• il y a 6 ans
L'Orchestre philharmonique de Radio France et la violoniste Anna Tifu, dirigés par Mikko Frank, jouent le « Poème » pour violon et orchestre d'Ernest Chausson. Concert enregistré en direct le vendredi 14 septembre, de l'Auditorium de la Maison de la Radio, à Paris.

D’abord intitulée Le Chant de l’amour triomphant, puis Poème symphonique et finalement, et simplement Poème (comme en témoigne le manuscrit autographe), l’œuvre de Chausson semble se dispenser d’un programme ou d’une association d’idée extra-musicale. Pourtant, le titre primitif faisait explicitement référence au roman éponyme d’Ivan Tourgueniev (paru peu avant en 1881), récit fantastique où précisément une mélodie du violon intervient dans l’intrigue. On a vu aussi dans cette forme concertante une influence du violoniste Eugène Ysaÿe, dédicataire de l’œuvre, notamment dans certains traits d’écriture qui sont comme un reflet des habitudes d’Ysaÿe.
Et c’est peut-être ainsi, à la croisée de ces deux inspirations, que puise ce Poème : entre mélodie emprunte de mystère et brillante intervention du soliste, entre poésie et éloquence, mais sans jamais sacrifier à la démonstration virtuose. L’introduction à la charge de l’orchestre se fait ainsi mystérieuse, soutenue par les phrases des bois. Le violon soliste reste également évanescent, dans une attaque solitaire sur une mélodie douloureuse. Ce premier mouvement se poursuit dans cette même atmosphère, partagée entre le soliste et l’orchestre. Le deuxième mouvement devient animé, comme l’indique son intitulé, mais toujours dans un climat de tension. Le Finale, enchaîné comme le mouvement précédent, se teinte de couleurs d’espoir, dans le chant éperdu du violon sur un orchestre immatériel.
Texte par Pierre-René Serna

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