• l’année dernière
Une nouvelle étude pointe du doigt l'augmentation de la précarité des étudiants. Près de 76% des étudiants vivent avec moins de 100€ par mois après avoir payé toutes leurs factures. Et 20% d'entres eux n'arrivent pas à manger à leur faim. 

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00:00 Nous allons pousser un coup de gueule ce matin au sujet de la précarité étudiante
00:03 par une vaste enquête sociologique réalisée par une association qui s'appelle Linky
00:08 et qui offre des invendus aux étudiants qui ont du mal à financer leur repas.
00:15 Parce que ça existe en France, c'est une réalité.
00:19 C'est une réalité, c'est même très répandu.
00:21 Et je vais vous dire franchement, c'est une honte.
00:23 Les étudiants vivent très en dessous du seuil de pauvreté, ça on sait.
00:26 Près d'un étudiant sur deux perçoit moins de 400 euros par mois.
00:29 Mais ça, c'est en début de mois, évidemment, parce que 76% des étudiants
00:34 ont un reste à vivre de moins de 100 euros par mois,
00:37 une fois qu'ils ont payé toutes leurs factures 100 euros par mois.
00:40 Ça fait quoi ? Ça fait 3,33 euros par jour.
00:43 Et comment on fait pour vivre avec ça ?
00:44 C'est tragiquement simple.
00:46 D'abord, ils se privent, et ça c'est un autre enseignement de l'étude.
00:48 54% des étudiants sautent des repas pour des raisons financières.
00:51 Ils étaient 43% l'année dernière.
00:54 Évidemment, l'inflation est passée par là, on le voit, les images.
00:57 C'est l'explosion des colis alimentaires, des paniers alimentaires,
01:00 vous savez, ces images de fil d'attente pour récupérer de quoi manger.
01:04 Ça, c'est la première chose, ils se privent sur leur repas,
01:05 mais ils se privent aussi, on le sait, sur leur santé.
01:07 Ils se privent, alors là, évidemment, sur les loisirs.
01:09 Puis qu'est-ce qu'ils font ?
01:10 Ils travaillent à autre chose que leurs études.
01:12 Il y a près d'un quart d'étudiants qui sont des actifs occupés,
01:15 selon les normes du Bureau international du travail.
01:17 Et selon une étude menée par la Dares,
01:19 qui est un service du ministère du Travail en juillet dernier,
01:21 les deux tiers travaillent au moins trois jours par semaine.
01:24 Et pour 73 %, les journées de travail durent plus de cinq heures.
01:27 Ça fait quand même 23 heures par semaine en moyenne, en plus de leurs études.
01:32 Donc, il faut vraiment qu'on change de regard sur la précarité étudiante.
01:34 On ne peut pas un jour appeler à l'excellence universitaire,
01:37 expliquer que c'est l'avenir de la nation,
01:39 se féliciter qu'on remonte dans les classements des universités de Shanghai,
01:42 et laisser les étudiants vivre dans des conditions aussi dégradées.
01:46 - Bon, ça veut dire que l'État n'en fait pas assez ?
01:49 - Il y a des choses qui ont été faites, quand même.
01:50 En mars, il y a 500 millions d'euros qui ont été mis sur la table
01:53 par la ministre de l'Enseignement supérieur
01:55 pour augmenter le nombre de bénéficiaires et revaloriser les bourses.
01:57 Il y a, on le sait, des repas à un euro pour les plus précaires.
02:01 Mais beaucoup d'étudiants, en fait, il y a un autre problème,
02:03 c'est qu'ils ne connaissent pas les aides auxquelles ils peuvent bénéficier.
02:09 Ça s'appelle le non-recours.
02:10 C'est une problématique qu'on rencontre déjà dans d'autres parts de la société.
02:13 Mais plus largement, j'ai envie de dire, tout dépend pas de l'État.
02:16 Il y a aussi un réflexe collectif à avoir.
02:18 Parce qu'il faut peut-être changer de regard, je le disais,
02:20 de la société sur la précarité étudiante.
02:22 Mais il faut peut-être aussi arrêter de les payer au lance-pierre
02:24 quand on les emploie, quand ce n'est pas au noir.
02:26 Il faut peut-être arrêter de leur louer des chambres de bonnes
02:28 à des tarifs prohibitifs, des tarifs qui alimentent trois pièces en centre-ville.
02:33 Et puis, il faut arrêter de se dire que ça a toujours été comme ça,
02:35 sur le thème que moi aussi, je mangeais des pâtes quand j'étais étudiant.
02:38 Parce que ce n'est pas vrai, ce n'est plus vrai.
02:40 Et puis, arrêtons aussi de dévoyer systématiquement tout début de débat
02:44 sur un revenu universel, sur revenu étudiant,
02:46 sous le prétexte qu'on ne va quand même pas payer ces jeunes à rien foutre.
02:49 Parce qu'on ne les paierait pas à rien foutre, on les paierait tout simplement à étudier.
02:51 Il y a un chiffre que tu n'as pas cité qui est effroyable.
02:54 20% des étudiants disent qu'ils ne mangent pas à leur faim.
02:57 Bien sûr, ils sont des repas et ils n'achètent plus de viande,
02:59 ils n'achètent plus de légumes, ils n'achètent plus de fruits.
03:01 Et on ne peut pas étudier quand on a le ventre vide.
03:03 Évidemment.
03:04 Merci Mathieu.

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