Avec Ketty Rios Palma, réalisatrice de télévision.
Retrouvez Muriel Reus, tous les dimanches à 8h10 pour sa chronique "La force de l'engagement" sur Sud Radio.
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##LA_FORCE_DE_L_ENGAGEMENT-2023-10-01##
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NewsTranscription
00:00 AGP, Association d'assurés engagés et responsables présente
00:04 Sud Radio, le grand matin week-end, la force de l'engagement, Muriel Reus.
00:10 Bonjour Muriel. Bonjour Jean-Marie.
00:12 S'engager pour les épiceries solidaires, c'est votre cause aujourd'hui.
00:16 On va en parler dans un instant avec votre invitée qui est Thirios Palma,
00:19 qui est la réalisatrice du documentaire "Le début de la fin".
00:21 Ce sera diffusé mercredi soir sur France 2 dans Infrarouge.
00:25 Pourquoi avoir choisi cette cause aujourd'hui Muriel ?
00:27 Parce que c'est un sujet d'importance, un sujet d'actualité.
00:30 Les derniers sondages nous le prouvent, les Français ont de moins en moins d'argent pour vivre au quotidien.
00:34 Alors en France, le nombre de personnes qui dépendent de l'aide alimentaire a triplé en 10 ans.
00:39 Une million de personnes en bénéficient actuellement.
00:42 Avec la prise de conscience accrue des problèmes de précarité et de montée des difficultés économiques pour certains,
00:47 il est devenu évident que de nouvelles formes de solidarité et d'aide étaient nécessaires.
00:51 Ainsi sont nées des épiceries solidaires où des personnes qui ont reste à vivre journalier de moins de 5 euros,
00:57 vous avez bien entendu de moins de 5 euros par jour à consacrer à l'alimentation,
01:00 peuvent venir choisir et acheter des produits alimentaires et d'autres biens essentiels
01:04 à des prix très faibles, en moyenne inférieure de 80% à ceux pratiqués ailleurs.
01:09 Alors pour y accéder, ce n'est pas si simple.
01:11 Il faut la prescription d'une assistante sociale qui décidera,
01:14 en fonction de votre niveau de précarité, la durée d'accès à cette aide.
01:18 Si le rôle des épiceries solidaires était censé dans la lutte contre la précarité alimentaire
01:22 et dans le renforcement du lien social, la sortie de l'isolement et l'accompagnement pour un futur meilleur,
01:27 force est de constater qu'elles ont beau monter en puissance, les besoins augmentent aussi.
01:31 L'inflation, le coût de la vie, met à mal les personnes et les familles de la classe moyenne,
01:35 car ce sont, oui, majoritairement elles qui le tendent de surmonter une période difficile,
01:39 un chômage, une maladie, un divorce, une voiture qui va se casser, y ont recours.
01:43 41% des utilisateurs entre 26 et 59 ans et la majorité sont des femmes.
01:48 Alors quand on ne peut plus se nourrir convenablement,
01:51 quand on ne peut plus que penser à comment nourrir ses enfants,
01:54 quand il ne reste que 5 euros par jour pour s'alimenter, la vie devient cruelle.
01:59 Car devoir faire appel aux aides reste un défi émotionnel et social
02:02 pour les personnes qui n'ont pas d'autre choix.
02:04 C'est bien plus qu'une simple démarche pour combler un besoin,
02:07 c'est le reflet d'une vénérabilité, d'un moment de vie, où soutien extérieur devient vital.
02:12 Si franchir le seuil d'une épicerie solidaire est un acte emprunt de courage,
02:16 marqué par la crainte du jugement, la confrontation à sa propre précarité
02:20 et l'ombre d'une stigmatisation sociale, je ne peux que conseiller d'y avoir retour,
02:24 car le futur est toujours meilleur quand on est accompagné, aidé, entendu et compris.
02:30 Et bien parlons-en avec votre invitée Muriel, on accueille avec plaisir Katie Rios-Palma.
02:35 Bonjour à vous.
02:36 Vous êtes la réalisatrice de ce documentaire "Le début de la faim, fin F A I M"
02:40 diffusé mercredi soir en deuxième partie de soirée dans Infrarouge sur France 2.
02:44 Vous êtes l'invitée de Muriel Reuss.
02:46 Alors Katie, à votre actif, Canal+, France 3, plusieurs séries documentaires sur France Télévisions.
02:51 Depuis quelques années, vous écrivez et réalisez des documentaires engagés personnels comme incasables.
02:56 En 2021, "Itinéraire d'un enfant placé" et comme Jean-Marie vient de le dire,
03:01 mercredi prochain dans la case Infrarouge, le 4, on diffusera ce documentaire "Le début de la faim"
03:09 comme vous l'avez très justement intitulé.
03:11 Alors pourquoi ce documentaire et pourquoi avoir choisi ce lieu très singulier à Poitiers,
03:17 dont on parlera de façon un peu plus détaillée tout à l'heure ?
03:20 Pourquoi ce film ?
03:22 D'abord, un choc, un choc que je pense qu'on est beaucoup à avoir éprouvé
03:30 en voyant pendant toute la période du Covid les files d'attente
03:34 qui s'allongeaient devant les distributions d'aide alimentaire.
03:37 Et en fait, un choc aussi parce que ces files d'attente qui s'allongeaient,
03:42 elles s'allongeaient parce que les visages qui composaient ces files d'attente,
03:46 c'était des visages qu'on ne pensait pas trouver là.
03:49 Et qu'on ne voyait pas avant.
03:51 Et en fait, je crois que le Covid vraiment, c'est une question qu'on s'est posée avec mon producteur Olivier Lodarzyk,
03:57 le Covid a fait ressurgir au grand jour l'insécurité alimentaire.
04:03 Mais l'insécurité alimentaire dans le sens où elle ne touche plus que les personnes dans la précarité.
04:09 Dans la très grande précarité.
04:11 Elle touche aussi plusieurs classes sociales et c'est à sa sécurité.
04:18 Elle est due à des causes très différentes.
04:20 Donc c'est à la fois des chômeurs, des familles monoparentales,
04:24 des gens qui travaillent mais qui ont un travail précaire,
04:27 qui ne touchent pas beaucoup d'argent, les retraités.
04:29 Et toutes ces personnes, c'est la définition de l'insécurité alimentaire.
04:34 C'est-à-dire que le Covid les a fait basculer.
04:37 Ce constat était...
04:41 Il fallait qu'on en fasse quelque chose.
04:44 On avait envie en tout cas de nous l'incarner.
04:47 Et moi, en général, je fais rarement des films sur un thème ou une idée.
04:54 Mes précédents documentaires, c'était les films inécits d'une rencontre.
04:59 Et là, on avait vraiment ce besoin, cette envie de faire un film là-dessus,
05:03 sur l'insécurité alimentaire, de mettre des visages sur ce concept.
05:09 Et du coup, on avait cette envie et maintenant il fallait avoir les rencontres.
05:14 Et la rencontre, elle s'est faite.
05:15 Vous allez aller à Poitiers et vous allez rencontrer Chloé.
05:19 Alors Chloé, elle est dingue.
05:22 C'est un petit bout de femme complètement investie, une énergie de dingue.
05:27 Un bout de femme qui est entourée d'une joyeuse bande de bénévoles.
05:31 Elle a 450 clients et elle connaît les noms et les prénoms de tout le monde.
05:34 Et non seulement elle connaît les noms et les prénoms de tout le monde,
05:36 mais en plus, elle connaît leur situation familiale.
05:38 Elle leur parle des enfants, elle leur parle des mères.
05:41 Elle est incroyable, cette femme.
05:43 Elle est incroyable.
05:45 En fait, quand j'arrive à Poitiers et que je prends contact
05:50 avec toutes les associations d'aide alimentaire,
05:55 Chloé, comme d'autres, me dit "Viens, Kéti, tu veux rencontrer les gens ?
05:59 Viens les voir par toi-même."
06:01 Et je savais de toute façon que pour pouvoir faire ce film
06:04 comme j'avais envie de le faire, il fallait que j'aie quelqu'un
06:07 qui m'emmène avec elle, qui me présente
06:11 aux clients de l'épicerie, aux bénéficiaires de l'aide alimentaire,
06:15 en toute confiance.
06:17 Et voilà, Chloé, je pense qu'elle a aimé mon approche,
06:22 elle avait vu mon travail.
06:24 Et voilà, donc elle m'a accueillie, elle m'a présentée,
06:28 elle m'a dit "Tu peux parler avec untel, untel, untel,
06:32 ou mets-toi dans un coin si tu veux juste regarder comment ça se passe."
06:35 Et voilà, c'est ce que j'ai fait.
06:37 Et là, on rencontre Sabrina, aide-soignante intérimaire
06:39 qui lève seule ses deux fils, Laurent, qui est artisan photographe
06:42 sans travail depuis la crise du Covid,
06:44 on rencontre Lucie et Malik, un jeune couple au chômage
06:46 qui s'est pris de plein fouet l'inflation.
06:49 Alors tous ces gens-là, ils ont un reste à vivre de 7 jours
06:51 pour s'alimenter.
06:53 Pardon, de 7 jours. De 7 euros par jour pour s'alimenter.
06:56 C'est vraiment très très peu.
06:58 Je rappelle pour nos auditeurs que le reste à vivre,
07:00 c'est ce qui reste quand on élimine les charges.
07:02 Et ce qui frappe dans votre travail, moi je l'ai vu évidemment,
07:05 ce qui frappe quand on les entend, quand on les écoute,
07:07 c'est leur extrême dignité.
07:09 Et leur obsession de ne pas pouvoir...
07:11 Les mères le disent à pratiquement toutes.
07:13 Moi je peux manger du pain toute la semaine,
07:15 mais la seule chose que je ne peux pas faire, c'est de ne pas donner un goûter à mes enfants.
07:18 C'était quelque chose que...
07:23 J'étais prête à entendre ça.
07:26 Je savais que...
07:28 On m'avait dit... J'ai rencontré plein de gens
07:30 qui m'ont raconté tout ça.
07:32 Après, c'était...
07:34 Ce qui était incroyable dans ce lieu,
07:36 c'est qu'effectivement, ils n'avaient aucun souci pour se raconter.
07:40 Parce que j'étais dans l'enceinte de l'épicerie,
07:43 qu'ils étaient en toute confiance.
07:45 Et dans cette épicerie, ils n'éprouvent pas de montre.
07:47 Ils y rentrent la tête haute.
07:49 Après, moi le travail c'était de faire en sorte
07:52 que certains acceptent de mettre ces mots
07:55 et de me faire partager leur quotidien
07:58 dans cette difficulté-là.
08:00 C'est important ce que vous dites, "ils rentrent la tête haute",
08:02 parce que dans les épiceries solidaires,
08:04 dans les distributions, dans les Restos du Coeur par exemple,
08:06 où on vous donne des packs,
08:08 dans une épicerie solidaire, on choisit ses produits,
08:10 en fonction de ce qu'il y a, bien évidemment.
08:12 Puis on verra qu'il n'y a pas toujours grand-chose.
08:14 Et puis on paye. Alors on paye une somme minimale,
08:16 parce qu'on voit leur addition,
08:18 pour une semaine c'est 9 euros, 10 euros, 11 euros,
08:21 ce qui laisse absolument...
08:23 Je suis péfaite quand on voit ça.
08:25 Mais il y a cette dignité.
08:27 Vraiment, elle est présente tout au long du documentaire
08:29 chez chacune des personnes que vous avez interviewées.
08:31 Et parce qu'en fait, il y a aussi,
08:33 c'est ce que vous disiez tout à l'heure,
08:35 c'est-à-dire l'aide alimentaire, évidemment,
08:37 le rôle premier, c'est de nourrir.
08:40 Mais là, tout le travail aussi,
08:42 à l'épicerie, mais dans toutes les associations,
08:45 il faut les accompagner aussi, les gens.
08:47 C'est-à-dire que là,
08:49 quand elle les accueille,
08:51 Chloé, les bénévoles,
08:53 on prend des nouvelles, "où est-ce que tu en es dans ta recherche de travail ?
08:55 Et alors, tu as commencé ?"
08:57 Et il y a des ateliers.
08:59 Et ça participe aussi à
09:01 reprendre confiance dans soi,
09:05 dans ce qu'on est,
09:07 dans le rôle qu'on a aussi dans la société.
09:09 Et voilà.
09:13 Je ne sais pas si ça fonctionne comme ça partout,
09:16 si tout le monde a le temps de le faire.
09:18 En tout cas, là, moi, c'est pour ça que j'ai voulu me poser là.
09:20 C'est que je trouvais que c'était un point d'ancrage
09:23 où j'allais éviter, en tout cas,
09:27 le côté qu'on peut avoir sur ce sujet-là un peu misérabiliste.
09:29 J'avais en tout cas des gens qui étaient prêts à redresser la tête
09:33 et à rebondir, en fait.
09:35 Malgré les situations compliquées qui les avaient menées ici.
09:39 Alors, Chloé, elle s'apprécie donc près de la banque alimentaire.
09:42 Et en préparant cette conversation, vous m'avez dit,
09:44 je l'ai eue au téléphone la semaine dernière,
09:46 et la semaine dernière, quand elle est allée chercher
09:48 auprès de la banque alimentaire, c'est-à-dire une fois par semaine,
09:50 parce qu'elle y va une fois par semaine, parce qu'elle ouvre le mardi,
09:52 vous me dites, "elle est repartie pour 400 personnes avec 6 yaourts."
09:56 Comment c'est possible, ça ?
09:58 - Elle se pose elle-même, enfin, elle se pose la question.
10:02 Tout le monde subit ça de plein fouet, toutes les associations.
10:06 Mais de toute façon, c'est...
10:08 Bon, là, certes, il y a l'inflation, mais c'est quand même un mouvement
10:10 qui a été enclenché il y a même plusieurs années.
10:13 Ce que Chloé me disait quand j'ai commencé à tourner l'année dernière,
10:16 elle me disait, "tu vois, là, aujourd'hui,
10:18 par rapport à ce qu'on a, à ce qu'on met, nous, dans l'épicerie,
10:21 les gens peuvent manger ces quelques repas."
10:25 Avant, c'était...
10:27 Une famille pouvait vraiment presque se nourrir une semaine complète.
10:31 Et donc, petit à petit, les denrées se sont amoindries,
10:37 et les quotas dans l'épicerie, il y en a eu de plus en plus.
10:41 Avant, il n'y avait pas de quota pour le lait.
10:43 Avant, il n'y avait pas de quota pour les yaourts.
10:45 Moi, quand je suis arrivée en tournage, c'était 2 yaourts par personne,
10:49 par membre de la famille. 2 yaourts.
10:51 Des fois, il n'y avait pas du tout de lait.
10:53 Des fois, il y avait des oeufs à profusion.
10:55 Et des fois, pas d'oeufs.
10:57 Les pâtes, c'est pareil.
10:59 Les pâtes, quand on a faim,
11:02 les pâtes, on peut les agrémenter.
11:04 C'est un paquet de pâtes.
11:06 Je veux dire...
11:08 Moi, j'avais vraiment envie, dans ce film,
11:10 parce que là, on parle de chiffres,
11:12 on dit "un paquet de pâtes",
11:14 mais qu'est-ce que c'est, au quotidien, en fait ?
11:16 Et moi, je trouve,
11:18 et j'espère qu'on sentira les choses comme ça,
11:20 c'est que, dans le film, quand on voit, par exemple,
11:22 Laurent qui sort son raisin,
11:25 qu'il met dans sa corbeille de fruits,
11:27 quand on voit Sabrina,
11:29 qui est tellement heureuse
11:31 de ramener un poulet entier...
11:33 - Oui, elle dit d'ailleurs "Mon fils va enfin manger un poulet".
11:35 - Mais voilà !
11:37 Et puis, où Lucie,
11:39 qui est extrêmement heureuse
11:41 de pouvoir choisir un paquet de gâteaux,
11:43 je sais pas, aux fruits rouges ou au chocolat.
11:45 Je sais pas, c'est des choses...
11:47 - D'ailleurs, j'ai lu votre note d'intention, évidemment.
11:50 Vous, vous dites,
11:52 vous bossez, vous êtes réalisatrice,
11:54 vous travaillez pour Canal, vous travaillez pour France Télévisions...
11:56 - Il y en a, je fais ça il y a longtemps !
11:58 - Aujourd'hui, vous travaillez pour France Télé, presque exclusivement.
12:00 Enfin, peu importe, vous dites,
12:02 la question de la faim,
12:04 ou plutôt la peur de l'assiette vide,
12:06 s'est insinuée en moi lorsque je suis devenue maman.
12:08 Comment vous expliquez ça ?
12:10 - Je pense que c'est...
12:12 Enfin, vraiment,
12:14 moi, je me suis posé la question,
12:16 alors c'est sûrement aussi de moi, mon enfant,
12:18 c'est mon histoire personnelle,
12:20 mais on a jamais eu de difficulté à manger chez moi.
12:24 Au contraire, ma mère bossait,
12:26 elle rentrait, elle nous faisait...
12:28 J'ai jamais mangé de plat préparé, c'est maman qui faisait tout.
12:30 Et puis, il y avait vraiment ce...
12:32 Le dîner, c'était,
12:34 on était tous les quatre autour de la table,
12:36 on se racontait notre journée, c'était un moment convivial,
12:38 chaleureux, et on mangeait bien,
12:40 enfin, sain.
12:42 Et moi, j'ai eu vraiment, quand j'ai eu mes enfants,
12:44 juste de me dire,
12:46 "Un jour, je peux juste pas acheter
12:48 des bonnes choses
12:50 pour que mes enfants aient du plaisir à manger,
12:52 que mes enfants grandissent bien."
12:54 Je sais pas si je pourrais supporter ça.
12:56 - C'est ça, ou c'est le sentiment qu'on a tous aujourd'hui,
12:58 tous, je crois.
13:00 Vous savez, il y a 20 ans,
13:02 on avait le sentiment qu'on ne perdrait jamais son job,
13:04 et puis après, au fur et à mesure, on s'est dit,
13:06 "Ah bah tiens, ça peut m'arriver à moi aussi de me faire virer du jour au lendemain."
13:08 Et puis maintenant, on se dit, peut-être,
13:10 tous, que notre vie peut basculer,
13:12 parce qu'elle peut basculer à cause d'un divorce,
13:14 comme je l'ai dit tout à l'heure, à cause d'une...
13:16 D'ailleurs, il y a une des personnes que vous interrogez,
13:18 j'ai oublié son prénom, elle est absolument formidable,
13:20 qui dit, "L'épicerie Solidaire, ça m'a permis de mettre
13:22 100 euros de côté par mois.
13:24 Avec ces 100 euros, j'ai acheté une voiture à 600 euros,
13:26 et grâce à cette voiture, aujourd'hui,
13:28 je peux recommencer à travailler."
13:30 Donc on voit bien à quel point
13:32 c'est fragile, tout ça.
13:34 - Et puis, ils sont tous...
13:36 Là, Sabrina, elle est en fin de droit.
13:38 C'est-à-dire que ça fait
13:40 un an et demi qu'elle est à l'épicerie.
13:42 - Oui, c'est vrai. Il y a eu d'abord ce...
13:44 Le côté "je me nourris pour pas très cher,
13:46 et l'argent que je ne dépense pas
13:48 dans l'alimentaire me permet de
13:50 payer ma facture d'électricité, mon loyer."
13:52 Et puis, quand elle a
13:54 commencé à reprendre un peu le travail,
13:56 finalement, l'argent qu'elle ne mettait pas,
13:58 elle a pu le mettre de côté pour
14:00 avoir une voiture, et donc accepter
14:02 démission en tant qu'aide-soignante.
14:04 Mais Laurent, par exemple, lui,
14:06 au moment où je filme, il est là depuis deux mois.
14:08 Lui, c'est vraiment...
14:10 Là, ça va peut-être me permettre de faire
14:12 un peu plus d'un repas par jour, et de penser
14:14 enfin à autre chose que
14:16 "qu'est-ce que je vais manger ce soir ?
14:18 Qu'est-ce que je vais manger demain ?" Parce que quand on ne pense
14:20 qu'à ça, je...
14:22 Enfin, je ne l'ai pas vécu, mais
14:24 on ne peut penser à rien d'autre.
14:26 - Et ces personnes, aujourd'hui ? Laurent, par exemple ?
14:28 - Laurent, c'est...
14:30 Laurent...
14:32 Je l'ai eu, mais Laurent, il est extrêmement
14:34 humble, et il veut...
14:36 Enfin, chacun, ils ne veulent tellement pas qu'on s'apitoie
14:38 sur leur sort, donc il n'ira jamais à me dire
14:40 que, mais je sens que là, il est
14:42 plutôt passé en mode survie.
14:44 Très clairement.
14:46 Sabrina, elle arrive à
14:48 mener sa barque,
14:50 comme elle dit, à vivre de son
14:52 propre salaire.
14:54 Donc ça, elle est contente.
14:56 Ce n'est pas toujours évident, parce qu'elle aussi,
14:58 comme tout le monde, elle a l'inflation.
15:00 Et Lucie et Manique,
15:02 Lucie, elle...
15:04 Elle a fait beaucoup, beaucoup de concerts.
15:06 Elle a sorti son album,
15:08 de rap, mais bon, maintenant, il faut
15:10 qu'elle puisse en vivre.
15:12 Donc là, elle a encore deux mois de chômage,
15:14 et elle se pose vraiment la question de qu'est-ce qui va se passer
15:16 après.
15:18 - Je rajuste juste que
15:20 l'épicerie, elle appartient au Centre socio-culturel,
15:22 c'est une association. D'ailleurs, Chloé, c'est la seule salariée
15:24 d'équipe. Et les produits qu'elle va chercher
15:26 à la Banque Alimentaire, elle les paye.
15:28 Elle les paye 80 centimes par personne, et pas
15:30 mardi. Donc ça veut dire que chaque semaine,
15:32 elle se délaisse d'à peu près 320 euros.
15:34 Et qu'elle achète aussi, quand elle le peut,
15:36 en gros, auprès des jeunes
15:38 producteurs. Alors on arrive à la fin de cette conversation.
15:40 Katie,
15:42 vous en retenez quoi de cette expérience ?
15:44 Qu'est-ce que ça laisse en vous, ce travail que vous avez
15:46 effectué dans cette épicerie solidaire ?
15:48 - Euh... Beaucoup
15:50 d'optimisme, quand même.
15:52 - Oui. - Bah, enfin, je...
15:54 Parce que, voilà, il y a des...
15:56 Il y a des personnes comme
15:58 Chloé, et comme tous les bénévoles,
16:00 qui donnent d'eux... Enfin, qui ont
16:02 une énergie à...
16:04 À...
16:06 À accompagner les gens qui, à un moment donné,
16:08 ont une fragilité. Et bah, et cette...
16:10 Cette fragilité, bah, ils vont,
16:12 en tout cas, j'espère, pour les uns et les autres,
16:14 en faire une force. Et tant
16:16 qu'il y a cette énergie-là,
16:18 cette... - Cette lumière au milieu
16:20 du tunnel. - C'est ça, exactement. Et bah...
16:22 On est... On est...
16:24 On est fort, non ? Ça nous donne des forces à tous, quoi.
16:26 Je trouve. Enfin, voilà. - Merci, Katie. Donc,
16:28 mercredi, 4 octobre, on sera rouge. - Le rendez-vous est
16:30 enregistré, exactement, en documentaire. - Bah, merci à vous.
16:32 - "Infrarouge", mercredi soir, 22h50.
16:34 Deuxième partie de soirée sur France 2.
16:36 Le début de la fin, fin FIM, signée
16:38 de notre invitée, Katie Rios-Palma.
16:40 Merci beaucoup. - Merci à vous. - Et merci à vous,
16:42 Muriel Réus. On vous retrouve dimanche prochain. - Merci Jean-Marie. À dimanche prochain.
16:44 (Générique)
16:46 - Sud Radio, le grand matin-week-end.
16:48 La force de l'engagement.
16:50 Muriel Réus. - Avec AGPI,
16:52 Association d'Assurés Engagés et Responsables.
16:54 et responsable.