Replay : conférence de presse du procureur antiterroriste après l'attaques d'Arras

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Transcription
00:00 Mesdames, Messieurs, vendredi dernier, j'avais tenu à fournir quelques informations qui
00:08 étaient déjà consolidées dans un temps proche de l'attentat commis le matin même
00:13 à Arras. Au cours des quatre derniers jours, un travail très dense a été mené par les
00:19 services d'enquête et par le Parquet national antiterroriste avec trois objectifs principaux.
00:24 D'abord, préciser le déroulement exact des faits, ensuite déterminer quelles étaient
00:31 les motivations et les objectifs de Mohamed M et s'il avait pu être influencé ou incité,
00:38 et enfin définir comment il avait préparé cette attaque et l'aide dont il aurait pu bénéficier.
00:45 De nombreuses investigations techniques ont été réalisées, plus de 100 témoins ont été entendus,
00:54 13 personnes ont été placées en garde à vue. D'ores et déjà et sans porter atteinte aux
01:03 investigations qui seront menées à partir d'aujourd'hui par des juges d'instruction,
01:08 je suis en mesure de vous apporter les précisions suivantes. D'abord, ce déroulement même des faits.
01:15 Les investigations ont fait notamment apparaître que le jour des faits à Arras, à 8h53,
01:23 Mohamed M a fait l'achat d'un téléphone dans une grande surface. A 9h07, à l'issue de cet achat,
01:34 il a emprunté un bus dans lequel était vu manipuler le téléphone qu'il venait d'acheter.
01:39 A 10h37, il traversait le parvis devant la gare et se filmait face au monument au mort.
01:50 Il remontait ensuite au boulevard Carnot en direction du lycée aux abords duquel il était
01:57 filmé par une première caméra. A 10h44, à 11h, quatre professeurs dont Dominique Bernard sortaient
02:11 du lycée. Mohamed M, muni de deux couteaux, frappait violemment Dominique Bernard au niveau
02:18 du cou et de l'épaule. Un autre professeur tentait de s'interposer et recevait des coups de
02:28 coupons au visage. Grâce à l'intervention d'un assistant d'éducation, ce professeur parvenait
02:36 à se relever puis à rancrer dans l'établissement dans lequel Mohamed M pénétrait à son tour.
02:44 C'est dans la cour du lycée qu'il tentait à nouveau d'agresser ce même professeur,
02:50 mais son intention était détournée par l'intervention d'un agent d'entretien muni d'une
02:57 chaise. En tentant de s'interposer, ce dernier tombait et l'agresseur tentait de le poignarder
03:07 à plusieurs reprises. Pour défendre son collègue, un agent technique se précipitait alors en
03:16 direction de Mohamed M. Il était frappé à plusieurs reprises à l'aide d'un des deux
03:23 couteaux portés par l'agresseur. D'autres personnes, et notamment le directeur de l'établissement,
03:30 intervenaient à leur tour. Mohamed M se tournait vers eux sans parvenir à les frapper. Il
03:39 tentait ensuite de quitter l'établissement, mais il ne parvenait pas. Il rebrissait chemin
03:46 dans la cour où il était interpellé quelques instants plus tard grâce à l'intervention
03:53 des services de police. Par ailleurs, un témoignage a permis d'établir qu'au cours de ces
04:00 déplacements au sein de l'établissement, l'agresseur s'était dirigé jusqu'au bureau
04:06 du proviseur et en était immédiatement reparti, ne les ayant pas retrouvés sur place. Le
04:14 bilan victime de cette action violente reste donc d'une personne décédée et de trois
04:19 personnes blessées. Le pronostic vital des trois victimes blessées n'est plus engagé
04:26 à ce jour. S'agissant des motivations et objectifs de l'agresseur, ceux-ci ont pu
04:37 être éclaircis, d'abord par les déclarations de certains de ses proches, ensuite par les
04:43 propos que lui-même a tenus sur place, mais aussi par la vidéo tournée devant le monument
04:49 au nord, et enfin, surtout, par la découverte d'une prestation d'allégeance dans son téléphone.
04:55 Si l'agresseur semble ne pas avoir parlé lors de la scène située devant l'établissement,
05:05 en revanche, une fois dans la cour, il a tenu les propos suivants au professeur qu'il
05:12 poursuivait « Qui te donne l'air que tu respires, qui est le seul Dieu ? » Plusieurs
05:23 témoins l'entendaient également demander aux personnes présentes si elles étaient
05:30 le proviseur ou un professeur d'histoire. C'est aussi à ce moment que l'agresseur
05:39 interpellait une personne qui tentait d'appeler les secours en lui disant « Appelle Marianne,
05:46 appelle ta république ». De tels propos peuvent faire écho aux incidents qui avaient
05:54 émaillé la scolarité de son frère aîné dans ce même établissant et qui témoignaient
06:01 de la radicalisation de celui-ci. Ensuite, dans la courte vidéo de 30 secondes
06:09 tournée devant le monument au nord, 20 minutes avant les faits, Mohamed M s'est attaqué
06:16 de manière répétée aux valeurs des Français selon ses propres termes. Il tenait le propos
06:24 particulièrement menaçant dans cette même vidéo. Toutes ces paroles faisaient directement
06:31 écho à la longue déclaration d'allégeance à l'État islamique découverte dans le
06:37 téléphone de l'agresseur. Dans cet enregistrement audio, Mohamed M, après avoir prêté serment
06:46 à l'émir de l'État islamique, développait sa haine de la France, des Français, de la
06:54 démocratie et de l'enseignement dont il avait bénéficié dans notre pays.
07:01 Au cours de cette longue intervention en arabe, émaillée de références religieuses, Mohamed
07:10 M mentionnait son soutien aux musulmans en Irak, en Asie, en Palestine, mais sans relier
07:19 son acte directement aux événements récemment réalisés en Israël. Il soutenait pleinement
07:28 l'État islamique. Il exprimait son mépris pour les autres organisations terroristes
07:34 djihadistes, notamment Al Qaïda. L'aide dont il a pu bénéficier. Dix des gardes
07:46 à vue, prises dans le cercle familial proche de l'agresseur, dans ses relations, dont
07:55 celle de son frère, détenu, ont été levées au cours de l'enquête de flagrance. Cette
08:03 décision s'explique par l'absence d'éléments permettant, à ce stade, de démontrer que
08:10 les personnes interpellées avaient pu avoir un rôle précis dans l'action terroriste
08:16 de Mohamed M. En revanche, il est apparu que son jeune frère, mineur, âgé de 16 ans,
08:23 avait pu lui apporter un certain soutien dans son projet mortifère. Conscient de la radicalisation
08:32 de Mohamed M, il aurait notamment délivré des conseils sur le maniement des couteaux.
08:38 Enfin, un jeune cousin de cette fratrie, ayant été informé d'un possible projet d'action
08:46 criminelle, s'est rapprésenté au magistrat instructeur, dès lors qu'il semblait informé
08:53 du projet d'action criminelle de Mohamed M et n'avait rien fait pour l'empêcher.
08:58 C'est la raison pour laquelle, ce jour, le parquet antiterroriste requiert l'ouverture
09:06 d'une information judiciaire, des chefs d'associations de malfaiteurs terroristes en vue de préparer
09:13 des crimes d'atteinte aux personnes, d'assassinats en relation avec une entreprise terroriste,
09:21 de tentatives d'assassinats en relation avec une entreprise terroriste, de complicité
09:27 de ces deux derniers crimes et d'abstention volontaire de commettre un crime.
09:34 Les trois personnes déjà évoquées seront présentées au magistrat instructeur.
09:39 Des placements en détention provisoire seront requis à l'encontre des deux frères.
09:45 Dès à présent, les investigations se poursuivront dans le cadre de l'information judiciaire.
09:53 Je vous remercie.

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