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Fifties, 50 et plus, senior, génération X’O : quel que soit le nom qu’on leur donne, les salariés expérimentés ne se sentent pas toujours les bienvenus dans l’entreprise.

Seuls 39% des seniors ont l’impression d'être accompagnés dans leur parcours professionnel et 100.000 cadres de plus de 55 ans sont aujourd’hui inscrits à pôle emploi... Alors qu’elles ont beaucoup de mal à recruter en ce moment, les entreprises semblent incapables de faire appel au vivier de compétences que représentent les 50 ans et plus. Pourquoi un tel désamour ?

Comment changer de regard, casser les murs et les idées reçues ? Et, du côté des seniors, quelle(s) attitudes adopter pour valoriser sa fin de carrière ? Comment se former et s’adapter pour s'épanouir dans l’entreprise ?

Autant de questions auxquelles répondront nos experts au cours de cette matinée de conférence.

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Transcription
00:00:00 [Musique]
00:00:22 Bonjour à tous, bonjour et bienvenue à cette conférence consacrée à l'emploi des fifties.
00:00:28 Je m'appelle Cécile Desjardins, je suis journaliste, rédactrice en chef adjointe à l'Opinion,
00:00:32 et je suis très heureuse d'être avec vous aujourd'hui pour ce sujet d'importance cruciale pour notre société.
00:00:36 Il faut quand même le dire, pendant longtemps les seniors, alors est-ce que c'est 45 et plus, 55, 60,
00:00:44 les cheveux blancs, je peux assumer, les cheveux blancs ont longtemps été même pas considérés.
00:00:51 Là on commence à se poser un petit peu la question, mais voir comment est-ce qu'on peut les intégrer,
00:00:57 vraiment échanger avec eux, compter sur eux dans l'entreprise, je pense que c'est le moment de se poser la question.
00:01:07 On va le faire pendant à peu près une heure et demie avec des angles très différents,
00:01:11 à travers des keynotes, des tables rondes, des regards croisés. Je disais à peu près jusqu'à 10h30.
00:01:18 Alors ceux qui pourront rester un peu plus longtemps après 10h30, on vous proposera ce qu'on appelle un speed dating,
00:01:24 un speed networking organisé, c'est un petit jeu, vous verrez, si vous avez envie de participer, bienvenue.
00:01:29 Si vous n'avez pas le temps, je comprendrai qu'à 10h30, vous deviez reprendre la vie quotidienne.
00:01:38 Pour commencer cette matinée, je suis très heureuse d'accueillir Serge Guérin. Serge, est-ce que vous viendriez me rejoindre ?
00:01:47 Alors Serge, vous êtes sociologue et consultant, professeur à l'INSEC Paris et j'ai une question à la fois très simple et horriblement compliquée pour vous.
00:01:56 Qu'est-ce qu'un senior ? Pourquoi est-ce que c'est si compliqué aujourd'hui à assumer en langue française et dans notre société ?
00:02:04 Merci, on en a pour 4h32. Honorable assistance, bonjour. Alors, quand Dieu créa la révolution industrielle, il y a un petit moment, à peu près 250 ans,
00:02:22 dans sa magnificence, il s'est dit, voilà, Dieu était ingénieur et donc il a créé d'abord des machines.
00:02:30 On va parler de la machine à vapeur, tout ça. Il y a eu plein de choses comme ça qui sont passées. Et puis au bout d'un moment, il y en a un qui a dit,
00:02:37 peut-être qu'il y avait plusieurs dieux, on ne sait pas trop, en tout cas dans le grand dieu du Capita, il y a un qui a dit, oui d'accord,
00:02:42 mais là on crée plein de choses, mais il faudrait quand même qu'il y ait des gens qui bossent un peu pour les fabriquer.
00:02:48 Il y en a même un autre qui a dit, ça serait quand même bien qu'on ait un peu qui consomme aussi. Alors là, les dieux dans leur grande créativité,
00:02:56 se sont dit, et si on se débrouillait pour que les enfants commencent à vivre un peu plus longtemps ? Donc, en 250 ans, la mortalité infantile a à peu près
00:03:06 diminué de 60 fois. Il y en a d'autres qui ont dit, oui mais il y a aussi les femmes après tout, parce que les femmes mourraient souvent en couche.
00:03:14 Ah oui, tiens, c'est vrai, on pourrait aussi faire en sorte que les femmes durent un peu. C'était le début du développement durable d'ailleurs,
00:03:19 d'une certaine manière. Et donc, on a divisé quasiment par 100, par 96, si on est extrêmement précis, la mortalité maternelle.
00:03:26 Bref, ça commençait quand même à faire sérieux, continuer à développer des choses, à inventer des trucs et tout ça.
00:03:31 Tout allait bien. De temps en temps, Dieu réinventait un truc. Parce que c'était super ces enfants qui finissaient par grandir,
00:03:38 quand ils grandissent, ils partent de chez eux, ils achètent leur première machine à laver, ainsi de suite, donc ils contribuent, tout ça.
00:03:45 C'était super. Et puis, t'entends quand même, c'était un peu poussif. Donc Dieu un jour invente un truc génial qui s'appelle le divorce.
00:03:52 Waouh ! Donc les gens, ils sont deux, ils ont une seule machine à laver, ils se séparent, l'autre il rachète une machine à laver.
00:03:58 Donc ça fait deux machines à laver. Et puis de temps en temps, quelqu'un qui n'a pas de machine à laver rencontre quelqu'un qui a une machine à laver.
00:04:04 Ça s'appelle une union, ça s'appelle l'amour. Et donc, ça recommence ainsi de suite. Tout allait bien.
00:04:10 Et puis, il y a quelqu'un bizarre un jour, un diable, qui a fait l'inverse. Il a commencé à inventer l'idée qu'on vive plus longtemps.
00:04:20 Oh le con ! Ben oui, parce que les gens, sur une vie, vous n'avez pas besoin, surtout quand vous commencez un peu à avancer en âge,
00:04:27 vous n'achetez pas tous les jours une machine à laver. Donc du coup, on se retrouve dans une société un peu compliquée où,
00:04:32 ça naissait, ça naissait, et puis ça a commencé à vieillir longtemps. Parce que c'était bien avant. En 1900, l'espérance de vie était de 46 ans.
00:04:39 Donc voilà, à l'orée de la cinquantaine, discrètement, on tire sa référence et puis on laisse passer à d'autres ainsi de suite.
00:04:47 Et là, d'un seul coup, ça a tout changé. Ça n'allait plus du tout. Donc les gens, ils commençaient à durer.
00:04:51 Alors au début, on ne l'a pas fait trop attention. Et puis au bout d'un moment, quand même, ça finissait par faire du monde.
00:04:55 Et donc, l'opinion est obligée de se dire, zut, il faudrait peut-être faire aussi un sujet là-dessus. Parce que ça grimpe, ça grimpe, ça monte.
00:05:01 Aujourd'hui, il y a à peu près 600 millions de plus de 65 ans. Demain, il y en aura 2 milliards.
00:05:05 Je parle pour le monde entier, je vous rassure, pas en France. Et donc, il faut quand même...
00:05:11 Ça posait quand même des très très grosses difficultés. Alors, on a commencé à regarder un petit peu ces vieux.
00:05:19 J'utilise le terme vieux. J'aurais pu utiliser le terme senior. J'aurais pu utiliser le terme quinquado.
00:05:24 D'ailleurs, vous remarquerez, selon le terme qu'on utilise. Avec les étudiants, parfois, je leur demande, dessinez-moi.
00:05:31 Imaginons qu'ils ont un stylo et une feuille de papier, ce qui n'est pas facile.
00:05:36 Donc, parfois, c'est moi qui les emmène pour qu'ils puissent... Et puis, je leur montre comment ça marche.
00:05:40 Parce que c'est quand même... J'ai dit, imaginons, vous rencontriez quelqu'un d'un autre pays dont vous ne parliez pas la langue.
00:05:45 Et vous devez leur dessiner en juste, avec un seul objet, un objet qui représente les seniors dans l'entreprise.
00:05:55 A 95,3% des cas, j'ai droit à une canne. Donc, le senior en entreprise, je rappelle que le senior en entreprise commence à 45 ans.
00:06:05 Donc, je rassure toutes les personnes qui ont 44 ans et demi, ça se rapproche. Et donc, c'est une canne.
00:06:12 C'est souvent assez éloigné de la rectée. Et après, je tente un autre truc. Je dis, dessinez-moi quelqu'un d'expérimenté.
00:06:18 Alors là, la canne disparaît. Et j'ai droit, c'est souvent à un livre. Bah oui, les vieux, c'est encore des livres et tout ça.
00:06:24 Mais vous voyez, c'est plus diversifié quand même. Ça peut être un livre, mais ça peut être un livre.
00:06:30 Mais ça peut être des feuilles, ça peut être des choses comme ça. Voilà. Donc, la première façon de raconter qu'est-ce qu'un senior, c'est ça.
00:06:36 C'est, selon le terme que vous utilisez, c'est quelqu'un qui a de l'âge, qui a avancé en âge, ou c'est quelqu'un qui a peut-être avancé en expérience.
00:06:46 Alors, tous les seniors n'ont pas avancé en expérience. Louis Aragon, je rappelle que Louis Aragon était un poète.
00:06:53 Louis Aragon disait que c'était avec les jeunes sceaux qu'on fait les vieux cons. Donc, il arrive que certaines personnes n'avancent pas beaucoup.
00:06:59 À vos souhaits. Mais très souvent, on avance en âge et on avance en expérience. D'ailleurs, l'expression « Ah ! »
00:07:07 Vous savez, parfois, on n'a pas vu quelqu'un depuis 10 ans, 20 ans et tout. On dit « Ah ! Ah ! Salut ! » si on le reconnaît.
00:07:11 On dit « Ah ! T'as pas changé ! » Dans mon cas, c'est facile. Je ne prends pas de cheveux blancs et donc je ne change pas.
00:07:17 Mais le « T'as pas changé ! » a un côté très sympathique. Mais en même temps, c'est quand même ennuyeux.
00:07:22 Si en 20 ans, vous n'avez pas du tout changé, il y a un gros, gros, gros, gros problème. Si en 20 ans, vous n'avez rien appris, il y a un gros, gros, gros problème.
00:07:28 Alors, et là, tout le monde pense à quelqu'un, un ami, son mari, sa femme qui n'a pas changé. Mais il y a plein d'autres gens qui normalement évoluent et changent.
00:07:36 Donc, le premier élément tout simplement d'un senior, c'est quelqu'un qui a changé et qui a expérimenté des choses, qui parfois s'est planté totalement
00:07:44 et parfois a fait des choses formidables ou a fait des choses convenables ou a fait des choses en tout cas.
00:07:49 Il y en a certains, vous me direz, qui n'ont rien fait. On peut aussi avoir une vie professionnelle très solide en ne faisant strictement rien.
00:07:56 Ce qui est d'ailleurs une bonne manière de grimper les échelons. Mais dans d'autres cas, en revanche, il y a plein de gens qui ont fait des choses.
00:08:02 Donc, l'élément premier peut être majeur et souvent, ça permet aussi de retourner un peu le stigmate, c'est l'expérience.
00:08:08 Parce que nos sociétés ont tendance plutôt à valoriser la jeunesse, le renouveau, et ainsi de suite, et assez peu l'expérience.
00:08:15 Or, on a sans doute besoin des deux. Le deuxième élément du senior, si je vais très, très vite comme ça, c'est...
00:08:21 On a fait un petit truc, si jamais je suis trop long, elle vient me tirer les cheveux justement. Et comme ça, il n'y aura pas... Voilà, je comprendrais.
00:08:26 Mais deuxième élément, si on enlève ça, c'est aussi quelqu'un qui a vécu pas mal de choses, y compris des changements.
00:08:33 Et les gens qui s'adaptent aux changements... Alors, je suis plutôt darwinien que créationniste.
00:08:38 Une société évolue parce qu'elle s'adapte. Mais l'être humain aussi évolue parce qu'il s'adapte.
00:08:43 Et donc, quelqu'un qui a travaillé 45, 50, 60 ans plus, généralement, il a dû s'adapter plusieurs fois.
00:08:50 Vous savez le truc... « Ah, mais c'est incroyable, maintenant, les gens changent de métier ou changent de job. »
00:08:54 Ça fait un petit moment déjà. Ça fait un bon moment déjà que ça se fait. Donc, il y a aussi cet élément-là.
00:08:58 Donc, les gens d'aujourd'hui, le seigneur d'aujourd'hui, globalement, a vécu plusieurs expériences, bonnes ou mauvaises.
00:09:03 Il a vécu parfois, d'ailleurs, des expériences de management, où tous les deux ans, on lui a expliqué qu'on avait tout changé.
00:09:07 Puis, quatre ans après, on revient au truc d'avant. Donc, parfois, on peut comprendre qu'il est parfois un peu de distance avec le nouveau discours.
00:09:13 Mais n'empêche qu'il y a quelque chose autour de ça. Donc, premier élément... Enfin, deuxième élément, il a beaucoup changé.
00:09:18 Il a eu beaucoup à vivre aussi des changements positifs ou négatifs. Troisième élément, il a eu, selon son âge, mais il a eu pas mal la trouille.
00:09:27 Parce qu'à partir d'un certain âge... « Waouh ! T'as quel âge, toi ? Ah ouais ! » Ça commence à sentir le sapin.
00:09:33 Vous savez, par exemple, c'était Laurent Wauquiez qui avait inventé ce grand truc de l'entretien à mi-carrière à 45 ans.
00:09:38 C'est à partir de là, du coup, qu'on a posé les 45 ans un peu comme le moment de bascule dans le vieillissement.
00:09:43 C'est amusant, d'ailleurs, parce que plus l'espérance de vie augmente et plus l'espérance de vie professionnelle diminue.
00:09:49 Cherchez l'erreur. Je ne suis pas très bon en mathématiques. J'ai eu 1 au bac. Ça veut dire que j'aurai 12 aujourd'hui.
00:09:54 Mais n'empêche que... Je n'étais quand même pas très très bon, mais quand même.
00:09:58 L'espérance de vie qui augmente et l'espérance de vie professionnelle qui diminue, il y a un truc qui ne va pas très très bien.
00:10:03 D'ailleurs, je vous ouvre une parenthèse. Vous remarquerez que le moment... Vous vous souvenez peut-être qu'il y a eu...
00:10:08 Je ne vais pas dire un débat, le terme serait trop fort, mais disons une confrontation autour de la réforme des retraites.
00:10:13 Il n'y a pas très très longtemps. La dernière, la prochaine en 2028, il y aura autre chose.
00:10:17 Mais en tout cas... Et c'est amusant comme la question de l'emploi des seniors était l'angle mort total.
00:10:22 Les pour, les contre, personne ne pensait à l'emploi des seniors.
00:10:25 Je vais essayer de... Non, non, ce n'est pas le sujet. Et pourtant, sans doute que c'était le sujet premier.
00:10:31 En tout cas, voilà. Troisième élément. Important, je crois. J'ai une super bonne nouvelle à vous donner.
00:10:37 C'est que l'âge a rajeuni. Les gens qui ont la cinquantaine aujourd'hui, ce que j'appelle les quinquados.
00:10:43 Ça, je me fais de la pub, je vais faire un bouquin là-dessus. Les quinquados, c'est des gens dont autour de la cinquantaine...
00:10:49 Et par exemple, je m'étais amusé à leur demander "Venez avec une photo de votre mère ou de votre père au même âge, autour de la cinquantaine."
00:10:56 Et à 99,99% des cas, c'était "Ah ouais, il fait quand même vachement plus vieux. Eh ouais, ouais.
00:11:03 Regardez dans la rue, ainsi de suite. Vous avez du mal à reconnaître quelqu'un qui est autour de la cinquantaine."
00:11:08 Souvent, c'est une caresse positive extrêmement agréable. "Ah, tu ne fais pas ton âge. Je ne vous aurais pas donné autant, ainsi de suite."
00:11:13 Mais c'est vrai. C'est vrai en termes physiques. C'est vrai en termes... Alors, la biologie existe. Contrairement à ce que pensent certaines féministes.
00:11:21 La biologie existe. Il y a bien des différences. On vieillit biologiquement. Mais n'empêche que, on vieillit beaucoup moins vite.
00:11:28 Et le cognitif vieillit aussi beaucoup moins vite. Ça dépend des personnes et ça dépend de leur histoire, évidemment.
00:11:36 Mais n'empêche que, on peut continuer à apprendre à des âges avancés. On peut continuer... Il y a un terme, on n'y voyait aucune allusion politique.
00:11:44 Ça s'appelle la sarcopénie. La sarcopénie, c'est la perte des muscles à partir d'un certain âge.
00:11:52 Les muscles du cerveau, les muscles physiques. On s'est aperçu que si la personne s'entraîne, si la personne fait l'exercice, que ce soit cérébral ou que ce soit physique,
00:12:01 cette sarcopénie en question est remise en cause. C'est-à-dire que je peux, si je m'entraîne, si je fais attention, pas n'importe comment, je peux être en meilleure forme, je ne sais pas moi,
00:12:08 à 55 ans que je n'étais à 50. Robert Marchand, qui fut, comme vous le savez tous, recordman du monde, de l'heure en vélo des plus de 100 ans,
00:12:20 roulait plus vite à 103 ans qu'à 100 ans. Incroyable. Et pour anecdote, j'avais commenté en direct sur une chaîne d'information son record,
00:12:29 et tous les journalistes qui se ressemblaient beaucoup, ce n'était pas les journalistes comme à l'opinion, c'était les journalistes avec des belles cravates, super beaux et tout,
00:12:37 ça ne veut pas dire que les journalistes de l'opinion ne sont pas beaux, mais simplement leur seule caractéristique, c'était d'être beaux.
00:12:42 Et tous se regardaient et disaient "mais je serais incapable de faire ce qu'il fait". Donc ils avaient 23 ans, virgule 2, et ils se disaient "l'autre qui a 4 fois plus,
00:12:49 je ne pourrais pas faire pareil". Donc juste la sarcopie, c'est-à-dire que troisième élément majeur, c'est qu'on peut à des âges y compris relativement avancés,
00:12:56 se renouveler très fortement. Il n'y a pas de sujet autour de ça. À 90 ans, on est moins en forme qu'à 40, généralement, quoi que ça dépend des gens de 40.
00:13:03 Mais globalement, c'est comme ça. Mais n'empêche que, c'est-à-dire que la prévention, c'est-à-dire que l'exercice institut, y compris l'exercice intellectuel,
00:13:09 permet de remonter la pente d'une certaine manière. Donc il n'y a pas un vieillissement prématuré si fort que ça. Même s'il y a évidemment du vieillissement.
00:13:16 Dernier élément, parce que je vous sens dire juste une dernière petite chose. Vous savez quand j'ai parlé là des dieux, du capital et tout ça, qu'à un moment,
00:13:24 il y en a un autre. Le diable, non seulement nous a fait vieillir longtemps, mais en plus, il s'est débrouillé depuis une dizaine d'années en France,
00:13:36 mais c'est un peu partout dans le monde, sauf dans le continent africain, qu'on fasse de moins en moins d'enfants.
00:13:41 Alors les uns parce qu'ils ont perdu le mode d'emploi, les autres parce que de toute façon, il n'y a pas le choix, et ainsi de suite, et ainsi de suite.
00:13:46 Mais je rappelle qu'en 10 ans, en France, on fabrique 100 000 enfants de moins. C'est-à-dire que notre destin démographique, et donc le destin aussi des entreprises,
00:13:58 c'est les vieux. Donc les entreprises n'ont pas le choix. Avec un petit dernier élément, c'est que souvent on dit « ouais mais tu comprends, si je le recrute à 55 ans,
00:14:07 bientôt il va partir. Mais couillon, si tu recrutes mon étudiant qui sort de l'école de commerce où je suis, mais ce n'est pas dans 5 ans qu'il va partir,
00:14:13 c'est dans un mois ou dans 2 ans. Donc le long terme, c'est les vieux. Ils vont rester bien plus longtemps dans l'emploi parce qu'eux, ils ont compris quand même
00:14:21 qu'à 57 ans et demi, je ne vais pas sortir de la boîte. Parce que ça va être quand même difficile de retrouver un job. Donc en plus, non seulement ils sont expérimentés,
00:14:29 non seulement ils sont en forme, et en plus, ils sont fidèles. Il faut les épouser.
00:14:35 Merci beaucoup Serge. Je me sens rajeuni en plus. On va passer à la première table ronde. Si vous voulez bien venir me rejoindre, chers amis.
00:14:51 Une table ronde où on va s'interroger sur la place de la génération X. Oui Benoît, Caroline, s'ils ne se reconnaissent plus.
00:15:04 Alors en plus, c'est très compliqué. Je vais vous demander de vous mettre par ordre alphabétique.
00:15:09 Mais en fait, j'ai une antisèche.
00:15:19 Excusez-moi. Merci beaucoup. Donc on va s'interroger sur la place de la génération X dans l'entreprise.
00:15:27 En compagnie de Gilles Gâteau, vous êtes directeur général de l'APEC. Bonjour Gilles. Je vais même vous trouver un micro.
00:15:34 Je crois qu'il nous en manquait un, mais vous en passerez un de temps en temps.
00:15:38 À vos côtés, Frédéric Gesque, vous êtes dirigeant du cabinet de conseil et formation USCOA et président de Senior for Good.
00:15:46 Vous nous expliquerez ce que c'est Senior for Good. À vos côtés, Caroline Sarrot-Le Carpentier. Bonjour Caroline.
00:15:51 Vous êtes dirigeante d'ici un cabinet de conseil spécialisé dans les dynamiques intergénérationnelles.
00:15:57 Benoît Serre, vice-président de l'ANDRH et partenaire au BCG.
00:16:03 Alors peut-être en introduction et pour poursuivre la réflexion lancée par Serge, Gilles Gâteau, je crois que vous avez fait quelques études,
00:16:13 quelques recherches. Est-ce que vous pouvez nous faire peut-être un petit portrait robot d'un cadre Senior aujourd'hui?
00:16:19 Et puis après, on donnerait quelques chiffres sur le marché de l'emploi aujourd'hui.
00:16:23 Oui, merci. Bonjour à toutes et tous. Il se trouve qu'on a publié il y a deux jours ce document qui s'appelle "Portrait statistique des cadres Senior".
00:16:37 On a compilé finalement beaucoup de données sur les cadres de 55 ans et plus. Il fallait mettre une borne. On a choisi celle-là.
00:16:49 À 55 ans, moi j'ai coutume de dire on a encore pratiquement 10 ans de vie professionnelle devant soi.
00:16:55 Donc pratiquement un quart de sa vie professionnelle devant soi à 55 ans.
00:16:59 Donc on est on parle là du dernier quart de la carrière si on veut dire les choses autrement.
00:17:06 Et donc, je ne vais évidemment pas vous... Alors pour ceux qui veulent, il y a quelques exemplaires dehors.
00:17:12 Ne vous précipitez pas tout de suite, ils vous attendent. Mais sur le portrait robot résumé.
00:17:15 Tout à fait. Vous en avez des exemplaires dehors. Vous le trouvez en ligne sur APEC.fr.
00:17:20 Et il y a beaucoup de données de toutes sortes sur la situation des cadres Senior.
00:17:26 Ils sont un peu plus de 700 000 en France. Et 100 000 sont inscrits à Pôle emploi.
00:17:36 C'est une proportion qui est évidemment nettement supérieure à celle de la moyenne des cadres.
00:17:44 C'est un chiffre qui résume à lui seul finalement une partie du problème dont on va parler de mise à l'écart finalement des Senior.
00:17:53 Ou en tout cas de la grande difficulté dans laquelle se trouvent beaucoup d'entre eux quand ils sont en recherche d'emploi.
00:18:02 Alors que le taux de chômage moyen des cadres en France est à 4,1%.
00:18:09 Donc on est quasiment au plein emploi si on parle des cadres. Celui des cadres de 55 ans et plus est de 6,8%.
00:18:17 Pas très très loin de la moyenne du chômage en France qui est à 7,2 comme vous savez.
00:18:24 Donc on voit bien que quand on parle du chômage des cadres, en fait, il n'existe quasiment que pour les cadres Senior.
00:18:34 Avec ce paradoxe qui vient d'être rappelé brillamment à l'instant, qu'on parle là d'une population de cadres expérimentés en bonne santé pour le plus grand nombre d'entre eux.
00:18:52 Désireux de travailler, c'est aussi dans les clichés ou les idées reçues des cadres Senior inscrits à Pôle emploi.
00:19:00 Il y a l'idée qu'ils sont là en train d'attendre la retraite. Alors, ce n'est pas faux pour une partie d'entre eux.
00:19:05 Et s'il y a des dérages dans la salle, comme je l'ai été moi-même, vous devrez avouer que vous avez signé des transactions souvent pour faire partir dans des ruptures conventionnelles des cadres avec un portage par l'assurance chômage jusqu'à l'âge de la retraite.
00:19:22 C'est une réalité, n'est-ce pas Benoît, qui existe et qui fait aussi partie du problème.
00:19:28 Mais en dehors de cela, la plupart des cadres qui sont en recherche d'emploi ont absolument la motivation et souvent le besoin de travailler parce que la vie a changé aussi.
00:19:43 Parce que même après 55 ans, on peut avoir des enfants jeunes qu'il faut accompagner dans leurs études.
00:19:50 On peut avoir absolument besoin de travailler ou de retravailler.
00:19:55 C'est le moment où la question provoque, je ne sais pas Frédéric peut-être. Est-ce que ce n'est pas de leur faute ? Est-ce que ce n'est pas un peu de leur faute ces seniors ?
00:20:04 Alors non. Non, non. Alors c'est vrai que si changer de regard, ça concerne quand même tout le monde.
00:20:11 Et donc forcément aussi les seniors. Mais il suffit d'écouter les chiffres pour voir que la situation est dramatique.
00:20:17 Et donc finalement, à force de s'entendre dire qu'on est has-been, on peut imaginer que certains finissent par le croire.
00:20:23 Moi, j'ai été personnellement confrontée à ça. En fait, il y a un moment maintenant, à une époque où je voulais quitter un poste d'EDG.
00:20:30 Et c'est vrai que quand le recruteur m'a dit que j'étais parfaite pour le job, mais que le seul problème, en fait, c'est que j'étais trop vieille.
00:20:38 J'ai été quand même assez scotché. Et c'est là que j'ai pris conscience finalement de ces représentations, de ces stéréotypes de l'âge et puis du coup de la discrimination qui pouvait y avoir derrière.
00:20:49 Et c'est comme ça, d'ailleurs, que Senior for Good est né. Puisque tout à l'heure, vous me disiez, vous nous présentez Senior for Good.
00:20:55 On a créé en fait cette association qui est une association de cadres, une association citoyenne en se disant on va lutter contre cet agisme de façon positive en montrant l'exemplarité et l'action.
00:21:06 Donc, c'est comme ça qu'on est parti pour pouvoir donner envie aux entreprises, aux seniors aussi de se dire que ces 10, 15 années de carrière professionnelle,
00:21:15 il fallait qu'elle soit belle, épanouissante parce que le talent n'a pas d'âge et l'expérience, c'est une richesse.
00:21:23 Et donc, moi, je pense qu'il faut vraiment déconstruire les croyances et reconstruire la singularité de la valeur de la valeur de la séniorité.
00:21:31 Et c'est en cela que je pense pas que les seniors ou les expérimentés, j'aime bien les appeler expérimentés, ne sont pas responsables.
00:21:39 On peut avoir une attitude qui nous dessert parfois parce qu'on peut être un peu nostalgique du passé.
00:21:44 Oui, quand on nous disait pas qu'on était trop vieux, par exemple, on peut avoir du mal à faire son deuil d'un vécu professionnel pour s'ouvrir à d'autres voies.
00:21:53 C'est vrai qu'en France, on aime bien aussi les carrières ascendantes.
00:21:56 Donc, c'est pas toujours facile de prendre des chemins de traverse.
00:22:00 Mais franchement, les seniors, on peut pas dire qu'ils sont responsables de ce qui leur arrive aujourd'hui.
00:22:05 Parce que quand du jour au lendemain, vous vous retrouvez finalement totalement dévalorisé quand vous envoyez des centaines de candidatures et puis que vous n'avez pas de réponse.
00:22:15 Quand on entretient, en fait, on vous dit vous êtes sûr, vous allez pouvoir vous adapter parce que l'équipe est jeune.
00:22:22 Quand vos compétences sont plus considérées et qu'en face, on voit des espèces de préjugés hors sol, même quand vous êtes en poste, en fait,
00:22:31 quand vous êtes salarié et que finalement, vous n'avez plus ou très peu accès à la formation, parce que c'est une réalité aussi.
00:22:37 Le taux d'accès à la formation baisse au fur et à mesure que les années augmentent, que vous n'avez peut être plus accès non plus aux promotions,
00:22:44 que vous n'avez plus accès peut être, vous êtes mis à l'écart de certains projets stratégiques.
00:22:50 On entend souvent ça chez nos adhérents. Voilà les projets intéressants. On ne les confie plus.
00:22:54 Oui, il y a un moment, on peut croire qu'il y a quelque chose qui cloche chez soi, mais qu'en fait, en réalité, ce n'est pas chez le seigneur que ça cloche.
00:23:01 C'est plutôt ces stéréotypes, ces préjugés culturels qui sont terribles.
00:23:06 J'en donne qu'un exemple. Dire qu'aujourd'hui, un cadre de 45, 50 ans ne comprend rien au digital.
00:23:13 Pour moi, c'est inentendable, en fait, parce que généralement, c'est faux.
00:23:18 En tout cas, pas plus que les plus jeunes qui sont souvent très à l'aise avec le téléphone portable, mais que quand vous mettez devant un PC, c'est beaucoup plus difficile.
00:23:25 Donc, finalement, chacun va avoir ses atouts et dire aussi qu'on est résistant au changement.
00:23:31 Ce n'est pas entendable non plus parce qu'on est quand même une génération qui a démarré avec le Minitel, qui a connu l'informatique, Internet, la mobilité.
00:23:39 On s'est adapté à tout. Donc, on voit bien, en fait, ça ne peut pas être de la faute des seigneurs.
00:23:44 Benoît, c'est quoi ton message à destination des seigneurs?
00:23:48 Une réaction déjà. Et puis, qu'est ce que tu dis aux seigneurs?
00:23:52 Bonjour à tous déjà. Donc, après, dans ce genre de truc, je préfère qu'on cherche des solutions que des coupables.
00:23:57 Donc, on ne va pas s'étendre dessus. Le sujet des seigneurs, c'est un sujet qu'avec la NDRH, on a pris dès 2018.
00:24:06 Parce que j'avais observé, comme l'a dit Serge tout à l'heure, que tout le monde s'en foutait de ce truc.
00:24:10 La France était un des pays les moins bien classés, je parle, c'est ton contrôle, soit l'expert, en termes d'emploi des seigneurs.
00:24:17 Et en fait, on réformait les retraites, on faisait d'autres trucs, mais tout le monde s'en foutait de la conséquence de tout ça.
00:24:22 Et je me souvenais que la raison pour laquelle on a pris le sujet en 2018, en proposant le fameux index seigneur,
00:24:30 qui était volontairement provoquant, mais c'était pour que le sujet vienne.
00:24:34 Et ça a marché, au-delà de nos espérances. J'avais entendu quand même une déclaration du président de la République de l'époque,
00:24:43 qui est le même qu'aujourd'hui, dire que ce ne serait pas raisonnable de réformer les retraites sans s'occuper de l'emploi des seigneurs.
00:24:50 J'ai noté qu'ils avaient réformé les retraites sans s'occuper de l'emploi des seigneurs. Donc ça, c'est une première chose.
00:24:57 Ce que je pense, c'est que d'abord, tout le travail que fait l'APEC est vraiment fondamental, parce que ça permet de comprendre,
00:25:05 et Serge l'a dit tout à l'heure, que cette espèce de truc qui est apparu en disant "à 45 ans on est vieux", ça a été une bombe nucléaire.
00:25:14 Parce que dans la tête des gens, et dans la tête des managers, et dans la tête des dirigeants, et dans la tête des HR, on s'est dit "bon ok".
00:25:20 C'est à 45 ans que les emmerdes commencent. Les emplois, les entretiens, machin, etc.
00:25:25 Et pour les gens, j'ai plein de gens qui m'ont dit "j'ai reçu la fameuse lettre, maintenant on reçoit des lettres de santé avec,
00:25:30 donc en fait c'est fini, j'ai plus qu'à aller me coucher".
00:25:33 Et donc ça, ça a été un truc, je trouve, dans la tête, ça a aggravé la situation extrêmement violemment, et personne ne l'a vu venir.
00:25:42 Alors qu'il n'y a aucun texte qui dit "on est seigneur à 45". C'est juste qu'un cumul de trucs en fait qu'à 45, tout d'un coup, on est censé commencer à se dégrader.
00:25:49 Bon. Ça c'est la première chose. La seconde chose, c'est que je pense, enfin Gilles est plus expert que moi là-dessus,
00:25:56 que toute la phase de chômage de masse qu'on a vécu a coupé les emplois, enfin l'emploi, à l'entrée du marché et à la sortie du marché.
00:26:06 Donc c'était le marché central qui fonctionnait bien. Là, comme il y a eu des réactions politiques avec le fameux plan "Agendre une solution",
00:26:14 "Développement d'apprentissage à alternance", et puis plein d'autres choses depuis tant d'années, on a un peu résolu le problème du chômage des jeunes.
00:26:20 Mais rappelez-vous, on aurait pu faire cette table ronde il y a 10 ans sur le chômage des jeunes. On était à peu près dans les mêmes proportions.
00:26:26 Et à l'autre bout, effectivement, les seigneurs. Ce que j'observe aujourd'hui, c'est que les entreprises ont appris à les conserver.
00:26:35 Et apprennent de mieux en mieux à les conserver. En revanche, tous les stéréotypes qui ont été évoqués par Frédéric, qui sont extrêmement justes,
00:26:43 font que les entreprises n'ont pas appris à les embaucher. Et je crois, alors on avait suivi avec intérêt le débat sur les retraites,
00:26:52 vous savez le fameux projet de CDI senior, peut-être qu'on en parlera, je ne sais pas, qui était de dire qu'on doit casser ou accélérer
00:26:59 le fait de casser cette incapacité ou tous ces éléments qui fait qu'on se dit "Recruter quelqu'un à 59 ans, je vais vous dire ce qui se passe dans une boîte".
00:27:08 Ce n'est pas forcément le DRH, contrairement aux accusations. Ça peut être le manager, peut-être n'importe qui. Pour recruter quelqu'un à 59 ans,
00:27:15 vous vous dites "Bon, ok, je vais recruter à 59 ans, si ça se trouve, je me le garde jusqu'à 70, qu'est-ce que je vais en faire ?"
00:27:23 Et par conséquent, je ne le fais pas. Je pense qu'il y a un vrai sujet là. Et d'autre côté, nous avons, et je partage à 1000%,
00:27:31 ce que je disais notamment, qui était de dire que les seniors, quels que soient leur âge, ont envie de travailler.
00:27:36 Je vais vous dire, à chaque fois que j'ai la chance ou la malchance de participer à un événement sur les seniors,
00:27:41 j'en ai fait quelques-uns avec Serge, et à un moment, il y a quelqu'un qui me dit "Oui, mais il y a le tutorat, le mentorat".
00:27:47 Et je dis "Arrêtez, arrêtez". Parce que plus vous dites ça, plus vous aggravez la situation.
00:27:53 Tout simplement parce que vous dites aux seniors "Mais nous, on est prêts à en embaucher, mais c'est des demi-salariés en fait.
00:27:58 On ne pense pas qu'ils vont pouvoir produire, on ne pense pas qu'ils vont pouvoir être productifs, on pense qu'ils vont pouvoir mentorer".
00:28:02 D'abord, il y en a qui n'ont aucune envie de mentorer. Entre autres, il y en a qui ne savent absolument pas le faire.
00:28:07 Et enfin, il y en a qui veulent juste être des salariés comme les autres en fait. Évalués comme les autres, reconnus comme les autres,
00:28:12 sanctionnés comme les autres. Donc c'est pour ça que je pense qu'il y a tout un discours qui doit être reconstruit.
00:28:18 Après, le dernier point, je sous-critais Frédéric sur le digital, moi ça me fait marrer, parce que j'ai des gens qui me disent
00:28:23 "Non, tu comprends, il a 58 ans, il ne connaît rien au digital". Moi, ça fait 20 ans quand même qu'il est sur le coup.
00:28:27 Donc je pense qu'il a compris. C'était peut-être vrai ça, je ne sais pas d'ailleurs. C'était peut-être vrai il y a 20 ans,
00:28:33 mais ça l'est de moins en moins aujourd'hui. Après, sur un dernier point, c'est sur l'histoire de la formation.
00:28:38 Ça pour le coup, c'est vraiment une expérience d'entreprise. Oui, l'accès à la formation baisse à partir de 50-55,
00:28:45 mais sincèrement, ça c'est vraiment l'expérience de terrain. L'entreprise n'est pas intégralement responsable.
00:28:51 Moi, j'ai quand même des armées de seniors qui m'ont toujours dit "Non mais, tant je m'en fous".
00:28:55 On en parle dans une demi-heure, Benoît. Je t'arrête parce que ce sera le sujet de la séquence d'après.
00:28:59 Donc on en débattra dans une demi-heure. Caroline, peut-être une réaction. L'intergénérationnel,
00:29:06 est-ce que ça veut dire du tutora ? En réponse directe à ce que veut dire Benoît, c'est quoi la piste de l'intergénérationnel ?
00:29:13 En fait, il faut être deux pour faire le tango. Pour danser, il faut être deux. Et en fait, je nuancerai un tout petit peu.
00:29:22 Je suis d'accord, l'entreprise n'est pas responsable de tout. L'accès à la formation, etc.
00:29:27 Oui, on n'a pas forcément envie quand on est senior. À quoi bon ? Mais en fait, quand on réalise,
00:29:32 t'as 45 ans, tout ce qui s'est passé depuis qu'on est né. Vous avez appris à marcher, vous avez appris à parler,
00:29:40 vous êtes allé à l'école pour la première fois, vous avez eu un job pour la première fois,
00:29:44 vous êtes tombé amoureux pour la première fois, vous êtes marié, vous avez eu un enfant. Ou pas.
00:29:48 Vous avez eu votre premier appart, votre première prime, votre première engueulade, etc. 45 ans, la vache, il en reste 45.
00:29:55 Et 45, il faut qu'elle soit aussi excitante et aussi dingue que les 45 premières.
00:30:01 Donc en fait, il y a de l'énergie, il faut avoir de l'énergie pour ça. Donc il faut être bandé.
00:30:06 Mais parfois, on est le regard. Et c'est pour ça que je regardais hier soir, je me disais le principe de trio.
00:30:12 J'aime bien l'idée de trois. On parle des trois mousquetaires, des trois petits cochons, les trois fées qui sont penchées.
00:30:17 Trois. Je pense qu'il y a trois responsables dans l'histoire. Un, l'entreprise est responsable.
00:30:21 Deux, le salarié est responsable. Et trois, les collaborateurs sont responsables.
00:30:26 La solution alors ?
00:30:28 La solution, enfin, je pense qu'on ne peut pas utiliser les seniors sans considérer le reste de l'entreprise.
00:30:34 Et le principe des collaborateurs, c'est aussi quand on prend en considération les juniors,
00:30:39 enfin toutes les personnes qui consolident l'entreprise. C'est un principe de systémie dans l'entreprise, en fait.
00:30:44 C'est un principe de win-win. Si je travaille avec des seniors, je ne vais pas m'occuper que des seniors.
00:30:49 Ça n'a pas de sens, en fait. Parce qu'ils ont un rôle vis-à-vis de la jeune génération,
00:30:54 comme la jeune génération a un rôle vis-à-vis des plus âgés.
00:30:57 Il y a un espèce de bénéfice de réciprocité permanente. Comme Benoît, je ne suis pas complètement...
00:31:03 Mentora, bien sûr, ça a toujours fonctionné et ça fonctionnera encore. Ça marche très bien.
00:31:07 Mais c'est vrai que dans le mot, il y a une certaine notion de descendance.
00:31:10 Donc le senior est dans une posture de « je sais, je vais t'apprendre petit padawan »,
00:31:14 comme dit un de mes amis, Florian, ici dans cette salle.
00:31:17 Le senior n'a pas forcément une longue barbe blanche. Non, il a encore en capacité d'innover.
00:31:22 Il a des idées parce qu'il a aussi de l'expérience. Parce qu'il a du recul, en fait.
00:31:28 Et parce qu'il a tellement d'envie. « Mais regardez-vous, regardez-moi, j'en ai 48,
00:31:32 vous croyez que je suis prêt à transmettre ? Mais oui, d'accord, je peux transmettre.
00:31:35 Je peux apprendre vachement de choses. Mais j'ai tellement à donner.
00:31:38 Mais tellement à donner à une entreprise. Alors aujourd'hui, je ne la donne pas
00:31:41 pour une boîte, je la donne à plein de boîtes. Parce que l'intergénérationnel,
00:31:44 pour moi, est un des leviers clés de la dynamique des organisations.
00:31:50 Si on travaille correctement avec ça, c'est-à-dire que si on travaille
00:31:53 sur cette combinaison générationnelle, sur cette coalition vers un projet commun,
00:31:58 tout le monde est gagnant. On fait gagner les juniors qui gagnent en expérience
00:32:02 en regardant les plus expérimentés travailler. Et les seniors sont boostés
00:32:07 en même temps. Parce qu'on collabore. Je mène des projets aujourd'hui,
00:32:10 c'est hallucinant le bénéfice que ça peut avoir.
00:32:14 J'ai eu une réaction, je vous voyais...
00:32:19 Je suis complètement d'accord. Et c'est très important qu'on se le dise bien
00:32:24 que dans le monde du travail, la communauté de travail,
00:32:29 elle est intergénérationnelle. Et c'est ça qui peut faire fonctionner
00:32:34 et gagner l'entreprise, comme chacune de ses composantes.
00:32:37 Donc c'est tout le paradoxe de la situation où on va catégoriser.
00:32:43 C'est pour ça que les contrats, machin, avec des seuils d'âge,
00:32:48 c'est toujours un peu risqué pour cette raison-là aussi.
00:32:52 Ça peut paraître aussi un peu stigmatisant. Dans le fond, c'est pas si mal
00:32:56 qu'il y ait une espèce de halo sur ce qu'on appelle senior.
00:32:59 C'est 45, c'est 50, c'est 55. Ça évite d'avoir comme ça,
00:33:05 de créer des éléments couperés. Après, je reviens sur ce que disait Benoît,
00:33:11 je pense qu'on paye encore aujourd'hui. On n'a pas complètement tourné la page
00:33:17 dans les esprits, aussi bien du côté de l'entreprise que du côté
00:33:23 des salariés des seniors eux-mêmes, de ce qu'on a vécu quand même
00:33:29 pendant ces longues années de chômage de masse, dans lesquelles
00:33:33 l'ajustement sur l'emploi se faisait sur les seniors, et ça se faisait
00:33:38 dans un consensus, finalement, entre le management des entreprises,
00:33:44 les directions de ressources humaines, les seniors eux-mêmes
00:33:49 et les organisations syndicales. Regardez n'importe quel plan PSE
00:33:54 aujourd'hui, la mesure la moins douloureuse et la plus mise en avant
00:34:00 dans l'enthousiasme général, c'est des mesures d'anticipation
00:34:04 de l'âge de départ. Et ça, alors petit à petit, on a commencé
00:34:09 à fermer des robinets autour de ça. Autrefois, il y avait les prêt-retraite
00:34:13 FNE pour les anciens qui s'en souviennent. Alors là, c'était
00:34:16 le guichet ouvert et l'État qui payait. C'est une époque révolue
00:34:21 que même les anciens ont oublié. Mais il y a toujours aujourd'hui,
00:34:26 et moi je suis frappé quand je vois des entreprises, des grandes entreprises
00:34:30 qui travaillent sur des plans seniors, il y a des choses très intéressantes
00:34:33 sur comment j'ouvre un peu plus mon recrutement, comment je forme davantage.
00:34:38 Et il y a aussi toujours quelque chose sur comment je permets de partir
00:34:43 plus tôt avec des CET, de booster, etc. On n'a pas tourné la page
00:34:48 d'une partie de la solution qui consiste à aider les gens à partir plus tôt
00:34:53 parce qu'il y a une demande pour ça et parce qu'y compris du côté syndical,
00:34:56 il peut y avoir une demande relayée pour ça. Donc ça pour moi,
00:35:01 c'est encore un sujet qui n'est pas complètement derrière nous.
00:35:05 La question de savoir comment est-ce qu'on est finalement ambigus
00:35:11 les uns et les autres sur l'idée qu'il faut effectivement que les seniors
00:35:16 trouvent et gardent leur place dans l'entreprise parce que comme l'a dit,
00:35:21 c'est le futur de notre démographie tout simplement et que sinon
00:35:26 on n'y arrivera pas et je ne parle même pas de l'équilibre des régimes de retraite
00:35:29 et qu'en même temps, chaque fois qu'on trouve une solution
00:35:32 pour faire partir quelqu'un plus tôt, c'est quand même pas mal.
00:35:35 - Gilles, si on sort de ces solutions pour partir, quels sont vos conseils
00:35:39 au DRH qui nous écoute très concrètement, qu'est-ce qu'il faut faire
00:35:43 pour être dans la progression ?
00:35:45 - Alors ça a été dit et pour moi c'est fondamental, ce qu'attendent
00:35:51 les seniors qui sont aujourd'hui en emploi ou ceux qui y reviennent
00:35:55 dans des mobilités, c'est plutôt d'être effectivement considérés
00:35:59 comme des salariés comme les autres avec les mêmes opportunités de mobilité,
00:36:03 de prendre des projets intéressants, d'être augmenté salarialement
00:36:07 parce que là aussi, notre étude le montre, on arrête sa progression salariale
00:36:13 ou en tout cas elle est nettement freinée après un certain âge.
00:36:16 Donc finalement l'entreprise investit moins dans vous.
00:36:19 - Un senior, ça ne coûte pas forcément plus cher qu'un autre ?
00:36:22 - Forcément si, mais prenez le salaire médian des 55 ans et plus cadre,
00:36:30 il est pratiquement au même niveau que le salaire médian des 45-55 ans.
00:36:34 Le salaire moyen est un peu plus élevé mais le salaire médian est à peu près celui-là.
00:36:38 Donc ça veut dire que les écarts peuvent se creuser.
00:36:40 Ce que je veux dire par là c'est que s'il y a un conseil à donner à l'entreprise,
00:36:43 c'est d'investir dans ses salariés comme elle investit dans tous ses salariés.
00:36:49 Pas forcément plus mais pas moins.
00:36:52 Or aujourd'hui on investit moins, parfois les salariés eux-mêmes sont peut-être
00:36:59 plus réticents sur des sujets de formation mais quand on a 10 ans
00:37:03 de professionnel devant soi, c'est pas vrai qu'on peut s'en sortir
00:37:06 sans mettre à jour ses compétences.
00:37:08 - Je sens que vous voulez tous les trois réagir.
00:37:10 Frédéric, vous allez réagir.
00:37:13 - Pour rebondir sur ce que disait Caroline tout à l'heure,
00:37:16 je le vois aussi dans les boîtes que j'accompagne aujourd'hui,
00:37:19 le sujet est d'intégrer cette situation dans la culture interne
00:37:24 et managériale de l'entreprise en termes d'action, de solution.
00:37:29 Je pense que c'est important d'apporter des preuves aux entreprises
00:37:32 qui font ce choix de l'intergénérationnel, que ça apporte de la productivité,
00:37:36 de la performance.
00:37:37 Donc il faut pouvoir mesurer la performance.
00:37:39 C'est un projet sur lequel on travaille chez Senior for Good.
00:37:44 Et on a déjà des preuves, il y a beaucoup d'études qui ont été faites.
00:37:48 C'est un élément de performance, l'inclusion intergénérationnelle,
00:37:51 l'inclusion tout court d'ailleurs, c'est quand même un pilier majeur
00:37:54 des critères ESG et d'une RSE performante aussi.
00:37:59 Donc en termes de preuves à donner à l'entreprise.
00:38:03 Et donc il faut absolument aussi que les entreprises,
00:38:06 dans leur responsabilité à maintenir l'employabilité des salariés
00:38:10 et donc leur motivation, puissent sensibiliser tous les salariés
00:38:14 aux stéréotypes et aux biais qu'on peut avoir,
00:38:17 puissent former les managers qui sont en première ligne.
00:38:20 Parce que finalement, travailler en intergénérationnel
00:38:23 quand on a des biais et si en tant que manager on n'en est pas conscient,
00:38:26 on ne peut pas non plus accompagner ces équipes à mieux bosser ensemble.
00:38:30 Et donc en termes d'action, moi je parlerais plutôt d'une action
00:38:34 très opérationnelle, finalement très concrète au quotidien,
00:38:37 qui doit être incarnée aussi par les dirigeants,
00:38:40 parce qu'à chaque fois l'exemplarité quand même,
00:38:42 elle vient de la tête entre guillemets.
00:38:44 Donc c'est comme pour l'égalité femmes-hommes,
00:38:46 pour d'autres types d'inclusion, de porter en fait cette responsabilité
00:38:49 de l'entreprise qui est aussi une responsabilité sociale sociétale.
00:38:53 Caroline, votre réaction.
00:38:55 Je vous parlais, parce que tout à l'heure je me suis un peu garé,
00:38:58 parfois je suis en train de réfléchir,
00:39:00 mais pourquoi je parlais du tango, pourquoi je parlais des trois en fait ?
00:39:03 Tout ça est responsable, les trois, mais on parle d'agisme,
00:39:07 Frédéric parlait de l'agisme, l'agisme a des...
00:39:09 Tout le monde sait ce que c'est l'agisme ?
00:39:11 Allez, on veut une définition Caroline.
00:39:13 D'accord, ok. L'agisme c'est le mépris de l'âge.
00:39:16 Donc c'est regarder quelqu'un avec un...
00:39:19 (soupir)
00:39:22 Encore une idée à la con.
00:39:24 Ça va pas quoi.
00:39:26 Mais tous ces petits regards, tous ces petits commentaires, etc.
00:39:29 Il y a un résultat, il y a une conséquence.
00:39:31 C'est que ça fait baisser de 44% la performance de la personne que vous regardez.
00:39:35 Parce qu'elle a moins confiance, parce qu'elle va moins parler,
00:39:38 parce qu'elle va moins oser.
00:39:40 Et ça veut dire qu'on accède moins aux formations,
00:39:43 parce qu'à quoi ça sert en fait ?
00:39:45 Et puis un jour, il y a un directeur qui va vous voir,
00:39:47 qui va vous tapoter sur l'épaule, il dit "Bon, je crois qu'on est arrivé au bout du chemin".
00:39:50 Bah oui, on est arrivé au bout du chemin, oui forcément.
00:39:52 Mais il a été tellement bien damé par les autres.
00:39:55 Donc c'est pour ça que vous êtes, chacun dans la salle, un peu responsable.
00:39:59 Aussi, le regard que vous portez à vos collaborateurs,
00:40:04 le regard que vous portez aux plus anciens,
00:40:06 parce qu'il y a toujours plus vieux que soi, est important.
00:40:09 Et ça commencera par vous, le principe des micro-changements,
00:40:11 des micro-mouvements, un petit pas, puis un autre.
00:40:14 Donc les dirigeants sont responsables, principe d'exemplarité,
00:40:17 la vision, l'envie de changer et d'imposer dans son entreprise
00:40:21 des modes de travail différents, moins silotés,
00:40:25 beaucoup plus transversal, en y incluant de l'intergénérationnel,
00:40:29 pour que les cadres de référence puissent se compléter.
00:40:33 Parce que le cadre de référence d'un jeune de 25 ans n'est pas le même que le mien,
00:40:36 et ne sera pas le même que quelqu'un qui en a 56.
00:40:39 Pas du tout.
00:40:41 Et ça passe aussi par la sensibilisation, la formation
00:40:44 des autres collaborateurs dans l'entreprise,
00:40:46 qui disent "Attention au quotidien, attention dans vos manières d'être,
00:40:50 attention dans la manière de vous comporter,
00:40:52 et allez redynamiser aussi le collaborateur qui a 45 et plus,
00:40:56 tu peux faire quelque chose.
00:40:58 Le premier responsable avant tout, c'est toi.
00:41:00 Et bouge !
00:41:02 Benoît, ta réaction et puis des bonnes pratiques que tu vois ?
00:41:05 Oui, plutôt, alors d'abord,
00:41:08 j'ai eu pas mal d'expérience sur comment gérer l'emploi des seniors
00:41:12 dans les entreprises où j'étais.
00:41:15 Alors c'est vrai que j'ai l'air rappelé, je l'ai fait comme n'importe quel DH,
00:41:18 on a fait des plans de départ,
00:41:21 comme j'ai eu la chance ou la malchance, je sais pas,
00:41:23 dans de très grandes entreprises, on a des plans de départ qui étaient méga protecteurs,
00:41:27 tout le monde était ravi quand même.
00:41:29 Il ne faut pas non plus se mentir, le senior était super content.
00:41:32 Donc le record, c'est les congés de fin de carrière, ça c'est le bonheur.
00:41:35 Et donc, non voilà, mais malheureusement, ça ne peut pas faire une politique senior.
00:41:39 J'ai eu deux expériences très différentes.
00:41:41 Il y a eu un moment de ma vie où j'étais le DH de Laurent Merlin,
00:41:44 puis un autre très récent où j'étais le DH de L'Oréal en France.
00:41:47 C'est vraiment des populations qui n'ont rien à voir.
00:41:49 La première chose, c'est que je n'ai jamais observé de conflit intergénérationnel.
00:41:53 Excuse-moi Cécile, mais ça c'est un truc de journaliste.
00:41:55 Ça n'existe pas dans les boîtes.
00:41:57 Vous avez un problème de cohabitation, pas toi, mais il y en a plein qui en ont parlé tout le temps.
00:42:01 Il y a un problème de cohabitation générationnelle,
00:42:03 ce que Caroline vient très bien de décrire, mais il n'y a pas de problème de conflit intergénérationnel.
00:42:06 Ce n'est pas vrai ça. Enfin moi je ne l'ai jamais vu.
00:42:08 J'ai fait quelques machins, j'ai fait Laurent Merlin, j'ai fait La Massif,
00:42:11 ils n'étaient pas tous tout jeunes, et j'ai fait L'Oréal,
00:42:13 où là ils sont honnêtement plus jeunes. Enfin pas tous d'ailleurs.
00:42:16 Laurent Merlin et L'Oréal c'était deux choses très différentes.
00:42:18 Laurent Merlin c'était quelques années.
00:42:20 En fait, on avait identifié que parmi nos clients,
00:42:25 on avait beaucoup de gens qui venaient acheter des produits de bricolage
00:42:29 parce qu'ils étaient à la retraite.
00:42:31 Et donc ils se mettaient à bricoler leur maison, leurs trucs, le machin.
00:42:35 Et donc on s'est dit sur certains rayons, ça s'appelle le rayon du lourd,
00:42:38 je ne sais pas si vous êtes des clients de Laurent Merlin, mais le rayon du lourd,
00:42:42 tous les rayons super techniques, le clou comme ça, le truc, moi je n'ai jamais compris.
00:42:45 C'est pour ça que j'étais dérache là-bas.
00:42:49 En fait, on a dit mais il faut mettre des vendeurs qui ressemblent aux clients.
00:42:53 Et donc on a été voir tout un tas de vendeurs qui avaient 50 machins
00:42:57 et qui étaient sur d'autres rayons.
00:42:59 Et on leur a dit voilà, on a constaté,
00:43:01 vous savez c'est un peu comme j'ai des câtelons,
00:43:03 les vendeurs sur Laurent Merlin c'est des passionnés,
00:43:05 c'est des mecs qui savent tout faire.
00:43:07 C'est des poseurs, ils savent tout faire.
00:43:09 Et du coup, tout d'un coup, on s'est rendu compte que ça avait une vertu énorme
00:43:12 à l'intérieur de l'entreprise vis-à-vis des jeunes et moins jeunes de tout le monde.
00:43:15 C'est que ça reconnaissait, vous l'avez dit Frédéric tout à l'heure,
00:43:19 une valeur d'expertise liée à l'expérience et à l'âge de ces trucs.
00:43:25 Et ça a vachement bien marché en fait.
00:43:27 Donc ça c'était une première partie de politique senior
00:43:29 qui n'était pas présentée comme une politique senior.
00:43:31 Et c'est là où je veux en venir.
00:43:33 C'est-à-dire que c'était présenté comme une politique dont on avait besoin
00:43:36 au profit de nos clients et pour notre business.
00:43:39 Et il s'avère que c'est devenu une politique qui était au bénéfice
00:43:42 des plus âgés dans l'entreprise.
00:43:43 Et ça marche encore.
00:43:44 Si vous allez dans les magasins Laurent Merlin, vous verrez que sur certains rayons,
00:43:47 vous avez une majorité de vendeurs un peu plus âgés.
00:43:51 Chez L'Oréal, j'en ai pour deux secondes,
00:43:53 c'était tout à fait autre chose parce que j'avais un changement de modèle.
00:43:57 Le Covid a fait exploser le e-commerce et donc j'avais plein de vendeurs de terrain
00:44:02 qui étaient des gens super bien mais qui avaient des années d'ancienneté.
00:44:06 Mais honnêtement, le business était en train de se shifter entre le classique
00:44:11 Carastas-Elsev et de l'autre relation en commerce.
00:44:16 Donc là on a lancé un autre programme.
00:44:18 Et c'est exactement dans le sens dont vous avez dit tout à l'heure
00:44:21 et que vous connaissez Caroline.
00:44:22 On a un autre programme qui s'appelle EvoLevo.
00:44:24 C'est-à-dire qu'on a cartographié, et j'ai toujours été frappé par quelque chose
00:44:26 comme DRH et j'en ai été moi-même acteur.
00:44:30 Donc j'ai un peu changé ma manière de vivre.
00:44:31 C'est que quand on parle à quelqu'un, quel que soit son âge,
00:44:34 de changement de métier, on commence par lui expliquer tout ce qu'il sait pas faire.
00:44:38 Et on oublie tout ce qu'il sait faire.
00:44:41 Et donc on a dit on va prendre le sujet différemment.
00:44:43 On va partir de la sédimentation des compétences acquises par les gens.
00:44:47 Et donc on a été voir notamment des vendeurs de terrain assez âgés
00:44:51 et on leur a dit "attends, on va regarder déjà ce que tu sais faire
00:44:53 avant de commencer à te parler de ce que tu sais pas faire".
00:44:55 Je peux vous dire pour l'avoir testé sur des centaines de gens,
00:44:58 ça a tout changé.
00:45:00 Ça a tout changé.
00:45:01 Parce qu'on est parti de la sédimentation.
00:45:03 Et après, on a l'autre aspect, c'est qu'on a reconstruit les aires de mobilité,
00:45:08 les possibilités avec les métiers connus, ce qu'ils faisaient, etc.
00:45:12 Moi je pense que dans les politiques d'entreprise,
00:45:14 notamment entreprises qui sont assez successfoules,
00:45:17 il faut pas confondre les employés et les emplois.
00:45:19 Vous pouvez changer les emplois, mais vous pouvez pas virer les employés pour autant.
00:45:22 Il faut éviter.
00:45:23 Et donc, je sais que t'es impatient, mais il faut que je finisse.
00:45:25 Donc, ce qu'on a fait, c'est qu'on a recréé des parcours,
00:45:31 des parcours de carrière jusqu'en haut, et on les a montrés aux gens.
00:45:35 Parce que ce qui est très important, c'est de dire à un senior,
00:45:38 la phase 1 c'est de lui dire "voilà, ta dernière partie de carrière, tu vas la faire là".
00:45:41 Mais si on lui dit "ta dernière partie de carrière, tu vas la faire là",
00:45:45 et puis de toute façon, après t'es mort, c'est exactement ce qu'il termine.
00:45:49 Personne ne dit "bon ok, en fait, on va coller dans un truc,
00:45:51 et un jour on va oublier".
00:45:53 On s'est attaché par ce programme, Evolevo, etc.,
00:45:56 à leur remontrer que, alors même qu'ils avaient 56, 57,
00:46:00 ils avaient potentiellement toujours un parcours ascendant ou horizontal.
00:46:05 Même si, eux comme nous, on savait très bien que la chance de changer de fonction était faible.
00:46:12 Mais c'est pas grave.
00:46:13 C'était le principe, c'était possible.
00:46:16 Et d'ailleurs, dans certains cas, ça a marché.
00:46:18 Ça, c'est extrêmement important.
00:46:19 C'est ce que j'appelle les considérés, tous les âges d'ailleurs,
00:46:23 comme des salariés, comme les autres.
00:46:25 Et je suis absolument convaincu que, oui,
00:46:27 toutes les parcours sont pas possibles quand on a 60 ans,
00:46:29 mais ça veut pas dire qu'aucun parcours n'est possible.
00:46:31 Et ça, c'est de la volonté d'entreprise.
00:46:33 C'est de la conviction de dirigeants.
00:46:35 Si les dirigeants portent pas ça, c'est mort.
00:46:39 Parce que vous avez l'effet de Noria,
00:46:40 parce que les patrons opérationnels vous disent
00:46:42 "bon, enfin, quand même, t'es en train de me fourguer un vieux
00:46:45 qui coûte 20% plus cher qu'un jeune,
00:46:46 et après tu vas m'emmerder sur mes résultats".
00:46:48 Vous voyez, donc c'est une affaire de conviction en fait.
00:46:50 Et c'est une affaire, vous avez cité l'ESG,
00:46:52 c'est une affaire de responsabilité.
00:46:54 C'était le cas chez L'Oral, c'était le cas chez L'Oral Main,
00:46:56 c'était un peu le cas à la Massif qui est de dire.
00:46:57 Moi, j'ai la conviction très simple, et je finis par là,
00:46:59 que cette affaire des seigneurs, c'est pas une affaire politique,
00:47:02 c'est pas une affaire économique, c'est une affaire sociétale.
00:47:06 Tout simplement, je comprends pas comment on peut légiférer
00:47:09 sur les aidants et ignorer que quelqu'un qui paume son emploi
00:47:13 soit temps, c'est une catastrophe pour trois générations.
00:47:16 La sienne, évidemment, celle de ses enfants,
00:47:19 parce que souvent, il les aide pour se loger,
00:47:21 ou alors il y a encore, comme la digite,
00:47:23 il y a des deuxièmes parties de vie, donc il faut payer des études,
00:47:25 enfin il y a tout un tas de trucs, mais ils aident leurs enfants.
00:47:27 Et c'est une catastrophe pour ses parents,
00:47:29 parce qu'en fait, généralement, il est aidant.
00:47:31 Non mais c'est vrai.
00:47:32 Donc je trouve que, ce qui m'agace un tout petit peu,
00:47:35 comme vous devez le sentir, c'est que les entreprises,
00:47:38 on leur part, on leur part, honnêtement,
00:47:41 les pouvoirs publics, j'attends toujours,
00:47:44 et on l'attend toujours, une politique senior,
00:47:47 parce que c'est un problème sociétal.
00:47:48 Et comme le disait Serge, et je finis comme ça,
00:47:50 on y va tout droit, c'est de la démographie,
00:47:52 c'est de la mathématique, on peut raconter ce qu'on veut,
00:47:54 on y va tout droit.
00:47:55 Donc il va falloir y penser, parce qu'on est infoutus
00:47:57 de faire la cinquième branche de la sécurité sociale.
00:47:59 Merci Benoît.
00:48:00 On va tout droit à la fin de notre table ronde,
00:48:01 je vais vous demander à chacun, et Caroline,
00:48:03 j'ai vu que vous vouliez intervenir,
00:48:05 ce qu'on doit retenir, ce qui est vraiment important
00:48:08 de cette table ronde.
00:48:10 Je vais prendre un exemple qui va parler à tout le monde,
00:48:12 vous voyez qui est Zinedine Zidane ?
00:48:14 Peu près.
00:48:16 Donc Zinedine Zidane, il a été,
00:48:18 alors moi je ne connais pas grand chose,
00:48:19 je connais ce garçon-là, il a été footballeur professionnel,
00:48:24 un génie, etc.
00:48:26 Bon, un jour il a pris sa retraite,
00:48:27 il est parti faire quoi ?
00:48:29 Élever des lèvres dans le Larzac ?
00:48:30 1, 2, 3, 4.
00:48:32 Pas élever des chèvres dans le Larzac.
00:48:34 Est-il parti élever des chèvres dans le Larzac ?
00:48:37 Non, il est devenu entraîneur.
00:48:39 C'est-à-dire que quand on est en dirigeant,
00:48:41 n'a-t-on qu'une option possible,
00:48:44 le jour où un senior est considéré comme vieux ?
00:48:46 Soit il sort, soit il sort ?
00:48:50 Ou est-ce que le contrat de travail est-il la fin de la relation ?
00:48:55 Ou est-ce qu'on ne peut pas envisager une autre relation
00:48:57 avec la personne qu'on souhaite voir partir ?
00:48:59 Parce qu'en fait, plus on grimpe dans la pyramide
00:49:01 aussi des responsabilités, moins il y a de jobs.
00:49:03 Donc le principe des chaises musicales,
00:49:05 est-ce que cette personne ne peut pas être transformée en coach,
00:49:07 en business accompagnateur ?
00:49:09 Qu'est-ce qu'on lui offre d'autre pour...
00:49:11 Et je suis, mais je valide à 500 %,
00:49:13 regardons ce qu'il sait encore faire,
00:49:16 ce qu'il connaît de l'entreprise,
00:49:18 ce qu'il connaît des mythes fondateurs, de la culture,
00:49:21 plutôt que de regarder ce qu'il ne sait plus faire.
00:49:23 Frédéric, votre mot de la fin.
00:49:25 L'urgence, l'urgence à agir.
00:49:28 Il faut que ça change, tout simplement.
00:49:30 Et puis le fait qu'on est tous responsables, finalement,
00:49:32 responsables de donner des preuves à l'entreprise
00:49:35 de la performance, et puis surtout
00:49:38 de démontrer qu'aujourd'hui,
00:49:40 on a besoin de toutes les forces vives dans l'entreprise
00:49:43 pour adresser toutes les transformations
00:49:45 et les transitions environnementales et sociales
00:49:48 qui sont devant nous.
00:49:50 Et peut-être juste un point,
00:49:52 comme je suis aussi administratrice,
00:49:54 j'avais envie de dire que ce serait bien,
00:49:56 il y a peut-être des administrateurs, des membres de conseil
00:49:58 dans la salle, aussi que les gouvernances
00:50:00 de toutes les entreprises s'emparent du sujet,
00:50:02 au titre de la responsabilité sociale,
00:50:04 sociétale de l'entreprise.
00:50:07 Tant les directions exécutives que les conseils d'administration,
00:50:10 me semble-t-il, sont en responsabilité aussi là-dessus
00:50:13 et devraient être ambassadeurs
00:50:16 de cette entreprise plus inclusive,
00:50:18 plus responsable dont on a besoin,
00:50:20 tout simplement, pour, encore une fois,
00:50:22 on a des urgences vitales devant nous,
00:50:24 écologiques, sociales, etc.
00:50:27 C'est quand même dommage de se priver
00:50:29 d'un tiers de la population active
00:50:31 pour les adresser.
00:50:33 - Gilles, qu'est-ce qu'on doit retenir de nos échanges ?
00:50:36 - À l'évidence, il y a
00:50:39 plusieurs leviers sur lesquels il faut agir.
00:50:43 Nous, on vient de terminer à Paris,
00:50:45 il y a quelques jours, une série d'événements
00:50:47 qu'on a appelé "Elan Senior", qu'on a mené en région.
00:50:50 On a des ateliers qui mélangeaient
00:50:53 des entreprises, des seniors,
00:50:55 des experts, des acteurs de l'écosystème emploi.
00:50:58 On a identifié toute une série de pistes
00:51:00 qu'on veut mettre au débat,
00:51:02 puisque, vous le savez, il va y avoir,
00:51:04 dans quelques semaines,
00:51:06 une négociation interprofessionnelle
00:51:09 sur la question de l'emploi des seniors,
00:51:11 qui ensuite donnera lieu à une loi,
00:51:13 puisque toute la composante emploi des seniors,
00:51:16 de la réforme des retraites, je vous rappelle,
00:51:18 a été censurée par le Conseil constitutionnel.
00:51:21 Pour l'instant, on a un grand vide.
00:51:23 Pour remplir ce vide, le gouvernement a dit
00:51:25 aux partenaires sociaux de prendre la main,
00:51:27 ils vont négocier, derrière, il y aura une loi.
00:51:30 C'est le moment de pousser
00:51:33 des propositions, des idées, des leviers.
00:51:36 J'en retiens juste un,
00:51:38 parce que je rebondis sur le terme
00:51:40 de question sociétale.
00:51:42 Oui, une partie du sujet
00:51:45 nous renvoie à des représentations,
00:51:48 à des stéréotypes, à des préjugés.
00:51:51 Et ça, on sait que c'est
00:51:54 le plus compliqué à changer,
00:51:56 parce que ça, ça ne se règle pas par un décret,
00:51:58 une loi, un mécanisme, ou un index, etc.
00:52:01 On l'a vécu et on le vit encore
00:52:04 sur l'égalité professionnelle à l'enfant.
00:52:06 On voit tout le chemin qu'il a fallu faire
00:52:08 et qui reste encore à faire pour changer
00:52:10 des représentations.
00:52:12 Je pense qu'il faut aussi agir
00:52:14 sur ce terrain-là, en mettant un peu
00:52:16 les pieds dans le plat,
00:52:18 et en disant, oui, l'agisme, ça existe,
00:52:21 et ça n'est pas acceptable.
00:52:23 Et c'est suicidaire à long terme
00:52:25 pour notre société, pour notre marché du travail
00:52:28 et pour notre cohésion sociale.
00:52:30 - Merci beaucoup à tous les quatre.
00:52:32 Comme annonce, on va maintenant parler formation.
00:52:34 Je pense qu'on peut vous applaudir.
00:52:36 [Applaudissements]
00:52:43 Une table ronde maintenant sur la formation.
00:52:45 Je vais demander aux intervenants de venir me rejoindre.
00:52:48 J'en ai vu deux sur trois.
00:52:50 J'espère que le troisième va se lever du dernier rang.
00:52:52 Oui !
00:52:53 [Musique]
00:52:55 Venez donc.
00:52:57 [Musique]
00:53:17 Nous allons parler formation, comme promis,
00:53:20 en compagnie de Christian Andréau.
00:53:22 Christian, bonjour. Vous êtes délégué général
00:53:24 du Centre des Jeunes Dirigeants.
00:53:26 À vos côtés, Paola Fabiani. Bonjour, Paola.
00:53:28 - Bonjour.
00:53:29 - Vous êtes porte-parole et vice-présidente du MEDEF
00:53:31 en charge de l'entrepreneuriat et fondatrice.
00:53:33 Vous nous parlerez de votre expérience
00:53:35 de chef d'entreprise chez Wisecom.
00:53:39 À vos côtés, Claude Monnier. Bonjour, Claude.
00:53:42 - Bonjour à toutes et à tous.
00:53:44 - Vous êtes DRH de Sony France.
00:53:47 Alors, ça a été évoqué dans la table ronde précédente,
00:53:50 et je vais tout de suite rebondir sur ce qui avait été dit.
00:53:52 Est-ce qu'en fait, les seniors sont partants
00:53:55 pour être formés ? Christian, peut-être.
00:53:59 - Alors, partant, sans doute moins que...
00:54:03 - C'est malheureux, le mot "partant", c'est ça ?
00:54:05 - Ah, sur "partant" ? Oui, c'est une bonne question.
00:54:08 Non, il y a beaucoup de mécanismes d'autocensure,
00:54:12 d'une part, c'est le premier point sur lequel
00:54:14 je voudrais insister, et des mécanismes d'autocensure
00:54:17 qui sont croisés, selon que vous êtes une femme,
00:54:20 ça va être plus compliqué.
00:54:22 Selon, déjà, on vous localise comme senior,
00:54:25 c'est pas forcément le moment le plus...
00:54:28 ou la meilleure ambiance pour demander une formation.
00:54:31 Est-ce que ça va pouvoir signifier ensuite,
00:54:33 si vous avez une trajectoire académique ou pas,
00:54:35 si vous avez déjà suivi plusieurs formations.
00:54:38 Donc il y a plusieurs choses comme ça qui vont être
00:54:40 autant de freins à votre demande de formation.
00:54:42 Mais bien entendu aussi la culture de l'entreprise.
00:54:44 La formation, est-ce que la culture d'entreprise
00:54:47 est elle-même axée sur la formation,
00:54:49 ou est-ce qu'elle est axée sur le changement,
00:54:51 sur ce développement-là.
00:54:53 Donc je pense que cette demande-là, il faut la susciter.
00:54:56 Il faut accompagner les demandes de formation.
00:54:59 Il faut expliquer ce que peut apporter la formation,
00:55:01 et aussi les préparer.
00:55:03 C'est-à-dire qu'on ne se réveille pas...
00:55:05 il faut éviter de se réveiller un jour senior,
00:55:07 mais aussi éviter de découvrir son vivier d'emploi
00:55:11 en tant que senior.
00:55:13 Donc responsabilité croisée entre les employeurs,
00:55:15 d'une part, et les employés aussi.
00:55:18 Claude, est-ce que les seniors demandent des formations
00:55:24 et sont contents d'être formés dans ton entreprise,
00:55:28 et dans celle d'avant d'ailleurs ?
00:55:30 Quelle expérience tu as ?
00:55:32 Souvent une expérience de réflexion en amont de faire la demande.
00:55:36 Je pense que demander une formation,
00:55:39 c'est se mettre en vulnérabilité.
00:55:41 Ça peut donner le sentiment qu'on demande quelque chose
00:55:44 à son employeur, qu'on est un peu en posture basse,
00:55:46 qu'on a besoin d'aide ou d'acquérir de nouvelles compétences.
00:55:49 Alors qu'intuitivement, quand on a un statut de senior,
00:55:52 on pense qu'on devrait incarner une forme de savoir
00:55:55 et de maîtrise de tout son environnement,
00:55:58 de tous ses sujets, de tous ses objectifs.
00:56:00 Or, cette interrogation, qui est parfois assez inconsciente,
00:56:03 qui touche cette notion de vulnérabilité,
00:56:06 elle est difficile à travailler, elle est difficile à modifier.
00:56:09 On considère qu'il est plus important pour un senior
00:56:14 de démontrer qu'il est en contrôle total
00:56:17 plutôt que de dire qu'il a besoin d'apprendre quelque chose de nouveau
00:56:20 ou de renforcer les connaissances que j'ai déjà.
00:56:23 En fait, en tant que RH, nous essayons, nous,
00:56:27 de déconstruire ce sentiment de vulnérabilité.
00:56:30 Et ensuite, deuxième partie de réponse,
00:56:33 je pense que oui, quand la communication est établie,
00:56:37 que la confiance est construite entre la fonction RH et les seniors,
00:56:40 et qu'on parle de formation, oui, il y a des choses
00:56:43 extrêmement intéressantes à construire, à co-construire.
00:56:46 Et manifestement, les résultats sont probants.
00:56:50 On est encore dans une partie de carrière
00:56:52 où la performance et le développement personnel ont une vraie valeur.
00:56:55 Tu reprends le mot développement personnel.
00:56:58 Un point, ça veut dire qu'il faut se former en développement personnel
00:57:00 ou qu'il faut se former en technicité ?
00:57:02 On reviendra sur les plans de formation, mais juste...
00:57:05 Oui, alors, je suis mal à l'aise avec cette expression,
00:57:08 parce que je sais qu'elle est clivante, l'expression de développement personnel.
00:57:11 Je pense que lorsqu'on atteint ce critère de séniorité
00:57:16 dans le monde du travail, on peut commencer à réfléchir en trois segments.
00:57:20 La notion de savoir académique, la notion de savoir-faire
00:57:22 et la notion de savoir-être ou de façon d'être.
00:57:25 Je pense que manifestement, là où on doit réfléchir
00:57:28 à des plans de formation pour la génération la plus élevée
00:57:31 dans notre démographie, c'est évidemment sur la notion de savoir-être,
00:57:36 puisque c'est là-dessus qu'on les attend.
00:57:38 On a parlé de conflits intergénérationnels.
00:57:40 Si ça ne marche pas dans l'ensemble du corps social,
00:57:42 c'est la faute des plus anciens qui ne font pas d'efforts.
00:57:45 On pourrait être censé travailler sur la façon d'être.
00:57:47 Mais si on travaille sur la façon d'être ou le savoir-être,
00:57:49 je pense que dans ce cas-là, la formation doit ruisseler
00:57:51 sur toutes les générations.
00:57:53 Par contre, demander à quelqu'un de senior qui fait un métier
00:57:56 et qui a accompagné les évolutions de son propre métier depuis 20 ans,
00:57:59 lui permettre d'acquérir de nouveaux savoir-faire,
00:58:01 je ne suis pas sûr que ce soit le rendez-vous le plus important à lui proposer.
00:58:06 - Paola, peut-être un témoignage sur votre entreprise
00:58:10 et comment vous voyez la formation des seniors ?
00:58:14 - En préalable, je voudrais dire quelque chose par rapport au regard sur les seniors.
00:58:19 Je pense que ce regard a beaucoup évolué en un siècle.
00:58:22 Je pense que finalement, cette question de senior est apparue maintenant,
00:58:26 il y a un siècle, je pense qu'on avait une considération pour les seniors
00:58:28 qui n'était pas tout à fait la même déjà.
00:58:30 - C'est ce que Serge nous a dit.
00:58:32 - Je pense que c'est un point important.
00:58:34 Un autre point avant de témoigner, c'est qu'il y a tout type de senior,
00:58:37 il n'y a pas qu'un profil de senior.
00:58:39 On a vite tendance à mettre les choses dans des cases,
00:58:41 mais il y a une diversité autant que pour les jeunes, c'est un peu le même.
00:58:44 Le jeune, mais finalement non.
00:58:46 Il y a N seniors, il y a N jeunes.
00:58:48 Donc déjà, à chaque fois, chaque réponse doit quelque part s'adapter aussi
00:58:51 par rapport au profil, homme-femme évidemment,
00:58:54 mais pas que, parcours de vie et ainsi de suite.
00:58:56 Et j'irais même encore plus pour le senior parce qu'il y a ce parcours de vie
00:58:58 qui est fabuleux, mais qui en même temps le spécifie encore plus.
00:59:02 Donc je pense que ça c'est un point important.
00:59:04 Après, nous au sein de Wisecom, pour faire très très court,
00:59:09 on est des centres d'appel en plein cœur de Paris,
00:59:11 entre autres et maintenant en Corse.
00:59:13 On a voulu capitaliser sur le senior.
00:59:16 C'est-à-dire qu'on s'est dit, souvent on dit, c'est bien,
00:59:19 on va rendre service, on met des seniors.
00:59:21 C'est un peu quand même l'idée RSE, etc.
00:59:23 Moi je pense que le senior c'est un atout.
00:59:25 Et que le senior, les entreprises doivent capitaliser dessus,
00:59:28 mais non pas pour se dire, ah il faut que je trouve l'emploi des seniors,
00:59:31 mais pour se dire comment j'en fais une force pour mon entreprise,
00:59:34 parce qu'il y a des vrais atouts, ça a été dit précédemment dans la conférence.
00:59:37 Avec Leroy Merlin, c'est assez proche de ce que vous...
00:59:39 Voilà. Et nous on a développé une offre qui est les seniors par le senior.
00:59:43 Alors, pourquoi ? Parce qu'on sait que la silver economy explose.
00:59:47 Donc il y a énormément de besoins autour de la silver economy.
00:59:50 Il y a des besoins aussi bien d'accompagnement, de prospection,
00:59:52 de service client, de développement.
00:59:54 Et au même titre que l'exemple de Leroy Merlin,
00:59:57 concrètement, qui peut comprendre, alors non pas parce qu'il a vécu,
01:00:00 à 45 ans, à 50 ans, on n'a pas forcément eu des problèmes d'audition,
01:00:03 mais il a eu autour de lui, il a peut-être autour de lui des proches,
01:00:06 et il comprend en fait cette problématique.
01:00:08 Et donc il va beaucoup mieux en parler,
01:00:10 beaucoup mieux prendre en compte finalement le besoin en face,
01:00:13 et là ça va devenir un vrai atout.
01:00:15 Donc qui mieux qu'un senior pour proposer des protèges auditifs,
01:00:18 si on voit au bout de la phrase c'était ça le...
01:00:20 Effectivement, mais pas que, c'est un peu réducteur.
01:00:23 Donc finalement, en gros la philosophie c'est vraiment de se dire
01:00:26 comment transformer ça en une force,
01:00:29 et moi je le crois pour les jeunes, je le crois pour toute la diversité
01:00:32 au sens large, et je pense que la diversité c'est la force d'une entreprise,
01:00:35 mais les seniors, ça doit être ce focus.
01:00:38 Et je pense qu'à partir de là, deuxième point sur la formation,
01:00:40 et justement sur la réponse à ce qu'ils veulent être formés,
01:00:42 je pense que c'est une partie de la réponse,
01:00:44 il faut aussi savoir leur parler, notamment dès l'annonce.
01:00:46 Nous on a même fait notamment ces fameuses annonces
01:00:48 "les seniors parlent aux seniors", et on n'a jamais eu autant de succès.
01:00:51 Parce que tout d'un coup en fait on casse un peu les idées reçues,
01:00:54 et ils se sentent ciblés.
01:00:55 On n'est pas dans une logique de remise en question,
01:00:57 on n'est pas dans une logique de "je vais vous accompagner",
01:00:59 on n'est pas dans une logique de "si, de là",
01:01:01 on est dans une logique concrètement "regardez, vous êtes la cible,
01:01:05 et c'est votre atout qu'on va chercher".
01:01:07 C'est un peu ça l'idée.
01:01:08 Ce que vous venez de connoter, je vais mettre le mot dessus,
01:01:11 c'est quelquefois on a l'impression de prendre le senior en pitié.
01:01:14 Ça peut en tout cas donner l'impression de...
01:01:19 Alors, peut-être en tout cas, je dirais qu'il faut même aller un stade plus loin,
01:01:24 c'est pas forcément qu'on le prend en pitié,
01:01:26 mais en tout cas, lui peut avoir cette perception et se sentir dévalorisé.
01:01:29 Et c'est en fait exactement ça qui fait que la chaîne s'enclenche pas.
01:01:33 Dès le recrutement, mais aussi dans la formation,
01:01:35 la transition professionnelle, les évolutions de plan de carrière.
01:01:38 Il a l'impression finalement, quelque part, il faut lui réaffirmer
01:01:42 pourquoi en fait il est un vrai atout pour la société,
01:01:45 et en quoi c'est une force,
01:01:47 et finalement c'est pas juste pour rendre service.
01:01:49 Très concrètement, comment est-ce qu'on construit un plan de formation ?
01:01:53 Alors, Claude, on a touché un mot tout à l'heure déjà,
01:01:55 mais qu'est-ce qu'on met dans un plan de formation sur mesure ?
01:01:58 J'ai bien compris qu'il n'y a pas forcément...
01:02:00 Il n'y a pas des seniors.
01:02:02 Pour moi, le plan de formation ne doit pas s'adresser qu'aux seniors,
01:02:06 dans la boîte en fait.
01:02:08 Il faut le créer, il faut penser l'horizontalité.
01:02:11 Un plan de formation qui est là pour créer du lien.
01:02:13 D'abord, créer des barrières et générer des possibles.
01:02:16 Ce qu'on disait sur le développement personnel,
01:02:18 en fait, rien de mieux qu'une formation collective
01:02:20 axée sur le développement personnel, intergénérationnel,
01:02:23 équipe, en termes de cohésion, certes,
01:02:25 mais aussi pour allumer des petites lumières,
01:02:29 rééquilibrer un petit peu les équilibres entre
01:02:32 jeunes pousses et vieilles branches.
01:02:34 C'est la formule, mais pas que,
01:02:36 puisqu'on mise tout sur les jeunes pousses,
01:02:39 un peu moins sur le reste de l'arbre,
01:02:42 alors qu'on se rend compte qu'on a beaucoup de difficultés à staffer.
01:02:45 Donc, ce plan de formation, il doit prendre en compte
01:02:48 cette collégialité, et ensuite se pencher vraiment
01:02:51 sur la trajectoire des personnes, trajectoire biographique,
01:02:54 celle qui est encore à venir, puisqu'on l'a dit,
01:02:57 ça ne s'arrête pas là, mais aussi sur d'où on vient.
01:03:01 Je voyais le petit film en présentation
01:03:04 de la dame qui parlait de sa vision du parcours de formation.
01:03:09 Pour ceux qui sont arrivés juste à l'heure,
01:03:11 on a diffusé avant une interview que vous pouvez regarder
01:03:14 sur les réseaux sociaux et sur le site de l'Opinion,
01:03:16 de Carir Queen, qui est une influenceuse spécialisée RH.
01:03:19 C'était intéressant, parce que sur ce point,
01:03:21 j'étais à peu près d'accord avec rien du tout.
01:03:24 De ce qui était dit, c'est à l'entreprise
01:03:27 de préparer la fin de carrière de ses salariés ailleurs,
01:03:32 sur ce point, pour mener sa propre entreprise de céramique
01:03:38 ou que sais-je.
01:03:40 Moi, j'adorais que dans les plans de formation,
01:03:43 les seniors ou qui que ce soit, qu'ils disent
01:03:45 je veux être formé parce que j'ai un projet externe
01:03:48 ou de créer mon entreprise, etc.
01:03:50 Pourquoi pas ?
01:03:51 Mais à ce moment-là, c'est les choses qu'on doit susciter,
01:03:54 forcément proposer.
01:03:55 Donc, c'est important pour moi qu'il y ait un plan de formation
01:03:57 très ouvert, pas uniquement un mécaniciste
01:03:59 sur le niveau 18 sur la compétence de métier.
01:04:02 - Juste un point de plus, je l'ai senti plus
01:04:05 quand on a préparé, vous êtes très branché
01:04:07 développement personnel.
01:04:08 Concrètement, c'est quoi ?
01:04:10 - Au CJD, on aime bien ça, développement personnel.
01:04:13 On mène même l'université du développement personnel.
01:04:16 Côté dirigeant, c'est vraiment apprendre à se connaître
01:04:19 pour pouvoir accompagner des changements dans sa boîte.
01:04:22 Donc, changer sa boîte, changer son modèle économique,
01:04:25 réduire son impact carbone, par exemple.
01:04:27 Mais c'est aussi mieux prendre soin de ses salariés,
01:04:31 changer son modèle RH et préparer les changements
01:04:34 des salariés eux-mêmes.
01:04:35 Donc, c'est la process com, c'est l'énagramme,
01:04:38 c'est plein de choses qui peuvent paraître un peu baroques,
01:04:41 je connais bien l'expression, dans un plan de formation,
01:04:44 mais qui sont très importants pour se connaître soi-même,
01:04:47 connaître son entreprise et connaître son vivier RH.
01:04:50 - Claude, on a dit un mot tout à l'heure,
01:04:52 mais pour aller plus loin, qu'est-ce que tu proposes
01:04:54 concrètement à tes équipes ?
01:04:56 - Alors, programme de formation pour les plus seniors.
01:05:00 Je ne vais pas réutiliser l'expression de vieille branche,
01:05:03 parce qu'elle me fait penser à une chanson.
01:05:05 J'ai une question, qui écoute encore des CD dans la salle ?
01:05:10 Qui écoute de la musique avec des CD ?
01:05:12 Vous saviez le truc un peu brillant,
01:05:14 comme il était dans...
01:05:15 Vous savez ce que je veux dire ?
01:05:16 Ok.
01:05:17 Qui écoute de la musique avec ça ?
01:05:19 Qui écoute des vinyles ?
01:05:24 Qui écoute des vinyles ?
01:05:26 - C'est parce que la moyenne d'âge n'est pas assez jeune
01:05:28 pour les vinyles, je crois.
01:05:30 - En fait, c'est ça qui est très étrange.
01:05:32 Voilà, moi j'ai rejoint cette industrie
01:05:34 où on est venu m'expliquer que le vinyle
01:05:37 était définitivement enterré,
01:05:39 on les vendait pour 3 euros dans les brocantes.
01:05:41 On m'a dit que le CD avait quand même
01:05:43 une belle vie devant soi,
01:05:45 et que le streaming, le piratage,
01:05:47 tout ça, c'était vraiment pour les geeks.
01:05:49 Et vous imaginez que là, dans l'infini,
01:05:51 je ne connais pas la moyenne d'âge,
01:05:53 je ne demanderai surtout pas la moyenne d'âge,
01:05:55 mais là où le plus de mains se sont levées,
01:05:57 c'est écouter de la musique avec ça.
01:05:59 Et aujourd'hui, les gens qui achètent le plus de vinyles,
01:06:01 c'est les moins de 20 ans.
01:06:03 Et on a vendu plus de vinyles l'année dernière en France
01:06:05 que les 10 années précédentes cumulées.
01:06:07 Donc vous imaginez que les stéréotypes
01:06:09 qu'on peut avoir sur les générations,
01:06:11 y compris dans la consommation de la culture,
01:06:13 je pense qu'il faut les prendre avec beaucoup de distance.
01:06:15 Pour répondre à la question,
01:06:17 pendant très longtemps
01:06:19 en tant que RH,
01:06:21 on m'a presque marabouté
01:06:23 en me disant
01:06:25 que les seniors, c'est les sachants.
01:06:27 C'est les sachants dans l'entreprise,
01:06:29 c'est les sachants à l'école, et c'est les sachants dans la vie.
01:06:31 Sachant, sachante.
01:06:33 Et que finalement, on s'aperçoit que dans le monde
01:06:35 de l'entreprise, s'interroge de plus en plus
01:06:37 la fonction RH sur le fait que
01:06:39 qu'est-ce que je vais faire de mes plus de 45,
01:06:41 seniors c'est 45, des fois 50,
01:06:43 ça dépend sur les cultures d'entreprise, etc.
01:06:45 Mais quand on construit un programme
01:06:47 de formation, si on dit que les gens les plus
01:06:49 âgés dans l'entreprise sont les sachants, je ne vois pas trop
01:06:51 ce qu'on peut leur proposer en termes de formation.
01:06:53 Donc nous on s'est intéressés, ça fait maintenant 11 ans
01:06:55 que nous avons lancé un programme de recherche
01:06:57 et développement ressources humaines,
01:06:59 sur qu'est-ce qu'on peut apporter à ForteValeur
01:07:01 ajouter à cette génération la plus
01:07:03 âgée et la plus senior dans l'entreprise,
01:07:05 et que nous avons construit
01:07:07 des parcours individuels, puisqu'il y a autant de vérité
01:07:09 que d'individus, c'est ce que vous disiez madame,
01:07:11 et je suis tellement convaincu que c'est probablement
01:07:13 la phrase la plus importante de la matinée,
01:07:15 on travaille à désapprendre, c'est-à-dire
01:07:17 que ce qu'on propose aux personnes qui ont
01:07:19 plus de 50 ans chez nous, c'est désapprendre.
01:07:21 Et pourquoi désapprendre ?
01:07:23 Alors je ne vais pas arriver à vous résumer 11 ans de R&D
01:07:25 en deux minutes, mais pourquoi
01:07:27 désapprendre ? C'est que manifestement
01:07:29 quand on a rejoint l'industrie musicale
01:07:31 il y a 25 ans, pour y faire
01:07:33 des vinyles, et qu'on vous répète pendant 10 ans
01:07:35 qu'on n'inforgera plus jamais parce que ça n'intéresse plus
01:07:37 personne, mais que vous ne savez faire que ça,
01:07:39 ça laisse peu de place disponible
01:07:41 en termes d'estime de soi
01:07:43 et de capacité cognitive pour apprendre
01:07:45 à faire autre chose. Donc on a mis une étape
01:07:47 préalable avant d'apprendre à faire autre chose,
01:07:49 c'est désapprendre ce qu'on a fait pendant 20 ans,
01:07:51 pour éventuellement apprendre à faire la même chose mais
01:07:53 autrement, ou apprendre à faire
01:07:55 autre chose. Et la clé
01:07:57 du succès de ça, de ce concept de désapprendre,
01:07:59 un c'est
01:08:01 de l'individualiser, et deux, ça a été dit tout à l'heure,
01:08:03 je vais le dire autrement, comme un poisson pourrit toujours par la tête,
01:08:05 c'est d'expliquer à la direction générale
01:08:07 qu'elle-même, elle doit désapprendre la façon
01:08:09 dont elle manage les seniors aujourd'hui
01:08:11 par rapport à ce qu'on lui a dit, dont il fallait
01:08:13 manager les seniors il y a 10, 15 ou 20 ans
01:08:15 parce que vous avez raison madame, sans nous,
01:08:17 alors moi la barbe blanche, je l'ai,
01:08:19 il n'y a pas de discussion sur le sujet, sans nous, ça ne
01:08:21 marchera pas.
01:08:23 Est-ce que ça répond à la question ? Très bien, je crois.
01:08:25 Paola,
01:08:27 comment est-ce que vous voyez là ?
01:08:29 Alors il y a plein de choses,
01:08:31 je suis totalement en phase avec beaucoup de choses,
01:08:33 il y a plusieurs points,
01:08:35 déjà je pense que effectivement, souvent ça part de la
01:08:37 gouvernance, la gouvernance,
01:08:39 je pense que c'est très important, que ça parte de la gouvernance,
01:08:41 comme dans plein de mesures, notamment la RSE,
01:08:43 si ça part pas de la gouvernance et que c'est pas
01:08:45 la colonne vertébrale de l'entreprise finalement,
01:08:47 derrière, ce sera que
01:08:49 des petites actions, donc ça part de la gouvernance,
01:08:51 mais,
01:08:53 il faut casser les préjugés.
01:08:55 J'ai un ami, il a fait
01:08:57 un livre très intéressant, Esper Connect,
01:08:59 sur les préjugés sur les seniors, mais je pense qu'il faut
01:09:01 casser les préjugés des managers, ça a été
01:09:03 dit avant, mais nous dans l'entreprise,
01:09:05 chez Wisecom, on a
01:09:07 toutes ranges d'âge, on a des managers plus jeunes,
01:09:09 et ces managers
01:09:11 jeunes ont des a priori sur les seniors,
01:09:13 donc on a travaillé sur finalement,
01:09:15 leur faire comprendre que finalement on est toujours
01:09:17 le senior de quelqu'un.
01:09:19 Et que, il y a une autre bonne nouvelle,
01:09:21 c'est que, dans les années 80,
01:09:23 les compétences périmaient en
01:09:25 10-15 ans, je n'ai pas la stat exacte,
01:09:27 actuellement, elles se périment en 2 ans,
01:09:29 et je pense qu'avec l'IA, elles se périmeront
01:09:31 en 3 mois. Donc au final,
01:09:33 on sera tous périmés en formation un jour,
01:09:35 très vite. Et donc même ces juniors
01:09:37 seront très très vite périmés. Donc ça casse
01:09:39 un peu quand même finalement les préjugés, les codes,
01:09:41 parce que finalement, si on doit tout le temps réapprendre,
01:09:43 et c'était très bien dit justement, c'est finalement
01:09:45 comment travailler sur
01:09:47 s'adapter. Pour moi, le sujet,
01:09:49 c'est l'adaptation. Et la force de l'innovation,
01:09:51 pour moi, c'est justement
01:09:53 de penser que rien n'est acquis, et que tout peut être
01:09:55 mis en question. Et donc,
01:09:57 on travaille sur comment on-border
01:09:59 les seniors, comment ne pas
01:10:01 appliquer et coller. Alors ça marche pour les seniors,
01:10:03 mais ça marche sur plein d'autres typologies,
01:10:05 de permettre finalement des
01:10:07 stéréotypes, parce qu'on est tous fait de préjugés,
01:10:09 de stéréotypes, clairement.
01:10:11 Et en fait, il faut casser ces stéréotypes, et ça a été
01:10:13 dit précédemment, mais en fait, je pense que le plus
01:10:15 gros travail, la plus grosse mission, c'est comment
01:10:17 casser ces stéréotypes. Et ça,
01:10:19 c'est compliqué. Ça se fait par
01:10:21 de la sensibilisation. Et moi, je crois
01:10:23 qu'il y a jamais... C'est une vieille expression,
01:10:25 mais j'aime bien ces bonnes expressions.
01:10:27 Il n'y a que sa propre expérience qui compte. Et nous,
01:10:29 on essaye de faire vivre, au final, à ces managers
01:10:31 plus jeunes, par exemple,
01:10:33 qu'est-ce que ce serait
01:10:35 de finalement avoir une compétence qui se périme ?
01:10:37 Qu'est-ce que ce serait de ne pas être... Parce que
01:10:39 ils sont digitales natives, mais il y a des digitales
01:10:41 natives qui sont encore plus forts qu'eux, maintenant.
01:10:43 Parce que, quelque part, quelqu'un qui a 30 ans,
01:10:45 quelqu'un qui a mon âge, finalement,
01:10:47 on est déjà périmé par rapport aux smartphones,
01:10:49 etc., par rapport à une génération qui est née avec un smartphone
01:10:51 dans la main. Donc, en fait, c'est ça. C'est de faire vivre.
01:10:53 Je pense que le meilleur point,
01:10:55 pour moi, c'est de faire vivre ça. Et à partir de là,
01:10:57 ça se fluidifie parce que la nature humaine
01:10:59 est bien faite. Et à partir de là, elle a
01:11:01 plutôt envie, elle est plutôt positive de nature
01:11:03 si on a cassé ses préjugés.
01:11:05 - Peut-être un point sur votre autre casquette.
01:11:07 Au Medef, c'est des sujets sur lesquels vous réfléchissez ?
01:11:09 - Alors, c'est un sujet...
01:11:11 C'est un sujet très
01:11:13 important au Medef.
01:11:15 A de multiples regards. Évidemment,
01:11:17 l'emploi, on est dans les métiers en tension.
01:11:19 Donc, je veux dire, on a parlé de la pyramide
01:11:21 démographique. Évidemment,
01:11:23 si on ne sait pas aujourd'hui
01:11:25 faire en sorte d'intégrer des seigneurs, faire en
01:11:27 sorte d'accompagner, on a un
01:11:29 souci majeur puisqu'on a besoin de recruter.
01:11:31 Ça, c'est le premier sujet. On travaille aussi
01:11:33 sur la prévention
01:11:35 des problématiques d'employabilité
01:11:37 parce que c'est en avant de la pénibilité,
01:11:39 de la transition professionnelle.
01:11:41 Donc là, les négociations vont s'ouvrir d'ici quelques
01:11:43 mois. Justement, c'était dit
01:11:45 juste avant sur tous ces sujets-là
01:11:47 parce que c'est central. En fait, c'est central, mais je pense
01:11:49 que ce n'est pas uniquement central, focussé sur les seigneurs.
01:11:51 Ça nous concerne tous. Ça concerne toutes les entreprises.
01:11:53 Ça concerne tout l'écosystème et ça concerne
01:11:55 la société au sens large.
01:11:57 Donc, si il y a une problématique qui est prise
01:11:59 par le Medef,
01:12:01 il y a un bon point.
01:12:03 La Dares a fait une étude.
01:12:05 On a réussi à rattraper, parce qu'on
01:12:07 avait beaucoup de retard, sur la tranche
01:12:09 d'âge de 55-59 ans,
01:12:11 le taux d'employabilité des seigneurs. Donc, on est dans
01:12:13 la moyenne européenne. Par contre, les plus
01:12:15 de 60 ans, on a un gros sujet. Et les
01:12:17 moins de 55 ans, un peu aussi.
01:12:19 On arrive presque
01:12:21 au terme de nos échanges. S'il y a un point
01:12:23 à retenir ou un point
01:12:25 sur lequel vous voulez insister
01:12:27 ou un message que vous souhaitez faire passer
01:12:29 aux autres autorités qui sont assises au premier rang ?
01:12:31 Christian ?
01:12:35 Je voudrais faire passer le message que tout le monde n'est pas
01:12:41 égal, toute chose par ailleurs.
01:12:43 Il y aura plein de personnes
01:12:47 dans la société qui
01:12:49 vont avoir besoin de
01:12:51 coups de pouce. Et j'aime bien
01:12:53 cette notion, il y a un petit dessin qui
01:12:55 circule beaucoup, la différence entre
01:12:57 égalité et équité.
01:12:59 Je pense qu'on doit avoir besoin de mesures spécifiques
01:13:03 pour rétablir
01:13:05 plus d'équité
01:13:07 pour atteindre cette égalité.
01:13:09 La question
01:13:11 des seniors et personnes laissées
01:13:13 sur la touche, à un moment donné, pour moi,
01:13:15 est une vraie question. Il y a besoin d'intervention
01:13:17 publique.
01:13:19 Paula, qu'est-ce qu'il faut retenir ?
01:13:21 Je pense que ça a été dit,
01:13:23 mais on est trois parties. On a
01:13:25 le senior, les salariés,
01:13:27 juniors et seniors.
01:13:29 On a les entreprises
01:13:31 et puis on a l'État. Donc au final,
01:13:33 ce tripartite doit agir dans le
01:13:35 même sens et proposer des mesures
01:13:37 qui vont fluidifier les choses.
01:13:39 Après, j'aurais une petite
01:13:41 phrase positive.
01:13:43 J'aime bien dire
01:13:45 que la bonne nouvelle, c'est que les compétences
01:13:47 se périment, les talents
01:13:49 se découvrent tout au long de sa vie et se
01:13:51 bonifient. Donc finalement, c'est un message
01:13:53 très positif par rapport aux seniors.
01:13:55 Petite anecdote, le fondateur de
01:13:57 KFC a monté son entreprise
01:13:59 à plus de 65 ans, je le crois.
01:14:01 Vous connaissez tous KFC, donc au final,
01:14:03 je pense qu'il y a...
01:14:05 Il y a de belles années devant nous. Il y a plein
01:14:07 d'espoir. J'aime bien être optimiste.
01:14:09 Claude, qu'est-ce qu'on doit retenir ?
01:14:11 Je partage avec vous
01:14:13 quelques mots clés. On parle de compétences,
01:14:15 mais je pense que quand on atteint une certaine seniorité,
01:14:17 on peut aussi parler de métacompétences.
01:14:19 Et puis il y a un autre mot
01:14:21 que j'attache de plus en plus à cette notion de seniorité,
01:14:23 c'est l'appétence.
01:14:25 Qu'est-ce qu'on a envie de faire à cet âge-là ?
01:14:27 C'est important, on se connaît bien, voire très très bien.
01:14:29 Donc on peut aussi, et on est légitime à se poser la question,
01:14:31 qu'est-ce qu'on a envie de faire et quel type de métacompétences
01:14:33 on peut partager, transmettre ? Il y a plein de mots
01:14:35 qu'on peut utiliser. Je reviens sur le concept
01:14:37 d'estime de soi, parce qu'il est clé.
01:14:39 C'est un sujet très personnel.
01:14:41 Somme toute, quand on appréhende une discussion,
01:14:43 une négociation dans sa vie professionnelle,
01:14:45 si on a un capital d'estime de soi correct,
01:14:47 on est en position confortable.
01:14:49 Si à l'inverse, pour plein de raisons, on a traversé
01:14:51 des temps faibles, la maladie les aidant,
01:14:53 des problèmes familiaux, des problèmes de santé, tout ce qu'on veut,
01:14:55 et que son estime de soi est entamé, on est
01:14:57 effectivement en posture basse, voire dans une situation
01:14:59 très inconfortable dans le monde de l'entreprise.
01:15:01 Il ne faut pas oublier que l'entreprise, elle résonne
01:15:03 souvent en prix et pas assez en valeur.
01:15:05 Or, les seniors, je ne sais pas
01:15:07 si le prix, leur salaire est trop élevé.
01:15:09 Moi, je n'ai pas d'avis sur le sujet et je ne connais pas
01:15:11 les grilles de salaire nationales ou internationales
01:15:13 sur les salaires des seniors, mais
01:15:15 en tout cas, je suis sûr de leur valeur, de votre valeur
01:15:17 ou de ma valeur. Une fois, je reviens
01:15:19 à la barbe blanche.
01:15:21 Il y en a une autre dans la salle, là-bas.
01:15:23 Je pense que c'est de la valeur, la
01:15:25 séniorité. Et le
01:15:27 dernier message que je pourrais faire passer,
01:15:29 je ne vais pas m'adresser aux
01:15:31 directions générales, je ne vais pas m'adresser
01:15:33 aux pouvoirs publics, je ne vais pas m'adresser
01:15:35 à la communauté des seniors, mais à la fonction RH.
01:15:37 Celle à laquelle j'appartiens, qui de temps en temps
01:15:39 a tendance à dire que quand ça ne marche pas, c'est la faute des autres.
01:15:41 Je pense que notre métier, notre fonction RH,
01:15:43 elle doit faire preuve d'humanité face aux seniors.
01:15:45 C'est de
01:15:47 l'écoute, de la disponibilité,
01:15:49 se remettre en posture basse quand on a
01:15:51 quelqu'un qui travaille depuis 20, 25, 30 ans
01:15:53 avec des niveaux de pénibilité importants.
01:15:55 Notre fonction RH doit être absolument
01:15:57 exemplaire sur l'humanité qu'on est capable
01:15:59 de mettre en oeuvre pour comprendre
01:16:01 le parcours. Et même si ça passe
01:16:03 par une séparation, on doit la faire psychologiquement
01:16:05 avec le plus grand respect,
01:16:07 comme on traitait nos anciens il y a encore quelques temps.
01:16:09 Merci.
01:16:11 [Applaudissements]
01:16:13 Merci
01:16:15 beaucoup à tous les trois. Pour la dernière
01:16:17 séquence de cette matinée, je vais citer la parole
01:16:19 au rédacteur en chef de l'Opinion, Rémi Godot.
01:16:21 [Applaudissements]
01:16:23 [Musique]
01:16:25 [Applaudissements]
01:16:27 [Musique]
01:16:29 [Musique]
01:16:31 Merci, merci Cécile. C'est vraiment
01:16:33 très intéressant. Donc j'ai noté
01:16:35 que la barbe blanche a de la valeur,
01:16:37 premier point. Et deuxième point,
01:16:39 comme c'est assez bien organisé, un des intervenants
01:16:41 de la dernière table ronde a dit
01:16:43 que nous avons besoin d'intervention publique.
01:16:45 Et donc je suis ravi d'accueillir
01:16:47 Thibaut Guillouy.
01:16:49 Bonjour.
01:16:51 [Applaudissements]
01:16:53 [Applaudissements]
01:16:55 On s'assied là.
01:16:57 Thibaut,
01:16:59 Thibaut Guillouy, vous êtes, peut-être
01:17:01 venez auprès de moi,
01:17:03 haut-commissaire à l'Emploi et à l'Engagement
01:17:05 des entreprises, comme c'est noté ici,
01:17:07 qui est rattaché au ministère du Travail.
01:17:09 Vous l'êtes depuis
01:17:11 octobre 2020. On peut
01:17:13 dire qu'à ce titre, vous avez,
01:17:15 vous faites beaucoup, beaucoup de choses, mais vous
01:17:17 avez entre autres en charge
01:17:19 de mettre en route France Travail
01:17:21 qui est en quelque sorte
01:17:23 une agglomération de
01:17:25 tous les services publics qui ont trait à l'emploi.
01:17:27 Et vous vous occupez aussi
01:17:29 de, parce que l'emploi c'est
01:17:31 l'entreprise d'abord, vous vous occupez
01:17:33 aussi d'une communauté d'entreprises,
01:17:35 70 000 entreprises, qui
01:17:37 est fédérée sous le label
01:17:39 "Les entreprises s'engagent".
01:17:41 Votre mission, peut-être votre obsession,
01:17:43 c'est d'arriver
01:17:45 au plein emploi,
01:17:47 c'est votre objectif que se fixait le chef
01:17:49 de l'État pour la fin de son second mandat.
01:17:51 Vous avez fait beaucoup de choses
01:17:53 sur les jeunes, entre autres,
01:17:55 "Un jeune, une solution",
01:17:57 vous avez travaillé sur le RSA.
01:17:59 Là, on ne va plus particulièrement
01:18:01 parler des seniors, qui était un thème
01:18:03 qui est apparu avec la réforme des retraites.
01:18:05 Ma première question, c'est, puisque vous
01:18:07 ne traitez pas que des seniors, en quoi
01:18:09 la problématique des seniors
01:18:11 rentre à fond
01:18:13 dans la problématique du plein emploi ?
01:18:15 Bonjour à tous,
01:18:17 et puis, ravi d'être parmi vous,
01:18:19 et puis, merci à l'Opinion
01:18:21 pour l'organisation de ces événements.
01:18:23 Le plein emploi,
01:18:27 c'est pour tous, en fait.
01:18:29 Le plein emploi et le bon emploi,
01:18:31 aussi, ça parlait d'ailleurs
01:18:33 d'appétence, juste
01:18:35 à l'instant. L'enjeu,
01:18:37 c'est de permettre à chacun
01:18:39 d'accéder au travail,
01:18:41 d'avoir un emploi,
01:18:43 évidemment, c'est pour tous, donc évidemment, pour les seniors.
01:18:45 D'ailleurs, ça a été rappelé
01:18:47 brièvement dans les
01:18:49 échanges précédents, mais
01:18:51 on a un vrai sujet
01:18:53 de taux d'emploi des seniors, parce que derrière
01:18:55 le chiffre du chômage
01:18:57 qui est faible, en fait,
01:18:59 sur les seniors, ça masque deux réalités.
01:19:01 Un, le taux d'emploi est faible,
01:19:03 et même s'il s'est amélioré, effectivement,
01:19:05 ces dernières années,
01:19:07 on est pas loin de...
01:19:09 Là, on est à 56-57%,
01:19:11 mais on a quand même aussi certains de nos voisins qui sont
01:19:13 à 70-77%
01:19:15 dans certains pays du Nord.
01:19:17 Honnêtement, on est quand même très loin de rendre
01:19:19 une copie satisfaisante.
01:19:21 Et puis la deuxième chose qui est quand même assez tragique,
01:19:23 c'est que quand on n'est plus en emploi,
01:19:25 ça devient particulièrement
01:19:27 difficile de revenir
01:19:29 dans l'emploi, puisque
01:19:31 la durée de chômage est deux fois plus longue
01:19:33 quand on a plus de 50 ans que
01:19:35 quand on en a moins.
01:19:37 C'est un défi extrêmement
01:19:39 important, et qui s'inscrit
01:19:41 dans un défi plus vaste, parce que je pense que pas mal
01:19:43 des sujets qui ont été évoqués ici,
01:19:45 c'est pas non plus de catégoriser
01:19:47 les jeunes, les vieux, les handicapés,
01:19:49 ceux qui n'ont pas le bon nom, pas la bonne adresse,
01:19:51 mais d'avoir quand même aussi une approche inclusive
01:19:53 de l'emploi. Et donc ça, c'est vraiment un sujet
01:19:55 qui, effectivement,
01:19:57 finalement, a la croisée
01:19:59 des personnes, de leur confiance en eux,
01:20:01 de leur aptitude à
01:20:03 s'impliquer, à s'engager, à construire un parcours,
01:20:05 des entreprises.
01:20:07 Et ça, c'est la philosophie vraiment de France Travail,
01:20:09 c'est de comprendre que les
01:20:11 questions d'emploi, c'est aussi
01:20:13 une transformation de l'entreprise
01:20:15 face à une logique
01:20:17 derrière le plein emploi, c'est
01:20:19 la pénurie des compétences, c'est les tensions sur
01:20:21 le marché du travail, et donc ça invite les entreprises
01:20:23 à s'ouvrir à la diversité,
01:20:25 à la fragilité, à sortir
01:20:27 de certaines habitudes dans lesquelles on
01:20:29 était installés, pour pouvoir
01:20:31 aller chercher les talents là où ils sont.
01:20:33 Alors ça doit être quoi le rôle
01:20:35 des services publics de l'emploi
01:20:37 dans cette mission ?
01:20:39 Vous l'avez abordé vous-même, on a vu qu'il y a
01:20:41 un écueil, il y a en même temps
01:20:43 un discours en disant "on a besoin de l'État",
01:20:45 clairement, puisque c'est un sujet sociétal,
01:20:47 donc on a besoin de l'État, on en parlait dans la première
01:20:49 table ronde, et en même temps, ce que vous évoquiez
01:20:51 là, il ne faut pas que les outils
01:20:53 mis à disposition catégorisent
01:20:55 trop les seniors, parce
01:20:57 qu'à ce moment-là, on s'éloigne
01:20:59 un peu de l'objectif. Alors c'est quoi le rôle
01:21:01 et quels sont les outils
01:21:03 de votre première casquette
01:21:05 "services publics de l'État" ?
01:21:07 D'abord, parce que là,
01:21:09 quand vous parlez d'une agglomération de tous
01:21:11 les acteurs, à mon avis, je pense que dans la salle
01:21:13 il y en a deux, trois qui se dirigent "ouh là, France Travail,
01:21:15 ça va être encore un gros machin compliqué
01:21:17 dans lequel on ne va rien comprendre".
01:21:19 En fait,
01:21:21 quand même, du coup,
01:21:23 France Travail, quand on parle du service
01:21:25 public de l'emploi, le constat qu'on fait
01:21:27 c'est qu'aujourd'hui, on vit dans
01:21:29 une situation un peu paradoxale, donc, où il n'y a
01:21:31 pas une seule entreprise, il n'y a pas des difficultés à recruter.
01:21:33 On parle de métiers en tension, mais quasiment tous les métiers
01:21:35 sont en tension, la plus petite et la plus grande
01:21:37 entreprise, quels que soient les territoires,
01:21:39 même s'il y a des territoires qui sont d'ailleurs
01:21:41 déjà au plein emploi, là je reviens de la Bretagne,
01:21:43 ils sont à 5,7%, évidemment
01:21:45 les situations peuvent être différentes. Et de l'autre côté,
01:21:47 certes, le chômage a diminué
01:21:49 à 7%,
01:21:51 mais d'abord 7%, c'est quand même encore
01:21:53 élevé, et donc effectivement, on vise
01:21:55 5%, donc ça veut dire au moins
01:21:57 700 000 emplois supplémentaires,
01:21:59 mais derrière le taux d'emploi
01:22:01 faible des seniors,
01:22:03 c'est justement parce qu'il y en a
01:22:05 un certain nombre qui ont abandonné l'idée même
01:22:07 de pouvoir retrouver un travail,
01:22:09 puisque, au bout de
01:22:11 X mois ou X années à envoyer des candidatures
01:22:13 sans résultat, en fait, on sort
01:22:15 statistiquement des chiffres du chômage,
01:22:17 mais on ne sort pas du tout de sa
01:22:19 réalité propre, qui est qu'on aimerait bien pouvoir retrouver
01:22:21 un emploi. Et donc,
01:22:23 la première des choses, c'est du coup
01:22:25 d'assumer cette réalité-là, et donc
01:22:27 de sortir finalement de l'inscription
01:22:29 seulement des demandeurs d'emploi,
01:22:31 mais finalement d'identifier
01:22:33 toutes les personnes dans le pays
01:22:35 qui aspireraient ou pourraient aspirer
01:22:37 à retrouver une activité, retrouver
01:22:39 un travail, c'est d'ailleurs ce qui a été
01:22:41 voté à l'Assemblée nationale avec
01:22:43 l'inscription et
01:22:45 l'implication et la mobilisation du service public
01:22:47 de l'emploi, en allant vers
01:22:49 tous ceux qui parfois se sont
01:22:51 découragés. La deuxième
01:22:53 chose, c'est que entre
01:22:55 le demandeur d'emploi et l'entreprise,
01:22:57 c'est une bonne nouvelle. On vit dans un
01:22:59 pays qui est extrêmement engagé,
01:23:01 extrêmement généreux,
01:23:03 extrêmement impliqué, donc vous allez
01:23:05 avoir les régions qui vont être mobilisées, les départements,
01:23:07 les collectivités, les partenaires
01:23:09 sociaux évidemment, les associations,
01:23:11 et puis ensuite après, l'emploi, l'APEC,
01:23:13 les missions locales, et ça je ne parle que
01:23:15 sur l'accompagnement des personnes, sur l'accompagnement
01:23:17 des entreprises, on pourrait parler des consulaires,
01:23:19 on pourrait parler des opcos, on pourrait parler de tous ces acteurs-là.
01:23:21 Simplement, il n'y a pas vraiment d'organisation
01:23:23 collective, ce qui fait qu'on inflige la complexité
01:23:25 de notre système à ceux qu'on est
01:23:27 censé servir, c'est-à-dire le demandeur d'emploi,
01:23:29 le senior, entre autres,
01:23:31 mais pas seulement, et l'entreprise.
01:23:33 En n'oubliant pas qu'une entreprise, c'est d'abord
01:23:35 une entreprise de moins de 50 salariés qui recrutent,
01:23:37 7 recrutements sur 10 se font dans des entreprises de moins
01:23:39 de 50 salariés, qui n'ont pas la chance,
01:23:41 comme à Sony Music, d'avoir un DRH
01:23:43 qui va pouvoir aider à décrypter
01:23:45 la complexité
01:23:47 du système. Et donc,
01:23:49 l'enjeu de France Travail, c'est de créer ces règles
01:23:51 du jeu collectif, le partage de la
01:23:53 données, le partage des offres de services, je ne vais pas
01:23:55 rentrer trop dans le détail, mais de créer,
01:23:57 de plateformiser, d'une certaine
01:23:59 manière, le service de l'emploi
01:24:01 pour être orienté
01:24:03 utilisateur, orienté usager,
01:24:05 là où aujourd'hui, on est plutôt
01:24:07 chacun à penser ses dispositifs
01:24:09 dans son coin, les faire tomber
01:24:11 sur le marché du travail et espérer ensuite que ça
01:24:13 puisse rencontrer son public.
01:24:15 Une simplification et de nouveaux
01:24:17 outils ?
01:24:19 Dans les
01:24:21 outils, je pense,
01:24:23 et d'ailleurs, ça a été dit sur le
01:24:25 schéma précédent, je pourrais
01:24:27 prendre deux exemples.
01:24:29 La première, c'est qu'il faut bien connaître les
01:24:31 personnes pour pouvoir les accompagner
01:24:33 dans leur parcours, parce que toute la difficulté
01:24:35 de ces sujets d'emploi, c'est qu'en fait,
01:24:37 à chaque fois, c'est une histoire de surmesure, parce qu'en fait,
01:24:39 chacun a son parcours particulier,
01:24:41 ses expériences particulières, sa situation
01:24:43 aussi. Je suis en situation des danses,
01:24:45 sa situation familiale,
01:24:47 les enjeux de mobilité
01:24:49 où j'habite, tout ça, c'est
01:24:51 ultra multifactoriel.
01:24:53 Et donc, ça veut dire qu'il faut accompagner
01:24:55 chaque personne. Et ce qui est vrai, d'ailleurs, pour les personnes, est aussi
01:24:57 vrai pour les entreprises.
01:24:59 Et donc, c'est du surmesure.
01:25:01 Mais en même temps, c'est de la masse. C'est comment
01:25:03 on industrialise ça. Et donc,
01:25:05 il y a quand même, avant
01:25:07 de rentrer, parce que des services, il y en a
01:25:09 des milliers, mais je pense que c'est vraiment très important
01:25:11 de se dire comment
01:25:13 on organise, en fait,
01:25:15 cette réponse
01:25:17 à l'usager de façon
01:25:19 massive. Dans les modèles,
01:25:21 certains modèles d'entreprise, c'est pour ça que je parie un peu
01:25:23 de plateformiser le marché
01:25:25 du travail. Aujourd'hui, on
01:25:27 peut tout à fait faire ça
01:25:30 en ayant une bonne connaissance des personnes,
01:25:32 en ayant une logique de partage de la donnée, là où aujourd'hui,
01:25:34 tout ça, c'est siloté dans des coffres forts
01:25:36 différents en fonction des intervenants,
01:25:38 pour bien connaître les personnes
01:25:40 et du coup, leur apporter la bonne
01:25:42 solution, le bon service,
01:25:44 au bon moment. Et concrètement,
01:25:46 vous prenez par exemple une personne senior,
01:25:48 mais de manière générale, des métiers,
01:25:50 il en existe des milliers.
01:25:52 C'est rare qu'on connaisse
01:25:54 1% du champ des possibles,
01:25:56 de son propre champ des possibles.
01:25:58 Et donc, le service public de l'emploi, il doit
01:26:00 être là pour ouvrir le champ des possibles
01:26:02 des personnes. Ok, tu as été
01:26:04 comptable pendant 20 ans dans ta vie,
01:26:06 mais tu sais qu'il y a
01:26:08 10% des anciens comptables
01:26:10 qui ont épousé des métiers
01:26:12 comme boulanger, comme maroquiner,
01:26:14 je ne suis pas en train de dire que tous les comptables doivent devenir maroquiner ou boulanger,
01:26:16 mais ce que je veux dire, c'est que
01:26:18 ce champ des possibles là, il faut pouvoir l'ouvrir.
01:26:20 Et c'est possible avec la donnée,
01:26:22 avec un investissement dans l'accompagnement
01:26:24 individuel des personnes,
01:26:26 pour faire en sorte de faire
01:26:28 se rencontrer les besoins des entreprises,
01:26:30 là où il y a des possibilités,
01:26:32 et les aspirations des personnes.
01:26:34 Et au milieu de ça, ça a été évoqué
01:26:36 rapidement, il y a la question
01:26:38 de la formation, de l'investissement dans la formation
01:26:40 et de l'adaptation d'ailleurs
01:26:42 des mécanismes de formation
01:26:44 aux situations des personnes, et notamment des personnes
01:26:46 des personnes seniors,
01:26:48 sur les horaires flexibles,
01:26:50 sur des organisations qui sont édouanes.
01:26:52 Là, on va investir 3,9 milliards
01:26:54 dans le nouveau plan d'investissement
01:26:56 dans les compétences, et
01:26:58 avec les régions, pas plus tard qu'hier,
01:27:00 parce qu'on va négocier les nouveaux plans régionaux
01:27:02 d'investissement dans les compétences, et on a clairement
01:27:04 dit, nous, l'accès aux
01:27:06 seniors de la formation,
01:27:08 donc l'adaptation pédagogique,
01:27:10 le ciblage là-dessus, ça doit
01:27:12 être rang
01:27:14 1. Et pourquoi ? Parce que
01:27:16 l'accès à la formation
01:27:18 des seniors, ça augmente de 17
01:27:20 points, enfin désolé, là c'est un peu techno,
01:27:22 mais les chances de retour à l'emploi de la formation.
01:27:24 Là où certains demandent
01:27:26 d'emploi, ça va être deux fois moins.
01:27:28 Donc il faut qu'on
01:27:30 augmente par exemple l'investissement dans la formation.
01:27:32 Et puis deuxième point, puisqu'il y a la vice-présidente du Medef
01:27:34 en matière d'entrepreneuriat,
01:27:36 il y a aussi accompagner les nouvelles formes
01:27:38 d'emploi. Et
01:27:40 évidemment que l'entrepreneuriat, par exemple, en fait partie.
01:27:42 Pas seulement, mais en fait partie.
01:27:44 Il y a 280 000
01:27:46 personnes qui créent leur entreprise
01:27:48 grâce au système
01:27:50 Pôle emploi et Unedic.
01:27:52 Et
01:27:54 c'est important
01:27:56 là-dessus.
01:27:58 Mais aujourd'hui,
01:28:00 nous ce qu'on souhaite avec France Travail,
01:28:02 et ce sur quoi on est en train de travailler, on va le tester
01:28:04 avec quelques régions
01:28:06 de façon très pragmatique au début.
01:28:08 C'est un d'abord de faire
01:28:10 le repérage de l'appétence entrepreneuriale
01:28:12 de chaque personne. Alors là, senior comme les jeunes,
01:28:14 enfin tout le monde dans le même bateau.
01:28:16 Mais repérer cette appétence
01:28:18 entrepreneuriale, il y a
01:28:20 4 Français sur 10 qui aimeraient bien se mettre à son compte.
01:28:22 Il faut écouter cette appétence-là.
01:28:24 Ok, je suis intéressé.
01:28:26 Et ensuite, comment on va organiser le parcours
01:28:28 pour l'accompagner, pour passer
01:28:30 de l'appétence à
01:28:32 rechirer certaines barrières de temps en temps, y compris
01:28:34 d'ailleurs mentale, c'est pas pour moi la création d'entreprise,
01:28:36 etc. Accompagnons, puis passer
01:28:38 après à l'idée, au projet
01:28:40 et à la création d'entreprise.
01:28:42 Ça aussi, c'est des chemins
01:28:44 qui nécessitent d'investir dans l'accompagnement.
01:28:46 Et ça, c'est des moyens qu'on va mettre avec France Travail
01:28:48 et avec le soutien de l'Unedic
01:28:50 pour accompagner la création
01:28:52 de toutes ces belles entreprises. Dans ce dispositif
01:28:54 France Travail, c'est quoi le rôle
01:28:56 de les entreprises sans gage ? Et pourquoi c'est crucial
01:28:58 d'avoir ces deux piliers ?
01:29:00 Vous avez évoqué
01:29:02 rapidement que pendant les deux
01:29:04 dernières années, quand j'étais
01:29:06 à l'époque, c'était avec Elisabeth
01:29:08 Born, qui était ministre du Travail, effectivement, au sortir
01:29:10 de la crise, on a proposé de lancer le plan
01:29:12 ingénieux d'une solution. Parce que
01:29:14 ce qu'on savait,
01:29:16 ce que j'avais proposé, c'est qu'au sortir
01:29:18 d'une crise, c'est toujours les plus précaires
01:29:20 et les jeunes qui payent, là pour le coup,
01:29:22 les pots cassés de la crise. Le chômage
01:29:24 des jeunes avait augmenté de 30%.
01:29:26 On était à 25% de taux de chômage
01:29:28 sur les jeunes.
01:29:30 Et donc, ce qu'on a fait avec
01:29:32 Un jeune, une solution, c'était de dire
01:29:34 certes, effectivement, il faut que les pouvoirs publics
01:29:36 s'emparent de ce sujet-là et mettent en place
01:29:38 des aides, des soutiens,
01:29:40 c'était des aides à l'apprentissage,
01:29:42 des aides au recrutement, on a mis en place ce contrat d'engagement
01:29:44 jeune, des dispositifs publics.
01:29:46 Mais la deuxième chose qu'on a fait, c'est surtout, dès le départ,
01:29:48 moi j'ai dit, mais ça doit pas
01:29:50 être un plan gouvernemental. Ça doit d'abord être
01:29:52 un plan porté par les entreprises, un plan
01:29:54 de mobilisation nationale des entreprises.
01:29:56 On a démarré d'ailleurs avec 35 chefs d'entreprise
01:29:58 qui ont levé la main, qui ont dit
01:30:00 "Ok, on va s'engager avec vous pour les jeunes".
01:30:02 Et ça a créé un mouvement.
01:30:04 Et je pense que sur les seniors,
01:30:06 d'ailleurs on me faisait souvent le repos, on me disait "C'est super,
01:30:08 j'ai une solution, mais quand est-ce que tu montres
01:30:10 un senior une solution ?"
01:30:12 Bon, on va pas répliquer
01:30:14 forcément ça, mais je pense qu'il y a un enjeu
01:30:16 qui est de faire changer le regard
01:30:18 de la société, des entreprises
01:30:20 sur ça, et donc il faut créer le mouvement avec les entreprises.
01:30:22 Ça, c'est les entreprises s'engagent.
01:30:24 Donc, créer le mouvement, sensibiliser,
01:30:26 et ensuite les outiller. Il y a plein d'outils qui existent,
01:30:28 d'autres à inventer, on a déjà travaillé avec
01:30:30 les entreprises, on les a écoutées pour leur dire de quoi
01:30:32 vous avez besoin, et on va travailler ensemble
01:30:34 avec les partenaires sociaux pour
01:30:36 élaborer les dispositifs, les aides,
01:30:38 et surtout faire en sorte que ce soit
01:30:40 fluide et simple pour l'engagement.
01:30:42 On a déjà débordé, mais une dernière
01:30:44 petite question. Vous pensez vraiment,
01:30:46 vu la conjoncture, et parce qu'on parle aussi
01:30:48 à propos des seniors de Révolution Culturelle,
01:30:50 on peut atteindre l'objectif
01:30:52 de moins de 5% de chômeurs
01:30:54 en 2027 ? Écoutez, moi je ne vais pas me faire
01:30:56 la Madame Irma du marché du travail,
01:30:58 simplement,
01:31:00 j'ai été chef d'entreprise aussi, moi, pendant
01:31:02 un peu plus de 15 ans, et
01:31:04 je pense que l'engagement,
01:31:06 la dynamique
01:31:08 économique, la dynamique de l'emploi,
01:31:10 c'est aussi quelque chose qui est un
01:31:12 mouvement aussi à créer. Donc,
01:31:14 avoir un service public de l'emploi beaucoup plus
01:31:16 efficace, ça c'est toutes les propositions qu'on fait avec France Travail,
01:31:18 et vous pouvez aller voir l'excellent rapport,
01:31:20 les 99 propositions, pour savoir là où
01:31:22 vous pouvez, où en tirer
01:31:24 partie, où vous investir,
01:31:26 vous investir dedans, mais je pense que c'est aussi
01:31:28 un sujet d'état d'esprit, enfin, quand
01:31:30 regardez les choses positivement,
01:31:32 s'engager, l'emploi, ne pas avoir peur
01:31:34 de l'emploi. Vous savez, par exemple, si on va
01:31:36 voir 100 entreprises,
01:31:38 100 entreprises, on va faire, on va frapper
01:31:40 à leur porte, et c'est ce qu'on va faire avec France Travail.
01:31:42 Coucou, bonjour monsieur, bonjour madame, est-ce que vous avez
01:31:44 envie de recruter ? Est-ce que vous avez réfléchi
01:31:46 à recruter ? Est-ce que vous voulez de l'aide pour recruter ?
01:31:48 Eh bien, là où,
01:31:50 si on ne l'avait pas fait, c'est 138 emplois qui se créent,
01:31:52 c'est 148 emplois qui sont créés,
01:31:54 quand on fait cette démarche d'accompagner,
01:31:56 d'ouvrir les chakras,
01:31:58 et de dire, passez,
01:32:00 passez, devenez employeur,
01:32:02 développez votre capacité d'emploi,
01:32:04 on sera à vos côtés pour vous accompagner.
01:32:06 Et ça, cette bataille-là de l'emploi, en fait,
01:32:08 c'est pas juste statique, c'est un
01:32:10 mouvement, et donc évidemment, il se construit avec
01:32:12 les entreprises, d'abord, avec
01:32:14 les demandeurs d'emploi,
01:32:16 et les salariés ensuite, et les pouvoirs
01:32:18 publics doivent se mettre au service
01:32:20 d'un écosystème qui facilite
01:32:22 en fait, ces
01:32:24 parcours et ces dynamiques.
01:32:26 Merci, merci beaucoup Thibault Guélu.
01:32:28 Je vous en prie.
01:32:30 [Applaudissements]
01:32:32 Merci beaucoup à tous les deux,
01:32:34 merci à tous, en effet, on arrive au terme
01:32:36 des tables rondes,
01:32:38 mais comme je vous le disais tout à l'heure,
01:32:40 ceux qui veulent rester un peu pour
01:32:42 échanger, c'est plus
01:32:44 que possible, non seulement à côté d'un café, mais aussi
01:32:46 parce qu'on va vous proposer un petit jeu,
01:32:48 donc un speed networking organisé.
01:32:50 L'hôtesse qui est à la sortie
01:32:52 qui vous attend avec une corbeille, vous pouvez
01:32:54 prendre un numéro et vous aurez
01:32:56 10, 15 minutes
01:32:58 de
01:33:00 possibilité d'échange sur les
01:33:02 tables qui sont désignées par votre numéro.
01:33:04 C'est aléatoire, ça vous permet
01:33:06 d'avoir 8 quarts de visite
01:33:08 et un quart d'heure d'échange avec des gens que vous ne connaissez pas.
01:33:10 Amusez-vous bien.
01:33:12 Merci et bravo.
01:33:14 Merci à tous.
01:33:16 [Applaudissements]
01:33:18 [Musique]
01:33:20 [Musique]

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