Avec Pierre Janaillac, Maire SE de Tocane-Saint-Âpre (Dordogne)
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NewsTranscription
00:00 - Il est 7h12, 7 à la une ce matin sur ce radio,
00:04 le témoignage de la veuve du chauffeur de bus mortellement agressé à Bayonne,
00:08 vous vous en souvenez, il y a trois ans.
00:10 Nous sommes avec Véronique Montguillot, bonjour.
00:14 - Bonjour, monsieur.
00:15 - Merci d'être avec nous, le procès va se tenir en fin de semaine.
00:18 Donc à Pau, trois personnes poursuivies,
00:20 deux pour les coups qui ont entraîné la mort,
00:22 et puis le troisième pour avoir logé les agresseurs.
00:26 Véronique Montguillot, comment appréhendez-vous ce procès ?
00:32 - Vous savez, on ne va pas dire qu'avec les filles on l'appréhende,
00:36 on va dire qu'on est bousculé dans un monde qu'on n'a pas envie de connaître,
00:41 mais on doit le faire, parce que, déjà pour lui,
00:46 parce que je l'avais promis à mon épouse, son lit d'hôpital,
00:49 qu'on irait jusqu'au bout, on va y aller bien sûr,
00:52 dès vendredi matin on y est pendant tous les jours d'audience,
00:55 mais voilà, maintenant on va écouter les débats,
00:58 on va voir comment ça se passe,
00:59 et puis on a qu'une hâte que ce soit fini, c'est tout.
01:02 - Vous avez du soutien autour de vous,
01:05 la famille, les amis, mais également d'autres personnes ?
01:09 - Oui, tout à fait, en soutien, on a beaucoup d'anonymes,
01:13 il y a trois ans qui sont rentrés dans nos vies,
01:15 et trois ans après qui sont toujours là,
01:17 qui m'ont tendu la main et qui me portent,
01:19 qui me portent pas que je m'écroule,
01:20 parce que vous savez, je me serais écroulée un bon nombre de fois,
01:23 mais non, je suis debout grâce à eux.
01:25 - Comment vous avez réussi à tenir justement ?
01:28 Parce que c'est vrai que quand on est touché par un tel drame,
01:31 je fais le parallèle un peu avec cette mère
01:33 qui ce matin s'exprime parce qu'elle a perdu sa fille
01:35 d'une balle perdue à Marseille,
01:38 bien sûr, comment on réussit à tenir ?
01:41 Il y a de la colère forcément au moment du drame.
01:44 - Oui, bien sûr qu'il y a de la colère,
01:46 voilà, on a envie de...
01:48 Moi j'ai eu des périodes pendant ces trois ans
01:49 où j'avais envie de tout casser chez moi,
01:51 parce que je comprends pas ce qui m'arrive quoi.
01:53 Et on me tient parce que,
01:56 ben voilà, il y a ces anonymes qui sont là.
01:58 J'ai mes filles, ma priorité c'est mes filles bien évidemment,
02:00 parce que mes filles, c'est une partie de leur papa,
02:02 c'est ce qu'il m'a laissé, c'est le plus beau des cadeaux.
02:04 Donc je tiens pour les enfants, bien évidemment,
02:07 et pour mon époux, parce que je me dis, vous voyez,
02:09 quelque part, peut-être qu'il me voit,
02:11 voilà, tout simplement, c'est tout.
02:13 - Vos filles qui ont quel âge, Véronique Ponguillau ?
02:15 - Elles ont 21, 24, 27 ans.
02:18 - Oui, 27 ans.
02:19 Et elles, évidemment, elles ont toujours ce souvenir tous les jours,
02:22 elles vivent avec quoi, bien sûr.
02:24 - Ah, bien sûr.
02:25 - Oui, c'est une situation psychologique difficile quoi.
02:28 Et pour elles aussi, il y a quelques jours du procès,
02:31 elles veulent être également au procès, y assister ?
02:36 - Oui, bien sûr.
02:38 Vous savez, on était cinq extrêmement soudées,
02:40 on est quatre, soudées, extrêmement soudées depuis trois ans.
02:43 On lâchera rien, on ira jusqu'au bout,
02:45 et elles seront présentes au procès,
02:47 bien évidemment, parce qu'elles ont leur cœur qui est meurtri aussi.
02:50 Voilà, même si elles sortent, si elles bougent,
02:52 si elles voient un petit peu de monde,
02:53 la réalité, vous savez, elle est dans la maison,
02:55 elle est dans la maison, cette maison vide,
02:57 il y a une absence, il y a un manque,
02:58 il y a tout, tout de négatif dans cette maison.
03:00 - Oui.
03:01 Véronique Ponguillau, qu'est-ce que vous attendez, justement, du procès ?
03:04 Quelle peine ?
03:06 Vous avez dit que vous voudriez,
03:08 vous réclamez une peine exemplaire, c'est-à-dire ?
03:10 - Voilà, moi je demande une peine exemplaire,
03:13 c'est-à-dire que voilà, que la justice doit se rendre compte
03:16 des dégâts qu'il peut y avoir dans une famille,
03:18 une famille normale, lambda,
03:20 oui, on n'a jamais eu de problème,
03:22 et il faut que la justice voit ça,
03:24 voit tous les dégâts qu'il y a,
03:26 donc en plus ce sont des récidivistes,
03:28 ces personnes-là, ces individus,
03:29 donc il faut punir,
03:31 il n'existe pas de peine aussi forte par rapport à ce qu'ils ont fait.
03:36 Quand on note la vie, pour moi c'est la trépidité,
03:39 c'est pas 30 ans, je suis désolée,
03:40 mais là, bon, aux assises c'est 30 ans maximum.
03:43 En étant récidiviste, il faut tenir compte de ça,
03:45 il faut punir ces personnes le plus longtemps possible,
03:49 c'est tout, c'est pas plus compliqué que ça.
03:51 - Alors elles vont s'expliquer aussi, bien sûr,
03:54 ces auteurs présumés,
03:56 parce que c'est toujours présumé tant que c'est pas condamné,
03:59 est-ce que vous allez leur poser des questions,
04:01 les interpeller justement, les agresseurs ?
04:03 - Vous savez, je ne connais pas trop le déroulement,
04:07 c'est la première fois que je pars dans ce monde-là,
04:09 enfin je veux dire, maintenant si j'ai des questions à leur poser,
04:12 ça sera sur l'OTA, ça sera avec mon cœur,
04:14 ça sera avec mes tripes, comme j'ai toujours fait,
04:17 mais voilà, mais après, est-ce que ça changera quelque chose ?
04:20 Est-ce que mon mari va toquer à la porte ?
04:22 Jamais.
04:23 - Et dans ces conditions, vu les circonstances,
04:26 le pardon, comment vous le voyez-vous ?
04:31 Est-ce qu'il peut y avoir du pardon parfois ?
04:33 - Non, vous savez, moi je pardonne une bêtise,
04:37 y'a pas de souci là-dessus.
04:38 Par contre, je ne pardonne pas le massacre qu'ils ont fait sur mon époux
04:42 en me tapant au sol à coups de pied dans la tête.
04:45 Il s'est relevé, il a voulu aller se protéger,
04:48 il a essayé d'aller se protéger,
04:50 et l'ultime coup qui lui a été donné l'a fait chuter automatiquement au sol
04:54 puisqu'il n'était plus conscient de ce qui se passait en fait,
04:56 il avait perdu toute notion, on ne lui a laissé aucune chance.
05:00 Donc comment voulez-vous pardonner ça ?
05:02 On ne lui a laissé aucune chance, c'est tout.
05:05 - Merci d'avoir témoigné Véronique Monguillot ce matin sur Sud Radio,
05:10 bon courage pour ce procès qui s'ouvre donc vendredi à Pau.
05:15 Vendredi matin.
05:17 Merci d'avoir été avec nous ce matin sur Sud Radio.