En grève de la faim depuis un mois, une victime de sang contaminé espère obtenir justice.

  • l’année dernière
Avec Maître Nathanaël Majster, avocat au barreau de Paris ; Christiane Leveuf, victime de sang contaminé, en grève de la faim depuis 31 jours.

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##LE_FAIT_DU_JOUR-2023-10-05##

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Transcription
00:00 - Une chanson de Johnny Hallyday, composée par son fils David, 100% S.A.N.G.
00:05 Pour 100% S.A.N.G. également.
00:09 Alors, je vous parle d'un temps que les moins de 40 ans ne peuvent pas connaître.
00:14 L'affaire du sang contaminé, les années 80, 90.
00:18 Il y a eu prise de mesure inexistante ou inefficace, retard dans la prise de décision préventive.
00:25 Et bien, il y avait, vous savez, la transmission sanguine, elle ne date pas des années 80, 90.
00:30 Mais il y a eu manque de précautions.
00:33 Et bien, de nombreux hémophiles, pas spécialement hémophiles, de patients hospitalisés,
00:37 qui avaient besoin d'une transmission sanguine, ont été contaminés.
00:41 Soit par le VIH, le virus du sida, soit par l'hépatite C.
00:45 Et cette hépatite C, alors il y a eu, on ne va pas détailler cette affaire qui a défrayé la chronique,
00:51 qui continue d'ailleurs de provoquer, justement, des conséquences, des conséquences terribles.
00:57 Et notamment, les conséquences qu'il y a eu pour Christine Leveuf.
01:01 On va en parler. Maître Nathaniel Maïster, bonjour.
01:04 - Bonjour.
01:05 - Vous êtes l'avocat de cette patiente qui, aujourd'hui, à 80 ans, est en grève de la faim. Pourquoi ?
01:11 - Cher André Bercoff, on connaissait le problème posé par la transfusion sanguine dans les années 80.
01:18 Ce que j'ai découvert en rencontrant Christiane Leveuf, grâce à son amie,
01:23 la célèbre lanceuse d'alerte Normande N'Dayari, c'est qu'il y avait un autre scandale,
01:31 derrière le scandale du sang contaminé, qui était celui de ces patients atteints d'hépatite C,
01:38 qui ont été sacrifiés et abandonnés pour des raisons d'indemnisation insuffisantes,
01:45 dans un système indéminitaire qui ne leur permet pas du tout de réviser les sommes, souvent très faibles, qui leur ont été accordées.
01:54 - Alors, juste un mot, Maître. Est-ce que vous savez, est-ce que ce nombre a été important ?
01:59 Parce qu'il n'y a pas eu que Christiane Leveuf. Est-ce qu'il y a eu beaucoup de monde qui a été contaminé, bien sûr,
02:05 et effectivement, pas très bien traité, c'est le moins que l'on puisse dire ?
02:09 - Malheureusement, nous n'avons pas de statistiques sur les échelles indéminitaires.
02:14 Ce que l'on sait, ce que je découvre, ce que l'on voit, c'est que ceux qui ont été contaminés avec le virus de l'hépatite C,
02:21 pour des raisons d'ailleurs qui tiennent au fait que cette maladie était très mal appréciée dans sa gravité, dans ses conséquences à cette époque,
02:28 et que l'on considérait que la seule maladie véritablement grave, c'était le VIH,
02:34 et que ceux qui avaient l'hépatite C étaient finalement bien chanceux, fait que ces gens-là ont été très très mal indemnisés.
02:40 Et c'est l'exemple de Christiane Leveuf qui est une histoire qui mérite d'être racontée.
02:44 - Alors qu'est-ce qui s'est passé avec Christiane Leveuf ?
02:45 - En 1980, Christiane Leveuf est contaminée.
02:48 - Par la suite d'une transfusion sanguine ?
02:50 - Par la suite d'une transfusion sanguine. Elle s'en aperçoit en 91, parce qu'en 91, elle veut faire une greffe,
02:55 elle veut faire un don de moelle osseuse à une enfant, et qu'elle se rend compte à ce moment-là qu'elle est porteuse du virus de l'hépatite C,
03:03 alors que depuis 12 ans d'ailleurs, elle donnait son sang régulièrement.
03:06 - D'accord.
03:07 - Ce qui montre la dynamique qui était à l'œuvre à l'époque.
03:12 - D'accord.
03:13 - En 93, elle décide d'engager une action judiciaire.
03:17 Jusqu'en 2006...
03:19 - Donc il y a 30 ans.
03:21 - Il y a 40 ans à partir de maintenant, mais pendant plus de 20 ans, elle a été malade et n'a pas été indemnisée.
03:27 Et cette maladie a été grave dès le début.
03:29 Elle a commencé à en avoir des séquelles, elle a commencé à être handicapée dès le début des années 80, immédiatement après la transfusion.
03:35 Il a fallu qu'elle se batte jusqu'à la cour de cassation, avec des avocats commis d'office ou payés au résultat,
03:42 face à l'établissement Dusson et ses équipes d'avocats remarquables, bien payés, immense cabinet, etc.
03:49 Il lui a donc fallu 12 années de procédure et une grève de la faim, pour qu'enfin en 2006,
03:54 AXA, qui était l'assureur de l'établissement France et du sang, consente à venir la trouver,
04:00 pour négocier, bah même pas négocier, pour lui imposer un barème indemnitaire,
04:05 parce qu'il n'y a eu aucune négociation.
04:07 Elle sortait elle-même d'une grève de la faim à l'époque parce qu'elle n'en pouvait plus.
04:10 - Mais...
04:11 - 12 années de procédure pour arriver à une indemnisation, et ils lui ont imposé une indemnisation.
04:16 Ils lui ont signé deux protocoles et ils l'ont payé. 75 000 euros.
04:21 75 000 euros pour une vie qui a été complètement fiche en l'air,
04:25 parce que je vais développer immédiatement ce qu'elle a vécu depuis comme calvaire,
04:29 et les difficultés dans lesquelles elle est.
04:31 75 000 euros pour une femme qui avait perdu son emploi en 2003.
04:34 Pourquoi avait-elle perdu son emploi en 2003 ?
04:36 Elle était heureuse, elle avait une carrière magnifique, mais tout simplement parce qu'elle ne pouvait plus travailler.
04:41 Épuisement, maladie, hospitalisation, effets secondaires de la maladie.
04:45 Donc la maladie l'a complètement empêchée de travailler depuis 2003.
04:49 Elle est indemnisée en 2006, 75 000 euros, et on lui explique "mais madame,
04:53 si votre maladie s'aggrave, eh bien, on réouvrira le dossier d'indemnisation".
04:58 Qu'est-ce qu'elle se dit ? "Parfait, c'est correct, c'est équitable".
05:02 - D'accord, si ça va plus mal, on reverra ça.
05:04 - Malheureusement, qu'est-ce qui se passe derrière André Bercoff ?
05:07 Il se passe que, c'est très simple, qu'est-ce qu'on considère comme l'aggravation ?
05:11 On lui dit "si votre état s'aggrave, on ouvre le dossier".
05:14 Mais l'aggravation c'est quoi ? "Ah, non madame, l'aggravation c'est pas les souffrances que vous endurez
05:19 suite aux trithérapies et répétitions que vous devez faire pour neutraliser le virus". Pas du tout !
05:23 Non, non, madame, l'aggravation ce ne sont pas toutes les conséquences secondaires de la maladie.
05:27 C'est pas votre handicap, c'est pas le fait que vous puissiez plus vous déplacer.
05:31 - C'est quoi l'aggravation ? - Non, l'aggravation, il faudrait qu'il y ait une aggravation de l'organe malade.
05:35 Et là, on demande à un expert hématologue de statuer en quelques minutes
05:40 pour savoir s'il y a une aggravation de la lésion organique.
05:44 Mais il n'y a pas, puisqu'elle subit des trithérapies qui neutralisent le virus.
05:48 Malheureusement, et ces trithérapies et les conséquences secondaires de la maladie
05:52 la foutent par terre, lui imposent des stages à l'hôpital, font qu'elle a des effets secondaires permanents,
05:57 que sa vie est détruite, handicapée, qu'elle ne peut plus rien faire.
06:01 Non, madame, les conventions de 2006-2007 signées par AXA, elles ont autorité de la chose jugée.
06:08 C'est comme si c'était un tribunal qui avait ordonné cette convention.
06:12 Et si vous voulez une indemnisation, tournez-vous maintenant vers l'État et la solidarité nationale
06:17 et démontrez qu'il y a une aggravation de la lésion organique.
06:20 Or, quel est le stade de l'aggravation de la lésion organique suite à ce qu'elle a aujourd'hui, je ne révélerai pas.
06:26 Mais c'est tout simplement la mort, c'est-à-dire c'est le cancer foudroyant qui l'a tué.
06:29 Autrement dit, c'est comme dans le sketch de Coluche.
06:31 Prouvez-nous que vous allez mourir et peut-être on ouvrira notre porte-monnaie.
06:34 - Et vous allez mourir guéri. - Vous allez mourir assuré.
06:37 Vous mourrez assuré grâce au système.
06:40 Et évidemment, elle a affaire à un système qui est cadenassé,
06:43 parce que en 2006, les conventions ont autorité de la chose jugée.
06:47 L'ONIAM ne prévoit pas de révision de son statut tant qu'il n'y a pas une aggravation de la lésion organique.
06:53 Et les experts qu'elle peut voir à l'occasion, quand ils sont mandatés,
06:56 évidemment, savent très bien qui donne les ordres au système d'expertise français.
07:01 Le piège n'était non pas presque parfait, mais le piège est parfait.
07:03 Le tracnard est parfait et c'est une génération de porteurs de la maladie de l'hépatisse qui a été abandonnée et sacrifiée.
07:10 C'est un scandale dans le scandale.
07:12 - Alors on va en parler avec Christiane Leveuf.
07:15 On ne l'a pas encore, mais demandez-la parce qu'il faudrait qu'on puisse la parler avec elle bien sûr.
07:23 Maître Maïstère, comment il se fait, effectivement ?
07:29 Qu'est-ce qui s'est passé ? Parce que vous parlez de 2006, 2007, l'indemnisation.
07:35 Qu'est-ce qui s'est passé ? Après, elle a continué à se battre.
07:37 - Elle a continué à se battre sans arrêt avec tous les avocats rois nés,
07:40 à qui je rends hommage d'ailleurs et qui l'ont accompagnée gratuitement dans des procédures infernales et infinies.
07:45 Et on lui a systématiquement fermé les portes parce qu'on disait "Madame, il n'y a pas d'aggravation de la lésion organique".
07:50 Et on lui a refusé ensuite les expertises parce qu'un des experts, mais on sait très bien comment travaillent les experts,
07:56 ils rendent les conclusions qui sont attendues d'eux par le système.
08:00 Pas de lésion organique, pas d'indemnisation, fermez le banc et puis c'est terminé.
08:04 Donc elle se bat seule avec des avocats qui acceptent bénévolement de travailler face à des systèmes immenses, énormes, bien organisés.
08:11 Et ça, c'est aussi le problème français.
08:13 C'est-à-dire que les malheureux dans ce pays ne peuvent pas être défendus correctement
08:19 dès lors qu'ils ont affaire à un système puissant et organisé.
08:22 En face, il y a des équipes d'avocats, des équipes de communicants,
08:25 ça parle entre l'État et les compagnies d'assurance et eux, ils sont seuls.
08:28 - Mais alors dites-moi, comment il se fait que personne n'a agi pour, soit changer cette loi,
08:34 parce que les lois ça se change, ça se modifie, ça se corrige,
08:37 et le fait que bon, on dit c'est comme ça, l'autorité de lâcher au sujet, mais il n'y a pas eu de jugement.
08:42 C'est pas un tribunal, vous l'avez dit vous-même.
08:44 - Et bien voilà, pourquoi personne n'a agi ? Parce que tout simplement ça arrange tout le monde,
08:47 ça arrange les caisses des assureurs, ça arrange les caisses de l'État,
08:50 et puis de toute façon ces maladies partent.
08:52 Elle a 80 ans, c'est une des dernières rescapées.
08:54 Ils sont tous morts, tous les gens qu'elle connaissait, ses copains et copines des associations de transfusées,
08:59 sont tous morts, il ne reste plus qu'elle.
09:01 Donc on a affaire en fait à une des dernières rescapées,
09:04 et qui aujourd'hui fait une grève de la faim en disant "je suis prêt à mourir".
09:07 Alors Christiane Leveuf, bonjour.
09:09 - Bonjour.
09:11 - Bonjour madame.
09:13 - Bonjour monsieur, merci.
09:15 - Bah écoutez, c'est nous qui vous remercions d'être avec nous.
09:19 Vous continuez aujourd'hui votre grève de la faim ?
09:23 - Oui monsieur.
09:25 Je ne lâcherai pas, parce que AXA ne lâche rien,
09:30 donc je ne vois pas pourquoi personnellement je lâcherai.
09:33 J'ai tout perdu, j'ai plus rien à perdre.
09:37 La vie, vous savez je suis seule au monde.
09:41 Je n'ai pas de famille, je n'ai personne.
09:44 Donc, désolé mais j'irai jusqu'au bout.
09:49 - Oui vous voulez dire que vous êtes prête à aller jusqu'à la fin,
09:52 vous ne cèderez pas, vous n'arrêterez pas votre grève de la faim
09:55 avant d'avoir obtenu une satisfaction ?
09:58 - Tout à fait. J'ai même donné mon corps à la science,
10:01 et rempli tous les papiers qu'il fallait,
10:04 pour au dernier moment, on viendra me chercher,
10:07 et on amènera mon corps à la médecine légale.
10:11 Parce que j'ai tout organisé.
10:14 - Mais Christiane Leveuf, ça fait 30 ans maintenant que vous battez
10:18 avec tout ce qui s'est passé,
10:21 et Maître Meister nous en a parlé,
10:24 a détaillé la chose, mais vous, vous sentez quoi ?
10:27 Vous sentez une espèce d'injustice ?
10:29 Il y a eu cette affaire du sang contaminé,
10:31 on a vu tout ce qui s'est passé à l'époque,
10:33 mais vous sentez quoi ? Surtout un sentiment d'injustice ?
10:36 - D'injustice parce que finalement,
10:40 je dois être pratiquement la seule encore en vie.
10:44 Pourquoi ? Parce que moi j'ai été transfusée,
10:47 et je n'étais pas malade.
10:50 On peut considérer qu'un coup de fatigue,
10:53 on vous dit, j'avais à l'époque 3 jobs.
10:58 J'avais été en Algérie, puisque je suis française,
11:02 née en Algérie,
11:04 et j'avais été hôtesse au sol à Air France.
11:07 Bon, ensuite je suis rentrée en France,
11:10 j'ai été groupeama 30 et quelques années,
11:13 et groupeama a été génial, et j'adorais mon métier.
11:17 Hélas, j'ai perdu mon métier, j'ai perdu ma vie,
11:21 j'ai tout perdu. Aujourd'hui je suis pas mal plus que moi.
11:25 - Je voulais vous demander,
11:27 pourquoi vous dites que vous n'étiez pas malade ?
11:29 Pourquoi vous êtes-vous fait transfusée ?
11:31 - Alors j'ai été transfusée parce que, si vous voulez,
11:34 j'avais des règles abondantes.
11:37 Ce qui veut dire que des règles abondantes,
11:39 on a des caillots,
11:41 les caillots ne devaient pas rester dans l'utérus
11:44 pour ne pas faire infection.
11:46 Donc il est arrivé que quelquefois on fasse un curtage.
11:49 Il s'est avéré à ce curtage que j'ai beaucoup saigné.
11:53 - Donc vous avez eu transfusion, d'accord.
11:56 - Mais on m'a dit, on va vous donner des fortifiants.
12:00 Parce que j'étais donneuse de sang,
12:02 j'ai donné mon sang pendant 11 ans, tous les 3 mois.
12:06 - Et vous avez su quand que vous aviez cette hépatite C ?
12:10 - 11 mois après.
12:12 - 11 ans après.
12:14 - Pardon, 11 ans après.
12:16 Parce qu'en 80, on m'a contaminée.
12:19 Et le week-end, je m'occupais des enfants leucémiques
12:22 à l'hôpital Charles-Nicol de Rouen.
12:25 Vous savez raconter une petite histoire,
12:27 passer un moment avec les enfants leucémiques.
12:30 Au bout de, je l'ai fait 4 ans,
12:33 des parents viennent à moi et me disent
12:35 "la petite a une leucémie,
12:37 est-ce que vous voudriez donner votre moelle ?"
12:40 Effectivement, oui.
12:42 Donc je me suis inscrite à France Transplants.
12:45 - Et vous avez donné votre sang et votre moelle.
12:47 - Qui m'a orientée pour donner ma moelle.
12:50 Et au bout de la 3ème fois,
12:52 on m'a jetée dehors 2 fois.
12:55 Et au bout de la 3ème fois,
12:57 on s'est dit "bon, elle insiste"
12:59 et c'est là que l'on m'a dit, 11 ans après,
13:01 que j'étais contaminée.
13:03 Mais, on était en 91,
13:05 contaminée par quoi ?
13:07 On ne parlait que sida.
13:09 Donc je ne savais pas.
13:11 Je suis allée à l'hôpital et j'ai voulu
13:13 avoir des renseignements.
13:15 On m'a jetée aussi.
13:17 Et c'est là que je suis allée en justice.
13:19 - D'accord.
13:21 Juste un mot, vous comptez vous battre jusqu'au bout ?
13:24 Vous n'abandonnerez pas
13:26 tant qu'on n'aurait pas l'indemnité,
13:28 tant qu'on n'aurait pas ce que vous pensez
13:31 et mériter.
13:33 - Hélas.
13:35 - Merci beaucoup, Christiane Lefeuve.
13:37 - C'est moi qui vous remercie.
13:39 - On va continuer à parler de ça,
13:41 parce que c'est vrai, c'est un drame
13:43 qu'ont connu d'autres personnes,
13:45 mais c'est un drame terrible, on le voit.
13:47 Et on va continuer à en parler, tout de suite,
13:49 après cette petite pause.
13:51 - Restez bien avec nous sur Sud Radio,
13:53 on continue de parler de cette histoire.
13:55 Si vous-même vous avez été contaminé
13:57 ou si vous voulez témoigner pour en proche,
13:59 appelez au Standard, à tout de suite sur Sud Radio.
14:01 - Et nous continuons à parler de ce drame,
14:03 entraîné d'abord par une affaire
14:05 dont on se souvient, bien sûr,
14:07 l'affaire du sang contaminé,
14:09 les scandales politiques, administratifs,
14:11 judiciaires qu'il y avait eu.
14:13 Et puis avec cette dame qui se bat,
14:15 qui fait la grève de la faim,
14:17 Christiane Lefeuve, et qui se bat,
14:19 et qui est prête à mourir,
14:21 parce qu'elle n'a plus rien à perdre.
14:23 Et justement, je crois que nous avons
14:25 un auditeur.
14:27 - Et au Standard, c'est Dominique qui nous appelle d'Argelès.
14:29 Bonjour Dominique. - Bonjour Dominique.
14:31 - Oui, bonjour.
14:33 Oui, moi aussi j'ai été contaminé dans les années 80.
14:35 - Oui.
14:37 - Et j'ai contracté le virus de l'hépatite C.
14:39 - Oui.
14:41 - Ils m'ont amené en 2007 à subir
14:43 une grève du foie.
14:45 - Une grève du foie ?
14:47 - Du foie. Donc l'organe avait été attaqué.
14:49 Et ensuite,
14:51 j'ai demandé
14:53 à l'OMNIAM d'être administré.
14:55 - Oui.
14:57 - Ils ont eu le mot "administré",
14:59 je ne sais pas si la somme n'est pas importante,
15:01 comme le dit la dame,
15:03 mais je me l'ai fait sans avocat, sans rien.
15:05 J'avais préparé tout mon dossier médical.
15:07 Et c'est pour dire aussi
15:11 les effets secondaires.
15:13 Ensuite, le traitement que j'ai pour la grève
15:15 ont conduit à avoir des gros problèmes cardiaques.
15:17 - Oui.
15:19 - On trime le pontage dernièrement.
15:21 Là, je suis sous oxygène.
15:23 Est-ce que c'est lié à
15:25 mon problème ? Je ne sais pas.
15:27 - Oui.
15:29 - C'est vrai qu'il y a beaucoup de personnes qui sont dans mon cas.
15:31 - C'est sûr.
15:33 Merci Dominique de votre témoignage.
15:35 Alors justement,
15:37 Maître Maestère, parlons-en un peu,
15:39 revenons à...
15:41 Il y a eu le témoignage de Dominique et le témoignage de Christian Leveuf,
15:43 qui est là, à l'hôpital,
15:45 qui fait une grève de la faim, je le rappelle,
15:47 depuis un mois, elle a 80 ans.
15:49 Qu'est-ce qu'on peut faire ?
15:51 Vous pouvez faire, en tant que... Vous êtes son avocat.
15:53 Mais au-delà,
15:55 qu'est-ce qu'on peut faire ? Est-ce qu'on peut changer
15:57 quoi que ce soit de cette espèce
15:59 de piège
16:01 dans lequel on dit "voilà, écoutez, votre indemnité
16:03 ce sera ça, et puis le reste,
16:05 eh bien, débrouillez-vous,
16:07 circulez, rien à voir." - Écoutez, c'est très simple.
16:09 On se tourne vers ceux qui ont
16:11 signé ce protocole en
16:13 2006-2007, en leur disant
16:15 "les conditions dans lesquelles vous avez signé
16:17 ce protocole, sur la base d'un référentiel
16:19 très défaillant, sur la base
16:21 d'une méconnaissance totale des effets secondaires
16:23 et de l'évolution de cette maladie,
16:25 et aussi avec une femme qui sortait
16:27 à l'époque déjà d'une grève de la faim,
16:29 tout cela mérite
16:31 d'être revisité,
16:33 à l'aune de ce qu'elle a vécu depuis."
16:35 Alors, ils nous disent "oui, mais nous
16:37 n'avons pas d'obligation légale de le faire."
16:39 Alors, vous savez, en fac de droit,
16:41 premier cours, première année,
16:43 la distinction entre l'obligation légale et l'obligation
16:45 naturelle, l'obligation morale,
16:47 celle qui n'a pas de contrainte juridique.
16:49 Oui ! Et ça, c'est très intéressant.
16:51 Est-ce qu'il reste de la place aujourd'hui
16:53 pour une obligation morale ?
16:55 C'est-à-dire, est-ce que vous pouvez-vous, en tant qu'être humain,
16:57 chez AXA, de la nouvelle génération
16:59 de dirigeants de cette entreprise,
17:01 comprendre que peut-être vous avez un devoir moral,
17:03 même si ce n'est pas sanctionné
17:05 par un tribunal, vous avez le devoir moral
17:07 de réouvrir ce dossier ? - Je suis d'accord, mais
17:09 attendez, revenons à ce que vous avez dit, c'est très intéressant.
17:11 Pourquoi on ne peut pas changer l'obligation légale ?
17:13 - Parce qu'il faudrait une mobilisation
17:15 des gaz politiques et de l'Assemblée nationale.
17:17 - Et bien alors, c'est pas possible ça !
17:19 - Écoutez, je pense que leurs agendas... - Je ne dis pas pour demain !
17:21 - La pauvre Christiane
17:23 ne sera plus de ce monde d'ici là,
17:25 et il faut une action rapide, de même
17:27 qu'on n'a pas le temps de repartir dans un protocole
17:29 médical trop long. - Sur le fond, en tout cas,
17:31 la question de l'obligation légale doit être posée.
17:33 - La question de l'obligation légale doit être posée,
17:35 mais est-ce qu'il reste de la place pour une obligation
17:37 morale dans ce monde ? Est-ce que des dirigeants
17:39 d'une boîte d'assurance peuvent encore
17:41 considérer qu'ils doivent, qu'ils se doivent
17:43 de regarder dans quelles conditions
17:45 ils ont signé des protocoles ?
17:47 Est-ce que ça ne mériterait pas quand même
17:49 qu'ils regardent ça à nouveau,
17:51 ne serait-ce qu'au nom de la dignité, simplement,
17:53 de leur relation entre assureurs et assurés ?
17:55 - Mais est-ce qu'on ne revient pas à Hélas,
17:57 et on n'a pas envie de...
17:59 ni de se rire, ni de rire à ça,
18:01 est-ce qu'on ne revient pas à Jean de La Fontaine ?
18:03 Selon que vous serez puissant ou misérable,
18:05 les jugements de je-ne-sais-pas-qui vous rendront blanc ou noir ?
18:07 - Exactement. On revient toujours à cela,
18:09 mais il appartient à l'être humain
18:11 de savoir s'il souhaite corriger
18:13 cette logique de marché,
18:15 cette logique implacable qui est celle du droit,
18:17 et laisser de la place
18:19 à ce qui est simplement la relation
18:21 entre êtres humains. Et c'est ce à quoi
18:23 nous en appelons dans cette affaire, nous demandons
18:25 à AXA de venir à la table de discussion,
18:27 de regarder ça attentivement,
18:29 et de permettre à Christiane Leveuve
18:31 de passer quelques années
18:33 un petit peu plus tranquilles,
18:35 les années qui lui restent à vivre, un peu plus tranquilles,
18:37 et ils se seront comportés comme des êtres humains.
18:39 Est-ce que ça existe encore ?
18:41 C'est la question que je pose. - Écoutez, j'espère que ça existe encore,
18:43 en tout cas l'appel est lancé,
18:45 et effectivement,
18:47 nous suivrons cela,
18:49 avec vous, avec Christiane Leveuve.
18:51 C'est vrai que
18:53 au-dessus de tout, il y a quand même l'humain,
18:55 au-dessus de n'importe quelle règle,
18:57 et que cet humain, il doit être respecté,
18:59 sinon c'est pas la peine, sinon finissons
19:01 comme les dinosaures et n'en parlons plus.
19:03 Merci, merci.
19:05 - Merci André Bercov de nous avoir envoyé à votre micro.
19:07 - Merci à Christian Lefeuve et beaucoup de courage.

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