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Xerfi Canal a reçu Marion Neukam, maître de conférences à l'Université de Strasbourg, pour parler de l'innovation inverse. Une interview menée par Jean-Philippe Denis.

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Transcription
00:00 Bonjour Marion Neukam.
00:09 Bonjour.
00:10 Marion Neukam, vous êtes maître de conférence à l'Université de Strasbourg.
00:14 Vous êtes chercheuse au BÉTA.
00:15 Vijay Govindarajan est indien.
00:19 L'essentiel des concepts qui ont renouvelé la pensée en matière de management et d'innovation
00:26 nous vient, c'est étonnant, mais des pays émergents.
00:29 Nous vient de l'Inde, nous vient de l'Afrique aussi.
00:32 Autour, on a notamment en tête l'innovation frugale, la capacité à faire avec les moyens
00:38 du bord.
00:39 On va la résumer comme ça.
00:40 Et lui, Vijay Govindarajan, a notamment travaillé sur l'innovation inverse.
00:45 Alors, qu'est-ce que c'est l'innovation inverse ?
00:48 Effectivement, alors, avec ce concept-là, il s'est intéressé à la manière comment
00:53 se diffuse l'innovation.
00:55 Et on part du principe aujourd'hui qu'une innovation se diffuse parce qu'elle a été
01:00 développée dans un pays développé.
01:02 Elle va se diffuser d'abord vers les consommateurs qui ont les moyens aussi de les payer, donc
01:07 aussi dans les pays développés.
01:08 Et seulement dans une seconde étape, l'innovation va arriver dans les pays en voie de développement.
01:14 L'innovation inverse, c'est exactement l'inverse.
01:18 Alors, concrètement ?
01:19 Voilà, donc à ce moment-là, ces innovations sont alors conçues dans les pays en voie
01:24 de développement.
01:25 Ils sont aussi diffusées d'abord dans ces pays-là avant d'arriver chez nous.
01:29 Donc exactement l'inverse.
01:31 C'est le concept d'innovation inverse.
01:34 Il s'inscrit là, Vijay Govindarajan, dans tout le débat aussi autour du bottom of
01:39 the pyramid, c'est-à-dire les stratégies de bas de pyramide, qui consistent à viser
01:43 potentiellement d'emblée des populations extrêmement défavorisées pour se contraindre
01:50 aussi à ensuite innover différemment.
01:53 C'est ça.
01:54 Et surtout, il met aussi l'accent sur le fait que les entreprises qui sont dans les
01:58 pays développés, pour eux, ce type d'innovation inverse peut être un grand danger pour leur
02:05 marché.
02:06 Eh oui, absolument.
02:07 Alors, on a tous en tête Tata, tous en tête la Quid, etc.
02:13 Des véhicules développés normalement pour des pays émergents qui ensuite viennent conquérir
02:18 des marchés développés, comme vous dites.
02:21 J'ai envie de vous poser une question, une formule qui est très en vogue, qu'on doit
02:25 Emmanuel Macron, c'est "les États-Unis innovent, la Chine imite, l'Europe régule".
02:31 Finalement, est-ce que l'innovation inverse, c'est pas prendre un focus complètement
02:36 différent par rapport à cette vision du monde où tout nous viendrait des États-Unis?
02:39 Vous me voyez venir avec Chet Jipiti, Open Eye.
02:43 Exactement.
02:44 Et c'est notamment là aussi où les pays en voie de développement peuvent avoir un
02:47 grand avantage aussi concurrentiel, parce qu'ils s'adressent à des marchés où il
02:52 y a déjà beaucoup de concurrents et aussi beaucoup de produits existants.
02:56 Mais en pouvoir alors trouver des solutions qui sont moins chères et notamment aussi
03:02 souvent avec potentiellement moins performants, ils peuvent alors aussi faire leur place
03:08 dans ce marché.
03:09 Parce qu'on constate souvent dans des marchés comme par exemple ceux que vous citez alors
03:13 aux États-Unis, on peut avoir le problème de "over engineering", donc les produits
03:17 sont trop performants pour ce que le client est prêt à payer.
03:22 Bien sûr.
03:23 Et les innovations inverses, donc ceux qui viennent alors des pays en voie de développement,
03:28 souvent alors ils sont moins performants, mais du coup aussi moins chers.
03:32 Donc, attractifs pour certains consommateurs.
03:34 Très intéressante.
03:35 Merci Marion.
03:36 Merci beaucoup.
03:37 Merci à vous.
03:38 Merci à vous.
03:39 Au revoir.
03:39 [Musique]

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