Le multivers, c’est la combinaison du monde réel et du monde virtuel. Au sein de cette combinaison, un objet réel aura donc son jumeau numérique dans le monde virtuel. L'intérêt ? pouvoir améliorer la vie des citoyens. Par exemple, alors que 82 % des villes de plus d’un million d'habitants ont un risque de catastrophe naturelle exceptionnelle d’ici 10 ans, il sera possible de faire des tests en amont au sein de la ville virtuelle pour préparer la ville réelle le mieux possible.
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00:00 L'industrie c'est avec Florence Verzelen qui est avec nous. Bonjour Florence. Bonjour Stéphane. Directeur général adjointe d'Asso Systèmes, en charge des industries du marketing, du développement durable.
00:17 Donc à côté il doit y avoir un directeur financier et puis voilà quoi. Et une directrice de la R&D. Ah et une directrice de la R&D. Nous avons aussi un grand nombre de codeurs.
00:27 Bon on va voir la couverture du bouquin que vous avez écrit. Évidemment intéressant. Donc révolution multivers. On va aller derrière sur...
00:41 C'est ma grande question du moment. Est-ce qu'on vit une révolution industrielle ? Mais vraiment comparable à... J'étais avec un économiste qui me disait ce que je lui disais c'est comparable aux années 20, l'invention de l'électricité.
00:55 Il me disait "tu plaisantes c'est comparable à 250 ans, c'est-à-dire la sortie des campagnes et la grande migration urbaine". Bref on va reparler de ça.
01:03 Multivers évidemment on pense à métavers. Quelle est la différence ? Qu'est-ce que vous faites comme différence entre multivers et métavers Florence ?
01:09 Alors le métavers pour moi c'est un monde virtuel où vous vivez dans le monde virtuel. Vous jouez à des jeux, vous communiquez avec des gens dans le monde virtuel mais vous restez dans le monde virtuel.
01:20 Le multivers c'est la combinaison du monde réel et du monde virtuel. Le fait qu'un objet dans le monde réel a son jumeau numérique dans le monde virtuel.
01:29 Et c'est quoi l'intérêt ? C'est que grâce aux jumeaux numériques dans le monde virtuel vous allez pouvoir améliorer la vie dans le monde réel.
01:36 Je vous donne un exemple. Aujourd'hui 82% des villes de plus d'un million d'habitants ont un risque d'événement climatique exceptionnel.
01:45 Tsunami, ouragan, vague de chaleur d'ici 10 ans. Mais si vous avez votre ville virtuelle, vous lui faites le pire tsunami, la pire vague de chaleur.
01:55 Vous regardez ce qui se détruit, tout ce qui va mal et vous préparez votre ville à cet événement climatique exceptionnel.
02:02 Donc le monde virtuel, le jumeau virtuel du produit réel, de la ville réelle, de l'infrastructure réelle vous permet d'améliorer l'infrastructure réelle ou le produit réel.
02:13 Mais dans ce cadre là vous parlez de fantasme de la virtualisation. Qu'est ce que c'est que le fantasme de la virtualisation ?
02:18 Le fantasme de la virtualisation c'est la tendance que peuvent avoir certaines générations à vivre totalement dans le virtuel.
02:25 Or tout l'intérêt du virtuel c'est de l'associer au réel pour améliorer le réel, pour revenir dans la vie réelle et la rendre meilleure, la rendre plus durable, la rendre plus soutenable.
02:33 Inventer des nouveaux produits, des nouveaux services et non pas rester uniquement dans un monde virtuel et dans son canapé.
02:40 Alors on parle là d'une révolution industrielle qui a démarré il y a quoi, il y a une dizaine d'années à peu près avec le jumeau numérique ?
02:46 Il y a une quinzaine d'années.
02:47 Il y a une quinzaine d'années même avec le jumeau numérique porté donc par le logiciel vedette d'Assosystem.
02:53 Je crois même pas me tromper, Dassausystem s'est créé autour de ce logiciel vedette de virtualisation.
03:01 Dassausystem à 42 ans, nous sommes tout jeunes, surtout vu que quelqu'un de 45 ans, et s'est créé en tant que spin-off de Dassau Aviation.
03:11 Donc c'était une start-up avant que le terme start-up n'existe, qui a spin-offé Katia à l'époque, qui faisait le design en 3D de partie de l'avion.
03:21 Et de cette start-up de 42 ans, on a fait une grande entreprise, c'est la première entreprise technologique du CAC 40.
03:28 Et pourquoi ils ont spin-offé ? Parce qu'en fait ils se sont rendus compte, alors en l'occurrence c'était...
03:34 Charlie Edelstein.
03:35 Alors Charlie Edelstein et Marcel Dassau, c'est-à-dire, il était encore là je crois, le père de Serge Dassau.
03:42 C'est le père de Serge, Marcel, qui a demandé à Charlie Edelstein de faire le spin-off et de s'investir dans le spin-off.
03:50 Mais c'est lui qui a compris que ce qui avait été développé avec ces places en 3D pouvait être utilisé bien plus que par Dassau Aviation.
03:59 Et devenir une entreprise qui deviendrait potentiellement plus grande que Dassau Aviation.
04:04 Et donc c'est là où Marcel Dassau est exceptionnellement visionnaire.
04:08 Et c'est que le début de l'histoire de Dassau Systeme.
04:12 Alors c'est que le début de l'histoire de Dassau Systeme, mais en quoi est-ce que justement ça représente une révolution industrielle ?
04:20 L'idée aujourd'hui d'une généralisation, on va dire comme ça, du jumeau numérique.
04:26 En quoi c'est une révolution industrielle ? Parce que le jumeau numérique permet d'inventer plus vite.
04:32 Aujourd'hui si vous voulez inventer un avion à hydrogène, ce qu'est en train de faire Airbus grâce au logiciel de Dassau Systeme,
04:38 vous le faites dans le monde virtuel où vous avez des équipes de chercheurs qui travaillent sur différents aspects de l'avion,
04:45 différentes challenges technologiques de l'avion sur une seule et même maquette numérique.
04:50 Et ça, ça leur permet d'accélérer considérablement le temps de réalisation d'un nouvel avion, du premier avion à hydrogène.
04:57 Mais ce qui est vrai pour les avions, pour les voitures électriques, c'est aussi vrai pour les nouveaux médicaments.
05:03 Par exemple, Dassau Systeme a fait un projet formidable avec le Boston Children's Hospital à Boston, c'est le jumeau virtuel du cœur de l'enfant.
05:13 Pourquoi ? Parce que si ton enfant, ce que je ne te souhaite pas, naît avec une malformation cardiaque et qu'il faut l'opérer,
05:20 il faut faire une opération qui permettra au cœur de l'enfant de continuer à se développer et qui tiendra au cours des 90 ans de la vie du futur adulte.
05:28 Avec le jumeau virtuel du cœur de l'enfant, on peut faire une réparation virtuelle et voir comment le cœur va se développer
05:36 pour ensuite, quand l'enfant sera opéré, faire une opération durable.
05:41 Et alors il y a un truc formidable qu'on peut aussi faire grâce au jumeau virtuel.
05:44 Et tu le fais en accéléré j'imagine.
05:46 Ah bah oui parce que tu n'attends pas 90 ans avant de faire l'opération.
05:50 Non, studio ce que je dis, mais c'est juste le précisé. En combien de temps tu fais l'accélération ?
05:56 Ah non mais tu peux l'accélérer à la vitesse que tu veux.
05:58 C'est toi qui décide ?
05:59 C'est toi qui décide la vitesse d'accélération.
06:00 Et il y a un autre truc qui est absolument formidable qu'on peut faire grâce au jumeau virtuel.
06:02 Regarde mon doigt. Mon doigt il est cassé, on est bien d'accord.
06:05 Il est cassé parce que je me suis cassé la figure en vélo avec mon mari du côté de Salzbourg en août, le 5 août, plus précisément dernier.
06:13 Je me suis aussi cassé l'humérus.
06:14 Je me suis fait opérer du doigt en août à Paris.
06:18 À Paris, en août, il n'y a pas beaucoup de chirurgiens.
06:20 Donc l'opération a été ratée.
06:22 Donc je vais devoir me faire réopérer, ça va se passer la semaine prochaine.
06:25 Je suis modérément heureuse de cette situation.
06:29 Je dois te l'avouer.
06:31 Et bien figure-toi que DiascoSysteme fait un truc exceptionnel.
06:34 C'est que si jamais mon médecin avait utilisé, mon premier chirurgien avait utilisé le jumeau virtuel de mon doigt,
06:40 il aurait pu faire la manip qui m'a fait sur mon doigt dans le jumeau virtuel, se rendre compte que ça foirait et imaginer...
06:47 - Oui mais là tu rentres dans des questions de coûts sur des opérations comme ça.
06:49 - Non parce qu'un jumeau virtuel ça coûte pas très cher.
06:51 Je peux te dire que l'opération de ce doigt va coûter très cher.
06:54 J'ai eu le devis hier par contre.
06:57 - Non mais c'est là où c'est aussi très intéressant.
06:59 C'est-à-dire qu'il y a effectivement l'idée de simuler ce qu'on appelle maintenant le cycle de vie du produit que tu es en train d'inventer, de designer.
07:07 Et il y a aussi l'idée d'arrêter les prototypes, d'arrêter de consommer de la matière qui en fait ne servira à rien, etc.
07:16 Et de sortir le bon modèle, le bon produit au bon moment du premier coup.
07:23 - Exactement, du premier coup. Pourquoi ? Parce qu'aujourd'hui 80% de l'impact CO2, matière, énergie d'un produit est décidé au niveau du design.
07:30 Imaginons que tu veux créer un nouveau micro, un nouveau bâtiment, une nouvelle voiture.
07:35 En fait jusqu'à présent, jusqu'à ce que ces entreprises utilisent les logiciels de Dassault Systèmes,
07:40 elles faisaient le design de leur voiture, de leur micro, de leur bâtiment.
07:44 Et à la fin du process, elles se rendaient compte que ça leur avait coûté une fortune en CO2, une fortune en énergie, une fortune en matériaux.
07:50 Aujourd'hui, tu fais ton premier design de ta voiture, tu fais ton jumeau virtuel.
07:56 Et bien, par intelligence artificielle, tu optimises tout pour avoir le jumeau virtuel du produit
08:02 et tu utiliseras le moins de CO2, le moins de matière, le moins d'électricité tout au long de la vie du produit.
08:07 Et au lieu de passer à une constatation ex post, trop tard, mais tu as émis tout ce CO2-là,
08:13 eh bien, ex santé, tu sais déjà combien ça va émettre et tu peux optimiser pour être plus durable et ex santé.
08:19 Donc c'est une révolution pour la création de nouveaux produits verts et aussi pour la création de nouveaux produits plus innovants.
08:25 Voir même, si demain tu n'es pas sûr de trouver ton marché, tu fais le jumeau virtuel de ton produit
08:30 et avant même de produire ton téléphone portable, ton équipement électrique,
08:35 tu vas le présenter à des consommateurs pour savoir si ce produit-là les intéresse.
08:40 Et là, de nouveau, c'est une révolution pour toi.
08:44 Non, mais c'est la fameuse phrase de Steve Jobs, si tu demandes à tes...
08:50 Ou plutôt même d'Henry Ford, puisqu'on va parler de révolution industrielle.
08:53 Henry Ford, si j'avais demandé à mes clients ce qu'ils voulaient, ils m'auraient dit un cheval qui va plus vite.
08:57 Donc je ne suis pas sûr que si tu es sur une innovation de rupture, il fallait aller demander au client.
09:01 Je suis suffisamment...
09:03 Ça dépend si c'est dans les biens de consommation...
09:05 Je me souviens de l'arrivée de l'iPhone, je me souviens de l'arrivée du premier iPhone,
09:08 je me souviens de tous les commentaires partout.
09:10 Personne n'avait compris, peut-être même pas Steve Jobs d'ailleurs,
09:13 le potentiel phénoménal de transformation de nos vies qu'allait porter ce petit objet.
09:18 Mais refermons la parenthèse.
09:20 La limite, ce n'est pas ton sujet Florence, mais...
09:25 C'est-à-dire, en fait, c'est le couplage, ce qui porte cette révolution industrielle que tu décris,
09:31 c'est le couplage donc de Catia, mais il y a évidemment d'autres,
09:36 et des puissances de calcul nouvelles, et de l'intelligence artificielle.
09:40 C'est tout ça ensemble en fait, qui porte cette révolution.
09:43 C'est tout ça ensemble, c'est la capacité de faire le design, l'ingénierie, la simulation,
09:47 de suivre le virtual twin en opération, le produit en opération,
09:52 et donc de faire de la maintenance prédictive.
09:54 Tout ça sur une même plateforme, en utilisant toute la donnée avec de l'intelligence artificielle,
09:58 qui porte cette révolution.
10:00 Donc c'est une révolution autour du virtuel, et autour de la donnée de l'intelligence artificielle.
10:06 Alors après, l'autre sujet que tu portes, c'est un sujet que porte aussi évidemment Bernard Charles,
10:11 qu'on n'a pas cité, il fallait le citer quand même,
10:13 parce que dans le triumvirat qu'il fait d'AssoSystem,
10:17 Dassault, Edelstein et Bernard Charles,
10:20 pourquoi est-ce que c'est, tu dis, essentiel à la renaissance, la survie de l'industrie européenne,
10:28 la solidité de l'industrie européenne ?
10:30 En fait aujourd'hui, on a un moment de transformation forte de l'industrie.
10:34 Cette transformation forte de l'industrie, on peut en voir deux piliers.
10:37 Il y a un premier pilier qui est, on veut aller vers de l'industrie beaucoup plus verte.
10:41 On veut changer de paradigme, avoir des produits plus verts, moins émetteurs de CO2,
10:44 combattre le réchauffement climatique.
10:47 Pour ça, le jumeau virtuel, qui te permet d'anticiper, créer des produits plus écologiques, c'est parfait.
10:53 Et l'autre changement de paradigme dans lequel on est en train de vivre,
10:56 c'est le passage du produit à l'expérience.
10:58 Aujourd'hui, tu demandes à 80% des jeunes de moins de 30 ans, s'ils préfèrent acheter un produit ou une expérience,
11:04 ils te disent une expérience.
11:05 Ils veulent la mobilité, ils ne veulent pas la voiture et sa vie de range.
11:08 Mais ça, c'est vrai pour tout, y compris sur plein de choses.
11:13 Donc on est de moins en moins vers une économie de la possession.
11:16 Et ce qui veut dire que concrètement, pour les entreprises, c'est une vraie rupture.
11:20 Parce que là où Safran vendait des moteurs d'avion, Safran va vendre des heures de vol.
11:26 Donc le business model, qui était parfois un business à la Nespresso,
11:29 où tu faisais beaucoup d'argent sur les pièces détachées ou les capsules,
11:32 si tu es Nespresso, doit changer.
11:34 Maintenant, tu le fais à l'usage.
11:35 Tu le fais à l'usage.
11:36 Et là, ton jumeau virtuel te permet, à ton moteur, d'être, grâce à de la maintenance prédictive,
11:42 quasiment toujours en opération.
11:44 Et ça, tu en as besoin dans un moment où tu changes de business model.
11:48 Donc le fait d'intégrer plus rapidement cette révolution grâce au jumeau virtuel
11:54 pourrait permettre à l'industrie européenne de prendre une longueur d'avance.
11:57 Et comme l'industrie européenne, ou en tout cas l'Europe, a compris plus vite
12:01 qu'il y aurait une transformation vers une industrie verte,
12:03 la combinaison des deux peut nous aider à transformer notre industrie.
12:07 C'est une phrase qu'on a le droit de dire sur Bismarck.
12:10 "Every business is becoming a SaaS business".
12:13 Exactement.
12:14 Un "green SaaS business".
12:15 Alors "green", on verra, mais en tout cas "SaaS business".
12:18 Et ça, c'est passionnant.
12:19 Et donc, mais malheureusement, on est au bout.
12:21 Et donc, ça veut dire que c'est le capital humain qui est la pire.
12:24 Parce que tout ça, c'est de la technologie, tout ça, c'est de l'intelligence,
12:26 tout ça, c'est des maths.
12:27 Tout ça, c'est des maths.
12:28 Tout ça, c'est de la data.
12:29 Et ça veut dire que le gros challenge de notre décennie, c'est les "people".
12:34 C'est les gens.
12:35 C'est la formation.
12:36 C'est la formation.
12:37 C'est l'école.
12:38 C'est pour ça que j'insistais sur les maths.
12:39 C'est l'école, c'est les maths, c'est la data, c'est le software.
12:42 Et c'est notre capacité à former des jeunes.
12:44 Aujourd'hui, en Europe, il nous manque 750 000 personnes dans le digital.
12:49 Parmi nos collaborateurs industriels, un million n'ont pas les compétences digitales dont
12:53 ils auraient besoin.
12:54 Donc, notre capacité à créer des cursus digitales, mais aussi à insuffler des compétences
12:59 digitales aux gens qui travaillent actuellement dans les entreprises, c'est la base du succès
13:04 futur de notre industrie.
13:05 Et, réponse très courte, tu considères que c'est une responsabilité des entreprises
13:08 aussi ?
13:09 Oui.
13:10 Bon, ben voilà, c'était une réponse super courte.
13:12 Merci.
13:13 Merci Florence.
13:14 Merci pour tout ça.
13:15 Merci Stéphane.
13:16 Florence Berzelen, qui nous accompagnait, directrice générale adjointe d'Asso Systemes.
13:20 Et nous, on se retrouve la semaine prochaine pour découvrir d'autres horizons.
13:25 [Musique]