Pissevin: la révolte des habitants

  • l’année dernière
La mairie de Nîmes a décidé de réduire la durée d'accueil des enfants du quartier Pissevin pour les crèches, temps périscolaires et centres aérés afin de préserver ses personnels de la violence qui mine l'endroit et qui s'est récemment illustrée par la mort d'un enfant de 10 ans et d'un jeune de 18 ans à la fin du mois d'août.

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Transcript
00:00 - Attends, tiens, Yann, viens par là.
00:03 C'est un trajet, 2 ou 3 kilomètres, qu'elle fait désormais à pied quotidiennement.
00:08 Sophie, habitante du quartier Pissevin, accompagne ses 2 enfants à l'école.
00:18 Mais depuis bientôt 3 semaines, elle est obligée de marcher
00:21 plusieurs dizaines de minutes pour prendre son bus.
00:24 - C'est celui-là.
00:25 Voilà, vous allez voir, il tourne et redescend le boulevard.
00:30 L'arrêt a été déplacé ici, en dehors de la cité.
00:35 Un calvaire pour cette mère de famille, enceinte de son 3e enfant.
00:40 - On ne peut plus se rendre ni pour les étudiants au collège, lycée.
00:44 Nous, on ne peut plus se rendre sur les rendez-vous médicaux qui sont dans la centrerie.
00:48 Ou même, si on a besoin d'aller faire des papiers, on ne peut plus s'y rendre.
00:51 Ou faire des courses, on ne peut plus s'y rendre non plus.
00:53 On est obligé de tout faire à pied ou le 3/4 des choses, en fait.
00:59 En cause, une insécurité grandissante au pied des immeubles de ce quartier de Nîmes.
01:04 En août dernier, un enfant de 10 ans a été tué par balle.
01:09 Victime collatérale de cette guerre de la drogue.
01:13 Après des nuits d'émeute et malgré les annonces d'un renforcement
01:18 des effectifs policiers dans le secteur, les chauffeurs de bus
01:21 refusent de s'y aventurer.
01:23 Et ils ne sont pas les seuls.
01:26 De nombreux services publics ferment leurs portes, comme la médiathèque.
01:29 Ou aujourd'hui, les crèches et les garderies qui réduisent leurs horaires
01:33 pour limiter le temps de présence sur place des employés municipaux.
01:36 Fabrice, qui a souhaité rester anonyme, est un agent du service public.
01:44 Ça fait des années qu'il travaille ici, en respectant les règles fixées par les dealers.
01:50 - Au niveau des cages d'escalier, dès qu'on rentre, il faut regarder à droite,
01:55 à gauche, derrière, dans tous les sens, que ça ne soit pas plus ou moins occupé.
01:58 Qu'il n'y ait pas quelque chose en cours qui se passe ou autre.
02:00 Des fois, à ce moment-là, on entend des choses du style 1500,
02:04 c'est pas assez, il nous faut plus ou des choses comme ça.
02:07 Donc forcément, ça parle d'argent.
02:08 En ce moment-là, c'est en train de partager de l'argent.
02:10 Dans ce cas-là, de toute manière, les jeunes, ils disent de revenir.
02:12 Donc on a pour 20 minutes, demi-heure, vous revenez après.
02:15 Pas question pour Fabrice de se retrouver au milieu des trafics
02:20 et des règlements de compte.
02:22 Une tension permanente entre bande rivale et force de l'ordre,
02:27 dans un quartier totalement délabré.
02:29 Ce qu'il a de plus en plus de mal à supporter.
02:32 - Il faut surtout répondre avec des pincettes.
02:35 Il faut éviter le conflit.
02:37 Il faut toujours tout éviter parce qu'ils sont là et il y a toute la famille,
02:41 il y a tout le monde.
02:41 Donc ça peut dégénérer très vite.
02:43 Là, c'est un ras le bol.
02:44 Donc oui, dès que je peux aller travailler sur notre secteur, je le fais.
02:51 Fuir à tout prix, à condition d'en avoir les moyens.
02:54 Alors que dans ces tours, beaucoup se sentent coincés.
02:58 - Pour soutenir les habitants de Pissevin.
03:00 On supprime les bus, il n'y a plus de services publics,
03:05 il n'y a plus de commerce, il n'y a plus rien.
03:09 Il ne reste plus que les dealers et les kalachnikovs.
03:11 Donc voilà.
03:13 Ce lundi matin, des habitants de ces immeubles se rassemblent
03:17 pour dénoncer ce qu'ils appellent une injustice sociale.
03:21 - On me vit tous les jours avec la peur au ventre.
03:24 Je peur que mes enfants l'agressent dehors.
03:26 Déjà, ce n'est pas suffisant qu'ils nous arrivent dans notre quartier.
03:30 - On paye un foncier débile pour des services qu'on n'a pas.
03:35 Ce n'est pas possible.
03:37 On est totalement abandonné à notre sort.
03:40 Il faut que certains se réveillent et que cesse ce misérabilisme politique.
03:46 Le courage politique n'existe pas.
03:49 Il y a un peu plus d'un mois, lors de son déplacement à Nîmes,
03:53 Gérald Darmanin s'était dit favorable au développement
03:56 d'un commissariat de proximité dans ce quartier.
03:58 Le ministre de l'Intérieur, qui avait alors précisé
04:01 que depuis le début de l'année,
04:03 11 tentatives d'assassinats avaient été comptabilisées dans le secteur.

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