il est évidemment réel mais il est très limité. Je crois que la comparaison est faite avec le choc pétrolier du
00:41 1973, donc il y a exactement 50 ans, mais les conditions ne sont absolument pas les mêmes.
00:46 En 73, donc, attaque d'abord des armées de deux pays, l'Égypte et la Syrie sur Israël, là on est sur un secteur,
00:52 une attaque de nature différente et surtout à l'époque,
00:55 l'économie reste à la base de tout, on allait manquer de pétrole, en 73 on pensait que le pétrole s'était terminé à l'horizon 2000,
01:02 or actuellement on a des réserves de pétrole conséquentes.
01:05 Donc il n'y a aucun intérêt pour les pays producteurs de pétrole à jouer avec l'arme du pétrole pour le moment.
01:11 Bien sûr, on ne peut pas totalement exclure, mais ça semble peu probable, une explosion dans la région
01:16 avec l'intervention de pays qui pour le moment reste un peu à l'écart,
01:20 ça semble peu probable, donc on peut rester relativement optimiste quant à l'avenir des prix à la pompe.
01:24 - Qu'est-ce qui pourrait tout de même entraîner un choc pétrolier ? De quels pays ça pourrait finalement venir ?
01:30 - Ecoutez, Israël et la Palestine sont à relativement proximité du Golfe Persique,
01:38 je ne sais pas si vous voyez un peu la carte, autour du Golfe Persique vous avez cinq pays, l'Iran, l'Irak,
01:42 l'Arabie Saoudite, le Koweït et les Émirats Arabes Unis qui représentent, disons facilement, 50% des réserves de pétrole.
01:50 Bon, ces pays donc sont des producteurs qui fournissent une grande partie de l'approvisionnement mondial.
01:55 Si par hasard il y avait un accrochage ou bien une guerre qui démarrait dans cette région,
02:02 évidemment la situation serait complètement différente.
02:04 Mais pour le moment on sent bien que les affrontements restent limités, si je puis dire, au niveau de la Palestine,
02:10 au niveau peut-être du sud Liban.
02:12 On ne voit pas vraiment, bien sûr, que la possibilité que d'autres pays interviennent dans le conflit existe,
02:17 et auquel cas ça pourrait avoir des conséquences dramatiques.
02:19 - Et dans le cas de l'Iran, à travers le Hezbollah au Liban, on sent que là, à ce niveau-là, ça peut basculer.
02:25 - Ça peut basculer. Maintenant l'Iran, à mon avis, je n'ai pas un grand spécialisme,
02:31 mais il manipule un peu le Hezbollah et donc le Hamas,
02:34 mais l'Iran se garde à aller trop loin parce que l'Iran a déjà une situation économique difficile.
02:39 L'Iran sait qu'il y a quand même deux gros porte-avions, il y a la flotte américaine qui n'est pas très loin.
02:43 Ce sont des faits, ce sont des faits.
02:45 L'Iran sait qu'aller plus loin dans le conflit risquerait d'avoir des représailles assez massives,
02:51 et donc ça serait contre l'intérêt de l'Iran.
02:53 Donc je n'y crois pas beaucoup.
02:54 Maintenant tout est possible, on peut avoir des provocations.
02:56 Il y a le fameux détroit d'Hormuz qui est à la sortie du golfe Persique dont je parlais tout à l'heure.
03:00 C'est une voie par laquelle passe à peu près 20% des approvisionnements mondiaux.
03:04 Et si par hasard, évidemment, ce golfe d'Hormuz, pour des raisons ou pour les autres,
03:08 le flot était limité, évidemment les conséquences sur le prix du pétrole seraient importantes,
03:12 et à ce moment-là on pourrait voir un prix du pétrole qui augmente de manière très importante.
03:17 Mais globalement, et à moyen terme, on ne voit pas de raison que le prix du pétrole
03:21 ne reste pas à peu près au niveau où il est actuellement.
03:23 - On a tout de même déjà une légère augmentation des prix à la pompe.
03:27 Les stobilistes français l'ont déjà remarqué,
03:31 +3,5 centimes d'euros pour le gasoil, +1,5 centimes pour le sans-plomb à 95 la semaine dernière.
03:38 Qu'est-ce que ça nous dit ?
03:40 C'est inquiétant tout de même pour la suite, ou alors il faut rassurer les français là-dessus ?
03:45 - Je crois qu'il faut rassurer.
03:49 Après le 7 octobre, donc juste après l'attaque du Hamas,
03:52 le prix du pétrole a nettement augmenté pendant quelques heures, il est augmenté de 5%, on va dire.
03:58 Donc l'augmentation actuelle des prix à la pompe ne fait sans doute que refléter cette petite augmentation qu'il y a eu.
04:05 Actuellement le pétrole reste à peu près à ce niveau.
04:08 Il avait eu tendance à baisser un petit peu, puisque en deux mots,
04:11 au cours des derniers mois, l'Arabie Saoudite et la Russie ont réduit leur production de manière à faire monter le prix du pétrole.
04:17 On était arrivé à une espèce de plateau, ce plateau avait tendance à être un peu en décroissance.
04:21 Du fait des événements au Moyen-Orient à partir du 7 octobre,
04:25 le plateau reste un plateau, mais il n'y a pas de raison de trop s'inquiéter sur une montée rapide du prix du pétrole.
04:30 - Vous l'avez dit en tout cas, le contexte n'a rien à voir aujourd'hui avec le choc pétrolier de 1973.
04:36 Est-ce qu'il y a des mécanismes qui avaient été mis en place justement après ce choc pétrolier de 1973 pour éviter de revivre un tel choc ?
04:44 - Écoutez, c'est compliqué, parce que si le prix du pétrole augmente,
04:47 à part le répercuter à la pompe, ou alors à part prendre des mesures comme celle de l'année dernière,
04:51 qui est alliée à la crise en Ukraine, on le voit, mais ça coûte une fortune à l'État, il n'y a pas beaucoup de moyens.
04:56 En plus en 1973, il s'est passé une chose qui heureusement n'a pas eu de conséquence,
04:59 c'est que les pays producteurs de pétrole, d'une part, ont décidé de multiplier par 3 le prix du pétrole, mais je le répète,
05:04 ils étaient en situation favorable, puisqu'on manquait de pétrole,
05:08 et d'autre part, les pays arabes producteurs de pétrole avaient décidé un embargo sur les pays occidentaux qui soutenaient Israël.
05:14 Cet embargo n'a pas été effectif, parce que seuls les pays arabes s'étaient joints à cet embargo,
05:18 les autres pays en ont profité pour augmenter leur production.
05:21 Donc je ne pense pas qu'il y ait de problèmes majeurs dans les prochaines semaines.
05:24 J'espère évidemment être confirmé par les faits.
05:27 - Inquiétude limitée en tout cas, c'est ce que vous nous dites Jean-Pierre Favénèque, spécialiste de l'énergie,
05:31 du professeur à l'école du pétrole et des motards. Un grand merci d'avoir été avec nous ce matin sur Sud Radio.
05:36 Bonne journée.

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