En très grande forme, l'acteur joue un grand père touchant et endeuillé dans "La petite", peut-être le film le plus délicat de la rentrée. Il répond aux questions de Julien Sellier, Stéphane Boudsocq et Cyprien Cini dans un entretien "luchinesque".
Regardez L'invité de RTL Soir du 18 septembre 2023 avec Marion Calais et Julien Sellier.
Regardez L'invité de RTL Soir du 18 septembre 2023 avec Marion Calais et Julien Sellier.
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00:00 Vous êtes sur RTL.
00:02 Julien Cellier, Marion Calais et Cyprien Séni.
00:07 RTL Bonsoir jusqu'à 20h.
00:09 Allez RTL Bonsoir continue avec maintenant l'invité
00:12 événement, notre spécialiste ciné Stéphane Boudzocq nous a rejoint. Bonsoir Stéphane.
00:17 Bonsoir tout le monde.
00:17 Pour accueillir un comédien, pas n'importe lequel. Bonsoir Fabrice Luchini.
00:20 Merci, bonsoir.
00:21 Vous êtes à l'affiche cette semaine de l'un des plus beaux films de la rentrée, une merveille d'émotion, "La Petite" de Guillaume Niclou.
00:28 Et vous jouez Joseph dans le film Fabrice, son fils et le compagnon de celui-ci viennent de mourir dans un accident d'avion.
00:33 Or ce jeune couple attendait un enfant via une mère porteuse en Belgique.
00:38 Alors Joseph va tout faire pour retrouver à la fois cette femme et ce bébé qui va naître.
00:42 Que va devenir l'enfant ? Joseph est-il un grand-père légitime ?
00:45 Toutes ces questions se bousculent dans un film qui est très doux, très délicat, très sensible.
00:50 Nous dans l'équipe, on a été très émus en regardant ce film.
00:54 Est-ce que vous l'avez été aussi Fabrice Luchini dès la lecture du scénario ?
00:57 Alors moi je ne sais pas lire les scénarios. Je me suis dit "Niclou", je pensais faire un film radical, un peu pointu, festival de cadres.
01:06 Et puis pas du tout. Le film est hyper émouvant, les gens pleurent.
01:11 Alors moi je ne savais pas que les gens recherchent aussi le pleur.
01:14 Parce que nous sommes dans une époque avec une certaine tyrannie de la comédie.
01:18 Tout maintenant, que ce soit dans les émissions politiques, que ce soit dans les émissions sérieuses, il faut qu'il y ait quelqu'un qui vienne.
01:24 Un sniper qui te nique l'autre.
01:26 On en a, on en a.
01:27 Et là, tu as envie de dire "stop, je vous en supplie, on peut palpiter deux secondes sur la vie ?"
01:33 Alors quand j'ai vu le film, je me suis dit "putain, mais où il a été cherché ça ?"
01:37 Je me suis même un peu étonné.
01:39 Quand vous dites, le début du film, quand vous dites "les filles se meurent", on se dit "oh putain, les mecs, ils vont se dire qu'on ne va pas y aller".
01:44 Alors ça, ça n'est pas évoqué.
01:46 Non, non, non, non, ça n'est pas du tout plombant.
01:48 Le but, c'est pourquoi dans la vie d'un homme un peu déprimé, à la retraite, et s'il n'y a pas l'enfant, c'est-à-dire le miracle,
01:57 pourquoi quand vous allez chez un avocat, un gynécologue, un notaire, le mec vous dit "vous savez que j'ai une extraordinaire nouvelle à vous raconter".
02:05 Ah bon ? Qu'est-ce qu'il y a ? Je suis grand-père.
02:08 Tu te dis "mais pourquoi ça le met dans un état pareil ?"
02:11 Tu vois, pourquoi ? Tu sais, il y a une phrase que j'adore de Guitry, on lui a demandé "vous avez des enfants, Sacha Guitry ?"
02:18 Il a répondu "non, mais j'ai de l'imagination".
02:20 Alors après, on lui a dit "mais vous aimez les enfants ?"
02:22 Il a même répondu "oui, surtout quand ils pleurent parce qu'on les enlève".
02:26 Donc moi, j'étais plutôt dans cet état-là.
02:29 Et voilà, t'y parles, que Guy Niclou arrive à filmer le miracle.
02:34 Le miracle.
02:35 On a la naissance.
02:37 La naissance.
02:38 Cet homme qui était éteint, cet homme qui était merdeux, cet homme qui était foutu, va devenir une étincelle de vie.
02:47 Fabrice, on lit plein de choses très jolies sur votre performance.
02:50 Est-ce que ça vous touche ou est-ce que ça vous agrasse quand on dit "Ducuinet a jamais été aussi tendre, aussi émouvant, aussi sensible" ?
02:56 Le mec qui dit "je supporte pas qu'on dise du bien de moi".
03:01 Tu sais, il y a des acteurs rebelles, on les connaît.
03:03 Faites gaffe à tous ! Faites gaffe !
03:05 Tu sais, il y a toujours des acteurs qui menacent.
03:07 Attention ! Attention !
03:09 Je peux arrêter de tourner !
03:11 Tu sais, ça n'empêchera pas que les choses continueront.
03:15 Mais moi, je suis bouleversé, enfin je suis détraqué, donc je suis plutôt fragile.
03:22 Enfin, fragile, je ne suis pas insensible.
03:24 S'il y avait marqué le pire rôle de cet acteur de merde, il est mauvais, il déclame, c'est une chienle incarnée.
03:32 Il n'a pas de diction, il n'a pas d'émotion.
03:34 Là, dépression nerveuse, suicide, tu vois, possibilité suicide.
03:38 On me dit qu'en gros, j'étais un être humain.
03:40 Avant, j'étais un personnage un peu qu'aime les mots.
03:44 Et les gens disent "oh mais ce mec, il parle de trop".
03:46 Je vais vous raconter une anecdote.
03:48 Vous en voulez une rapide ?
03:49 Oui, oui, oui !
03:50 Fabien Galtier.
03:51 Je frappe fort, hein !
03:52 Je suis en train de jouer un spectacle à travers la France,
03:56 et je me retrouve à Monaco dans un très beau théâtre,
03:59 et Fabien Galtier me fait un signe pour me dire "bonjour".
04:02 Je vais vers Fabien Galtier.
04:04 "Fabien Galtier ! Fabien Galtier me dit vous savez ce que je fais certains soirs de match ?"
04:09 Il n'a pas dû le faire les dernières fois parce qu'il aurait peut-être perdu.
04:12 Mais il me dit "vous savez ce que je fais ? Je leur montre, je leur montre ce qu'est la France pour moi",
04:18 me dit Fabien Galtier.
04:20 "Je leur montre avant de jouer certaines fables de La Fontaine, certains textes de Victor Hugo."
04:25 Je dis "mais vous déconnez, monsieur Galtier".
04:27 Il me dit "regardez, et je vois le fameux texte, braves gens, prenez garde aux choses que vous dites,
04:33 tout peut sortir d'un mot, qu'en passant vous perdez tout, la haine et le deuil."
04:37 Je dis "mais vous leur montrez ça ?"
04:39 Avant de jouer, je leur montre ça.
04:41 Il y avait un énorme bonhomme à côté, je dis "si vous voulez, je la refais !"
04:44 Ah, il a dit "non, non, on la connaît !"
04:46 Et j'ai adoré.
04:48 Pour en revenir à ce film, La Petite, il y a la GPA qui abordait la gestation pour autrui,
04:53 c'est interdit en France, c'est un débat de société.
04:55 Le film ne montre pas du tout de jugement, c'est que de l'amour, le plus important c'est ce bébé.
05:00 La phrase exacte, l'important c'est le bébé.
05:02 Exactement.
05:03 Vous, vous aviez un avis extérieur sur cette GPA avant de faire ce film, ça a changé vos certitudes ?
05:08 J'ai aucune opinion.
05:09 Je ne sais même pas ce que c'est, je me confonds avec PMA, je ne sais rien de tout ça.
05:14 Je ne suis pas un acteur qui intellectualise, moi on me demande de jouer un état.
05:19 Ce que je trouve passionnant, parce que j'ai un côté négatif, pessimiste,
05:23 c'est que la Belgique, qui sont des naïfs, j'adore les Belges comme les Québécois,
05:27 ils ont décidé de ne pas marchandiser le ventre.
05:31 Ce n'est pas interdit, mais c'est autorisé, c'est autorisé, c'est gratuit.
05:33 Alors qu'est-ce qui se passe ? Il y a du black !
05:36 C'est-à-dire que les Belges, ils sont un peu hippies, ils ont dit "si on ne met pas d'argent dans les affaires".
05:41 Quand moi j'en... enfin je retrouve cette...
05:43 Pourquoi je suis hystérique en média, il faut que je me calme.
05:46 Quand j'arrive de voir la mer Porteuse, enfin trouvé, c'est assez beau,
05:51 cette petite errance en Belgique, il a filmé ça admirablement.
05:55 On se marre un peu, quand j'essaye de dire "vous connaissez une dame, il y en a plein des vendeuses de vélos".
06:00 Il trouve enfin la vendeuse de vélos, et puis il arrive, elle lui dit "barrez-vous, barrez-vous".
06:05 Elle dit "non, je suis comme vous, dit-il, je suis une victime collatérale".
06:09 Victime collatérale ? Non, ça m'étonnerait. Non, non, non.
06:12 Parce que là, maintenant, moi, c'est cadeau, là, ok ?
06:15 Là, dans mon ventre, c'est cadeau, je devais avoir 30 000 là,
06:18 30 000 là et 30 000 à la naissance. J'ai plus rien.
06:20 Enveloppe au black.
06:22 Donc voilà, ça, ça m'a beaucoup plu.
06:24 Maintenant, ma position, je ne suis pas sociologue, je ne suis pas avocat,
06:30 je ne suis pas humaniste, au sens que je ne déclare pas ce que je dois penser.
06:35 C'est aussi un film sur un papa qui essaie de se rattraper,
06:39 parce qu'avant le décès de son fils, il ne l'avait pas vu pendant des mois.
06:43 Il avait raté.
06:44 Depuis une engueulade à Noël.
06:45 Comme dit Claude Béry, j'ai été tellement bon fils que j'ai été très père moyen.
06:50 Mais vous l'avez dit, ça, je n'ai pas forcément été un bon papa, vous, Fabrice Pichéli,
06:53 dans votre vie personnelle.
06:54 Non, moi, je n'ai pas été un bon papa, absolument,
06:56 comme tous les chanteurs de variété, comme tous les mecs.
07:00 Nous sommes pris par l'ambition de vouloir te confirmer ta vieille présence
07:05 dans une vieille carrière.
07:06 Ça veut dire que vous avez puisé dans votre ressenti pour ce rôle-là aussi ?
07:09 Non, parce qu'à l'âge de 13 ans, ma fille a eu besoin de moi
07:13 et je n'ai pas été pire qu'un autre.
07:15 Je ne suis pas mauvais, je ne suis pas éblouissant,
07:19 mais je ne suis pas du tout père qui demande congé paternel, maternel, donner le sein.
07:25 Ça, je ne suis pas encore à ce niveau-là.
07:27 Est-ce que vous pourriez, pour le coup, être un très bon grand-père ?
07:29 Alors, je vais vous dire, j'ai une fille qui n'a pas encore d'enfant.
07:33 Je ne sais pas quoi vous dire.
07:36 Est-ce que je pourrais être un grand-père ?
07:37 Je suis dingue des chiens.
07:39 Oui, je suis dingue des chiens.
07:41 Un bébé golden peut me rendre hystérique.
07:44 Un bébé islandais, berger islandais.
07:49 Donc, j'ai plus de facilité.
07:51 Un jour, j'étais chez mon analyste et je ne savais pas faire garder mon chien.
07:55 Donc, je lui ai dit gentiment, est-ce que je peux amener mon chien pendant la séance ?
07:58 Et il ne m'a pas dit non méchamment.
08:00 Il m'a dit, je crois que je ne serais pas d'une grande utilité.
08:03 Donc, je pense qu'un enfant, ça doit être un truc dément.
08:07 Et le film de Nick Loo, vous savez que c'est assez merveilleux de vous voir
08:11 parce qu'il n'y a aucune langue de bois.
08:13 Vous ne me posez pas de questions débiles.
08:15 Et vous avez aimé le film.
08:17 Non, mais c'est génial.
08:18 Mais on ne reçoit que des gens dont on aime les chiens.
08:21 Mais ça se sent, putain.
08:23 Ça se sent.
08:24 Juste pour terminer, parce qu'on a aussi aimé la série Tapis qui sort sur Netflix en ce moment.
08:29 Vous jouez l'un des personnages dans les premiers épisodes de cette série.
08:32 Pas gentil d'ailleurs.
08:33 Moi, je suis le méchant.
08:34 Pas gentil du tout.
08:35 Vous êtes face à un tapis qui est sans le sou, qui est très culotté,
08:38 qui essaye de se lancer dans les affaires.
08:40 Est-ce que se confronter à Tapis, c'était un défi pour vous ?
08:44 Non, mais moi, j'ai tourné avec lui dans le clou, le louche.
08:46 Homme, femme, mode d'emploi.
08:47 J'ai pris l'hélicoptère Paris-Lourdes avec Tapis.
08:50 Est-ce que ça vous a amusé de confronter ce personnage ?
08:53 Moi, j'ai tourné avec tout les gens qu'il fallait.
08:56 J'ai eu la chance de tourner avec Johnny Hallyday.
08:58 J'ai eu la chance de tourner avec Gérard Depardieu.
09:00 J'ai eu la chance surtout de tourner avec Michel Bouquet.
09:02 C'est marrant parce que vous le classez dans ces personnages-là, Tapis.
09:06 À côté d'Hallyday et Depardieu.
09:08 Non, c'est pas du tout pareil.
09:11 Moi, j'ai beaucoup aimé faire le film que m'a proposé Cécile Chancelier là,
09:15 parce qu'il y avait trois, quatre jours.
09:16 J'adore quand c'est court.
09:18 Et puis, c'est un méchant.
09:19 Et ça, c'est toujours merveilleux de jouer les méchants.
09:22 Surtout que Nick Lowe me fait jouer un être humain.
09:25 Pas trop gentil.
09:26 On a envie de vous faire des câlins dans ce film.
09:28 Tu me jures ?
09:29 Je vous jure.
09:30 Et pourtant, tu es hétéro.
09:31 Parce que j'aimerais savoir.
09:32 Vous êtes attendrissant.
09:33 Je suis attendrissant.
09:34 Avec cette petite barbe.
09:35 Je vais avoir, je vais pécho, mes pocras, après ce film.
09:40 Merci Fabrice Lucrini d'avoir été notre invité.
09:43 Merci infiniment, c'était un bonheur d'être avec vous.
09:44 Dans RTL, bonsoir.
09:45 La petite, très beau film sort cette semaine au cinéma.
09:47 Merci d'avoir passé un moment avec nous.
09:48 Merci infiniment, vos dames et messieurs.
09:50 A bientôt.
09:51 RTL, bonsoir.
09:53 Et l'émission continue dans quelques secondes avec le corrosif Alex Vizorek.
09:57 Vous êtes hétéro.
09:59 Cela ne vous regarde pas Alex Vizorek.
10:02 La France de sa voix.
10:03 Je sais, je sais.
10:04 Dans quelques secondes, votre viso-conférence Alex.
10:07 On rit avec qui ce soir ?
10:09 Olivia Grégoire nous a fait rire aussi.
10:11 Elle veut des cours de cuisine.
10:12 Très bien, la ministre.
10:13 Et puis il y aura RTL Inside.
10:15 Les reporters de RTL vous font vivre l'actu de l'intérieur.
10:18 Et ce soir, retour vers le futur.
10:19 On vous emmène dans un bus sans chauffeur.
10:22 Il roule en ce moment sur les routes d'Ile-de-France avec les passagers.
10:26 C'est si ?
10:27 Totalement autonome.
10:28 À tout de suite sur RTL si vous n'avez pas peur.
10:31 RTL
10:33 [SILENCE]