L'Orchestre Philharmonique et la Maîtrise de Radio France interprètent le Stabat Mater de Benjamin Attahir (Commande Radio France) sous la direction de Mikko Franck. Extrait du concert enregistré le 15 septembre 2023 à l'Auditorium de la Maison de la Radio et de la Musique.
« L’étincelle, c’est ce qui m’a précédé » : avec cette image, Benjamin Attahir nous livre ce qui est au principe de sa nouvelle œuvre et, plus largement, de son travail de compositeur. Lorsque, durant l’hiver 2022-2023, il a composé un Stabat Mater, fruit d’une commande de la Maîtrise de Radio France, Attahir savait bien évidemment qu’il avait été précédé par d’illustres musiciens, Pergolèse, Rossini, Poulenc, Vivaldi. Et s’il a écouté naturellement leurs célèbres Stabat Mater, il a été tout autant frappé par des tableaux du musée du Prado montrant la Vierge Marie éplorée et languissante au pied de la Croix, et par la Crucifixion de Salvador Dali, étonnante combinaison d’imaginaire surréaliste et d’académisme, qui a donné naissance à un « cubisme métaphysique ».
Ces réminiscences picturales et musicales permettent de comprendre le style très personnel d’Attahir, caractérisé par une rigoureuse technique acquise au contact du sérialisme (Pierre Boulez a été l’un de ses maîtres), sans que jamais ne se tarisse la veine mélodique. Un tel alliage de haute technicité et de sensualité sonore, hérité d’Olivier Messiaen, rend la musique d’Attahir séduisante à la première écoute, et son Stabat Mater en est une belle illustration. Les quatre premiers versets de ce chant liturgique (qui en compte vingt au total) sont construits sur des séries mélodiques de douze sons qui sont chacune développées dans des passages en fugato. De cette manière, Attahir, qui apprécie particulièrement le contrepoint, joue avec les codes de la musique classique et sérielle en les renouvelant.
Il en va de même pour le texte, un poème latin du XIIIe siècle qui évoque la douleur de Marie devant son fils crucifié en des vers pathétiques. Plutôt que de proposer une dramaturgie de la Passion, Attahir a choisi des « voix hautes », c’est-à-dire des voix d’enfants, sans aucune partie soliste individualisée, et rehaussées par les timbres chatoyants de l’orchestre. Le poème en latin est peu à peu vidé de son sens par tout un jeu de répétitions motiviques et rythmiques, ce qui crée des textures riches et complexes.
Le contenu sémantique du Stabat Mater, texte qui eut une grande importance dans la liturgie catholique, devient moins important que les accents et les phonèmes d’une langue morte, que le compositeur traite comme un pur matériau sonore. Seuls comptent la plasticité des sons, l’ornementation des phrases, le travail contrapuntique, l’alliance des timbres instrumentaux et vocaux, pour le plus grand plaisir des auditeurs.
#BenjaminAttahir #MikkoFranck
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« L’étincelle, c’est ce qui m’a précédé » : avec cette image, Benjamin Attahir nous livre ce qui est au principe de sa nouvelle œuvre et, plus largement, de son travail de compositeur. Lorsque, durant l’hiver 2022-2023, il a composé un Stabat Mater, fruit d’une commande de la Maîtrise de Radio France, Attahir savait bien évidemment qu’il avait été précédé par d’illustres musiciens, Pergolèse, Rossini, Poulenc, Vivaldi. Et s’il a écouté naturellement leurs célèbres Stabat Mater, il a été tout autant frappé par des tableaux du musée du Prado montrant la Vierge Marie éplorée et languissante au pied de la Croix, et par la Crucifixion de Salvador Dali, étonnante combinaison d’imaginaire surréaliste et d’académisme, qui a donné naissance à un « cubisme métaphysique ».
Ces réminiscences picturales et musicales permettent de comprendre le style très personnel d’Attahir, caractérisé par une rigoureuse technique acquise au contact du sérialisme (Pierre Boulez a été l’un de ses maîtres), sans que jamais ne se tarisse la veine mélodique. Un tel alliage de haute technicité et de sensualité sonore, hérité d’Olivier Messiaen, rend la musique d’Attahir séduisante à la première écoute, et son Stabat Mater en est une belle illustration. Les quatre premiers versets de ce chant liturgique (qui en compte vingt au total) sont construits sur des séries mélodiques de douze sons qui sont chacune développées dans des passages en fugato. De cette manière, Attahir, qui apprécie particulièrement le contrepoint, joue avec les codes de la musique classique et sérielle en les renouvelant.
Il en va de même pour le texte, un poème latin du XIIIe siècle qui évoque la douleur de Marie devant son fils crucifié en des vers pathétiques. Plutôt que de proposer une dramaturgie de la Passion, Attahir a choisi des « voix hautes », c’est-à-dire des voix d’enfants, sans aucune partie soliste individualisée, et rehaussées par les timbres chatoyants de l’orchestre. Le poème en latin est peu à peu vidé de son sens par tout un jeu de répétitions motiviques et rythmiques, ce qui crée des textures riches et complexes.
Le contenu sémantique du Stabat Mater, texte qui eut une grande importance dans la liturgie catholique, devient moins important que les accents et les phonèmes d’une langue morte, que le compositeur traite comme un pur matériau sonore. Seuls comptent la plasticité des sons, l’ornementation des phrases, le travail contrapuntique, l’alliance des timbres instrumentaux et vocaux, pour le plus grand plaisir des auditeurs.
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