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Dominique Bernard "n'aimait pas la foule et les honneurs" : des centaines de personnes ont assisté jeudi aux obsèques de ce professeur poignardé à mort par un ancien élève devant son collège-lycée d'Arras, lors d'un attentat jihadiste qui a placé la France en état d'alerte.

"Sensible et discret, il n'aimait pas le bruit et la fureur du monde. Il aimait profondément ses filles, sa mère et sa soeur. Nous nous aimions", a déclaré son épouse Isabelle, elle aussi enseignante, devant un millier de personnes présentes dans la cathédrale d'Arras. Parmi elles, le chef de l'Etat Emmanuel Macron, son épouse Brigitte et le ministre de l'Éducation Gabriel Attal.
Regardez L'invité de RTL Midi du 19 octobre 2023 avec Céline Landreau.

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00:03 On a ce matin les obsèques de Dominique Bernard, ce professeur tué vendredi dernier devant son établissement par Mohamed Mogouchkov.
00:11 Pour en parler avec nous, on retrouve Franck Hansen en direct d'Arras. Bonjour Franck.
00:15 Bonjour à tous.
00:17 Vous avez suivi cette cérémonie pour RTL. On va donc revenir avec vous sur plusieurs temps forts.
00:22 D'abord l'hommage de sa femme Isabelle.
00:25 Il aimait Julien Gracq, Flaubert, Stendhal, Balzac. Il aimait la poésie, René Char, Baudelaire, Rimbaud.
00:35 Il aimait le cinéma, Truffaut, Kubrick, Almodovar, Fellini, Visconti. Il aimait l'Italie.
00:43 Il aimait la Provence, ses couleurs, ses senteurs. Il n'aimait pas l'informatique et les réseaux sociaux.
00:52 Le téléphone, il n'en avait même pas. Il n'aimait pas la foule, ni les honneurs.
00:59 Il aimait profondément ses filles, sa mère et sa sœur. Nous nous aimions.
01:09 Beaucoup d'émotions, on l'entend dans la voix de son épouse et on le comprend Franck, émotions partagées d'ailleurs par les proches qui se sont exprimés ensuite.
01:18 Oui tout à fait Isabelle, l'épouse de Dominique Bernard comme ses trois filles et le reste de la famille dont on n'a pas vu le visage mais dont on devinait évidemment l'émotion et l'immense chagrin.
01:28 On tous rappelait le parcours de cet homme discret, simple, finalement très cultivé qui aimait les voyages et qui fuyait la foule et les honneurs après sa sœur Emmanuel.
01:39 C'est Aurélie, une collègue enseignante d'Arras qui a eu aussi des mots très poignants pour celui qui était pour elle comme un passeur de flambeaux et très engagé pour ses élèves.
01:49 Ta silhouette, je la vois sur le perron du lycée Gambetta quand nous arrivions ensemble pour aller enseigner et que nous gravissions ces quelques marches,
01:59 alourdis par nos sacs, nos copies, nos livres, alourdis mais tellement légers parce que toi et moi allions faire ce que nous aimions, ce pour quoi nous étions taillés.
02:13 Ta silhouette, je la vois sur le perron du lycée Gambetta quand nous arrivions ensemble et que tu disais aux fumeurs amassés devant l'entrée "Alors, on se fume un petit clou de cercueil ?"
02:26 Quelle ironie tragique que ce soit sur ce même perron où tu as usé tant de semelles que la vie t'ait été ravie.
02:35 Autre temps fort de cette cérémonie franc-clomélie de Mgr Le Born qui a mêlé paroles de compassion et messages d'espoir.
02:43 Oui, Mgr Olivier Le Born, bien conscient de ce contexte très lourd, a cité Kant.
02:49 Que nous est-il permis d'espérer face à la folie des hommes et la barbarie ? Nous sommes tous abasourdis, a-t-il dit, devant tant d'inimaginables.
02:58 Pour autant, cet évêque d'Arras qui célébrait déjà il y a un an les obsèques de la jeune Lola, dans le Pas-de-Thué en région parisienne, dont la famille habitait le Pas-de-Calais.
03:09 Un évêque également très engagé pour la cause des migrants qui a voulu aussi délivrer comme un message d'espérance, ne pas répondre, dit-il, à la haine par la haine.
03:18 Et attendre un message de justice.
03:20 Des centaines de personnes s'étaient réunies ce matin devant cette cathédrale pour suivre la cérémonie. Vous étiez à leur côté, Pierre Bazin ?
03:28 Oui, et dans la foule ici au pied du Beffroy, il y avait beaucoup, beaucoup d'émotions.
03:32 Quelques adolescents tenaient une rose blanche dans les mains, d'autres qui se prenaient dans les bras, parfois submergés par l'émotion.
03:39 Williams, souviens de son professeur de cinquième.
03:42 C'était quelqu'un que j'admire énormément. C'était un prof qui m'a touché, franchement. C'est un devoir de venir. C'est un deuil. On n'y croit pas, en fait, ce qui vient de se passer.
03:54 Et vos camarades, comment ils ont réagi ?
03:56 Il y en a, ils sont vraiment à la boule au ventre. Ils ne veulent même plus aller à l'école. C'est une terreur, limite, d'aller au lycée en classe.
04:04 Beaucoup d'incompréhension et de tristesse ici parmi les parents d'élèves et les adolescents rencontrés.
04:10 Beaucoup espèrent que l'hommage et les pensées pour celui qu'ils appellent leur héros ne s'arrêtera pas à ces obsèques.
04:16 Merci beaucoup à tous les deux. Je vous rappelle que Dominique Bernard a été fait chevalier de la Légion d'honneur ce matin à titre posthume.
04:23 On marque une pause dans cette édition d'RTL Midi. Et dans un instant, on va parler de votre langue.
04:30 Ces mots que l'on entend que chez vous. On va discuter parler régional dans un instant.
04:36 RTL, pour tout comprendre de l'actuel.
04:39 [SILENCE]

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