Alors que Charles III et la reine Camilla ont entamé leur visite d'État en France ce mercredi, le couple royal a été reçu par Emmanuel et Brigitte Macron au château de Versailles pour un dîner avec 160 convives, parmi lesquels Mick Jagger, Hugh Grant, Arsène Wenger ou encore Bernard Arnault.
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00:00 a alors un conseiller du président de la République sur Elisabeth II.
00:02 Et on l'écoute, le chef de l'EU.
00:04 -Mesdames et messieurs les parlementaires,
00:06 monsieur le maire,
00:08 mesdames et messieurs en vos grades et qualités,
00:11 que vous ayez choisi de rendre visite à la France
00:15 en ces tout 1er mois de votre règne
00:18 est un signe d'amitié et de confiance
00:21 que nous mesurons à sa juste valeur
00:24 et qui nous touche profondément
00:26 à la fois comme hommage à notre passé
00:29 et comme gage d'avenir.
00:31 Il était difficile de vous recevoir ailleurs qu'ici,
00:37 dans ce cadre dont le Grand Siècle avait fait un temple des arts
00:41 et dont la République fit un temple à l'amitié diplomatique.
00:46 Les glaces qui, ce soir, renvoient votre image
00:51 ont reflété jadis le visage de la reine Victoria,
00:54 de Georges VI, d'Elisabeth II.
00:58 Et j'aime à penser, quelque part, qu'elles s'en souviennent un peu.
01:02 Surtout se reflète aujourd'hui dans cette galerie des glaces
01:08 la densité des liens historiques entre nos 2 pays,
01:12 aussi ancestrales, aussi précieuses que ces murs,
01:15 mais ardemment vivantes,
01:17 de la vie de tous ceux qui l'ont tissée et animée.
01:20 Je voudrais en cet instant, Votre Majesté,
01:24 rendre hommage à celle qui exerça sa mission
01:27 avec un dévouement constant,
01:29 qui conjuga les relations franco-britanniques
01:31 au temps moderne,
01:32 qui chemina durant 70 ans
01:35 aux côtés des géants du siècle qu'elle s'en est allée rejoindre.
01:40 Vous savez quelle affection le peuple français
01:44 a porté à la reine Elisabeth II, votre mère,
01:47 tout au long de sa vie et de son règne,
01:51 et combien il a partagé la peine du peuple britannique
01:53 dans le deuil.
01:55 Ce soir, nous pensons profondément à elle et au prince Philippe
02:00 en vous recevant avec la reine.
02:03 Ils vous ont laissé en héritage,
02:08 outre leur immense exemple de droiture et d'abnégation,
02:12 leur francophilie
02:14 et leur connaissance intime de notre pays,
02:18 que vous avez fait vôtre par plus d'une trentaine de visites
02:20 en France,
02:22 Fonds-de-Gaume, Fonds-Tevraud, Deauville, Reims, Bordeaux,
02:25 Chenonceau, Colmar,
02:27 partout, en quelque sorte,
02:29 où notre histoire s'entremêle, et elle s'entremêle partout.
02:33 Nos relations, certes, n'ont pas toujours été pacifiques.
02:40 Pourtant, ce mouvement d'oscillation,
02:45 cette valse hésitation magnétique
02:47 ont contribué à entrelacer nos destins,
02:50 nos fiertés nationales,
02:52 à apprivoiser cet ascendant mutuel,
02:55 French Touch et Anglomanie,
02:56 pour en faire un ferment d'émulation,
03:00 prouvant que s'il y a un sentiment qui est héréditaire
03:02 entre nos deux pays,
03:04 ce n'est pas l'inimitié, mais bien la fascination.
03:09 Car, avouons-le,
03:11 comment pourrions-nous ne pas être charmés par la réunion
03:15 sur un même et seul territoire britannique,
03:17 de la langue de Shakespeare, de l'élégance de Brummel,
03:20 de la pensée de Locke, de l'humour de Churchill,
03:22 de la musique des Beatles,
03:23 ou devrais-je dire des Rolling Stones ?
03:26 (Rires)
03:28 Vous êtes l'incarnation de cette alchimie unique,
03:33 et vous avez contribué à faire de cette entente cordiale,
03:37 dont nous fêterons l'année prochaine les 120 ans,
03:41 une réalité tangible, une proximité amicale.
03:46 Vous, qui n'avez eu de cesse de porter la mémoire
03:49 de ces grandes heures,
03:51 ces heures de douleur et de courage,
03:53 de Verdun à Vimy,
03:55 des plages du débarquement à l'opération Dynamo.
03:59 En 1970, vous représentiez Sa Majesté Elisabeth II
04:04 à l'enterrement de Charles de Gaulle.
04:08 Là était votre 1er voyage officiel,
04:11 et déjà, il était en France.
04:14 Vous n'aviez pas 21 ans,
04:16 mais dans la Grande-Neve de Notre-Dame,
04:19 vous avez rendu les derniers hommages de votre nation
04:23 à celui en qui elle avait cru, quand personne n'y croyait,
04:27 celui à qui elle s'était alliée
04:28 avant même que les Français ne s'y rallient,
04:31 celui auquel la reine Elisabeth II avait dit une fois
04:34 qu'elle le considérait comme "a part of the family".
04:39 Nous n'oublierons jamais que c'est sur vos terres
04:44 que le flambeau de la résistance et de l'espoir
04:48 a pu brûler et rayonner,
04:50 que c'est depuis votre capitale
04:52 que l'appel du général de Gaulle s'était lancé
04:54 vers les foyers et les combattants français.
04:58 Nous n'oublierons jamais tout ce que l'armée de l'ombre
05:02 doit à l'accueil de Londres.
05:05 Cette histoire vous en portait la mémoire.
05:09 Notre entente cordiale,
05:13 voulue par votre aïeul Édouard VII, n'a cessé depuis 1904,
05:18 de s'étoffer, de se ramifier
05:20 au fil d'une épopée que nous avons fait nôtre,
05:24 de l'inauguration du 1er Airbus
05:26 à l'ouverture du tunnel sous la Manche,
05:28 de la construction européenne
05:29 à nos coopérations fondamentales en matière de défense
05:32 ou nos fructueux sommets bilatéraux
05:34 avec vos premiers ministres successifs,
05:36 qui sont autant de chapitres marquants.
05:40 Et malgré le Brexit,
05:41 parce que ce qui nous lie vient de si loin
05:44 et parce que vous êtes là aujourd'hui,
05:48 Votre Majesté,
05:50 je sais que nous continuerons d'écrire ensemble
05:54 une part de l'avenir de notre continent
05:57 et de relever les défis et de servir les causes
05:59 que nous avons en commun.
06:02 Le Royaume-Uni et la France vibrent au diapason
06:05 d'une philosophie démocratique séculaire,
06:07 d'un élan vers l'art et le savoir
06:09 qui résonnent d'une même passion, du Louvre à la Tate,
06:12 des cloîtres d'Oxford et Cambridge
06:14 à la coupole de la Sorbonne.
06:16 Nous avons la même lecture des enjeux de notre temps,
06:19 la même quête du progrès scientifique
06:22 qu'elle concerne les avancées médicales
06:23 ou l'essor de l'intelligence artificielle,
06:26 la même volonté de défendre la sécurité de notre Europe
06:29 là où elle est en cause, comme aujourd'hui en Ukraine,
06:33 le même attachement à la lutte contre les inégalités
06:36 et pour le climat.
06:39 Nous sommes animés aussi d'un même amour du sport,
06:43 de l'olympisme, dont Paris reprend le flambeau
06:46 que Londres avait placé si haut.
06:48 Certes, quand il s'agit de tennis,
06:52 nous préférons la terre battue au gazon.
06:55 Certes, même si la découverte récente d'une archive
07:00 dont je laisserai les historiens débattre
07:02 semble montrer que le cricket serait né en France,
07:05 au château de Liètre, en 1478,
07:10 la vérité, je devrais dire la lucidité,
07:13 nous force à admettre que nous n'avons pas forcément
07:16 tiré grand avantage de cette tennis.
07:19 Mais cela n'empêche en rien l'émulation mutuelle.
07:22 Quand vos joueurs de rugby aplatissent le ballon ovale
07:25 sur le sol de France,
07:27 les supporters français vous acclament de bon coeur,
07:31 à la condition expresse que ce ne soit pas un essai
07:33 marqué contre nos bleus.
07:36 Et s'il arrivait un jour à nos Etats
07:38 d'oublier cette fraternité de culture qui nous a forgés,
07:42 cette convergence de destins dans les grands défis du siècle,
07:47 alors j'en suis sûr,
07:49 nos peuples seraient là pour nous les remémorer.
07:53 Les artistes qui s'inspirent mutuellement,
07:57 les jeunes qui franchissent la Manche
07:58 dans un sens ou dans l'autre pour aller étudier,
08:02 aidés notamment par les généreuses bourses
08:03 du British Council,
08:06 les centaines de milliers de Britanniques
08:08 qui ont élu domicile en France
08:10 et les très nombreux Français qui ont fait le mouvement inverse,
08:13 tissant par-dessus la mer des liens d'ancrage,
08:16 d'échanges, de culture.
08:20 Pour eux tous, pour chacun de nous,
08:25 votre avènement au trône est riche de promesses.
08:28 Et votre choix de la France pour cette visite d'Etat
08:31 conforte notre souhait par les plus heureux hospices.
08:37 A l'heure où s'ouvre votre règne,
08:40 vous pouvez compter sur l'amitié et le soutien sans faille
08:43 de notre pays afin de faire cause commune
08:47 pour nos peuples et pour l'humanité.
08:52 Je lève donc mon verre
08:56 en l'honneur de votre majesté,
08:59 de sa majesté la reine Camilla ainsi que de votre famille.
09:05 Je le lève en l'honneur du Royaume-Uni,
09:10 de l'entente cordiale qui unit dans une alliance indéfectible
09:14 nos deux peuples frères.
09:16 Vive le Royaume-Uni de Grande-Bretagne
09:18 et d'Irlande du Nord.
09:20 Vive l'amitié franco-britannique.
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