• il y a 6 mois
Retrouvez l'édito média de Cyril Lacarrière sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/la-chronique-mediatique

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Transcription
00:00 Et c'est l'édito média, Cyril Lacarrière. Ce matin, Cyril, on parle ruralité dans les pages des journaux.
00:07 Et spécialement dans celle du journal Le Monde. Ça fait deux ans que Le Quotidien a confié les clés d'une nouvelle rubrique
00:12 à une journaliste de 33 ans, Camille Bordonnet. Charge à elle de couvrir les ruralités. Elle tient à ce « les ».
00:19 Et ce n'est pas que de l'esthétique. Depuis Paris, on a une petite tendance à voir la ruralité comme un espèce de grand ensemble
00:25 où tout se ressemble et où tous les problèmes sont identiques. Ce n'est évidemment pas le cas. Encore faut-il y aller pour le savoir et pour le raconter.
00:31 La ruralité française, ça ne représente pas loin de 90% du territoire français. Mais parce que c'est à Paris que sont installés
00:38 tous les quotidiens nationaux, tous les médias nationaux, on ne sait pas toujours raconter ce qui s'y passe.
00:43 À l'heure d'une grave crise politique, ce trou dans la raquette est plus visible que jamais.
00:47 Et il vous rappelle quelque chose dans un autre pays ?
00:50 Oui, les Etats-Unis. Novembre 2015, le lendemain de l'élection de Donald Trump, la presse américaine a la gueule de bois.
00:56 Elle n'a rien vu de la montée de cette colère et elle a totalement sous-estimé la montée en puissance du candidat républicain.
01:02 Après ça, les journaux ont promis de renvoyer des journalistes sur le terrain pour arpenter l'Amérique profonde, celle qui déteste les élites.
01:10 Du point de vue journalistique, le boulot a été fait. Mais 8 ans plus tard, ça n'empêche pas Trump d'être favori pour retourner à la Maison Blanche.
01:17 La faute à une rupture bien trop ancienne et bien trop profonde.
01:20 Et c'est aussi une crise politique, Cyril, qui a amené le monde à créer cette rubrique ?
01:25 Oui, celle des Gilets jaunes à l'hiver 2018-2019.
01:27 Comme ce qui s'est passé avec Trump, cette vague de protestations a largement échappé aux médias nationaux.
01:32 D'ailleurs, la journaliste Camille Bordenet raconte que celles et ceux qu'elle rencontre dans ces zones rurales sont étonnées de croiser une journaliste du monde.
01:40 Que ces gens ont intériorisé depuis longtemps d'être des « Péquenauds ».
01:44 C'est le mot qu'elle utilise pour dire comment nous, journalistes parisiens, on parle d'eux.
01:47 Elle dit aussi qu'ils sont tellement surpris de lui parler qu'ils sont plus enclins à se confier ouvertement à elle.
01:53 Et vous savez pourquoi ? Parce que là où ils vivent, leurs voisins ne lisent pas le monde et donc qu'ils ne seront pas reconnus.
01:59 Ça dit tellement de choses à mes yeux, du fossé entre les Français et une partie des médias.
02:03 Alors, comment y remédier ?
02:04 Déjà, en suivant cet exemple, le quotidien n'est d'ailleurs pas le seul à faire le boulot.
02:08 Bien sûr, en France, la presse régionale reste puissante.
02:10 Et dans cette maison, au Sondradio France, c'est aussi une des raisons d'être du réseau France Bleu.
02:15 Le travail de terrain des médias peut servir de thermomètre démocratique.
02:19 Camille Bordonnet dit que tous les ressorts du vote RN de dimanche dernier, elle les racontait déjà il y a deux ans.
02:24 Notamment ce recul des services publics dont Thomas Piketty parlait tout à l'heure à ce micro.
02:28 Et puis, il y a aussi un enjeu de représentation dans les rédactions.
02:32 Des rédactions qui manquent de diversité sociale mais aussi de diversité géographique.
02:36 Tant que les journalistes ne ressembleront pas plus à la société française,
02:40 ça sera compliqué d'éviter les angles morts et de raconter la vie de celles et ceux qui habitent dans ce pays.
02:44 Cyril Lacarrière, merci.

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