Avec Omar Youssef Souleimane, auteur de "Être français" publié aux éditions Flammarion.
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NewsTranscription
00:00 sur Sud Radio, vous êtes bien dans Berkhoff dans tous ses états.
00:02 Aujourd'hui, André Berkhoff reçoit pour ce face-à-face
00:05 Omar Youssef Suleiman, l'auteur de ce nouveau livre
00:07 "Être français", c'est publié aux éditions Flammarion
00:09 et c'est disponible en librairie. Bonjour Omar Youssef Suleiman.
00:12 - Alors, Omar Youssef Suleiman,
00:16 votre livre est très intéressant pour une raison très simple,
00:19 enfin pour plusieurs raisons d'ailleurs, pas seulement une,
00:23 c'est qu'en plein récit polémique
00:27 des deux côtés où s'échangent des orions,
00:30 où chacun est là dans ses conflits d'intérêts sur les migrants,
00:34 du pape à Mélenchon en passant par Bruno Taillot et tous les autres,
00:39 dans tout le spectre effectivement de la politique française.
00:42 Et pas seulement de la politique, des gens disent alors
00:45 on accueille qui, on accueille quoi, demandeurs d'asile,
00:47 pas demandeurs d'asile, etc.
00:49 On entend l'un qui dit "mais on est là pour la CAF,
00:52 pour l'allocation adulte handicapée,
00:55 même si vous n'avez pas d'handicapé,
00:56 même si vous avez un handicap qui ne se voit pas,
00:58 et bien vous pouvez toucher, etc.
01:01 Et puis les autres qui disent, comme vous,
01:03 "mais être français, ça veut dire quelque chose".
01:06 Et ce qui est très intéressant, parce que vous êtes donc né en Syrie,
01:11 à Homs ou à... - À côté de Damas.
01:13 - À côté de Damas, c'est ça.
01:15 Et vous êtes arrivé en France il y a 10 ans,
01:18 un peu plus de 10 ans, en 2012.
01:21 Vous ne parliez pas français ? - Non.
01:23 - Pas du tout, et il faut voir comment vous le parlez maintenant,
01:26 et voilà. Et en 2022, vous avez été naturalisé français,
01:29 vous êtes devenu français.
01:31 Et vous en parlez de manière très...
01:34 non seulement touchante, mais très forte et très précise,
01:38 par rapport au cheminement, par rapport au chemin à faire.
01:41 Et j'ai beaucoup aimé, par exemple, c'est une phrase,
01:45 Omar Suleiman, quand vous dites cette phrase magnifique,
01:49 je suis en train de la retrouver,
01:52 et vous dites "depuis, je n'écris plus qu'en français,
01:54 je pense et je rêve dans cette langue".
01:57 C'est très important. Mais je pleure toujours en arabe.
01:59 C'est très très joli.
02:01 Alors, d'abord, vous racontez très bien les circonstances
02:04 qui vous ont amené avec tout ce qui s'est passé en Syrie,
02:07 depuis 2011, la révolte, la répression très sanglante,
02:12 et c'est à ce moment-là que vous avez décidé de vous dire
02:16 "je ne peux plus rester dans ce pays, je ne peux plus rester au Proche-Orient,
02:19 tel qu'on le vit aussi bien au Liban qu'en Syrie ou ailleurs,
02:22 pour des raisons différentes".
02:23 Qu'est-ce qui a fait que vous vous êtes dit "c'est plus possible" ?
02:27 - C'était normal, je pense.
02:29 Vous savez, la révolution syrienne, qui est devenue une guerre civile plus tard,
02:34 qui a commencé au mois de mars 2011,
02:37 est devenue une guerre atroce.
02:39 C'est-à-dire que les islamistes ont intervenu dans cette révolution
02:45 pour leur propre agenda.
02:46 La violence du régime dictatorial en Syrie,
02:50 personnellement j'étais engagé dans des manifestations pacifiques
02:53 contre ce régime fasciste,
02:56 qui a tout de suite tiré contre les manifestants.
03:01 J'étais aussi, mon travail à l'époque,
03:04 c'était partie de mon engagement,
03:06 de filmer les manifestations et diffuser les informations pour des chefs de l'étranger.
03:10 - Vous faisiez du journalisme à l'époque, du reportage ?
03:12 - Je faisais du journalisme, tout à fait, et du reportage,
03:14 et pour les victimes de la guerre,
03:17 c'est-à-dire les civils qui étaient tués.
03:19 C'était un travail très dur à faire, mais on croyait à l'époque
03:23 qu'au bout d'un moment on serait aidé
03:26 par l'Union Européenne, par les Américains peut-être.
03:29 Vous savez, on était jeune, on était rêveurs.
03:33 Il y a une phrase de l'écrivain Mark Twain qui me marque toujours, qui dit
03:38 "Ils ne savaient pas que c'était impossible".
03:40 Alors ils l'ont fait.
03:41 "On ne savait pas que c'était impossible de se révolter,
03:44 de faire tomber ce régime si facilement,
03:47 ce régime qui est très très fort, il a l'expérience, etc."
03:50 Donc personnellement j'ai été condamné à mort par la police
03:53 et par les services d'enseignement du régime de Bachar el-Assad
03:56 depuis la fin de l'année 2011.
03:58 J'ai vécu pendant des mois en cachet, discrètement à Damas,
04:03 pour ne pas être arrêté.
04:04 J'ai tout fait pour ne pas être arrêté,
04:06 parce que tous mes amis qui étaient arrêtés,
04:08 soit ils étaient tués dans les prisons,
04:10 soit ceux qui sont sortis sont sortis complètement détruits
04:13 sur le plan physique ou psychologique, évidemment.
04:18 Finalement il n'y avait plus de sens.
04:19 Vous savez, on perd le sens au bout d'un moment
04:21 de rester sur son territoire, parce que je ne faisais rien.
04:23 Je restais à la maison et chaque fois
04:25 quand je voulais sortir pour faire les courses,
04:27 j'étais masqué, on disait que j'étais vraiment
04:29 en mode de confinement d'une manière ou d'une autre,
04:32 mais pour éviter la prison, pour éviter un virus.
04:37 Donc au bout d'un moment je suis sorti,
04:38 et vous savez quand on sort de son propre territoire,
04:41 au bout d'un moment, deux jours ou le lendemain,
04:45 on ne décide rien, on ne pense à rien.
04:47 C'est-à-dire que je pensais seulement à comment
04:50 sauver ma peau, à être en sécurité,
04:52 c'était ça la priorité, et je ne savais pas où j'allais,
04:54 je ne savais pas comment je continuerais ma vie,
04:57 et dans mon esprit, c'est que je revenais,
04:59 dans deux, trois, six mois maximum.
05:01 - Vous revenez en Syrie à un moment donné.
05:04 - Comme beaucoup de réfugiés, et au bout d'un moment,
05:06 ça fait onze ans, ces deux, trois mois, ça fait onze ans.
05:09 Vous savez, parfois la vie pourrait être un film.
05:11 Donc je suis sorti en Jordanie,
05:13 par un chemin discret,
05:15 à pied, c'était très dangereux ce que je raconte dans ce livre,
05:20 "Être français".
05:21 Et arrivons en Jordanie, et c'est là où la deuxième question
05:25 commence à se poser.
05:27 Qu'est-ce que je fais ici ?
05:28 Et jusqu'à quand je vais rester ? Etc.
05:30 - Jordanie est un pays arabe, donc vous parlez la langue, là ça...
05:34 - Je pense que c'est ça la priorité pour les réfugiés,
05:36 c'est-à-dire que c'est beaucoup plus facile
05:39 de sortir dans un pays voisin,
05:41 après c'est relatif, ça dépend de nos valeurs.
05:44 - Je pense qu'on parlera sur les valeurs qu'on porte avec nous.
05:48 En Jordanie, j'étais aussi arrêté par la police jordanienne,
05:51 qui était très dure, très difficile,
05:53 c'est-à-dire, on sort, vous savez la police aux Procheries,
05:56 on est tous pareil, ils nous arrêtent, ils nous torturent,
05:59 puis ils nous disent "désolé c'était une erreur, ils nous libèrent".
06:01 Merci la France, ce n'est pas le cas de la France.
06:06 Une fois que j'ai été libéré à Amman, en Jordanie,
06:09 j'ai commencé à nouveau à chercher un nouvel exil,
06:12 donc j'ai contacté l'ambassade française,
06:14 et donc on pose beaucoup de questions, d'ailleurs,
06:19 pourquoi on choisit la France, pourquoi on choisit l'Allemagne ?
06:22 - Oui, qu'est-ce qui vous a fait à ce moment-là, en Jordanie ?
06:24 Parce qu'en Syrie, vous n'y pensiez pas, soyons clairs.
06:26 - De tout, en fait.
06:28 - Vous arrivez en Jordanie, parce que vous racontez dans votre livre,
06:31 on vous dit "pourquoi tu ne vas pas en Allemagne,
06:33 il y a des choses à faire et tout ça",
06:35 et qu'est-ce qui a fait que vous vous êtes dit "la France, pourquoi ?"
06:38 - Là on revient vers les valeurs.
06:40 Donc certains, s'ils avaient le choix,
06:42 le choix Baxame, l'Allemagne, Aliboc, c'est toujours le cas,
06:44 ils soutiennent beaucoup plus les réfugiés-financement,
06:47 par le logement, les aides, etc.
06:50 Ça ne m'intéressait pas du tout.
06:51 Ce que je voulais vraiment, c'était avoir une vie
06:54 avec une liberté d'expression, avoir aussi la protection.
06:58 La réputation de la France au Proche-Orient, c'est ça.
07:01 Les réfugiés journalistes, surtout, sont bien protégés en France,
07:05 pendant toute l'histoire, la France n'a jamais renvoyé un réfugié,
07:08 ici on a reporté son frontière par exemple, etc.
07:11 Et aussi les valeurs françaises m'intéressaient.
07:14 La Révolution française m'intéressait.
07:17 Et de plus, j'étais fan de la littérature française,
07:21 c'est toujours le cas, quand j'avais lu en arabe,
07:24 surtout de la poésie de Paul-Éloir, d'Aragon, tout ça,
07:27 tous ces poèmes sont traduits en arabe.
07:29 - Qui aviez voulu décrire un français en arabe ?
07:31 Ça m'intéresse. - Qui je lisais ?
07:33 - Qui vous lisiez, oui, à l'époque ?
07:35 - À l'époque je lisais beaucoup Paul-Éloir,
07:37 c'était mon exemple, pas seulement comme poète,
07:40 mais aussi comme un être humain,
07:42 mon exemple comme un résistant, durant la Deuxième Guerre.
07:45 J'ai lu Albert Camus, par exemple, "L'étranger", en arabe.
07:50 Et pour moi c'était ça la France, c'était ses écrivains,
07:53 cette littérature, ses valeurs, cette liberté d'expression,
07:56 la douceur française, vous savez, il y a aussi les clichés,
07:59 envers n'importe quel pays au Proche-Orient.
08:02 Donc, j'avais aussi de la chance,
08:04 c'est-à-dire, je contactais l'ambassade française, c'était...
08:07 - Juste un mot, Omar Youssef Suleiman,
08:10 au Liban, on parlait de la France en disant "France est malhanoune",
08:14 c'était la mer. - La mer tendre.
08:17 - Est-ce qu'en Syrie aussi, qui était sous mandat français,
08:20 on n'a jamais... c'était pas ça ?
08:22 - Vous savez, ça n'a rien à voir, parce que la Syrie
08:24 est dirigée par ce régime dictatorial,
08:27 disons officiellement depuis l'année 1963.
08:30 Et ce régime nationaliste se vante par sa résistance,
08:34 sa fausse résistance, bien sûr, contre l'imbérialisme.
08:37 Et la France, c'était le premier billet de l'imbérialisme.
08:39 Ça faisait une partie essentielle de son propagande.
08:42 - La Syrie, c'était ça surtout, et c'était pas la même chose que le...
08:44 - Ça n'a rien à voir. Vous savez, même étudier la langue française en Syrie,
08:46 c'est pas désirable. La France, c'est le billet ennemi
08:49 qui fait toujours des comblots contre nous, la Syrie,
08:53 parce qu'elle voulait nous occuper,
08:55 elle voulait nous recolonialiser à nouveau.
08:58 C'est bon, on n'était jamais colonialisés par la France, c'était la monde d'avant.
09:00 Donc ça n'a rien à voir avec le Liban.
09:02 Et figurez-vous, même au Liban, c'est moite-moite.
09:05 Bâtous les Libanais disent que la France, c'est la mer trompe.
09:09 - Surtout maintenant.
09:10 - Surtout maintenant, oui, tout à fait.
09:12 - Mais alors, continuons. Donc la journée, vous allez à l'ambassade de France.
09:15 - Voilà. Donc je rencontre l'ambassadrice,
09:18 on m'a interviewé en arabe, bien sûr, pendant des heures.
09:21 Ils m'ont posé beaucoup de questions, je leur racontais mon histoire, etc.
09:25 Ce qui m'est arrivé en Syrie, pourquoi je suis ici,
09:27 chercher la protection avant tout.
09:29 Et le lendemain, j'étais à Paris.
09:31 J'avais une grande chance, évidemment,
09:34 parce que je n'ai pas souffert de traverser la mer,
09:38 je n'ai pas souffert de plus de violence,
09:42 à part de la police jordanienne.
09:45 Et donc, voilà, elle a réservé dans l'avion,
09:48 et je suis arrivé à Paris à 4h du matin.
09:51 Je me souviens très bien de cette scène, vous voyez,
09:53 quand on arrive dans un nouveau pays.
09:55 - En avion, vous arrivez en avion ?
09:57 - En avion, oui, j'étais privilégié.
09:59 - On va parler maintenant de Paris, et d'Omar Youssef Suleiman à Paris.
10:03 Et l'apprentissage de la langue et de tout le reste, tout de suite.
10:08 - On continue cet échange passionnant avec Omar Youssef Suleiman,
10:12 et vous, au 0826 300 300, à tout de suite.
10:15 - Alors, Omar Youssef Suleiman a commencé par parler de la Syrie,
10:19 de ce qui s'est passé, des violences,
10:21 l'obligation, effectivement, sauf à être prisonnier,
10:25 torturé ou mort, de quitter, effectivement, le pays.
10:29 Et vous arrivez à Paris, ça s'est passé bien vite,
10:33 et donc vous êtes à Paris il y a 10 ans, un peu plus de 10 ans déjà,
10:37 sans, je rappelle, parler un mot de français.
10:41 Et vous arrivez, alors, d'abord, Paris,
10:43 qu'est-ce que ça vous a fait, de balader dans Paris,
10:45 d'arriver vraiment comme ça, à 4h du matin,
10:48 les premiers mois, les premières semaines, etc.
10:52 Le bon et le mauvais, enfin, ce que vous avez senti ?
10:55 - C'était marrant, vous savez, comme j'ai dit tout à l'heure,
10:58 on a le cliché envers un pays,
11:00 donc j'attendais de voir, à Paris, de voir Paul-Éloir,
11:04 de voir la douceur française,
11:06 de voir, peut-être, disons, les parfums, le vent,
11:10 tout ce qu'on entendait de la France,
11:13 à l'époque, on l'entend toujours d'ailleurs,
11:15 mais la première chose qui m'a attiré à Paris,
11:17 sur laquelle je suis tombé,
11:21 c'était le RER B,
11:23 c'est inoubliable, je me sens très bien de la sonore,
11:26 du bruit de RER B qui faisait peur,
11:29 et ce qui m'a tellement aussi attiré,
11:31 c'était les gens qui couraient dans tous les sens,
11:33 le matin, et j'avoue, j'avais l'impression
11:35 qu'il y avait un sort, un problème, un attentat,
11:38 je ne savais pas comment ils faisaient la mode de vie.
11:40 - Ils fuyaient quoi !
11:41 - Exactement, vous voyez, par exemple, au Brochery, au Liban,
11:43 vous avez vécu au Liban, vous savez comment,
11:45 on marche tranquillement, on est tranquille,
11:47 on s'en fiche, mais à Paris,
11:49 il y a le stress qui nous domine,
11:51 d'une manière ou d'une autre, c'est normal,
11:53 c'est une grande ville, et moi, j'ai couru comme eux,
11:55 et j'ai couru comme eux, et depuis je cours,
11:57 mais je ne sais pas pourquoi, j'avoue, c'est la mode de la vie.
11:59 - Vous courez, il vous dit "bon, tout le monde court,
12:01 il faut que je coure aussi".
12:03 - Il faut que je coure, et c'est pour vivre, sinon, voilà.
12:05 Et Bluetart, ce qui était le boulot difficile,
12:07 comme exactement ce que vous avez dit,
12:09 c'est la langue,
12:11 c'est très difficile pour quelqu'un
12:13 qui vient de Prochorion,
12:15 qui a grandi, qui a passé sa vie
12:17 dans une langue tellement loin
12:19 de la langue française,
12:21 comme l'arabe,
12:23 d'apprendre le français.
12:25 - Et vous avez appris où, le français ?
12:27 Comment ça s'est passé ?
12:29 Vous êtes allé dans une école spéciale ?
12:31 - La préfecture de 93,
12:33 où je logais, m'a inscrit
12:35 dans un collège,
12:37 disons.
12:39 C'était une salle réservée dans un collège
12:41 pour les débutants en français.
12:43 - Les primo-arrivants, comme on dit.
12:45 - Tout à fait, ce qu'on appelle le DELF.
12:47 Je commençais avec le DELF AA.
12:49 C'est pour...
12:51 Je commençais avec l'alphabet, avec les lettres,
12:53 et j'entrais à l'époque avec les collégiens.
12:55 J'avais le sentiment de revenir
12:57 comme un ado.
12:59 Et c'est ça, la vie d'un réfugié, d'une manière ou d'une autre.
13:01 Il voulait vraiment s'intégrer dans sa nouvelle société.
13:03 Donc j'ai commencé
13:05 par les lettres,
13:07 par la construction des phrases,
13:09 par les temps, par les grammaires...
13:11 - Tous les jours, vous alliez à cette école ?
13:13 - C'était 4 fois par semaine.
13:15 Mais c'était très bien, très bien organisé.
13:17 Le prof,
13:19 que je garde toujours de bons souvenirs avec,
13:21 était vraiment expert.
13:23 Évidemment, c'était très difficile,
13:25 mais vous voyez aussi, cela fait partie...
13:27 Les choses difficiles,
13:29 je pense, dans l'exil,
13:31 nous motivent d'une manière ou d'une autre.
13:33 - Oui, bien sûr. Vous avez dit "je veux y arriver,
13:35 je veux y arriver", il y avait l'adrénaline,
13:37 pour rattraper la perte qu'on a vécue en Syrie.
13:39 C'est-à-dire creuser son existence
13:41 dans la langue française. J'aime bien ça.
13:43 Et plus tard,
13:45 en fait, d'ailleurs,
13:47 il y a toujours eu des raisons. Il y en a certains
13:49 qui prenaient, qui étaient en train
13:51 d'apprendre aussi le français avec moi.
13:53 C'était pour travailler, d'autres pour aider leurs enfants,
13:55 pour faire leurs devoirs.
13:57 Moi, non, c'était juste pour m'intégrer
13:59 ici en France. - C'est ça.
14:01 - C'est pour ça que j'ai appris le français autrement.
14:03 Je voulais être français, évidemment,
14:05 parce que je pense que c'était...
14:07 J'ai commencé à sentir que,
14:09 malgré ma vie cruelle à l'époque,
14:11 qu'il y avait autre chose qui existait en France.
14:13 Vis-à-vis de cette
14:15 grande culture, de cette
14:17 grande république,
14:19 cette grande histoire.
14:21 Je voulais être parti,
14:23 ou faire partie de cette société,
14:25 de cette démocratie française.
14:27 Et je savais que c'était impossible sans apprendre
14:29 la langue. Donc la langue,
14:31 c'était la clé.
14:33 Et petit à petit, j'ai grandi, on peut dire,
14:35 dans la langue française, où j'ai trouvé,
14:37 ou retrouvé ma propre identité,
14:39 ou une nouvelle identité,
14:41 dans cette langue.
14:43 Évidemment, en fait,
14:45 ce qui était aussi marquant
14:47 dans ma vie,
14:49 c'est que, j'avoue,
14:51 j'ai pas appris essentiellement la langue française
14:53 à l'école. C'était juste pour les grammaires.
14:55 - Vous l'avez appris où ?
14:57 - Je pense,
14:59 dans la rue, oui,
15:01 discuter avec les gens, parler,
15:03 comme si bavard aussi, j'aime bien parler, j'aime bien écouter.
15:05 Je sortais tout le temps avec des gens
15:07 qui parlaient que la langue française
15:09 et je ne comprenais rien
15:11 à ce qu'ils disaient, mais ça marche quand même.
15:13 - Vous entendiez la musique, déjà ?
15:15 - Évidemment, et j'ai adoré cette musique.
15:17 J'ai adoré le charme et la douceur de la langue française.
15:19 C'est une très belle langue, une langue très riche.
15:21 J'ai regardé beaucoup de séries
15:23 et films, aussi, ça aide beaucoup.
15:25 À l'époque, j'ai regardé une série qui s'appelle "Plus belle la vie",
15:27 une série très banale pour les françaises et les français,
15:29 mais pour moi, c'était très important.
15:31 - Vous la regardez tous les jours ?
15:33 - Oui, je la regarde pour encore juste faire
15:35 oublier les souvenirs de l'époque.
15:37 C'est comme ça que j'ai appris l'accent de Sud, d'ailleurs.
15:39 Donc, je pense que pratiquer la langue
15:41 tous les jours et surtout couper,
15:43 couper
15:45 avec sa langue maternelle, avec la langue arabe,
15:47 nous en avons tous les moyens,
15:49 ça m'a beaucoup aidé pour apprendre le français.
15:51 Mais plus tard, des années plus tard, j'ai commencé à écrire en français.
15:53 - D'ailleurs, le prof vous disait maintenant
15:55 ne parlez pas arabe, ne parlez que français.
15:57 Apprenez à parler que français.
15:59 - Oui, à parler que français pendant un an ou douze ans,
16:01 je pense que ça aide beaucoup pour apprendre la langue
16:03 vite fait et aussi,
16:05 voilà, s'intégrer dans cette langue.
16:07 - Omar Youssef, comment vous viviez économiquement ?
16:09 Est-ce qu'on vous aidait ? Parce que vous êtes arrivé,
16:11 vous n'aviez pas de travail, comment vous vous aidiez ?
16:13 - Je touchais l'aide de l'État, bien sûr.
16:15 À l'époque, j'ai touché l'aide de l'État,
16:17 ce que j'avais besoin, ce que l'on appelle
16:19 la caisse allocation familiale.
16:21 Mais aussi,
16:23 je continuais à écrire des articles
16:25 dans des journaux arabes à l'époque.
16:27 Je travaillais toujours en arabe.
16:29 - Des journaux arabes de Paris ou de Londres ?
16:31 - De différents pays,
16:33 ce n'est pas un pays précisé.
16:35 Et je pense qu'on a besoin
16:37 de l'aide de l'État. Et je remercie évidemment
16:39 l'État français qui réserve d'ailleurs
16:41 apprendre la langue gratuitement,
16:43 nous aide dans ce démarche
16:45 administratif. J'avoue, j'étais bâtard
16:47 aux aides dans le démarche administratif parce que c'est très compliqué.
16:49 C'est une langue qui n'est pas française, c'est une langue chinoise.
16:51 Même pour les français, ils ne comprennent pas.
16:53 - L'administration, même pour les français.
16:55 - C'est trop kafkaïen, je ne comprends toujours pas.
16:57 Mais évidemment,
16:59 pour par exemple trouver un logement,
17:01 c'est très difficile, c'est très compliqué,
17:03 mais au moins c'est possible.
17:05 Quand on vient d'ailleurs d'un pays comme la Syrie,
17:07 on remarque ces valeurs,
17:09 ces choses,
17:11 à quel point on vit bien en France
17:13 d'une manière ou d'une autre, même quand on est réfugié.
17:15 Je pense qu'ici, ce qui est bien,
17:17 alors, ce que je viens de dire, c'est
17:19 qu'on est contre quoi ? Parce qu'en France, on adore râler.
17:21 On adore dire qu'on ne sait pas.
17:23 J'avoue, les premiers mots que j'ai appris de la langue française,
17:25 c'était "putain, fiché, j'en ai marre".
17:27 Tout le monde répétait "barré" et je ne savais pas ce que ça voulait dire.
17:29 Mais je ne suis pas d'accord. Je pense qu'ici,
17:31 une fois qu'on travaille, qu'on fasse des efforts,
17:33 on trouve toujours
17:35 des choses, ou un chemin,
17:37 des associations à nous aider, etc.
17:39 Donc, j'étais aidé par l'État,
17:41 lorsque j'avais les pieds sur terre,
17:43 et je travaillais.
17:45 - C'est drôle parce que c'est
17:47 un ami libanocérien
17:49 qui m'a dit ça,
17:51 c'est une anecdote, mais elle traduit exactement ce qu'il dit.
17:53 Il entre dans une pharmacie, il dit
17:55 "Bonjour monsieur, je voudrais le purgative thium".
17:57 L'autre lui dit "Thium ? C'est quoi Thium ?"
17:59 Il dit "Le purgative Thium".
18:01 "Mais le purgative Thium, il n'y a pas monsieur." Il dit "Vous rigolez !
18:03 J'entends tout le temps, en France, tout le monde
18:05 parle du purgative Thium." Il dit "Mais où vous entendez ça ?"
18:07 Il dit "Tout le monde dit Thium fait chier,
18:09 Thium fait chier, Thium fait chier."
18:11 Donc, voilà, c'est pour illustrer
18:13 ce que vous venez de dire.
18:15 - Tout à fait. - Mais donc,
18:17 c'est intéressant, parce que c'est un peu de la France.
18:19 Quand on vous entendait dire,
18:21 Omar Youssef Suleiman,
18:23 certains qui, en plus,
18:25 ne manquent de rien,
18:27 "La France, c'est un racisme systémique,
18:29 la France est raciste,
18:31 la France est ceci, la France est cela."
18:33 Comment vous réagissez-vous ?
18:35 - Je pense que
18:37 il y a une partie de ce discours
18:39 qui est réelle, mais il faut aussi,
18:41 encore une fois, être réaliste
18:43 et regarder le racisme dans tous ses sens
18:45 et la radicalisation dans tous ses sens aussi.
18:47 OK, il y a le racisme
18:49 de la part de l'extrême droite,
18:51 c'est clair, mais aussi il y a le racisme
18:53 de la part de l'extrême gauche.
18:55 Je pense que c'est une réaction
18:57 et une autre réaction
18:59 à la réaction extérieure.
19:01 Donc, c'est ça ce qui est le plus grave. Je remarque,
19:03 ces dernières années, qu'on a de plus en plus,
19:05 on a de moins en moins de tolérance,
19:07 on s'écoute moins en moins.
19:09 Par exemple, dans les établissements scolaires
19:11 où je fais des ateliers d'écriture,
19:13 c'est très grave. Je vois à quel point nos élèves
19:15 sont attaqués, sont envahis,
19:17 sont... par un discours
19:19 extrémiste, séparatiste,
19:21 islamiste.
19:23 Ils ont perdu la confiance dans leur pays.
19:25 - Oui, moi je ne suis pas français, disent-ils,
19:27 moi je suis autre chose. - Il y a beaucoup d'élèves,
19:29 malheureusement, qui me disent que...
19:31 Vous voyez, les élèves qui sont d'origine
19:33 musulmane
19:35 ou d'origine arabe, qui traitent l'islam... - Maghrebine, autrement.
19:37 - Maghrebine, qui traitent... ou pas,
19:39 voilà, qui traitent l'islam
19:41 pas comme une religion, mais
19:43 comme une identité. C'est très dangereux.
19:45 Et ils me disent, par exemple, toujours
19:47 que c'est pas normal
19:49 que je sois pas musulman. Moi je suis né dans
19:51 une famille musulmane, mais je suis pas musulman, je suis athée,
19:53 j'ai le droit de le dire. Pour eux, c'est
19:55 inimaginable, à ce point.
19:57 Donc, il y a plusieurs aspects ou plusieurs
19:59 éléments, durant mes interventions dans
20:01 les établissements scolaires, qui m'ont...
20:03 je parle dans le livre, d'ailleurs, qui m'ont
20:05 vraiment marqué. Et donc,
20:07 les établissements scolaires font partie.
20:09 Mais je pense que nos jeunes, ils sont de
20:11 blouse en blouse, radicalement de blouse en blouse,
20:13 manipulés, par exemple. - Oui, oui. - Ce discours
20:15 sur l'abaya qu'on vit depuis
20:17 un moment, moi ce qui m'étonne de plus,
20:19 c'est que l'abaya
20:21 comme une tenue religieuse
20:23 est interdite dans les pays
20:25 majoritairement musulmans.
20:27 Par exemple, en Syrie, au Liban,
20:29 en Égypte, il n'y a pas d'abaya dans les écoles de l'État,
20:31 c'est de l'uniforme. Pourquoi cette tenue
20:33 religieuse doit être autorisée
20:35 dans la République française,
20:37 dans la France laïque, quand même ? C'est pas possible.
20:39 Donc, malheureusement,
20:41 ici, on tombe sur... Nous voulions être
20:43 de blouse en blouse tolérants,
20:45 nous voulions défendre la laïcité,
20:47 et on tombe dans un discours
20:49 de blouse en blouse fermé,
20:51 extrémiste et intolérant.
20:53 - On va continuer d'en parler
20:55 avec vous après cette petite pause.
20:57 - Oui, et puis avec vous aussi, qui nous écoutez,
20:59 vous êtes de plus en plus nombreux à nous écouter,
21:01 on vous en remercie au 0826
21:03 - 300, 300, appelez-nous. - Un récit très intéressant,
21:05 et vous en parlez de façon très intéressante,
21:07 et pour suivre ce qu'on était en train de dire
21:09 avant la pause, vous dites
21:11 ceci, c'est intéressant,
21:13 au Proche-Orient, vous venez de le dire,
21:15 mais vous le dites de façon très claire
21:17 dans votre livre, au Proche-Orient,
21:19 quand on critique un élément lié à l'islam,
21:21 on parle uniquement d'une religion.
21:23 Ici, donc, en France,
21:25 tout réserve est aussitôt prise
21:27 comme une attaque infâme
21:29 contre la minorité musulmane et les immigrés.
21:31 On peut même être traité
21:33 de raciste. L'islam ne définit
21:35 pourtant pas une origine.
21:37 Dans ce contexte, on est
21:39 moins compris et parfois moins libre
21:41 en parlant de l'islam
21:43 en France qu'au Proche-Orient.
21:45 Une vérité bien difficile à comprendre
21:47 pour quelqu'un venant de là-bas.
21:49 - C'est surprenant. - Très intéressant.
21:51 Ici, c'est plus difficile de parler d'islam
21:53 qu'en Algérie, en Tunisie, au Maroc, en Syrie
21:55 ou au Liban. - Dans certains cas, j'avoue, oui.
21:57 Parce que, justement, une partie
21:59 de la gauche française nous accuse
22:01 d'être raciste parce qu'on
22:03 parle d'une religion ou on critique
22:05 une religion. Là, on se demande
22:07 où est la liberté d'expression, où est la République,
22:09 où est l'égalité que vous défendez ?
22:11 C'est-à-dire, une fois,
22:13 d'un côté, ils défendent ce qu'ils
22:15 appellent l'égalité entre
22:17 les migrants, ils défendent les migrants
22:19 contre le racisme, etc.
22:21 Et d'un autre côté, ils interdisent
22:23 une personne comme moi
22:25 ou comme d'autres, qui critique l'islam
22:27 seulement parce qu'ils sont migrants.
22:29 Vous voyez le contradictoire dans leur discours ?
22:31 - Vous êtes migrant, là-dessus, vous ne devez pas parler.
22:33 - Voilà, vous ne devez pas parler. Et là, ils nous
22:35 accusent d'être des racistes.
22:37 Ils pratiquent une sorte de racisme.
22:39 Alors, ça c'est un
22:41 sujet, un autre sujet qui m'a
22:43 choqué, qui me choque toujours,
22:45 où j'étais accusé
22:47 d'être récupéré par l'extrême-droite
22:49 seulement parce que j'écrivais
22:51 des articles, où j'écris toujours des articles
22:53 qui critiquent l'islam, qui critiquent
22:55 l'islamisme de la France. Il faut préciser,
22:57 je tiens à préciser que si
22:59 j'étais en France ou ailleurs, je dirais
23:01 la même chose, même quand j'étais en Syrie, je disais
23:03 la même chose sur l'islam.
23:05 Évidemment, j'étais monnaçais, j'étais abandonné d'une
23:07 manière ou d'une autre par une bonne partie de ma famille
23:09 à cause de ça. On paye très cher.
23:11 Mais ici, en France, on a
23:13 beaucoup perdu, on a perdu beaucoup de choses juste pour gagner
23:15 la liberté d'expression.
23:17 Donc, ça n'est pas la peine
23:19 de, je veux dire,
23:21 d'écouter ces gens. Mais ce qui est
23:23 triste quand même pour la France,
23:25 ce discours qui
23:27 accuse ceux qui parlent
23:29 d'une religion, parce qu'il y a aussi
23:31 l'amalgame, vous voyez par exemple.
23:33 Vous savez ce qui est le plus dangereux là-dedans ?
23:35 C'est que, c'est ça le but
23:37 des frères musulmans.
23:39 Créer un tabou qui s'appelle l'islamophobie, qui n'existe pas,
23:41 en faisant
23:43 l'amalgame entre
23:45 l'islam comme religion,
23:47 la migration et la
23:49 minorité, ce qu'ils appellent la migration,
23:51 ou la minorité musulmane. Alors,
23:53 honnêtement, les musulmans, qui s'appellent les musulmans
23:55 de la France, je ne suis pas d'accord avec le terme
23:57 qu'ils utilisent, ils ne partagent rien.
23:59 Par exemple, un musulman, une musulmane
24:01 qui vient de Sénégal, avec un
24:03 autre qui vient de Maroc ou de
24:05 peu importe de quel pays. - Ou de Syrie,
24:07 ou d'ailleurs. - Ou de Syrie. Il n'y a rien
24:09 à partager entre eux. Il faut savoir que les musulmans
24:11 ici sont comme tout le monde, et il faut
24:13 ne pas les traiter comme une minorité
24:15 unique, et pour avoir des
24:17 avantages politiques. C'est ça le but des
24:19 frères musulmans, qui sont malheureusement aidés
24:21 par une partie de la gauche française.
24:23 - Oui. Non, non, c'est très intéressant.
24:25 On va continuer à parler. Je crois que nous
24:27 avons un... - Oui, nous avons Richard qui nous appelle
24:29 de Goué. Bonjour Richard. - Oui, bonjour
24:31 Richard. - Oui, bonjour André,
24:33 bonjour à votre invité.
24:35 J'aimerais juste faire une petite...
24:37 un petit commentaire.
24:39 - Allez-y. - Vous avez
24:41 un petit peu déjà répondu
24:43 au sujet "Qu'est-ce que vous pensez ?"
24:45 Je voulais vous demander qu'est-ce que vous pensez sur
24:47 la polémique sur la Baïa,
24:49 l'islamisation de la France,
24:51 qu'est-ce que
24:53 vous pensez, et pourquoi
24:55 la France devient pire
24:57 que certains
24:59 pays musulmans ?
25:01 Qu'est-ce que c'est votre...
25:03 Qu'est-ce que vous pensez de tout ça ?
25:05 - Omar. - Alors en fait,
25:07 merci pour votre question.
25:09 Je pense pas que la France est pire que
25:11 certains pays musulmans,
25:13 en général, mais je pense que...
25:15 - Il parle de la polémique. - Voilà,
25:17 de la polémique. Je pense que c'est le
25:19 produit ou le fruit de
25:21 des années et des années de l'obéissance
25:23 d'une partie
25:25 de la gauche, ou de la faiblesse de la gauche
25:27 française, envers
25:29 l'islamisme. Et d'un autre
25:31 côté, l'attaque de la barre
25:33 des frères musulmans, financée
25:35 depuis pays étrangers,
25:37 par exemple comme Qatar ou ailleurs,
25:39 qui ont un agenda
25:41 particulier pour manipuler
25:43 les français, surtout les jeunes, surtout
25:45 sur les réseaux sociaux, et
25:47 faire un discours séparatiste
25:49 de la société de la
25:51 République française. Il y a plusieurs raisons
25:53 pour ceci, c'est-à-dire et de la France
25:55 et de l'étranger. - Et l'étranger.
25:57 Nous avons Angèle qui nous appelle de Marseille.
25:59 Bonjour Angèle. - Bonjour Angèle. - Oui,
26:01 monsieur Varkov, bonjour, bonjour monsieur.
26:03 Je voulais simplement poser
26:05 une question, puisque ce monsieur
26:07 est venu donc de
26:09 Syrie. - Syrie, c'est ça. - Il a été
26:11 séduit intellectuellement
26:13 par la France
26:15 et par ses valeurs, qui
26:17 sont des valeurs
26:19 de la France d'avant, quelque part.
26:21 Moi, que je considère de la France
26:23 d'avant. Il a été séduit par
26:25 une France qui n'existe plus aujourd'hui,
26:27 quelque part.
26:29 Notamment en matière
26:31 de liberté d'expression, puisqu'on
26:33 a perdu énormément
26:35 par rapport à la liberté
26:37 d'expression, entre autres.
26:39 Donc je voulais lui demander,
26:41 comme il a été séduit
26:43 par des valeurs
26:45 qui n'existent, qui ne sont plus dans leur intégrité,
26:47 parce que la France a beaucoup changé,
26:49 que pensent-ils
26:51 des Français qui, eux,
26:53 se sentent plutôt mal
26:55 sans ces valeurs
26:57 qu'il les avait construites ?
26:59 Il doit le comprendre, puisqu'il a été
27:01 séduit lui-même intellectuellement.
27:03 Donc, à l'inverse, les Français
27:05 qui ont été construits par des valeurs
27:07 très fortes aussi, parce que c'était
27:09 des valeurs très fortes.
27:11 Moi, je suis née en 58, donc
27:13 voilà quoi.
27:15 Que pensent-ils des gens qui, eux,
27:17 enfin, moi, en tous les cas,
27:19 j'en fais partie... - Ils sont un peu en nostalgie,
27:21 ils sont un peu en manque de ces valeurs.
27:23 - Ah non, mais moi, carrément, je souhaiterais m'expatrier
27:25 hors Europe.
27:27 - Oui, je crois... Merci, madame.
27:29 - Il y en a beaucoup, moi, je suis pas mal, ça.
27:31 - Je sais, Angèle. Non mais c'est intéressant,
27:33 vous voyez, Angèle qui vous dit "moi, j'ai envie de m'expatrier
27:35 parce que je ne reconnais plus
27:37 la France". - Elle ne reconnait plus la France, oui.
27:39 - Et vous, vous êtes en train de dire
27:41 "mais ces valeurs, elles sont là, je les ai
27:43 connues et reconnues". - Justement.
27:45 D'abord, j'espère que vous vous musulmiez bien
27:47 à Marseille, j'adore votre ville, j'espère
27:49 qu'il fait toujours beau à Marseille,
27:51 ça n'a pas changé depuis des années.
27:53 Mais bon, en fait, je pense, je croise
27:55 régulièrement des gens d'ici,
27:57 françaises et français,
27:59 qui disent cette phrase "on ne reconnait plus notre vie".
28:01 Honnêtement, je ne connais pas,
28:03 je n'ai pas vécu la France d'avant,
28:05 je ne sais pas comment c'était. Mais je peux faire
28:07 la comparaison entre la France actuellement
28:09 et le Proche-Orient,
28:11 où j'étais, où j'ai grandi.
28:13 Évidemment, il n'y a pas de comparaison ici, vous savez,
28:15 il y a toujours encore la possibilité
28:17 de résister, de lutter,
28:19 de trouver des moyens,
28:21 de créer des associations,
28:23 pour améliorer notre démocratie.
28:25 Évidemment, on est dans un pays qui souffre,
28:27 on a peut-être moins
28:29 de liberté d'expression. - Mais moi, ce que je voulais
28:31 dire, c'est que quelque part,
28:33 les manques
28:35 de démocratie
28:37 des pays,
28:39 de certains pays,
28:41 font régresser notre propre
28:43 démocratie.
28:45 Je vais un peu loin, là,
28:47 mais quelque part, je le ressens comme ça.
28:49 - Mais Angèle, vous savez, on est
28:51 responsable de son propre pays.
28:53 - Ah ben moi, je vais voter,
28:55 à chaque fois, je vote, il n'y a pas de problème.
28:57 - Non, non, on ne parle pas de vote, là. Juste un mot
28:59 là-dessus, Angèle, vous posez
29:01 une vraie question. Mais le problème, c'est qu'il ne faut
29:03 pas faire aussi comme les autres pays, qui disent
29:05 "Ouais, ce n'est pas notre faute à nous, c'est la faute aux
29:07 autres." - Les complotistes. - Parce que ça,
29:09 ce n'est même pas du complotisme, c'est
29:11 "Nous, on n'est pas responsables", etc.
29:13 On est tous, et vous le savez, Angèle,
29:15 on est tous responsables
29:17 à des degrés divers,
29:19 je reconnais, de notre destin,
29:21 et je crois en tout cas, mais
29:23 ce n'est pas la régression
29:25 des autres qui est propre à notre propre régression,
29:27 c'est, je dirais, une certaine
29:29 résignation, une certaine passivité,
29:31 et disons le mot,
29:33 et ça nous touche tous, je ne m'exclue pas
29:35 de ça, loin de là, et peut-être une certaine
29:37 lâcheté aussi. C'est-à-dire qu'on se
29:39 dit "Bon, on ne peut rien faire, il n'y a rien
29:41 à faire, voilà, c'est comme ça, qu'est-ce que vous voulez
29:43 qu'on fasse, etc." C'est ça, la chose
29:45 la plus difficile, Angèle,
29:47 et je comprends très bien ce que vous dites, et on a
29:49 tous cette tentation.
29:51 Je crois, nous avons...
29:53 - Oui, nous avons Sandrine, qui nous appelle du Lot
29:55 et Garonde. Bonjour Sandrine. - Bonjour Sandrine.
29:57 - Oui, bonjour, bonjour André,
29:59 bonjour à votre invité, que j'ai
30:01 écouté passionnément, d'ailleurs je vais
30:03 acheter son livre. Je...
30:05 voilà, je vous appelle parce que moi,
30:07 suite à ma profession, je suis agricultrice
30:09 et lebertier, j'ai énormément de...
30:11 de personnes immigrées qui viennent me
30:13 chercher du lait, bon, enfin, je n'ai peut-être pas le droit,
30:15 mais tant pis, je suis contrôlée, c'est pas grave,
30:17 peu importe, et...
30:19 je voulais simplement dire que j'ai eu, donc, un couple
30:21 syrien, au début,
30:23 donc c'est le garçon qui traduisait,
30:25 il parlait en français,
30:27 il parle en français d'ailleurs, parce qu'il continue, mais
30:29 remarquable, et son papa
30:31 est très effacé, donc,
30:33 bon, d'un moment, je lui dis "mais vous êtes de
30:35 quel... vous êtes de quel pays ?"
30:37 parce que, voilà, je ne précise... je ne parle jamais, voilà.
30:39 Et donc il m'a expliqué qu'il était syrien,
30:41 mais qu'il ne disait pas le dire parce que
30:43 il me dit "on ne nous aime pas", et je lui dis "mais
30:45 qui ne vous aime pas ?" Et bien il me dit
30:47 "mais parce qu'on arrive de la Syrie, avec tout ce qui s'est
30:49 passé, les attentats,
30:51 ah, mais je lui dis, mais ça c'est autre chose."
30:53 Je lui dis "si vous êtes partis de là-bas,
30:55 c'est que, il y avait..." alors il me dit "oui, on
30:57 venait aux refugiés, donc politique."
30:59 Alors je lui dis "oui, mais non." Puis après, on parle,
31:01 on parle, et puis il me dit "mais vous, c'est bien,
31:03 parce que, effectivement, on a... voilà,
31:05 je parle
31:07 à une personne, je ne parle
31:09 pas à une religion, je parle
31:11 à une personne." Et en fait,
31:13 on a eu souvent des discussions là-dessus,
31:15 avec des clients que j'ai, qui arrivent
31:17 un peu de partout, enfin, partout,
31:19 même, donc, des ouvriers qui viennent
31:21 du Maroc, qui sont espagnols,
31:23 espagnols, espagnols d'origine marocaine,
31:25 et, en fait,
31:27 on ne comprend pas,
31:29 personne ne comprend, à un moment donné,
31:31 cette radicalisation, ce passage,
31:33 et à un moment donné, je peux, je résume
31:35 un petit peu ce que dit votre invité,
31:37 cette gauche,
31:39 extrême gauche,
31:41 ne veulent pas qu'ils évoluent.
31:43 - Ne veulent pas qu'ils... - Voilà, à mon sens,
31:45 que les émigrés évoluent, en fait.
31:47 - Oui, oui. - Voilà.
31:49 - Ils veulent qu'ils restent dans leur séparation,
31:51 et leur séparatisme. - Exactement.
31:53 - Mais c'est ce que dit Omar Youssef Suleiman,
31:55 c'est ce qu'Angèle dit, c'est ce qu'on dit dans votre livre.
31:57 - Tout à fait, vous avez raison, merci de le dire, et justement, c'est ce que l'on appelle
31:59 le casse colonial, c'est-à-dire, ils encadrent
32:01 ces émigrés dans
32:03 leur cliché,
32:05 ils les interdisent de parler, etc.
32:07 Après, en tout cas, je pense que la radicalisation
32:09 est intolérable, dans tous les sens,
32:11 et je pense, ce qu'il me semble,
32:13 beaucoup de monde, on va choisir de venir en France,
32:15 mais, on peut choisir
32:17 d'être français, et d'être intégré ici.
32:19 - Oui, c'est ça.
32:21 On peut être, on est pas pachosé, mais justement, on peut choisir
32:23 d'être intégré, et l'intégration est
32:25 possible. - Bien sûr que c'est possible.
32:27 - Voilà, et c'est important.
32:29 - On va continuer de prendre vos témoignages dans un instant,
32:31 après cette courte pause, on est toujours avec
32:33 Omar Youssef Suleiman, et puis vous, au 0826
32:35 300 320, tout de suite, sur celui de Radio.
32:37 Dernière ligne droite dans ce face-à-face
32:39 de Berkhoff, dans tous ses états, on est ensemble jusqu'à 14h,
32:41 nous sommes toujours avec Omar Youssef Suleiman,
32:43 pour son livre "Être français"
32:45 publié chez Flammarion, et puis nous sommes aussi en direct
32:47 avec Sany, qui nous appelle de Marseille.
32:49 Bonjour Sany. - Bonjour Sany. - Bonjour.
32:51 - Bonjour. - Bonjour. - On vous écoute
32:53 Sany. - Moi je tenais
32:55 à intervenir en fait, par rapport à
32:57 cette émission en particulier,
32:59 et tout ce qu'on peut entendre depuis
33:01 quelques temps, au fait,
33:03 au sujet des immigrés, des descendants des immigrés.
33:05 Personnellement, je suis infirmière
33:07 libérale depuis 20 ans, dans les pires cités
33:09 de Marseille, ce dont vous n'entendez
33:11 pas réellement parler
33:13 à leur visite auteur, on va dire. - Oui.
33:15 - Et en fait, je ne suis pas
33:17 vraiment d'accord, quelque part, parce que
33:19 vous voyez, la plupart de mes patients sont des
33:21 gens qui sont arrivés après la guerre
33:23 d'Algérie,
33:25 donc qui ont un certain âge,
33:27 et je vous assure que quand,
33:29 surtout chez les dames,
33:31 les propos que ces dames
33:33 vont me tenir au sujet de la France,
33:35 et de la manière dont elles ont élevé leurs enfants,
33:37 et de la manière dont leurs propres enfants
33:39 ont élevé leurs enfants,
33:41 c'est pas du tout
33:43 dans ce truc d'être français,
33:45 de bien vivre ensemble,
33:47 et c'est des propos très durs, très violents,
33:49 très injurieux.
33:51 - C'est-à-dire de quel genre, non, mais vous pouvez dire,
33:53 c'est-à-dire, c'est dire quoi, français, ça nous
33:55 intéresse pas, on s'en fout ?
33:57 - Ah non, non, vous êtes venus chez nous
33:59 par rapport à la guerre,
34:01 d'Algérie. - Ah oui, vous nous avez colonisés,
34:03 c'est ça, etc. - Voilà.
34:05 Maintenant, nous on est là, on fait beaucoup d'enfants,
34:07 et sexuellement, les mots de
34:09 grand-mère qui ont 90, 92 ans,
34:11 95 ans, on va vous niquer,
34:13 excusez-moi pour le terme,
34:15 et nous on fait beaucoup d'enfants,
34:17 d'ici 50 ans vous serez plus là,
34:19 nous on travaille pas, et on est là,
34:21 et on vous prend toujours, vous travaillez pour nous,
34:23 vous êtes nos esclaves maintenant,
34:25 et c'est le mot de grands-parents, en fait, vous voyez ?
34:27 - Et vous avez entendu ça
34:29 souvent, Sany ?
34:31 - Ah bah oui, oui, oui, c'est pas
34:33 du quotidien, on va dire, parce qu'il faut quand même
34:35 arriver à un certain
34:37 degré de confiance pour que la personne vous dise ça.
34:39 - Bien sûr, bien sûr, bien sûr.
34:41 - Mais c'est nous, c'est ce qu'on vit
34:43 au quotidien dans les cités de Marseille,
34:45 c'est-à-dire que moi, j'ai la peau
34:47 blanche, malheureusement, je suis blonde aux yeux bleus,
34:49 et forcément, c'est compliqué. - Bah, malheureusement, pourquoi malheureusement ?
34:51 - Bah parce que pour travailler
34:53 là-bas c'est compliqué, pour travailler
34:55 là-bas c'est compliqué, je suis fouillée,
34:57 ma voiture est fouillée, il y a des barrages,
34:59 des fois je ne peux pas aller voir des patients parce qu'ils ne nous laissent
35:01 pas rentrer. - Et ils,
35:03 qui ils ?
35:05 - Euh... - Les dealers ?
35:07 - Les teneurs, non pas que
35:09 les dealers, si vous êtes blanche, vous ne rentrez pas.
35:11 - Ah bon ? - Pas que les dealers, il y a les barrages des dealers
35:13 qui sont là plutôt en après-midi,
35:15 à partir d'une certaine heure
35:17 de l'après-midi. - Attendez, Sany,
35:19 vous dites quelque chose, parce que ça on l'a pas tellement
35:21 entendu, vous dites que, vous pensez que parce
35:23 que vous êtes blanche, en plus de couleur blanche,
35:25 vous ne rentrez pas.
35:27 - Ah bah on me l'a déjà dit,
35:29 c'est pas, je pense, c'est ce qu'on m'a dit,
35:31 c'est pas partout évidemment, heureusement. - Bien sûr, bien sûr.
35:33 - Mais il y a certains halls
35:35 d'immeubles, certains halls d'immeubles
35:37 où vous ne pouvez plus rentrer, et il y a certains
35:39 cités dans Marseille où il n'y a aucun soignant
35:41 qui va, aucun. Vous avez Rosier
35:43 à Marseille, vous n'avez aucun soignant,
35:45 même médecin, qui ne prendra jamais,
35:47 aucun patient, Rosier, celle-là,
35:49 Rosier, enfin, parce que, bah on sait très
35:51 bien qu'on va avoir des problèmes.
35:53 - Ouais, ouais. - Et donc
35:55 voilà, moi j'appelais par rapport à ça,
35:57 le vivre ensemble, j'entends,
35:59 il y a plein de gens en Orléans. - Bah oui, bah oui.
36:01 - Mais le problème,
36:03 moi ce que j'arrive surtout à comprendre, c'est que des gens
36:05 qui sont venus en France, ils ont choisi de venir en France
36:07 pour les raisons qui
36:09 les concernent, pourquoi
36:11 60 ans après être en France,
36:13 ne parlent-ils toujours pas être français ?
36:15 Pourquoi crachent-ils sur la France ?
36:17 Et pourquoi revendiquent-ils le fait
36:19 d'éduquer leurs gosses à haïr la France
36:21 et à niquer la France au moins ? - Alors cela dit,
36:23 Sany, il faut le dire, c'est pas, il faut pas
36:25 généraliser non plus, ce n'est pas...
36:27 - Oui mais moi c'est mon quotidien, voyez ?
36:29 - Je comprends, je comprends.
36:31 - Moi c'est ma généralité. - Mais il faut en parler
36:33 absolument, absolument, vous vivez ça
36:35 en expérience et vous le dites et
36:37 c'est très légitime, ça s'appelle
36:39 la liberté, ça aussi, ça fait partie
36:41 de, complètement.
36:43 Omar, comment vous réagissez ? - Merci pour votre intervention.
36:45 - Oui, comment vous réagissez ? - Non mais c'est intéressant ce que vous dites,
36:47 je sais pas, est-ce que vous préférez que je rentre
36:49 chez moi ?
36:51 - Alors ? - Je rigole.
36:53 Non je veux dire, oui, parce que je viens d'ailleurs et
36:55 justement, non mais c'est intéressant
36:57 ce que vous dites et je suis désolé pour ça. - Elle parle des gens qu'elle rencontre
36:59 et qu'elle... - Oui, bien sûr. En fait
37:01 juste un commentaire, vous avez,
37:03 bon c'est triste et je pense que cela aussi fait
37:05 partie d'un discours radical
37:07 qui diabolise la France,
37:09 surtout dans les établissements scolaires, voyez ?
37:11 Les établissements scolaires qui représentent la France
37:13 comme le pays qui a
37:15 colonialisé les autres, surtout par rapport
37:17 à l'Algérie, et je pense que ce
37:19 qu'il faut dire, surtout
37:21 aux jeunes aujourd'hui, que cela fait partie
37:23 de l'histoire, il faut plier cette page,
37:25 et nous aujourd'hui, on est dans un nouveau monde,
37:27 il faut penser à l'avenir,
37:29 et tout comme les soldats français ont
37:31 commis des massacres en Algérie, mais aussi,
37:33 il y avait le Front
37:35 National, le Front Félène,
37:37 a aussi commis des massacres
37:39 contre les Français et les Algériens,
37:41 et donc il faut aussi savoir
37:43 quelque chose, il faut dire quelque chose
37:45 pour ces jeunes, que le mot "France" vient
37:47 de "Franc". - Français ?
37:49 - Oui, c'est un mot germanique
37:51 qui était fait par
37:53 ceux qui ont attaqué la France au 5ème siècle,
37:55 donc la France a été aussi colonialisée,
37:57 donc c'est ridicule tout ce discours,
37:59 et je pense que cela fait partie du racisme
38:01 que ce que vous souffrez,
38:03 qu'on est tous contre, bien sûr.
38:05 - Oui, mais c'est le propre de l'être humain
38:07 de souffrir la guerre, surtout sur la planète,
38:09 en n'importe quelle époque.
38:11 - Bien sûr. - Malheureusement.
38:13 - Merci, Sany, en tout cas. - Merci à vous.
38:15 Passez une bonne journée.
38:17 - Vous aussi. - Merci.
38:19 - On passe à Montpellier, puisque nous avons
38:21 Abdelkarim qui nous appelle au 0826-333.
38:23 Bonjour Abdelkarim. - Bonjour Abdelkarim.
38:25 - Bonjour l'équipe de Sud Radio,
38:27 M. Bercoff et toute l'équipe.
38:29 Moi je voulais juste
38:31 rajouter quelque chose
38:33 par rapport à ce que
38:35 M. Givet... - Omar Suleiman, oui.
38:37 - Voilà, par rapport
38:39 au financement
38:41 qu'arrive via les réseaux
38:43 sociaux pour islamiser,
38:45 ainsi de suite,
38:47 propager
38:49 une sorte de
38:51 prosélytisme. Moi je ne suis pas
38:53 du tout d'accord avec lui, parce que
38:55 moi-même étant père de famille, j'ai trois
38:57 enfants, donc le devoir,
38:59 il est de notre devoir en tant que parents
39:01 d'avertir nos enfants, vous voyez ?
39:03 Donc c'est le premier devoir
39:05 des parents. Donc je suis désolé,
39:07 à partir de là, c'est trop facile
39:09 de dire "ils envahissent les réseaux sociaux",
39:11 mais bon, si il n'y a pas
39:13 les parents pour éduquer leurs enfants,
39:15 à un moment donné, c'est... - Un vrai problème.
39:17 - Peu importe, que ce soit les Qataris,
39:19 ou que ce soit les théoriques,
39:21 ou peu importe, je veux dire,
39:23 ils seront touchés, que ce soit
39:25 par la pornographie, ainsi de suite, vous voyez ?
39:27 - Mais dis-moi Abdelkarim,
39:29 vous soulevez un très problème,
39:31 bien sûr. Là, la responsabilité
39:33 des parents, c'est très important.
39:35 Mais il y a tellement, et pas seulement
39:37 d'ailleurs dans les familles islamiques
39:39 ou autres, il y a tellement
39:41 de familles décomposées aujourd'hui en France,
39:43 et c'est le problème.
39:45 - Mais vraiment là,
39:47 vous voyez, là vous mettez vraiment un point,
39:49 on va dire,
39:51 un point vraiment sur le problème
39:53 néfaste des
39:55 ados d'aujourd'hui.
39:57 Moi, je forme pas mal
39:59 d'apprentis, donc
40:01 la plupart, ils ont 15 ans, 16 ans,
40:03 vous voyez, nous, le début, on leur apprend
40:05 pas le métier, vous voyez, on leur apprend
40:07 déjà, on les rééduque
40:09 une deuxième fois. - Oui, oui, je comprends.
40:11 - Donc on rééduque, on a une petite année
40:13 pour rééduquer, pour les accompagner
40:15 avec une pédagogie
40:17 qui est, comment dire ça,
40:19 qui est propre à chacun des élèves,
40:21 vous voyez, parce que la pédagogie
40:23 on peut pas, on peut pas
40:25 comment dire ça, l'étaler sur tout
40:27 le monde, c'est chacun,
40:29 la pédagogie et la personnalité de chacun,
40:31 le comportement de chacun,
40:33 sa vie sociale
40:35 n'est pas la même que les autres, donc
40:37 vous voyez, mais
40:39 je voulais juste rajouter ici un...
40:41 - Très rapidement,
40:43 Abdelkarim, parce que nous arrivons à la fin de l'émission,
40:45 dites-moi, très rapidement. - Voilà, juste,
40:47 en fait, je pense qu'il faut arrêter
40:49 en fait de tout le temps
40:51 soulever l'islamisation, parce que
40:53 quand on parle d'islamisation,
40:55 il y a la racine du mot
40:57 "Islam", "Islam", c'est la peau,
40:59 on peut pas mélanger les deux, la vérité
41:01 et le mensonge ne se mélangent pas,
41:03 vous voyez ? - C'est vrai, c'est vrai, mais vous savez,
41:05 mais vous savez très bien qu'il y a, oui, mais
41:07 Abdelkarim, vous savez très bien qu'il y a des gens qui utilisent
41:09 l'islam pour des motifs
41:11 politiques et absolument pas religieux,
41:13 vous le savez très bien.
41:15 - Je suis d'accord avec vous, mais je suis le premier à le dénoncer.
41:17 - Oui, mais... - Mais donc, il y a
41:19 l'islam politique en France, vous êtes d'accord ?
41:21 - Pardon ? Oui, allez-y, euh... - Je vous redresse,
41:23 vous êtes d'accord qu'il y a l'islam politique en France ?
41:25 - Non, pas du tout,
41:27 je suis pas d'accord. - Il n'y a pas d'islam politique ?
41:29 - Non, non, non, parce que moi, je vous dis,
41:31 moi je suis assez averti. - Comment vous exprimez,
41:33 comment vous expliquez les attentats qu'on a
41:35 suffer ces dernières années ?
41:37 - Mais pour moi, c'est pas des musulmans !
41:39 Je suis désolé, moi je peux vous citer un verset
41:41 du Coran ? - On va pas rentrer dans un discours
41:43 qui est musulman, qui n'est pas musulman, mais d'autre façon,
41:45 je pense qu'il y a un islam radical... - Mais, mais, mais...
41:47 - Non, je pense qu'il y a un islam radical
41:49 qui existe en France comme il existe ailleurs,
41:51 et nous, on résiste, on...
41:53 On lutte contre cet islam radical
41:55 justement pour les musulmans qui vivent
41:57 en France, et pas contre les musulmans, c'est pas contre
41:59 vous, évidemment, vous voyez. On lutte pas contre
42:01 les musulmans, mais contre un islam radical,
42:03 tout simplement. - Je vous propose qu'on
42:05 continuera ces discussions
42:07 avec vous,
42:09 Abdelkarim, c'est une vraie discussion,
42:11 et merci en tout cas d'y avoir participé,
42:13 là malheureusement nous arrivons à 14h,
42:15 nous sommes obligés de rendre l'antenne,
42:17 mais je vous assure qu'on reprendra ce débat.
42:19 - Évidemment, et puis on revient demain, comme tout le jour,
42:21 de midi à 14h. Merci Omar Youssef
42:23 Souleymane d'avoir été notre invité aujourd'hui, je rappelle,
42:25 ce livre "Être français" s'est publié
42:27 chez Flore Marion, c'est disponible
42:29 depuis la semaine dernière en librairie, et puis
42:31 On se retrouve demain, de midi à 14h.