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Chaque matin, Vincent Hervouet nous livre son regard sur l'actualité internationale. Ce jeudi, il s'intéresse à l'accord entre l'Italie et l'Albanie concernant l'accueil des migrants arrivés par la mer.

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Transcription
00:00 - Bonjour Vincent Herouette. - Bonjour Dimitri, bonjour à tous.
00:03 - Alors après le Royaume-Uni, après le Danemark, les Pays-Bas, l'Autriche, l'Italie,
00:06 à son tour envisagent d'envoyer dans un pays tiers les migrants qui réclament l'asile,
00:11 le temps d'étudier leur dossier.
00:13 Giorgia Meloni a signé un protocole d'accord avec son homologue albanais.
00:16 - Oui. Alors longtemps, l'Albanie a été imprégnée de folie comme une centrale pénitentiaire surpeuplée en été,
00:23 un pays à huit clous avec un régime paranoïaque vivant en autarcie,
00:27 et sa tendance sans cesse à être envahie.
00:30 Chacun avait un blocos individuel dans son jardin et tout le monde un commissaire politique dans la tête.
00:35 Le quotidien Le Monde publiait chaque été un reportage délirant
00:40 sur cet asile de fous présenté comme une expérience de communisme agraire,
00:44 et le tyran indévergent comparé à un de Gaulle balkanique,
00:49 l'éminent confrère a été acheté par l'ambassade albanaise à Paris
00:53 et il passait ses vacances à Douraîche, sur la plage, sur la côte adriatique,
00:58 dans les villas réservées aux bureaux politiques.
01:00 Ça doit être le seul membre de la nomenclatura qui n'ait jamais été purgé, déporté, enfermé.
01:05 - Il se reconnaîtra. À la chute du mur, Vincent, les Albanais ont déserté en masse.
01:10 - Oui, depuis le temps qu'ils lorgnaient l'Italie en face de l'autre côté de la mer adriatique,
01:13 ils étaient pressés d'aller se frotter à la réalité magique des chaînes de télé de Silvio Berlusconi,
01:19 et si le laisser-faire, laisser-passer avait continué, le dernier Albanais aurait éteint la lumière avant de s'enfuir.
01:25 Tirana était aux abois, la population affamée,
01:28 l'armée italienne lui a fourni une aide alimentaire d'urgence, massive,
01:32 et il manque toujours en Albanie un tiers de la population,
01:35 les mieux formés partent en Europe pour un exil définitif.
01:38 C'est donc un formidable retour de l'histoire que Rome s'entende avec l'Albanie
01:44 pour y enfermer les migrants repêchés par les gardes-côtes au large de l'Ampédoussa.
01:49 - Alors l'accord le voici, le Premier ministre socialiste Edi Rama a signé avec Giorgia Melloni
01:54 pour construire deux centres d'accueil fermés, capacité 3000 places,
01:58 ce sera sur la côte juste en face de Bari.
02:00 - Mais il ne sera pas le Club Méditerranée, pas non plus un enterrement aux bannes de Cayenne,
02:04 le dossier sera traité en moins d'un mois.
02:06 Les Italiens assureront la gestion, la sécurité, l'identification des migrants,
02:11 l'enregistrement des demandes, les recours judiciaires, la police albanaise sera cantonnée à l'extérieur.
02:16 Les centres n'auront pas l'extra-territorialité d'une base américaine,
02:20 mais tout juste le droit européen pose des problèmes en cascade
02:23 et les ONG militantes fourbissent leurs armes pour couler le projet devant les tribunaux,
02:29 aussi sûrement qu'un zodiaque en hiver au large de la Tunisie.
02:32 - Alors en échange l'Albanie, elle ne demande rien, sinon qu'on l'appuie pour adhérer à l'Union Européenne.
02:37 - Oui, l'Italie sert de marraine à son ancienne colonie comme elle l'a soutenue pour adhérer à l'OTAN il y a 15 ans.
02:43 À lire le rapport de la commission publié hier, les Albanais vont attendre longtemps
02:47 le temps de juguler la corruption et le banditisme qui sont deux traditions nationales.
02:52 Les Albanais espèrent surtout trouver, avec les demandeurs d'asile,
02:56 débouter la main-d'oeuvre bon marché qui leur fait défaut dans la construction et dans le tourisme.
03:01 Georgia Meloni, elle, démontre qu'elle n'oublie pas pourquoi elle a été élue.
03:05 Le nombre de migrants a explosé depuis son arrivée au pouvoir.
03:08 Elle cherche par tous les moyens à les dissuader.
03:11 Elle vient d'ailleurs de faire adopter une loi qui réserve les aides aux seuls réfugiés reconnus comme tels.
03:16 Et pour les autres, eh bien, il n'y a plus d'hébergement, plus de viatique, plus de permis de travail.
03:20 Les centres en Albanie seraient un précédent en Europe.
03:24 Le Royaume-Uni attend toujours que la Cour suprême statue sur l'envoi de demandeurs d'asile au diable.
03:31 Au diable, c'est-à-dire au Rwanda, qui est un peu comme l'Albanie de jadis,
03:36 un petit pays tragique qui ressemble à un asile de fous.
03:39 – Signature Europe 1, Vincent Herouette. Merci beaucoup Vincent.