Les funérailles du professeur de français Dominique Bernard, poignardé devant son collège-lycée Gambetta par un ancien élève radicalisé, se sont déroulées ce jeudi matin. En présence d’Emmanuel Macron et de son épouse Brigitte, un millier de personnes ont assisté à la cérémonie dans la cathédrale d’Arras. « Il n’aimait pas la foule, ni les honneurs », a notamment déclaré son épouse, après avoir cité les noms d’artistes qu’il affectionnait particulièrement. « Nous nous aimions », a-t-elle conclu. A l’extérieur, dans le centre-ville d’Arras, près de 600 personnes, selon la préfecture du Pas-de-Calais, ont également assisté à la cérémonie.
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00:27 Il n'aimait pas la foule, ni les honneurs,
00:31 les cérémonies qu'il avait en horreur.
00:35 Sensible et discret,
00:39 il n'aimait pas le bruit et la fureur du monde.
00:43 Il aimait profondément ses filles,
00:52 sa mère et sa sœur,
00:56 sa mère et sa sœur.
00:59 Nous nous aimions.
01:03 Ta silhouette, je la vois dans la salle des profs.
01:07 Je vois ta chemise, toujours.
01:10 Le gobelet que tu tiens,
01:12 ton sourire malicieux parce que tu as un truc marrant à dire.
01:16 Il était difficile de ne pas s'approcher, de ne pas t'écouter,
01:23 d'un conseil de lecture, une anecdote,
01:27 un rien, un tout.
01:30 Ta silhouette, je la vois dans les couloirs, devant une classe un peu dispersée,
01:36 que ta présence ramenait au calme, parce que c'est M. Bernard.
01:39 Alors, bonjour, monsieur !
01:42 C'était aussi ça, ton pouvoir avec les élèves.
01:46 Tu étais là pour eux.
01:48 Ils l'avaient compris et se nourrissaient en désordre
01:51 de ta passion dévorante pour la littérature.
01:54 Nous sommes là à déchirer dans notre affection,
01:58 sans doute aussi atteint,
02:01 dans notre foi en l'homme et en la société.
02:05 Pourtant, nous sommes là,
02:09 désemparés mais ensemble.
02:12 Nous sommes là, abasourdis,
02:14 mais refusant de nous laisser écraser.
02:18 Nous sommes là, dépouillés,
02:21 mais sachant que la meilleure manière de résister à un tel attentat
02:25 est de rechoisir délibérément la vie et l'avenir.
02:29 Je suis très émue, ça m'a énormément affectée,
02:41 de me dire qu'on peut perdre la vie en allant à l'école,
02:44 et que ça touche une ville comme Arras, qui est ma ville,
02:47 je suis en colère,
02:49 de me dire qu'aujourd'hui, dans un pays comme le nôtre,
02:52 on en arrive à de telles situations.
02:55 Et puis j'ai peur pour l'avenir, l'avenir de nos enfants.
02:58 Tout simplement observer ce grand silence et ce respect.
03:06 J'étais samedi devant le lycée, l'après-midi,
03:11 et j'ai trouvé extraordinaire le calme des gens qui venaient
03:16 vraiment en santé avec leur cœur.
03:19 Et les gens qui se rassemblent aussi.
03:22 Et je me dis que quand on dit « il n'y a plus de repères,
03:25 les gens ceci, les gens cela »,
03:27 non, il y a quelque chose, on sent qu'au-delà,
03:30 il y a quelque chose tout de même de très fort,
03:32 il y a encore du cœur.
03:34 [Musique]