La communication politique est un art subtil dont le maniement des codes raconte quelquefois l'atmosphère politique avec une acuité féroce.
Retrouvez l'édito média de Cyril Lacarrière sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/la-chronique-mediatique
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00:00Et c'est l'édito-média avec Bruno Deney, bonjour Bruno, ce matin Bruno a un débat
00:05télévisé des emprunts et des codes… Oui, la communication politique, Nicolas,
00:09est un art subtil dont le maniement des codes raconte quelquefois l'atmosphère politique
00:13avec une acuité féroce… Et si le grand débat que TF1 organisait hier soir s'est
00:19montré particulièrement éclairant, ce n'est pas tant par ce qu'il s'y est dit que
00:23par les nombreux emprunts que ceux qui y participaient y ont fait…
00:27Alors qui a emprunté quoi à qui ? A gauche d'abord, Manuel Bompard a emprunté
00:33une cravate.
00:34D'ordinaire, il n'en porte jamais, mais hier soir il en avait une rouge… Le rouge
00:38de la gauche, pas tout à fait, le rouge lit de vin dont Jean-Luc Mélenchon ne se départit
00:43jamais.
00:44Manière de signifier sa filiation, mais manière de montrer aussi, probablement bien malgré
00:49lui, que Mélenchon continue de serrer fermement le kiki de ses camarades.
00:53Et Jordan Bardella ? Jordan Bardella, lui, a emprunté des mots.
00:57Il avait soigneusement révisé le débat entre François Hollande et Nicolas Sarkozy
01:00et il s'en est largement inspiré.
01:02En 2012, par exemple, Sarkozy avait traité Hollande de menteur.
01:06« Dans votre volonté de démontrer l'indémontrable, vous mentez.
01:10» « Et ça vous reprend ? »
01:11Et bien hier, Bardella a fait la même chose.
01:14« Vous mentez aux français, c'est vous qui m'emparez, et vous êtes une arnaque
01:17sociale.
01:18» Seulement voilà, après avoir picoré dans
01:19le lexique sarkoziste, Bardella est également allé piocher dans la langue hollandaise.
01:24En 2012, le socialiste avait dit ça au président sortant.
01:27« Quoi qu'il arrive, quoi qu'il se passe, vous êtes content.
01:30Les français le sont moins, mais vous, vous êtes content. »
01:33Et bien hier soir, Bardella a décoché ceci à notre actuel Premier ministre.
01:37« Depuis le début de cette émission, vous êtes content.
01:40Vous, vous êtes satisfait de vous.
01:42Vous avez tout le temps bien fait. »
01:44Un emprunt à la droite, un emprunt à la gauche, comme si la rhétorique avait finalement
01:48davantage d'importance que la ligne politique.
01:51« Et enfin, Gabriel Attal, pour terminer Bruno.
01:53Alors, Gabriel Attal, c'est le grand perdon de la soirée, la faute à TF1 qui elle aussi
01:57a eu l'idée de faire un petit emprunt.
01:59Car en matière d'émissions politiques à la télé, la grande référence, c'est ça.
02:03L'heure de vérité.
02:07Tous les grands leaders politiques s'y pressaient au siècle dernier.
02:11Et à l'écran, juste derrière eux, on les voyait systématiquement accompagnés
02:15de leurs clans, de leurs supporters.
02:17Et bien hier soir, TF1 a proposé la même mise en image.
02:21Jordan Bardella est donc venu flanquer des cadres du Rassemblement National, de ceux
02:24que les Français voient et entendent tous les jours, comme s'ils nous présentaient
02:27déjà son futur gouvernement.
02:30Manuel Bompard a fait nettement moins bien, accompagné exclusivement de membres de la
02:34France Insoumise.
02:35Pas de socialistes, pas d'écologistes, pas de communistes.
02:37Comme si l'Union de la gauche avait déjà du plomb dans l'aile.
02:40Mais la plus cruelle des images fut donc pour Gabriel Attal.
02:43Car derrière lui, aucun ministre.
02:45Pas un ténor de la majorité.
02:47Uniquement de quasi-inconnus du grand public, comme si la Macronie était déjà une image
02:53du passé.
02:54Et le Premier ministre, un type à fuir en communication politique.
02:57Nicolas, les symboles et l'arrière-plan racontent quelquefois très crûment l'arrière-boutique.