La transformation est désormais au centre de la stratégie de toutes les entreprises et l’innovation devient le moteur de ces mutations.
Quels sont les facteurs clés qui permettent aux entreprises de réussir dans leur démarche d’innovation ?
Comment les entreprises peuvent-elles collaborer avec d’autres secteurs pour créer un écosystème d’innovation dynamique ?
Quel est le rôle des acteurs politiques dans la création d’un environnement favorable à l’innovation et à la transformation des entreprises ? Comment peuvent-ils soutenir et catalyser l’innovation ?
Quels sont les facteurs clés qui permettent aux entreprises de réussir dans leur démarche d’innovation ?
Comment les entreprises peuvent-elles collaborer avec d’autres secteurs pour créer un écosystème d’innovation dynamique ?
Quel est le rôle des acteurs politiques dans la création d’un environnement favorable à l’innovation et à la transformation des entreprises ? Comment peuvent-ils soutenir et catalyser l’innovation ?
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00:00 [Musique]
00:08 Bonjour à tous, ravie de vous accueillir pour cette première table ronde de la journée dédiée à l'innovation moteur de la transformation.
00:16 Et pour en discuter pendant les prochaines 35 minutes, j'ai le plaisir d'accueillir Martine Vassal, la présidente de la métropole d'Aix-Marseille-Provence.
00:26 Bonjour.
00:28 [Applaudissements]
00:30 A vos côtés, il y aura évidemment Christine Fabresse, la présidente du directoire de la caisse d'épargne CEPAC.
00:35 Bonjour Madame Fabresse.
00:38 [Applaudissements]
00:42 A vos côtés également, Olivier Babaud, président fondateur de l'institut Sapiens.
00:46 [Applaudissements]
00:49 Je vous en prie, asseyez-vous. Et Damien Terwane, directeur général délégué au sein d'ENGIE Solutions.
00:54 [Applaudissements]
00:57 Voilà, je vous invite tous à prendre place pour qu'on puisse débuter cette discussion autour de l'innovation, la transformation, évidemment, au cœur des stratégies d'entreprise aujourd'hui.
01:07 Alors on va essayer de voir dans quelle mesure l'innovation peut favoriser cette transformation avec vous tous.
01:13 J'ai envie de me tourner d'abord vers vous, Olivier Babaud. Innovation et transformation sont toujours des mots qui sont intimement liés.
01:19 J'ai l'impression que l'un ne va pas sans l'autre. On ne peut pas se transformer sans innovation aujourd'hui.
01:24 J'irais même beaucoup plus loin que ça, c'est la vocation et c'est la façon d'être de l'humanité depuis le début.
01:32 J'ai le rôle de celui qui prend un peu de recul, donc on va prendre un peu de recul.
01:36 On n'aurait pas un cerveau aussi grand si on n'avait pas domestiqué le feu.
01:40 L'innovation, vous savez, il y a deux types d'innovation. L'innovation de procédé et l'innovation, si vous voulez, technologique.
01:45 Et en fait, l'histoire de l'humanité, l'humanité n'existe, homo sapiens n'existe tel qu'il est aujourd'hui, tel que nous sommes tous, que grâce aux technologies.
01:52 Le feu nous a permis de cuire les aliments et en cuisant les aliments, ça nous a permis d'ingérer beaucoup plus rapidement de l'énergie et ça a fait grossir le cerveau.
01:59 Notre cerveau, il prend, tel que vous êtes assis, 20% de votre énergie au repos. Aucun autre animal ne peut se payer le luxe de ce truc-là.
02:07 Les vêtements nous ont permis d'aller coloniser le monde, mais par une sorte de boucle de rétroaction, on a aussi évolué en fonction des milieux où nous sommes.
02:14 Et c'est ça qu'il faut comprendre. Il y a toujours une boucle de rétroaction entre les innovations et les transformations, les transformations amenant d'autres innovations.
02:23 Et l'autre chose qu'il faut comprendre, c'est l'accélération. L'histoire de l'humanité, c'est l'histoire d'une accélération.
02:28 L'âge de pierre, 3 millions d'années, le passage de l'âge de bronze à l'âge de fer, 2000 ans. Entre le premier vol de Louis Blériot et le moment où on est allé sur la Lune, il n'y a que 60 ans.
02:38 D'ailleurs, si vous pensez que vous prenez des risques dans la vie, souvenez-vous que Louis Blériot a traversé la Manche sans savoir nager.
02:44 Et puis arrive, et je termine là-dessus, on est en train de vivre le moment le plus incroyable de l'histoire de l'humanité.
02:50 Vous savez, quand on est enfant, souvent on se dit « tiens, j'aurais bien aimé vivre la Renaissance, en Grèce antique, voir comment ça se passait ».
02:57 Je crois que s'il fallait choisir un moment de l'histoire de l'humanité où on aurait envie de vivre, ce serait aujourd'hui.
03:02 C'est le moment le plus dingue qui est en train de se passer. Nous sommes sur une exponentielle avec une accélération complètement folle.
03:08 La puissance informatique depuis 1938 a été multipliée par 1 milliard de milliards, mais ça n'est qu'un début. L'informatique quantique, ça fera 100 000 milliards en multiplication.
03:16 Chat GPT, en 5 jours, a eu 1 million d'utilisateurs, et c'est ça la transformation extraordinaire qui arrive.
03:22 Et donc derrière, ce sont les entreprises qui sont face à non seulement des importances de transformation, mais surtout des rythmes qui sont totalement inouïs, et c'est elles de relever le défi.
03:32 L'accélération dont parle Olivier-Martin Vassal, vous la vivez sur le territoire, parce que quand j'ai préparé cette table ronde, on m'a dit « mais alors, le territoire ici est béni des dieux en matière d'innovation ».
03:43 Vous partagez ce sentiment ?
03:45 Alors, il n'y a pas qu'en matière d'innovation qu'il est béni des dieux, il faut reconnaître.
03:48 J'imagine.
03:49 On a quand même beaucoup d'atouts ici sur notre territoire, mais effectivement, l'innovation, vous savez, moi je pense que c'est bien d'avoir un sufflet de l'optimisme.
03:58 Parce que c'est vrai que la situation, elle est compliquée, elle est difficile, mais bon, quand même, il y a beaucoup d'acteurs, on le voit aujourd'hui dans le cadre de cette table ronde.
04:07 Mais surtout, ce qu'il faut, c'est continuer à aller de l'avant.
04:10 Donc l'innovation chez nous, c'est devenu un peu notre ADN.
04:14 On a été capitale européenne de l'innovation là.
04:18 On aura le prochain jury qui se tiendra ici.
04:20 Bruxelles va venir s'installer ici pendant quelques jours pour choisir la prochaine capitale.
04:26 Donc on a vraiment sur notre territoire, grâce aux technopoles qui ont été faites.
04:30 Et je vais dire, grâce à la création de cette métropole, on en a beaucoup entendu parler.
04:35 Mais le fait d'avoir rassemblé six territoires a permis de rassembler six territoires qui étaient performants.
04:43 Certains étaient davantage dans la recherche, d'autres étaient dans la culture, d'autres dans le sport, d'autres un peu dans tout.
04:49 Donc ce qui est important, c'est qu'aujourd'hui, on arrive à faire de l'innovation.
04:52 On a trois technopoles, on a 130 lieux de laboratoire de recherche.
04:56 On est le deuxième hub au niveau de l'arrivée des données.
05:00 Donc oui, on est une terre d'innovation.
05:03 C'est une terre d'innovation qui est en construction.
05:05 Et l'avantage, je crois que ce qui plaît aux entreprises, c'est un petit peu ça.
05:09 C'est qu'aujourd'hui, il y a tout à faire sur notre territoire.
05:11 Il y a tout à faire.
05:13 Et il y a une mobilisation qui se fait globale avec l'ensemble des acteurs, avec la région, bien sûr, où on travaille main dans la main,
05:19 mais surtout aussi avec l'État, parce que c'est aussi important, parce qu'on cherche du foncier, parce qu'on cherche du logement,
05:24 parce que c'est bien beau d'attirer des entreprises, mais si d'ailleurs on ne peut pas trouver ni le personnel, ni se loger,
05:28 et ni avoir des activités autres, c'est un peu compliqué.
05:31 Donc l'innovation, pour nous, c'est un vecteur qui nous propulse en avant.
05:35 Et on a effectivement énormément d'entreprises qui viennent nous voir pour nous dire "on veut s'installer ici".
05:41 Donc si vous êtes installés ici, c'est que vous avez fait le bon choix.
05:44 Évidemment, quand on parle de transformation, l'une des transformations majeures actuellement, c'est la transition écologique.
05:50 Chez ENGIE, vous êtes, Damien Terouane, au cœur de ces problématiques.
05:53 Quel lien faites-vous, justement, entre tout ça, entre les solutions que vous pouvez mettre en place et l'innovation ?
05:59 D'abord, je retiens que 20% de notre énergie est consommée par notre cerveau.
06:04 Ça nous ouvre des perspectives, en termes de fournisseurs et de développeurs de solutions énergétiques.
06:09 Non, plus sérieusement, nous sommes effectivement engagés au quotidien dans cette transformation majeure,
06:14 qui est celle de la transition énergétique, qui est au fond un triple défi pour l'ensemble de nos clients,
06:19 que ce soit des collectivités locales, des industriels, des entreprises du tertiaire, des gestionnaires de bâtiments.
06:24 Ils ont ce défi de, finalement, reprendre une forme de souveraineté énergétique,
06:29 se rendre moins dépendants des énergies extraterritoriales,
06:33 évidemment, aller chercher des énergies toujours plus vertes et toujours moins carbonées.
06:38 Et puis, évidemment, personne ne me démentira ici, arriver à boucler l'économie, à boucler le budget,
06:43 maîtriser sa trajectoire économique en matière énergétique.
06:46 Et enfin, à la fin, il faut que tout ça, ça marche.
06:49 Il faut que les services, il faut que les usines, il faut que les bâtiments fonctionnent, soient chauffés, aiguisés le bon niveau de service.
06:54 Donc, c'est ce triple défi auquel on fait face.
06:57 Et nous, notre conviction chez ENGIE Solutions, dans ENGIE Solutions, il y a un S,
07:01 c'est que les solutions à la transition énergétique, elles sont plurielles, elles sont combinatoires.
07:05 Et en fait, le cœur du sujet de l'innovation dans notre métier, c'est d'arriver à trouver les bonnes combinaisons.
07:10 C'est d'arriver, comme à Marseille, à utiliser l'énergie de la mer pour chauffer, rafraîchir le quartier de Rho-Méditerranée.
07:18 C'est potentiellement aller chercher de l'énergie fatale chez un industriel qui, jusqu'à présent,
07:22 avait de la chaleur qui se dégageait, qui ne récupérait pas et qui peut réutiliser finalement dans son process.
07:27 C'est, face à chaque bâtiment, une CoPro, comme la Cadenelle à Marseille,
07:31 aller trouver la meilleure solution de chauffage en combinant de la géothermie, des pompes à vapeur, des pompes à chaleur, etc.
07:39 En ajoutant une couche importante qui est le pilotage, évidemment, de l'énergie dans le bâtiment.
07:43 Et là-dessus, on s'appuie de plus en plus sur du digital, voire même de l'intelligence artificielle,
07:48 pour régler au plus près le pilotage de la production d'énergie sur les besoins du bâtiment.
07:53 Donc voilà, nous, l'innovation, finalement, on la conçoit comme la combinaison de l'ensemble de ces solutions,
07:57 avec un enjeu derrière qui est le nôtre en tant qu'industriel de l'énergie.
08:00 C'est justement de massifier, d'industrialiser, parce que si on veut que ça marche
08:04 et si on veut que ce soit pertinent économiquement, il faut des solutions qu'on arrive à déployer à grande échelle
08:09 pour en faire baisser le coût et en augmenter l'impact.
08:12 Christine Fabresse, quand on est une banque comme l'Asepac, comment on traite l'innovation pour ses clients ?
08:17 Alors l'innovation, elle est importante évidemment pour nous et elle est importante pour nos clients.
08:20 On la traite de différentes manières. Déjà, on a des conseillers qui sont des conseillers vraiment dédiés, spécialisés.
08:25 Quand on parle à des start-up, on n'a pas le même modèle économique qu'une entreprise qui est déjà établie,
08:30 qui n'est pas dans ce schéma-là économique.
08:32 Donc il faut absolument qu'on ait des gens qui soient dûment formés, qui soient capables d'aller faire le lien
08:36 sur tout l'écosystème public-privé et qui soient en capacité d'aller bien comprendre comment l'entreprise va évoluer,
08:41 comment on peut la valoriser, comment est-ce qu'on peut l'aider.
08:43 Après, il y a une chose qui est importante quand on est une banque comme l'Asepac, c'est la dette.
08:47 Le carburant de l'innovation, c'est le cerveau, mais c'est la dette aussi.
08:51 Il faut beaucoup de dette quand on innove et quand on veut se transformer.
08:54 La dette, on la porte sur notre bilan. On s'appelle Caisse départ d'Asepac.
08:57 On est un gros financeur ici du territoire. On injecte 6 milliards d'euros chaque année sur le territoire.
09:01 Donc on la porte directement. Et puis après, il y a l'écouti.
09:04 Tout ce qu'on peut faire en termes d'écouti, vous le savez bien ici, vous qui nous écoutez, entrepreneurs,
09:08 on le fait au travers de dispositifs et d'outils qui sont dédiés.
09:12 On a, nous, par exemple, 70% de quelque chose qui est bien connu ici, qui s'appelle Smart Capital.
09:16 Et on partage ça aussi avec des dispositifs de région.
09:19 Avec la région Sud Investissement, par exemple, on a créé un fonds pour faire des prêts participatifs.
09:25 Il y a 500 entreprises qui en ont bénéficié. On a mis 66 millions au total.
09:28 Et Smart Capital, au total, c'est un milliard d'euros qui ont été conseillés ou gérés ici pour le territoire,
09:33 pour des entreprises du territoire. C'est important.
09:35 Après, on a des dispositifs. On est dans un groupe. Ça s'appelle BPCE.
09:39 C'est le deuxième groupe bancaire français. Et on utilise ces dispositifs aussi communs.
09:43 C'est Venture Partners, par exemple, en termes d'écouti.
09:46 C'est quelque chose qui est très important parce que c'est un des leaders européens en termes de financement d'innovation en écouti.
09:51 Donc on s'en sert aussi pour des entreprises qui sont ici innovantes du territoire et pas que des startups.
09:56 Et c'est assez important de pouvoir les faire grandir et leur donner les moyens de leur croissance.
10:00 On fait plein d'autres choses également.
10:02 Je crois qu'il faut avoir conscience que quand on parle d'entreprises innovantes, startups ou autres entreprises,
10:06 parce qu'il ne faut pas oublier que 42% des entreprises françaises sont des entreprises qui sont dites innovantes.
10:11 Donc ce n'est pas que les startups. C'est conséquent.
10:15 Elles ont besoin de plein d'autres choses.
10:17 Est-ce que vous savez qu'en France, je dis en France, mais on a 1 300 guichets de subventions possibles pour des entreprises innovantes ?
10:23 1 300 guichets.
10:25 Ce sont des guichets qui sont nationaux. Ce sont des guichets qui peuvent être régionaux, locaux.
10:29 Ce sont des guichets européens. Et comment un entrepreneur peut s'en sortir, aller savoir quelles sont les subventions auxquelles il a besoin ?
10:35 Et nous, on essaie aussi par des outils, par des gens qui sont dûment formés à ça, qui ont les moyens de le faire,
10:41 d'aller screener pour nos entrepreneurs toutes les subventions qui peuvent être allouées à une entreprise qui a décidé d'aller innover pour se transformer.
10:48 Alors je saisis la balle au bout, Olivier. Est-ce que ces 1 300 dispositifs dont vient de parler Madame Fabresse sont efficaces ?
10:55 Il y en a plus que de fromage en tout cas, je note. Mais ce n'est pas forcément aussi bon.
11:01 Évidemment, on a toujours un problème de simplification. La vraie question, c'est comment favoriser en France, chez nous, évidemment l'innovation.
11:08 Peut-être 4 idées très rapides. La première, vous savez qu'il y a une différence entre invention et innovation.
11:12 En France, on est super bon pour inventer. D'ailleurs, on avait inventé la tablette. Il y a plein de trucs qu'on a inventés.
11:17 En revanche, l'innovation, comme très souvent, elle est chopée et elle est faite outre-Atlantique.
11:21 Ce qui est l'innovation, c'est la mise sur le marché, c'est la transformation en produit qui va être diffusable d'une invention.
11:28 Et ça, il faut arriver à le faire. La deuxième idée, c'est la sérendipité.
11:31 Vous savez, toutes les recherches scientifiques, toutes les trouvailles scientifiques se font au hasard en fait.
11:36 La pénicilline, la poudre, les rayons X. Et cette trouvaille, elle se fait si vous avez l'œil ouvert à cette espèce de hasard.
11:46 Et si vous acceptez l'échec, et cette acceptation de l'échec, malheureusement en France, c'est l'un de nos problèmes culturels.
11:51 C'est le deuxième point. Le troisième point, c'est qu'il y a aujourd'hui, qu'on le veuille ou non, une guerre des cerveaux
11:55 pour attirer ce qui va faire la prospérité de demain. Peut-être qu'avant la révolution industrielle, il fallait des terres et on allait conquérir des terres.
12:01 Au moment de la révolution industrielle, on allait conquérir des matières premières et des mines et de l'énergie.
12:07 Et aujourd'hui, ce qu'on va conquérir, c'est les cerveaux parce que c'est ça qui va faire la puissance de demain.
12:11 La différence, c'est que les cerveaux, c'est quand même beaucoup plus mobile qu'une mine. Et puis la dernière chose, la dernière chose qui est à mon avis fondamentale,
12:17 vous savez, c'est Sénèque qui disait dans les lettres à Lucilius, il n'y a pas de vent favorable à celui qui ne sait pas où il va.
12:22 Le problème, c'est qu'il faut un but à l'innovation et il faut, on ne sait pas forcément ce qu'on va trouver, mais il faut aussi avoir l'idée d'une sorte de futur souhaitable,
12:31 d'état non seulement de l'offre d'une entreprise, mais peut-être aussi d'état de la société.
12:36 Et en fait, c'est ce qui nous manque le plus parce que, bizarrement, dans ce 21e siècle, où il y a évidemment, bien sûr, tous les drames qu'on connaît aussi,
12:42 mais moi, j'essaie d'être optimiste, on a une absence, en tout cas, il y a une crise du progrès.
12:48 Le progrès, à la fois, on est content de l'accueillir et à la fois, on ne le désire plus tellement et on a peut-être une forme d'appréhension.
12:54 Et bien ça, ça n'aide pas, évidemment, à l'innovation.
12:57 Sur ces questions de financement, Martine Vassal, Christine Fabresse citait des dispositifs régionaux.
13:02 Quelle est la politique de la métropole ? Comment est-ce que vous accompagnez l'innovation sur le territoire ?
13:07 Alors parce qu'on a des incubateurs, déjà, et puis on aide plus de 400 startups au quotidien pour essayer justement de développer.
13:14 Parce que, vous le disiez très justement, le nerf de la guerre de l'innovation, c'est que ça nécessite de l'argent au départ.
13:20 Et derrière, après, les innovateurs pensent plus à leur projet à innover que plutôt à regarder leur haut de bilan.
13:27 Donc c'est la raison pour laquelle il faut que nous, institutions, on puisse être aux côtés des startups pour les aider.
13:32 Donc c'est ce que nous faisons. Nous les aidons de manière active.
13:35 Là, le fait d'avoir obtenu le label de capital de l'innovation nous a permis de débloquer un fonds de 100 000 euros
13:42 où nous allons désigner, d'ici la fin de l'année, des entreprises qui innovent pour les aider aussi.
13:47 Parce que ça, c'est important aussi. Et donc nous travaillons dans ce sens-là où nous sommes facilitateurs.
13:51 Vous avez raison de dire, Olivier, qu'il y a beaucoup trop de points d'entrée.
13:55 C'est très compliqué pour l'ensemble des acteurs d'innovation de pouvoir savoir vers qui il faut se tourner.
14:03 Donc c'est là où on doit avoir ce déchet unique, ce rôle fédérateur, pour que les personnes qui innovent sachent vers qui aller.
14:12 En tout cas, chez nous, on a la chance. On disait tout à l'heure qu'on est un territoire béni des dieux.
14:17 Mais on a une position géopolitique qui nous permet justement d'attirer et de faire en sorte d'aider les entreprises à innover le maximum.
14:25 C'est plus de 30 millions d'euros que nous mettons par an, ne serait-ce que pour les projets.
14:31 Et dans la totalité du territoire, nous mettons, entre les deux institutions que j'ai l'honneur de présider,
14:37 un milliard sur la table pour investir sur le développement du territoire entre le département et la métropole.
14:44 Et ça, c'est important aussi parce que les entreprises, c'est bien beau de les attirer, c'est bien beau de leur donner les moyens,
14:51 mais derrière, il faut que la structure suive, c'est-à-dire qu'ils puissent avoir du logement, qu'ils puissent se sentir bien dans le territoire, avoir du foncier aussi.
15:01 Donc c'est là où on travaille de manière très forte avec le Grand Port, où on a quand même la chance d'avoir un territoire
15:07 qui a une potentialité foncière qui est importante. Et donc c'est là où on a besoin de travailler avec l'État, sur le Grand Port,
15:15 avec les partenaires du privé et les partenaires du public, bien entendu.
15:19 Donc l'innovation chez nous, c'est quelque chose qu'on met particulièrement en avant dans tous nos dispositifs,
15:25 également en innovation interne, parce que c'est bien beau de dire "on aide les entreprises à innover",
15:30 mais il faut que nous aussi, institutions, on soit à la page, et c'est ce que nous faisons systématiquement dans tous nos services,
15:38 où nous mettons l'innovation en premier pour que les choses soient plus efficaces.
15:42 Chez Engie, qui est un grand groupe international, comment est-ce que vous adressez ce sujet ?
15:48 Est-ce que vous faites de l'innovation uniquement en interne ? Est-ce que vous allez chercher de l'innovation à l'extérieur ?
15:53 Non, mais comme vient de le dire Martine Vassal, nous aussi nous combinons de l'innovation que nous allons chercher dans des startups,
16:00 chez nos fournisseurs également, et puis évidemment aussi par nous-mêmes, par notre propre manière de faire,
16:05 parce que je retiens l'idée que l'innovation ce n'est pas juste inventer, c'est faire différemment, in fine, et délivrer.
16:10 Donc il y a tout ce sujet de la mise en œuvre.
16:12 Les startups, on les accompagne, on a un fonds qui s'appelle Engie New Venture, qui investit depuis 10 ans maintenant, très régulièrement.
16:17 Il y a 25 projets qui sont soutenus dans des startups à travers la France, et plus largement.
16:22 Deux exemples très concrets, Alpinovix à Grenoble, une entreprise qui essaie de faire fonctionner les groupes froids et les pompes à chaleur,
16:28 non plus avec des fluides frigorigènes ou caloporteurs qui ont un impact fort sur l'environnement, mais avec un fluide très simple, l'eau.
16:37 C'est l'eau qui refroidit le réfrigérateur ?
16:40 C'est l'eau qui serait le fluide qui serait constamment vaporisé, comprimé pour dégager du froid ou du chaud.
16:46 Bon, ça paraît un peu loin, mais si on y arrive c'est fantastique évidemment.
16:50 Un autre exemple, Eliatech, une entreprise qui a été créée à Dresde en Allemagne,
16:54 et qui a créé des films photovoltaïques très légers, à partir de chimie organique,
16:59 qui permettent d'équiper des structures qui ne peuvent pas supporter des panneaux photovoltaïques classiques,
17:04 et qui du coup permettent de produire de l'énergie à des endroits où on ne pourrait pas en produire.
17:07 Donc là aussi très intéressant.
17:09 Après plus localement, nous avons un partenariat avec l'atelier Provençal de surélévation,
17:14 il s'appelait au départ l'atelier Parisien de surélévation, mais comme il se développe beaucoup dans la région, il a choisi...
17:18 - Vous avez changé le nom.
17:20 - Et des gens avec qui on réfléchit à de l'innovation sur la rénovation énergétique des bâtiments.
17:24 La rénovation énergétique des bâtiments, c'est un sujet de financement,
17:27 il faut arriver à limiter le reste à charge pour les copropriétaires ou les bailleurs,
17:31 et donc toutes les solutions sont bonnes à prendre.
17:34 Une des solutions c'est d'augmenter le potentiel de valeur du foncier, et c'est donc de le surélever.
17:39 Et donc nous avons un projet avec cet atelier Provençal de surélévation.
17:42 Il y a une keynote à 9h30, je fais de la pub au passage avec nos équipes.
17:45 - Vous faites bien.
17:47 - Je termine sur l'innovation interne.
17:49 Un de nos gros enjeux, et là aussi je pense que je suis représentatif de l'Assemblée, c'est le recrutement.
17:55 Et donc en matière de recrutement, là aussi il faut savoir innover, il faut savoir se démarquer.
17:59 Donc nous sommes très présents sur des réseaux sociaux classiques, que je ne vais pas citer,
18:03 mais également sur des réseaux sociaux beaucoup plus innovants.
18:05 Nous allons chercher des Youtubers, nous allons chercher des jeunes pour parler de nos métiers.
18:08 - TikTok aussi, je me suis laissée dire.
18:10 - TikTok, exactement, merci.
18:12 Nous faisons des campagnes Montaf, où nous faisons parler nos techniciens de leurs métiers pour les mettre en valeur.
18:16 Et puis dernièrement, nous avons organisé une belle opération que nous avons appelée les 48h pour le climat.
18:20 Ça a été notre climaton, en quelque sorte.
18:22 Pendant 48h, nous avons généré des centaines et des centaines de fresques du climat à travers la France.
18:28 Il y a eu plus de 8000 participants.
18:30 Et la belle idée, c'était que ce soit pas seulement des participants salariés des ENGIE ou d'ENGIE Solutions,
18:34 mais des salariés d'entreprises, de collèges, de lycées, d'universités partenaires,
18:39 pour faire connaître le sujet du climat et sensibiliser l'ensemble de nos parties présentes.
18:44 Il y avait aussi des fournisseurs et des clients qui ont participé à ce bel événement.
18:47 Voilà aussi une forme d'innovation pour communiquer sur nos sujets et attirer du monde vers nos métiers.
18:52 - Christine Fabresse, j'ai l'impression que le maître mot, c'est quand même "écosystème".
18:56 Vous-même, quand on a préparé cette table ronde, vous m'avez dit "en fait, il faut créer une constellation".
19:00 Je trouve le mot très joli. Est-ce que vous pouvez l'expliquer, cette constellation ?
19:03 Comment vous la voyez, cette constellation innovante ?
19:05 - Déjà, et Martine Vassal l'a dit, c'est quand on est ensemble qu'on est très fort, quand même.
19:09 C'est quand on est ensemble.
19:10 C'est quand on associe nos 20% d'énergie de chacun de nos cerveaux et que tous les dispositifs se mettent ensemble.
19:15 On devient vraiment très, très fort, sinon ça ne marche pas. Il va manquer quelque chose.
19:18 La roue ne tourne pas assez vite. Ça bloque.
19:21 Nous, on est très présents sur les écosystèmes ici.
19:23 Et c'est vrai qu'il y a quand même beaucoup de choses qui sont faites sur le territoire pour les entreprises qui veulent innover.
19:28 Et on essaie d'y participer. On est partenaire d'Eurobiomède.
19:31 On est partenaire d'Innovalliance. On est partenaire de Ex-Marseille Métropole.
19:35 On est partenaire de l'université.
19:37 On essaie de participer et d'apporter notre pierre à ce dispositif, à cette contribution.
19:42 Après, oui, il faut une constellation d'innovation.
19:44 Par exemple, chez nous, on innove comme chez Engie, évidemment, comme toutes les entreprises.
19:48 On innove pour nous-mêmes. On innove pour nos clients.
19:51 Beaucoup de la recherche et développement est réalisé aussi par des start-up, donc des FinTech ou des InsurTech.
19:56 On va le faire.
19:57 Et on a besoin d'avoir une constellation parce que c'est une constellation d'acteurs
20:01 pour apporter une offre de services utiles à ceux qui en ont besoin, là, uniques.
20:07 Et on associe chacun nos savoir-faire, les collectivités publiques, les universités, les start-up elles-mêmes,
20:15 les gens dans les différents domaines privés, les banquiers. Voilà, on a ça.
20:20 Et c'est parce qu'on associe toutes ces planètes de la constellation
20:23 qu'on arrive à trouver une offre pertinente pour nos clients.
20:26 Et on le fait aussi pour les services, mais on en reparlera.
20:29 Olivier, comment on fait travailler tout le monde ensemble dans cette constellation, toutes les planètes ?
20:34 Parce que c'est ça la difficulté, c'est d'allier des acteurs publics, des acteurs privés, des gros groupes, des start-up.
20:39 C'est un des défauts qui n'est pas propre à la France, mais qui existe beaucoup en France,
20:43 c'est la pensée et le fonctionnement en silo.
20:46 On adore opposer les gens chez nous. Alors les pauvres et les riches, c'est sûr,
20:49 mais aussi le public et le privé, le non lucratif et le lucratif, la recherche fondamentale et la recherche appliquée.
20:56 Et d'ailleurs, du point de vue de l'effort de recherche, il faut noter qu'on est malheureusement,
20:59 au niveau national, loin du compte. En termes d'effort du PIB, on est autour de 2%.
21:04 Les autres pays, les pays qui font le plus d'effort, ils sont autour de 3%.
21:08 Le budget du CNRS, c'est 3,3 milliards d'euros.
21:12 Le budget d'Amazon, de recherche et développement, c'est 42 milliards.
21:17 Donc vous voyez que si nous on ne fait pas un PAC, si on n'est pas capable d'avoir une approche transversale,
21:23 d'avoir des projets communs, d'avoir des projets communs,
21:30 évidemment, on a extrêmement peu de chances d'y arriver.
21:32 Et cela d'autant plus qu'il faut dire qu'on arrive dans une forme d'impasse budgétaire.
21:36 Et pour paraphraser Montesquieu, les dépenses inutiles ont affaibli les dépenses nécessaires.
21:41 Alors c'est vrai que vous disiez qu'il faut beaucoup de dettes quand on innove.
21:44 Malheureusement, beaucoup de dettes ne garantit pas le fait qu'on innove.
21:46 On peut aussi faire de la dette avec du fonctionnement et pas de l'investissement.
21:50 Et c'est ce qu'on a malheureusement beaucoup fait.
21:52 Aujourd'hui, peut-être, on peut continuer à s'endetter, à avoir des déficits,
21:55 mais il faut uniquement, uniquement que ça finance de l'investissement.
21:58 Dans l'investissement, il y a aussi évidemment l'éducation, les formations, toutes les formes de formation, évidemment.
22:03 Sur quels critères est-ce que vous choisissez les projets innovants, on va dire,
22:08 sur lesquels la métropole se positionne, Martine Vassal ?
22:13 Surtout, c'est des investisseurs qui ont envie de faire sur notre territoire.
22:17 Et donc, ils vont apporter quelque chose à la totalité des personnes qui sont ici.
22:22 Donc nous, on a orienté, on n'a pas voulu sectoriser.
22:26 On n'a pas voulu chercher une seule filière.
22:28 On a choisi, on est multifilière pour qu'à la fois dans la santé, mais aussi dans la mobilité,
22:35 mais aussi dans l'industrie, aussi dans l'énergie.
22:38 On travaille et aussi dans l'art de vivre.
22:41 Parce que je pense que dans tous les domaines où nous avons nos filières d'excellence,
22:45 eh bien, on doit innover.
22:47 Et c'est ce qu'on fait aujourd'hui.
22:49 Parce que c'est contraint, tout est contraint.
22:52 Le coût de l'énergie nous contraint énormément.
22:56 Le coût de la main d'œuvre nous contraint aussi.
22:58 Donc, on a une obligation de résultat sur le fait qu'il faut impérativement
23:03 que chacun et chacune arrive à être dans la page.
23:09 C'est-à-dire que donc, on n'a pas choisi un secteur particulier.
23:12 Ça, je tiens à le dire.
23:13 D'autres métropoles ont fait d'autres choix.
23:15 Vous allez à Toulouse, par exemple, c'est sur l'aéronautique.
23:18 Donc, nous, non.
23:19 Ça vient aussi de l'histoire.
23:21 Parce que la jonction, comme je disais, des 6 territoires, avait travaillé différentes filières.
23:27 Et aujourd'hui, c'est notre richesse.
23:29 Donc, nous, nous accueillons dans nos 5 filières différentes de l'innovation.
23:35 La première des choses que nous regardons, c'est surtout le bien-vivre de nos habitants.
23:41 Comment est-ce qu'on peut les aider à mieux passer les fins de mois ?
23:45 Parce qu'aujourd'hui, c'est un vrai problème de fond.
23:48 Et donc, aujourd'hui, si on a cet esprit un peu morose qui sort un peu de...
23:55 qui aujourd'hui est un peu le fil conducteur de tout,
23:59 c'est aussi parce que des gens n'arrivent pas à s'en sortir avec des salaires normaux.
24:03 Quand vous allez travailler et que vous avez un salaire moyen
24:05 et que vous n'arrivez pas à finir la fin de mois,
24:07 vous aurez beau innover tout ce que vous voulez, ça ne va pas le faire.
24:10 Donc, c'est là aussi où il faut qu'on soit, nous aussi, force de proposition
24:13 pour aider les uns et les autres à pouvoir mieux passer ces fins de mois
24:16 et s'épanouir dans les vies qu'ils ont choisis.
24:20 Mais l'innovation, c'est une obligation aujourd'hui de pouvoir développer notre territoire.
24:28 Un territoire qui ne sera pas innovant n'existera plus demain et n'attirera plus personne.
24:33 Donc, c'est la raison pour laquelle on mise sur la jeunesse,
24:36 on mise sur les startups et on mise sur cette innovation, bien entendu.
24:39 Damien Terwane, je me tourne vers vous parce que je sens quand même
24:42 beaucoup de pression sur les sujets énergétiques et on le comprend.
24:45 Comment est-ce que vous essayez de répondre aux problématiques
24:48 que vient de soulever Martine Vassal sur le coût de l'énergie ?
24:51 Est-ce que vous englobez, par exemple, vos fournisseurs sur ces questions-là ?
24:55 Oui, bien sûr. Sur le coût de l'énergie, je dirais que le triptyque, il est clair.
25:00 C'est les efforts d'économie d'énergie que chacun et chacune peut réaliser
25:04 dans son activité ou dans sa vie personnelle, donc la sobriété.
25:07 Derrière, la deuxième couche, c'est l'efficacité énergétique,
25:10 c'est-à-dire des systèmes d'énergie qui soient les plus performants,
25:12 les mieux réglés, les mieux pilotés possibles.
25:14 Et ça, c'est le cœur de notre métier au quotidien.
25:16 Et puis ensuite, il y a ce que je disais tout à l'heure,
25:18 aller chercher des énergies sur lesquelles on maîtrise le coût dans la durée
25:21 et on n'est pas surpris par des fluctuations qui peuvent venir
25:23 de tout un tas de facteurs comme ceux qu'on a connus malheureusement ces dernières années.
25:27 Pour revenir à votre question, bien sûr, nous, en tant que concepteurs
25:30 de solutions, d'assembleurs en quelque sorte au service de la transition énergétique,
25:34 nous allons chercher des briques que nous allons assembler pour concevoir,
25:40 financer quand on peut, mettre en œuvre et ensuite exploiter dans la durée
25:44 et garantir la performance d'un système énergétique pour un stade,
25:47 un quartier, une ville ou une industrie ou un immeuble d'habitation.
25:51 Et donc, pour faire ça, évidemment, nous avons besoin de l'innovation,
25:54 de la créativité de nos fournisseurs et nous avons une démarche
25:57 très animée sur ce thème-là parce que nous sommes convaincus au fond
26:01 que ce sont ces fournisseurs-là qui vont nous aider à créer la différence
26:04 et à trouver les meilleures solutions.
26:06 Tout récemment, la fonction Achat chez nous a organisé une matinale.
26:08 Nous avons invité 13 fournisseurs ou potentiels fournisseurs,
26:11 d'ailleurs certains ne travaillent pas encore pour nous,
26:13 parce qu'on a considéré qu'ils avaient quelque chose de crucial à nous apporter
26:16 en revalorisation du carbone par exemple, en mobilité hydrogène,
26:20 en pompe à chaleur, dans des tas de domaines différents,
26:23 en ingénierie également, en santé-sécurité, c'est aussi un sujet
26:26 sur lequel nous devons absolument arriver à innover.
26:29 Un exemple parmi d'autres, Conténergie Solutions,
26:33 une entreprise qui conçoit à l'intérieur de containers,
26:36 on est à Marseille, on voit bien, donc on en parle,
26:38 ils récupèrent des containers et ils installent à l'intérieur
26:41 une petite chaudière biomasse qu'on peut aller mettre de manière modulaire
26:44 sur la place, évidemment ça ne peut pas se faire n'importe où,
26:47 mais à proximité d'un bâtiment, d'une copropriété, d'un bâtiment social
26:50 ou d'un immeuble de bureau pour remplacer finalement un système
26:53 de chauffage gaz par un système modulaire, déplaçable,
26:56 qui fonctionne à partir de chaudières biomasse.
26:58 Donc voilà le type de relation qu'on établit pour assembler finalement
27:01 ce que nos fournisseurs peuvent nous proposer en matière d'innovation.
27:04 Christine Fabresse, Damien Terwan parlait tout à l'heure d'innovation
27:07 en matière RH, donc on peut parler d'innovation à un sens plus large,
27:10 pas nécessairement technologique, vous-même c'est surtout
27:13 dans les services aussi que vous innovez ?
27:15 Alors nous on innove parce que quand on est banquier assureur,
27:18 on s'occupe de toute l'économie d'un territoire au-delà,
27:22 donc on doit déjà innover pour nos clients, on doit leur apporter
27:25 des solutions innovantes, eux-mêmes sont en train de se transformer,
27:28 eux-mêmes sont en train d'innover et nous on a l'obligation
27:31 de pouvoir le faire, de fait. On le fait aussi pour nous-mêmes.
27:34 Aujourd'hui on est très structurés, comme chez NG bien sûr,
27:37 on est très structurés, on a des gens qui sont dédiés à l'innovation,
27:40 qui vont nous screener le marché, on a nos collaborateurs localement
27:43 qui sont dans les incubateurs, qui voient ce qui s'y passe,
27:46 qui vont aller au FC, screener le marché, et à partir de là,
27:49 on va détecter dans les domaines des paiements par exemple,
27:52 si vous payez avec votre carte sans contact, il y a eu de l'innovation,
27:55 si vous avez vos applications, il y a eu de l'innovation,
27:58 si vous allez payer demain vos factures en dématérialisé,
28:01 il y a de l'innovation obligatoirement, et si vous avez acheté des billets
28:04 sur la plateforme des Jeux Olympiques, c'est une pépite qu'on a acheté
28:07 avec le groupe il y a quelques années, qui s'appelle Payplug,
28:10 qui fait du paiement sur e-commerce et qui a fait 650 millions
28:13 de paiements aujourd'hui pour tous ceux qui ont acheté
28:16 des billets sur la plateforme. Donc l'innovation, elle vit avec nous.
28:19 Vous avez raison de dire aussi que c'est une innovation
28:22 qu'on utilise pour nous-mêmes, comme pour Engie.
28:25 Sans l'IA, on ne pourrait pas s'occuper des questions de fraude.
28:28 On a 30 millions de clients, 30 millions de clients,
28:31 c'est des milliards de transactions, des milliards de transactions,
28:34 sans l'IA, c'est impossible à faire de manière humaine, pour sécuriser.
28:37 Donc on utilise les innovations également pour nous-mêmes.
28:40 Et dans le domaine social, vous le disiez, dans le domaine RH,
28:43 quand on s'appelle Caisse d'épargne, on est né de toutes ces évolutions
28:46 de la société. Je rappelle, j'en profite, qu'on a permis aux femmes
28:49 il y a plus de 200 ans d'ouvrir un compte bancaire sans l'autorisation
28:52 de leur mari, 84 ans avant que la loi française ne le permette.
28:55 Et donc on faisait de l'innovation de la société,
28:58 on s'est toujours préoccupés de ça. Aujourd'hui, on le fait pour nous.
29:01 Par exemple, la question des aidants, c'est une question sur laquelle
29:04 je me suis beaucoup engagée il y a quelques années au niveau du groupe.
29:07 La question des aidants est une question qui nous concerne tous.
29:10 On a ces populations, ces générations, dont je fais partie, tampons,
29:13 qui sont les enfants quand ils reviennent à la maison et qui s'occupent
29:16 des parents qui sont des parents vieillissants dont il faut s'occuper.
29:19 50% des aidants sont actifs. Il faut qu'on arrive à trouver
29:23 des solutions innovantes dans notre manière dont on organise le travail,
29:26 dont on traite nos salariés, dont on s'occupe de nos clients,
29:30 y compris dans le domaine bancaire, pour que cette question
29:33 des aidants soit traitée. Donc la question de l'évolution
29:36 de la société, la question de l'utilité des innovations,
29:40 elle est extrêmement importante, y compris dans le domaine social.
29:43 Olivier, est-ce que l'innovation sociale a besoin des mêmes conditions
29:47 au départ que l'innovation technologique ? Ou est-ce que finalement
29:51 elle suppose moins de besoins financiers, par exemple ?
29:54 C'est souvent le cas, effectivement. Les besoins financiers ne sont pas
29:57 les mêmes. Les besoins peut-être d'élasticité d'esprit, d'ouverture,
30:04 de capacité à échouer, de capacité à tester, en revanche, sont les mêmes.
30:07 Dans la santé, par exemple, on voit bien que les innovations,
30:10 on a des représentations de technologies dures, qui demandent
30:15 énormément d'investissements, et puis parfois, c'est des innovations
30:17 de procédés, c'est des façons différentes, des tours différentes
30:21 qui peuvent d'ailleurs venir du terrain, ce qui oblige, par exemple,
30:24 à essayer d'écouter le terrain, à essayer de leur demander
30:27 comment ils voient les choses, et de faire des propositions.
30:29 C'est vrai que la logique est relativement différente.
30:32 La mise en œuvre, souvent, ne coûte pas grand-chose.
30:35 Et là, on revient à nos idées du nombre de guichets.
30:38 Il faut qu'il y ait une forme... Alors, c'est vrai, en France,
30:41 l'administration, elle est là pour assurer la continuité,
30:43 évidemment, une forme de sécurité, en particulier dans la santé.
30:46 Mais donc, elle est là pour donner des règles.
30:49 Ce qui est très difficile, et ce qu'il faut pourtant qu'elle arrive à faire,
30:52 c'est permettre ce qu'on appelle un peu des bacs à sable,
30:54 c'est-à-dire la capacité, en particulier localement,
30:57 donc, ça veut dire renoncer un petit peu à notre jacobinisme.
31:00 Je suis professeur à Bordeaux, donc soyons un petit peu plus girondins,
31:03 soyons un peu plus locaux. - Marseillais.
31:06 - Marseillais aussi, c'est-à-dire allons plus près du terrain,
31:09 faisons confiance aux acteurs du terrain, écoutons-les,
31:12 et permettons-leur de faire des tests, d'essayer des choses.
31:16 C'est souvent beaucoup plus intelligent et beaucoup plus en phase avec les besoins.
31:19 - Vous vous retrouvez dans ce qui vient d'être dit, Martine Vassal,
31:22 vous écoutez le terrain ?
31:24 - On est bien obligés d'écouter le terrain, et c'est avec grand plaisir qu'on le fait.
31:28 Et justement, si on fait les choses, c'est pour le terrain.
31:30 Et donc, c'est pour le terrain, c'est pour les habitants,
31:33 et c'est surtout pour la jeunesse.
31:35 Parce que c'est vrai que nos projets, quand on lance un projet,
31:38 quand on construit un collège, quand on construit une école,
31:41 quand on fait une route, quand on met un tramway,
31:44 qui n'a pas été changé depuis 50 ans, c'est sûr que c'est long.
31:47 Et ça prend entre 7 et 15 ans, dans les bons moments,
31:53 et plutôt 10 à 15 ans dans le reste.
31:55 Parce que vous avez raison, l'État et Jacobin, il est là,
31:58 et il nous donne des directives qui sont assez longues.
32:01 Donc ce qu'il faut, c'est que nous, on associe nos habitants,
32:04 mais surtout, on associe notre jeunesse.
32:07 Je crois qu'aujourd'hui, il faut impérativement qu'on mobilise nos jeunes
32:11 pour qu'ils apprennent nos métiers, qu'ils viennent voir ce que nous faisons,
32:15 pour aussi leur dire qu'il y a un avenir pour eux.
32:18 Et moi, ce que des fois je regrette, et je peste,
32:22 quand je mets la télévision et que j'entends les médias,
32:25 où franchement, c'est la sinistrose complète.
32:27 On n'a qu'une envie, c'est de pendre une corde et de se pendre.
32:32 Parce que franchement, tout est mauvais, tout est...
32:35 Et quand on voit ce qui se passe sur le terrain, ça n'a absolument rien à voir.
32:39 Donc moi, si j'ai un conseil à donner, aujourd'hui, on ne communique pas assez.
32:43 On a trop la tête dans le guidon.
32:46 Il faut absolument que chacun et chacune des entreprises
32:50 passe une partie du temps à dire ce qu'elle fait,
32:53 à faire venir les personnes chez elles.
32:55 Que ce soit dans l'administration, que ce soit des administratifs,
32:59 parce que c'est important aussi de les associer,
33:01 mais que ce soit aussi des jeunes.
33:03 Donc il faut s'ouvrir vers le monde.
33:05 Et il faut utiliser l'innovation pour pouvoir le faire.
33:07 Donc l'innovation, elle va nous permettre de gagner du temps,
33:09 mais d'ailleurs, ce qu'il faut, c'est qu'on s'ouvre.
33:11 Il ne faut pas que les entreprises restent dans leur monde et soient refermées.
33:16 Il faut utiliser chacun des facteurs et chacun des vecteurs
33:20 pour pouvoir justement aller vers l'autre et montrer ce que l'on fait.
33:24 Parce qu'on est dans un pays fantastique.
33:26 Je le disais hier soir, on a de la chance quand même d'habiter dans ce pays.
33:30 Je ne dirais pas uniquement dans notre territoire.
33:32 Nous, on dit que c'est le plus beau du monde.
33:35 On va pas exagérer un petit peu, mais un petit peu beaucoup.
33:37 Mais c'est important, c'est ça.
33:39 Il faut préserver cette possibilité que nous avons dans notre pays,
33:44 qui est la France, de pouvoir réussir d'où qu'on vienne
33:48 et de quelque milieu que ce soit.
33:51 C'est là où il faut que nous, on continue à faire cette publicité,
33:55 qu'on soit positif et que chacun et chacune prenne du temps
33:59 pour essayer d'arrêter ce Marseille bashing.
34:05 Chaque fois qu'il y a quelque chose qui ne va pas, on voit Marseille.
34:08 Mais il y a beaucoup de choses qui vont bien ici, sur notre territoire,
34:10 et nous, on est là pour le faire rayonner.
34:12 Olivier, les conditions en France sont quand même favorables.
34:14 Martine Vassa a raison.
34:16 Il faut de temps en temps voyager un petit peu
34:18 pour se rendre compte de la façon dont la France est un pays extraordinaire,
34:22 extraordinaire par son climat, en tout cas encore pour l'instant,
34:25 extraordinaire par la diversité de ses territoires
34:27 et par la richesse de ces territoires qui sont, il faut bien le dire,
34:30 trop souvent concentrés dans leur vision à Paris.
34:34 Mais Paris, c'est qu'une partie de la France.
34:36 Il y a tellement, en particulier d'entrepreneuriat, d'initiatives,
34:39 d'endroits extraordinaires ailleurs, évidemment, en France.
34:42 Ce genre d'initiative est absolument nécessaire, d'ailleurs,
34:44 pour montrer qu'il y a plein d'autres trucs qui se font en France
34:47 et qui s'inventent un peu partout.
34:49 Honnêtement, on est très attractifs encore aujourd'hui,
34:51 malgré toutes les bêtises qu'on a pu faire d'ailleurs,
34:53 mais on est très attractifs pour le monde entier,
34:55 parce que le monde entier, il voit ça.
34:57 Et d'ailleurs, il voit, il faut le dire de temps en temps,
34:59 il faut dire les bonnes nouvelles.
35:00 On a une qualité d'infrastructure qui est extraordinaire.
35:02 Allez voir les autoroutes, les pas mal de routes dans beaucoup d'autres pays,
35:05 y compris des pays très développés, de nos voisins.
35:08 Vous allez quand même déchanter assez fort.
35:10 Je pense aux Grandes-Bretagnes, par exemple, des nids de poules partout, etc.
35:13 Nous, c'est d'une qualité extraordinaire.
35:15 On a une qualité de formation qui est reconnue dans le monde entier,
35:17 à tel point, malheureusement, que souvent, les cerveaux,
35:19 on les exporte un peu partout, on aimerait bien les retenir un peu.
35:22 Souvent, ils finissent par revenir,
35:24 parfois après le prix Nobel, ils finissent par revenir.
35:27 Donc, on est assis sur un tas d'or.
35:29 En fait, c'est souvent les étrangers qui nous le disent, bizarrement,
35:32 parce que nous, on a un petit peu cette vision,
35:34 on adore se dévaloriser.
35:36 On a un tas d'or extraordinaire sur lequel on n'a qu'à prospérer,
35:39 mais il faut effectivement l'intelligence de casser ses silos
35:42 et d'arriver à mobiliser ses énergies et à les libérer.
35:45 Merci à tous les quatre pour ces propos très positifs.
35:49 Évidemment, ils feront écho à ce que nous dira en tout début d'après-midi
35:52 le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire,
35:54 qui vous a adressé un petit message qu'on pourra découvrir.
35:57 Donc, merci à vous, Martine Vassal,
36:00 présidente de la Métropole d'Aix-Marseille-Provence,
36:03 Christine Fabresse, présidente du directoire de la Caisse d'Épargne CEPAC,
36:06 Damien Terouane, directeur général délégué au sein d'ENGIE Solutions,
36:09 et Olivier Babaud, président fondateur de l'Institut Sapiens.
36:13 Tout de suite, la deuxième table ronde,
36:15 qui vous est présentée par Stéphane Soumy,
36:17 autour d'entreprises et territoires.