Anne Fulda reçoit Andrea Marcolongo pour son livre «Le goût du risque» dans #HDLivres
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00:00 -Bienvenue à l'Heure des livres, Andrea Marcolango.
00:03 Vous êtes une écrivaine,
00:04 spécialiste des langues anciennes.
00:07 Vous vous êtes fait connaître du grand public
00:09 par un best-seller mondial, "La langue géniale",
00:13 qui faisait un éloge de l'importance du grec.
00:18 Et là, vous venez de publier "Le goût du risque",
00:22 un livre que vous avez coécrit avec Patrice Franceschi
00:25 et Loïc Finas, paru chez Grasset.
00:27 Quel rôle d'attelage, on a envie de dire,
00:30 une amoureuse des langues anciennes,
00:32 un amiral et un écrivain aventurier.
00:34 Pourquoi êtes-vous unie ? Comment est né ce livre ?
00:37 -Ce livre est né très naturellement.
00:40 On est tous les trois écrivains de Marine.
00:42 C'est comme ça qu'on s'est rencontrés,
00:44 grâce à la Marine nationale.
00:46 Et on a eu envie de réfléchir ensemble
00:51 sur ce manque de risque
00:52 qu'on remarque de plus en plus dans nos sociétés,
00:55 une société qui devient de plus en plus triste,
00:58 effrayée parfois, tétanisée, paralysée,
01:01 qui perd petit à petit cet élan
01:04 qui mène à vivre la vie de façon joyeuse, engagée,
01:09 mais surtout libre.
01:10 -C'est un détail, écrivain de la Marine ?
01:12 Ça donne le goût du large, des ombres dans le visage ?
01:15 C'est pas un hasard que vous soyez tous les trois ?
01:18 Qu'est-ce que ça donne ?
01:19 -C'est un groupe attaché à la Marine nationale,
01:22 un peu comme les peintres de la Marine.
01:25 Mais effectivement, nous trois,
01:27 nous avons des spécialités très différentes.
01:29 Moi, je suis éléniste,
01:30 alors ma connaissance de la mer est épique.
01:33 Patrice Franceschi, c'est l'aventure.
01:35 Et l'amiral Finna, c'est la stratégie militaire.
01:38 -Vous écrivez "considérer le risque comme facteur de joie
01:42 "plutôt que source d'angoisse,
01:44 "et c'est le seul remède à notre portée
01:47 "pour n'en être pas troublé."
01:49 À vous lire, la peur, la prudence,
01:52 une espèce de principe de précaution généralisée,
01:55 en fait, sont des dangers pour notre société,
01:58 comme s'ils jetaient un voile
02:01 qui paralyse un peu tout élan, c'est ça ?
02:04 -Oui, c'est ça.
02:05 Ce livre, c'est vraiment un éloge du risque
02:08 et de la liberté de doser sa propre vie.
02:12 On ne parle pas du risque inutile,
02:14 celui qui cherche un coup de l'adrénaline.
02:18 On parle vraiment du risque de choisir sa vie,
02:21 et simplement de la vivre.
02:24 Quand on parle de principe de précaution,
02:27 on a tellement peur de commencer à s'engager à vivre
02:30 qu'on ne commence même pas.
02:32 -Le principe de précaution peut parfois se défendre
02:35 dans des cas de sanitaire. -Bien sûr.
02:37 -Mais alors, est-ce qu'aujourd'hui,
02:41 l'Occident et singulièrement la France
02:44 sont un peu encalminés, pour reprendre un terme de la marine,
02:48 par cette atonie, ce manque d'appétence pour le risque ?
02:53 -Peut-être que si.
02:55 C'est très triste de constater que le pays...
02:59 En plus, je vis en Italie,
03:00 c'est le pays où j'ai choisi de vivre, d'émener ma vie.
03:05 On a perdu cet élan, ce goût du risque
03:07 qui a mené les aviateurs, aventuriers,
03:10 à prendre le large.
03:11 Aujourd'hui, on dirait que c'est trop dangereux,
03:14 on ne fait rien.
03:15 Tout à l'heure, on parlait du principe de précaution,
03:18 mais on a tellement peur de s'engager, de commencer,
03:21 que finalement, on ne commence même pas.
03:24 On imagine vivre toujours dans un sentiment de sécurité
03:29 qui n'appartient pas à la vraie vie,
03:31 car le risque est consubstantiel.
03:33 -C'est un cocon anesthésiant.
03:35 Quand vous parlez du risque,
03:36 vous parlez du risque physique, mais surtout intellectuel.
03:40 C'est oser prendre parfois des positions à contre-courant.
03:43 -Oui, on ne parle pas du risque physique ou sportif,
03:47 c'est le risque intellectuel.
03:49 Dans ce livre, il n'y a qu'un chapitre,
03:51 "N'ai pas craint l'échec, n'ai pas craint la mort",
03:54 j'ai découvert la beauté de s'engager,
03:57 de croire en avoir des valeurs.
03:59 -Alors, vous, dans le livre,
04:01 vous coécrivez avec un amiral,
04:04 vous écrivez que même dans l'armée,
04:06 cette culture du risque disparaît,
04:08 alors que normalement, la mort n'est pas un sujet.
04:12 Une question pour le citoyen Landat.
04:15 Comment peut-il instiller une dose de risque dans sa vie ?
04:19 -Ah oui, mais nous tous pouvons vraiment vivre,
04:24 sinon, le goût du risque,
04:26 ce n'est pas que, comment dire,
04:28 une prérogative d'héros ou d'aventuriers.
04:31 Nous tous osons notre vie
04:34 quand nous choisissons de la vivre, au fond,
04:37 sans être des esclaves, des principes économiques,
04:41 ou de laisser aux autres le devoir de décider pour nous.
04:45 -Dernière question, vous, tous les jours, vous prenez un risque ?
04:49 -J'essaie, en tout cas.
04:51 Effectivement, le fait d'écrire et de partager mon amour
04:54 pour la langue ancienne, c'est déjà dangereux aujourd'hui.
04:57 -Très bien. En tout cas, c'est à lire.
05:00 Cet essai revigorant, ça s'appelle "Le goût du risque",
05:03 c'est paru chez Grasset. Merci, Andréa Marcolango.
05:06 C'est un livre que vous avez écrit avec Loïc Finas
05:09 et avec Patrice Franceschi. -Merci.
05:11 -Merci à vous.
05:12 ...
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