Retrouvez l'édito média de Bruno Donnet sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/la-chronique-mediatique
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00:00 Édito-Médias, Bruno Denez, ce matin, bonjour Nicolas, zoom sur la puissance des archives.
00:07 Oui, des archives de l'INA, Nicolas, l'Institut National de l'Audiovisuel, qui poste tous
00:11 les jours sur son compte Twitter des éditoriaux d'une acuité tout à fait remarquable.
00:16 Le principe est simple, chaque matin, les documentalistes de l'INA réfléchissent
00:19 au sujet qui va dominer l'actualité, puis ils fouillent dans leur grand placard à souvenirs
00:23 cathodiques et ils en tirent une perle destinée à éclairer cette actualité d'une façon
00:28 très inattendue.
00:29 Par exemple ? Et bien, par exemple, Léa, jeudi dernier, l'info-média du jour, c'était
00:33 la toute première apparition de Ségolène Royal comme chroniqueuse chez Cyril Hanouna.
00:37 L'attente était forte et l'INA a retrouvé une pépite.
00:40 La scène se déroule en 1989.
00:43 Ségolène Royal est l'invité d'une émission de FR3 et elle évoque la télévision.
00:47 Je suis une fana de la télévision, je suis comme un enfant, je suis depuis toujours,
00:52 je suis fascinée par la télévision.
00:54 Car il y a 34 ans, Ségolène Royal venait de commettre un livre intitulé « Le ras-le-bol
00:59 des bébés zappeurs » dont le sous-titre était « Télémassacre, l'overdose » et
01:03 dans lequel elle fustigeait, devinez quoi ? La télévision commerciale et ses dérives.
01:08 Parce que je me dis, comment peut-on faire aussi médiocre avec autant d'argent ? C'est
01:12 vraiment ça qui me stupéfie.
01:14 Elle était stupéfaite par la piètre qualité des programmes que produisaient les chaînes
01:18 privées qu'elle accusait d'avoir sacrifié l'intelligence sur l'autel du spectacle.
01:22 Parce que je crois que ceux qui contrôlent la télévision sont des marchands d'images,
01:26 c'est-à-dire que la loi de l'argent a tout emporté sur son passage.
01:30 Ségolène Royal condamnait donc la course au profit mais également à l'audience
01:34 sur laquelle elle exprimait un point de vue merveilleusement pertinent.
01:37 La mesure par l'audimat qui est un instrument extrêmement grossier puisqu'il suffit de
01:42 regarder une émission pour être censée la prouver.
01:44 Alors j'ai été très intéressé par ce passage-là car hier midi, j'ai fait une
01:48 découverte.
01:49 Laquelle ? Et bien figurez-vous que j'ai entendu Cyril
01:51 Hanouna, il était invité de nos confrères de France 5 et écoutez bien ce qu'il a
01:55 précisé au sujet des « desiderata » de sa toute nouvelle recrue.
01:58 C'est vrai qu'on avait choisi de la placer à 19h45 et c'est elle, même, c'est
02:03 elle qui a choisi son horaire parce qu'elle m'a dit « moi je ne veux pas être trop
02:05 proche du rugby ». Et oui, celle qui réclame aujourd'hui à
02:08 l'animateur le plus condamné par l'Arkom de pouvoir intervenir au moment où son audience
02:12 sera la plus large possible est bien la même que celle qui condamnait les dérives de la
02:16 télévision 34 ans plus tôt.
02:18 « Puisqu'il suffit de regarder une émission pour être censé la prouver.
02:21 » Éclairer les propos d'aujourd'hui par ceux
02:23 d'hier, il suffisait d'y penser pour produire une forme éditoriale redoutable dont il serait
02:28 vraiment dommage de se passer.
02:30 Merci Bruno !