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Jérôme Vignon, conseiller sur l'Immigration à l'Institut Jacques Delors, répond aux questions de Dimitri Pavlenko. Ensemble, ils reviennent sur l'arrivée massive de migrants sur l'île italienne de Lampedusa.
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Transcription
00:00 - Europe un matin - Il est 7h12 sur Europe 1, Dimitri Pavlenko, vous recevez ce matin le conseiller immigration de l'institut Jacques Delors.
00:06 - Bonjour Jérôme Vignon. - Bonjour. - Bienvenue sur Europe 1, l'institut Jacques Delors. Je le rappelle c'est le think tank fondé en
00:12 1996 par l'ancien président de la commission européenne Jacques Delors. L'Europe est la question migratoire,
00:18 Jérôme Vignon. Combien de divisions ? On en a à nouveau l'illustration depuis quelques jours avec l'Ampedusa où le débarquement de 11 000 migrants
00:26 en quelques jours a mis sous pression tout le continent.
00:29 Depuis ce week-end on voit que l'Italie appelle tous ses voisins à la solidarité,
00:33 voisins qui lui répondent en substance,
00:36 qu'ils compatissent mais qui ne prendront personne ou bien le minimum finalement. On a l'impression de revenir huit ans en arrière comme en
00:43 2015 finalement Jérôme Vignon. - Alors pas tout à fait.
00:46 D'abord c'est une bonne chose que l'Italie demande
00:49 l'aide et la solidarité de ses voisins, ça n'a pas toujours été le cas. M. Salvini s'y est opposé pendant plusieurs années
00:55 et donc Mme Mélanie reconnaît qu'elle ne peut pas résoudre seule la crise migratoire.
00:59 Elle se place donc en bonne position pour faciliter
01:03 ce qui est l'étape la plus importante dans les prochains mois, c'est-à-dire l'adoption d'un pacte migratoire
01:08 pour la migration et pour l'asile et qui rétablirait l'état de droit que nous avons perdu dans l'Union Européenne.
01:14 - Alors ce pacte migratoire, parlons-en parce que ça a été un serpent de mer pendant des années.
01:19 Bon, les États membres se sont mis d'accord au mois de juin, le texte doit aller au Parlement
01:24 européen. Est-ce qu'on peut rappeler les grandes lignes que prévoit ce pacte ? Est-ce qu'il doit changer ?
01:28 Est-ce qu'il éviterait à l'avenir, pensez-vous, des crises similaires à ce que l'on vient de vivre à Lampedusa ?
01:33 - En effet,
01:35 les grandes lignes de ce pacte c'est d'arriver à un équilibre
01:39 entre la solidarité qui est demandée par les pays de première entrée comme l'Italie, la Grèce ou l'Espagne, et la responsabilité
01:47 que demandent de leur côté ceux qui sont prêts à exercer cette solidarité mais à la condition que toutes les procédures
01:53 de contrôle, de vérification
01:55 sont faites correctement à l'entrée. - Par exemple, disons,
01:58 juste une parenthèse, le grand reproche que font les Français et les Allemands aux Italiens c'est de dire "bon très bien mais on sait que
02:04 vous en laissez filer beaucoup, beaucoup de migrants, afin qu'ils viennent s'enregistrer en première intention
02:08 que ce soit en Allemagne ou en France". Ça fait partie des reproches qui sont faites. - C'est ça qu'il faut effectivement résoudre,
02:14 en sachant bien que de toute façon
02:16 il va y avoir 160 000 entrées irrégulières en Italie, la capacité d'accueil pour l'asile de l'Italie c'est environ
02:23 70 000, on ne peut pas changer ça d'un coup de baguette magique, donc il faudra bien qu'une partie de ces 160 000 qui soit
02:28 accueillie par d'autres pays. Donc la capacité italienne, même responsable, ne peut pas tout faire.
02:35 Et je rappelle que la route vers l'Italie a doublé cette année,
02:39 et pendant que la route qui passe par la Grèce et les Balkans, elle a diminué. - Alors justement,
02:43 on voit, parce que ça c'est intéressant que vous disiez ça, on a beaucoup commenté le chiffre de 11 000, mais sur le plan
02:49 qualitatif, on voit qu'il y a une concentration
02:52 effectivement des flux de migrants vers l'Europe sur cette route qu'on appelle de "Méditerranée centrale", et en particulier sur l'Ampédouza, j'ai vu ce chiffre étonnant,
02:59 l'Ampédouza en 2016 recevait 8% des bateaux qui allaient vers l'Europe, aujourd'hui c'est près de 70%.
03:06 Comment on explique ça Jérôme Vignon ? - Je pense que c'est dû en grande partie à la
03:10 capacité des passeurs, le système des passeurs qui est très organisé,
03:15 de s'adapter en fonction des ripostes européennes.
03:19 Il y a une riposte concertée, mais les passeurs ont toujours un coup d'avance, c'est qu'au moment de la prohibition,
03:24 quand quelque chose est interdit, à savoir d'entrer dans l'Union Européenne pour trouver un emploi, à ce moment-là ceux qui
03:30 organisent la riposte sont très habiles. - Mais sous-entendu le Maroc, par lequel on peut traverser via le détroit d'Ibraltar,
03:39 la Turquie, par laquelle passait beaucoup de migrants pour passer en Grèce, aujourd'hui ce sont des routes qui sont fermées,
03:45 comparées à ce ventre mou que sont la Libye et la Tunisie. - Elles ne sont pas complètement fermées,
03:50 mais on a par exemple réduit énormément les faux visas qui étaient accordés par la Serbie, donc ce qu'on appelle la route orientale,
03:57 c'est nettement ralenti, mais du coup, pour des raisons aussi accidentelles, la Tunisie est très affaiblie actuellement économiquement
04:04 et administrativement, la Libye c'est un chaos pour diverses raisons, du coup
04:10 les passeurs se sont reconcentrés, il y a près de 200 petites embarcations qui en l'espace de quelques jours
04:16 sont allées vers l'île de Lampedusa. - Est-ce qu'on sait pourquoi ça, Jérôme Vignon ? Parce qu'on peut pas s'empêcher de se dire qu'il y a
04:23 peut-être une manipulation derrière finalement.
04:25 - Non, je ne crois pas. - Vous croyez que c'est un hasard que 200 bateaux partent au même moment ? - Pendant les années Covid,
04:31 donc 2020-2021,
04:33 les flux ont continué de se mobiliser et donc de stationner
04:38 notamment en Libye et en
04:40 en Tunisie, mais les gens ne pouvaient pas passer, donc il y a un potentiel
04:44 de mobilité qui est là et qui se débloque. Ce qu'il faut c'est se poser la question, dans la longue durée,
04:51 quel est le nombre de migrants qui risquent de devoir partir, soit pour des raisons d'asile,
04:57 qui sont incontournables, soit pour des raisons de recherche de travail et sur lesquelles il faut évidemment
05:03 discuter et faire la lumière. Mais c'est ce qui est en train de se faire pour ce pacte pour l'immigration,
05:08 qui s'il réussit,
05:10 rétablira une forme d'état de droit entre responsabilité et solidarité. - On a entendu des discours assez
05:16 discordants également, Jérôme Vignon, à l'occasion de cette crise, avec d'un côté une Ursula von der Leyen, par exemple, au nom de la Commission
05:22 européenne, qui disait "il faut mieux accueillir, il faut ouvrir les bras" et puis de l'autre on sent bien la gêne de nombreux États membres.
05:28 Et je vais vous citer par exemple Gérald Darmanin qui disait hier
05:32 "solidarité avec l'Italie, certes" et puis on voit qu'à la simple rumeur qu'un camp de migrants va ouvrir du côté de Menton,
05:38 le Préfet sort du bois pour dire tout de suite "non, non, non, attendez, c'est de l'accueil temporaire, c'est du provisoire".
05:43 On sent qu'il y a une gêne politique très puissante. - Oui, il y a une gêne, il faut aller au fond de cette question.
05:48 C'est l'opinion publique, il faut le reconnaître,
05:52 est largement
05:55 anxieuse devant ces afflux et que la vision de Lampedusa rend encore plus prégnante. On a eu
06:00 l'océan Viking il n'y a pas longtemps, on a eu ce navire grec qui a coulé avec 400 personnes à bord. Donc devant cette répétition d'accidents humanitaires,
06:07 l'opinion publique c'est normal, prend peur. Mais en réalité
06:12 elle prend peur aussi parce qu'elle estime que l'intégration c'est mal fait.
06:17 On a du mal, pense-t-elle, à accueillir durablement les migrants. Ce sont deux questions distinctes.
06:23 Accueillir durablement en France ou en Italie des personnes qui sont nées dans ces pays, c'est un problème.
06:29 C'est un tout autre problème de répondre aux besoins du marché du travail
06:33 qui vont être importants dans les prochaines années. On estime qu'environ un million de personnes sont nécessaires pour stabiliser l'emploi
06:39 dans nos régions et en même temps le faire dans des conditions qui
06:43 déjouent les calculs des basseurs et répondent aux besoins des pays d'immigration.
06:46 Merci à vous Jérôme Vignon, je rappelle que vous êtes le conseiller immigration de l'Institut. Jacques Delors, merci d'être venu au micro d'Europe un ce matin.
06:54 Bonne journée. 7h19.

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