Au moment où Emmanuel Macron présente son cap sur la planification écologique, Julien Sellier, Marion Calais et Cyprien Cini reçoivent l'un des co-présidents du Giec, Robert Vautard.
Regardez L'invité de RTL Soir du 25 septembre 2023 avec Marion Calais et Julien Sellier.
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00:02 Julien Cellier, Marion Calais et Cyprien Sini.
00:07 RTL bonsoir jusqu'à 20h.
00:10 18h19, RTL bonsoir avec notre invité. Événement maintenant au moment où Emmanuel Macron vient de présenter son cap sur la planification
00:17 écologique. Son discours vient de se
00:20 terminer à l'Elysée. Il a annoncé notamment 700 millions d'euros de l'Etat pour bâtir 13 RER métropolitains. C'est un projet qu'il avait
00:27 déjà évoqué par le passé et la production d'un million de pompes à chaleur. Ce sont les deux grandes annonces
00:33 à retenir de ce discours.
00:35 Eh bien nous recevons maintenant pour sa première réaction l'un des coprésidents du GIEC, d'un des groupes de travail de ces experts du
00:41 climat. Ce sont leurs rapports qui servent de base scientifique aux décisions des grandes semondes.
00:45 Robert Votard est notre invité. Bonsoir. Bonsoir. Alors le président vient de prendre la parole.
00:50 Est-ce que vous attendiez davantage
00:53 de concrets, davantage d'annonces ? On a du mal à parler de cap. C'était le terme qui était
01:00 prévu mais on n'a pas senti à la fois aujourd'hui ni sur TF1 et France 2 hier le président adepte
01:06 d'annonces assez radicales sur nos changements de comportement.
01:09 Or le GIEC dit il faut une réduction rapide forte des émissions de gaz à effet de serre pour limiter le réchauffement.
01:14 La question que je vous pose elle est
01:16 simple si je la résume comme ça. Est-ce que ce cap est assez ambitieux ?
01:20 Alors c'est très difficile bien sûr de dire pour deux raisons. La première c'est qu'on n'a pas les chiffres précis,
01:27 les mesures précisées, tout ça, mais je pense qu'elles sont dans le plan de
01:32 de monsieur Pellion qui travaille depuis deux mois. Monsieur Pellion qui est en charge de la planification
01:37 écologique auprès d'Elisabeth Born.
01:40 Absolument et donc qui a consulté un petit peu l'ensemble des secteurs, l'ensemble des ministères etc.
01:47 Il y a quand même un travail de fond qui est fait qui ne peut pas être, comment dire, je pense,
01:52 résumé en quelques minutes comme ça.
01:54 Néanmoins
01:57 Voilà il y a un besoin, ce besoin de planification il est
02:03 cité
02:05 par tous les experts. Je pense qu'il n'y a pas de
02:09 discussion là-dessus. L'ambition, je pense qu'il faut aller vraiment dans les
02:15 dans les détails et il faudra regarder. On se demande pourquoi le président ne donne pas de détails. Sur le long cours
02:21 écoutez je ne suis pas habilité à répondre à ce genre de questions.
02:27 Mais est-ce que ce qu'il vient d'annoncer, est-ce que ce discours qu'il vient de faire est à même
02:30 d'emporter un peu, de convaincre aussi de la nécessité de se lancer dans cette transition et cette planification ?
02:36 Je crois qu'il est important effectivement d'avoir un plan, d'avoir une planification
02:42 parce que la transformation écologique, la transition écologique
02:45 touche tous les secteurs et donc elle a besoin de s'appuyer sur un ensemble de
02:52 plans et elle doit venir du haut. En quelque sorte ça ne peut pas venir simplement des secteurs.
02:59 Alors il y a une petite phrase hier lors de l'interview télévisée d'Emmanuel Macron qui a été très remarquée. Robert Wotar écoutez.
03:05 On est attaché à la bagnole, on aime la bagnole et moi je l'adore. Mais la voiture dans notre pays, il faut le dire, ça a été
03:11 de la restructuration industrielle ces 20 dernières années. On a perdu beaucoup d'emplois et aujourd'hui on
03:16 produit à peu près, je parle de mémoire, entre un million et un million et demi de véhicules sur notre sol. Ce que nous avons fait ces
03:22 dernières années, c'est qu'on a
03:23 relocalisé grâce à l'écologie. Les transports, ce sont 31% des gaz à effet de serre dans notre pays.
03:30 Est-ce qu'on peut être le président de la bagnole et le président de la transition écologique ? Est-ce que c'est compatible ?
03:35 Alors la baisse, alors comme vous le dites, le secteur des transports c'est probablement le plus problématique
03:41 en France.
03:43 Lorsqu'on regarde l'ensemble des grands secteurs, effectivement c'est le plus important en termes d'émissions.
03:48 Après, comme le montrent les différents et plus particulièrement le dernier rapport du GIEC,
03:55 la baisse des émissions de CO2, elle se passera
03:59 avec trois types d'actions. La première action c'est de changer les modes, c'est de changer les technologies.
04:06 La deuxième c'est de réduire
04:09 ou de rendre plus efficaces
04:11 les mêmes technologies et les technologies existantes. Et la troisième, c'est les changements de comportement.
04:17 La sobriété, ce qu'on appelle la sobriété en effet. Alors effectivement, comment lier les annonces à ces trois
04:25 différents leviers ? Eh bien, je pense qu'il va falloir regarder véritablement dans le détail.
04:31 Par exemple, là on a notre dernier baromètre BVA pour RTL qui nous dit que la moitié des Français veut des mesures fortes
04:37 mais pas trop contraignantes non plus. Est-ce qu'on peut vraiment mener une transition écologique efficace sans qu'il y ait une
04:43 unanimité, un accord de tous les Français ?
04:45 L'accord de tous les Français, je pense que ça sera complexe, mais ce qui est
04:51 essentiel, c'est que cette transition soit vue comme juste. C'est-à-dire qu'elle ne pénalise pas les personnes
04:59 qui sont les plus démunies aujourd'hui.
05:02 Donc,
05:04 on est certainement sur un fil.
05:07 On est comme un funambule sur un fil. C'est très très difficile.
05:11 Vous pensez que ça peut expliquer par exemple la prudence du chef de l'État ? On disait qu'on attend du détail, mais on attend presque
05:17 systématiquement du détail. Hier, il parle devant 10 millions de personnes. Aujourd'hui, il prend la parole à l'Élysée.
05:22 Et finalement, on est sans cesse dans une parole politique qui tente de temporiser. Vous pensez qu'il faut temporiser
05:28 justement parce que l'opinion publique n'est pas forcément prête à des changements radicaux ?
05:33 Voilà. Tout le problème est de la perception de ce changement,
05:37 que cette transition ne soit pas perçue comme
05:42 terrifiante,
05:44 tout comme le changement climatique lui-même ne soit pas perçu comme terrifiant. C'est terriblement anxiogène pour pas mal de
05:51 personnes. - Mais quand on lit les rapports du GIEC, c'est très anxiogène.
05:54 - Non, je ne crois pas.
05:59 - Non, mais je peux voir ici, au contraire. C'est intéressant.
06:01 - Je ne crois pas. Il y a de façon très froide
06:03 les
06:05 évolutions passées, les évolutions futures selon plusieurs scénarios.
06:09 Certains sont effectivement assez effrayants, mais en même temps,
06:13 il y a aussi des mesures qui ont été prises dans beaucoup de pays aujourd'hui et qui
06:19 amènent déjà à éviter des émissions de gaz à effet de serre, donc qui laissent penser que les choses sont possibles. C'est encore très très largement
06:27 insuffisant, mais il y a quand même une façon d'espérer que ça arrive. - Ces rapports laissent une place à l'espoir, en quelque sorte.
06:33 Pour que les auditeurs comprennent mieux la situation de la planète à l'instant T, et la nécessité ou non justement de
06:39 s'adapter avec différents scénarios, on a aussi besoin de vos explications. Par exemple, une revue scientifique
06:43 expliquait il y a quelques jours que sur les neuf limites planétaires,
06:46 qui définissent des seuils au-delà desquels les conditions de vie sur Terre peuvent être menacées,
06:52 six étaient désormais franchies, dont la raréfaction de l'eau douce. Qu'est-ce que ça signifie concrètement ces limites ?
06:58 - Alors ces limites
07:01 sont... alors je suis, je vous l'avoue, je ne suis pas spécialiste du domaine, mais ces limites sont
07:06 destinées à donner en quelque sorte des
07:10 métriques, des indicateurs pour dire
07:13 voilà si
07:16 la ressource auxquelles on fait référence
07:20 est durable ou non, et elle définit un petit peu
07:23 le point, le seuil au-delà duquel cette ressource menace de ne pas être durable. Mais très franchement ces limites
07:31 sont définies de façon relativement floue pour le moment. Elles montrent simplement qu'il y a, je pense,
07:37 elles montrent de façon intéressante, qu'il y a des problèmes sur plusieurs fronts, voilà, et que
07:45 il y a des sujets qui sont interconnectés en plus, la biodiversité est
07:50 interconnectée avec le climat, etc, avec l'eau, donc
07:54 c'est vraiment très important qu'on ait ce genre de grandes
07:58 idées qui nous permettent de dire voilà on dépasse un petit peu notre seuil de
08:04 consommation. - Là il y a un cap qui est fixé en France, on demande aux français de faire des efforts, etc, on l'entend beaucoup,
08:11 est-ce que ça sert à quelque chose si les français font des efforts mais que le reste du monde ne suit pas ?
08:15 Franchement, on a l'impression que c'est vain finalement parfois.
08:18 - Alors
08:20 la première chose c'est que
08:22 évidemment si tout le monde se renvoie la balle, on va avoir du mal. Donc la transition, moi j'ai l'habitude de dire qu'elle doit être
08:30 faite par tous les pays et par tous les secteurs de chaque pays et par toutes les branches
08:38 qu'il y a dans tous les secteurs, enfin voilà, c'est vraiment quelque chose de très général et c'est aussi pour ça que
08:45 je pense que la formation, donc un sujet un petit peu connexe,
08:50 est nécessaire à tous les niveaux et particulièrement pour les décideurs, c'est un domaine dans lequel on s'est
08:56 engagé
08:58 à
08:59 essayer de faire comprendre parce que... - Former des personnalités politiques. - Former des fonctionnaires,
09:06 former les dirigeants d'entreprises, former les personnalités politiques.
09:10 Donc on est beaucoup de climatologues à travailler sur ce front. Pourquoi ? Et bien parce que
09:17 simplement à l'école on n'a eu aucune formation.
09:20 Les gens qui sont des dirigeants aujourd'hui n'ont pas eu cette formation.
09:24 Donc il faut bien accélérer un petit peu le processus. Donc ça c'est
09:29 essentiel et c'est à tous les niveaux et c'est tous les pays. - Et le GIEC explique que chaque demi degré de réchauffement
09:35 entraîne des épisodes
09:38 extrêmes plus fréquents. Soyons clairs, ce qu'on voit chez nous,
09:41 des incendies géants en Gironde, des tornades dans les Hauts-de-France ou ce qu'on voit à l'étranger d'ailleurs, tout s'est disparu à cause d'inondations
09:48 et de pluies d'Illivienne en Libye, tout ça, dès à présent, de toute façon, c'est inévitable et ce sera toujours plus régulier.
09:56 - Alors c'est pas chaque demi degré, c'est chaque dixième degré, donc c'est même encore plus précis que ça.
10:02 Oui, aujourd'hui nous avons
10:05 nous voyons le changement climatique, ses effets, ses conséquences
10:10 en grand... je vais pas dire en grandeur nature parce que c'est pas vrai, c'est encore
10:15 une miniature de ce qu'on pourrait avoir plus tard. Donc
10:18 l'importance aujourd'hui c'est vraiment de comprendre ce qui est en train de se passer,
10:25 d'estimer les risques, même dans le présent, pour les années à venir, dans le très court terme,
10:29 parce qu'on voit bien que les phénomènes
10:32 sont d'une ampleur
10:35 qu'il était vraiment...
10:37 que les modèles n'ont pas toujours prévu. - Oui, parfois sous-estimés.
10:43 - Voilà, au feu canadien, c'est des choses... on n'a pas la réponse à tout non plus, nos modèles ont leurs limites aussi.
10:51 Voilà, en Europe de l'Ouest, on a aussi un réchauffement qui est plus fort qu'ailleurs,
10:56 que l'on ne comprend pas totalement aujourd'hui. Donc on a beaucoup de choses à apprendre et
11:02 particulièrement même à comprendre le passé, le passé récent, et pouvoir prédire les risques
11:09 immédiats, presque. - Merci Robert Wotar, vous le climatologue, au président du groupe InduJiek d'avoir été ce soir notre invité
11:16 événement, quelques minutes seulement après la prise de parole d'Emmanuel Macron à l'Elysée, ce cap de la planification écologique de notre pays fixé
11:24 par le président. Merci beaucoup. L'émission continue dans quelques secondes
11:28 avec la petite dose de rire parce qu'on vous mitonne une nouvelle visioconférence.
11:32 Cher Alex Vizorek, qu'est-ce qui vous inspire ce soir ? - Je suis pas sûr de parler de foot, je vais plutôt parler de Marlène Schiappa peut-être.
11:38 - D'accord, c'est autre chose. Et puis il y aura RTL Inside, les reporters de RTL qui vous font vivre l'actu de l'intérieur.
11:44 - Et ce soir, rugby. RTL a enquêté, on vous explique comment le 15 de France tente de retaper son meilleur joueur
11:50 Antoine Dupont avant les quart de finale du Mondial. - A tout de suite.
11:53 RTL