20% des étudiants ne mangent pas à leur faim, selon le syndicat étudiant la Fage qui calcule chaque année le coût de la vie étudiante. Cette précarité alimentaire concerne aussi bien les boursiers que les non boursiers, constatent les associations. @linkeeofficiel, qui distribue chaque année 3 millions de repas aux étudiants, s'inquiète de voir que les files d'attente ne désemplissent pas.
Un reportage de Manon Mella, journaliste à France Inter
Un reportage de Manon Mella, journaliste à France Inter
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00:00Je me suis pris un paiement refusé quand j'ai voulu faire mes courses.
00:02J'ai déjà creusé sur toutes mes épargnes, etc.
00:04J'ose même plus aller voir un médecin, quoi.
00:06Je trouve ça tellement compliqué.
00:08La précarité alimentaire des étudiants s'aggrave.
00:11Comme vous le voyez, les files d'attente des distributions alimentaires ne désemplissent pas.
00:15Pour certains, travailler à côté de leurs études
00:17ne suffit même pas à compenser les effets de l'inflation.
00:20C'est le constat dressé aujourd'hui par plusieurs associations,
00:23dont Linky, qui distribue plus de 3 millions de repas chaque année.
00:27Vous voyez, vous arrivez, alors vous allez prendre,
00:29bon, là, il y a des petites boissons,
00:31mais vous allez avoir surtout des pommes de terre,
00:32des courgettes, des bananes.
00:34Tout ça, c'est des fruits et légumes bio.
00:36Regardez ce qu'on va récupérer, regardez.
00:37Des beefsteaks.
00:39Des beefsteaks d'une marque que personne n'achète au supermarché.
00:42Ça coûte beaucoup trop cher.
00:43L'idée, c'est de remplir un frigo avec des bons produits
00:46et que le frigo soit rempli pour une semaine.
00:48Voilà, c'est à ça que ça sert.
00:49Aujourd'hui, je suis là pour récupérer un panier alimentaire
00:52qui est distribué gratuitement par l'association Linky.
00:54Je n'ai pas forcément les moyens, toutes les semaines,
00:57de faire des courses, avec surtout les prix qui sont très élevés
01:00dans les magasins actuellement.
01:01Quand j'ai acheté une pomme l'autre jour, c'était 90 centimes la pomme,
01:04donc j'étais un peu surprise.
01:06Il me doit de rester une centaine d'euros à la fin du mois,
01:08pour les courses et pour me soigner et pour sortir aussi.
01:11J'ai l'impression que la vie étudiante,
01:13ce n'est pas tant s'amuser, apprendre, etc.,
01:16mais c'est vraiment la précarité étudiante.
01:18Il y a beaucoup de gens qui ont peur d'aller en études
01:21parce qu'ils ne vont pas réussir à financer leur loyer,
01:24à s'alimenter, etc.
01:26Est-ce que tu as un travail à côté de tes études ?
01:28Oui, du coup, je fais des baby-steam.
01:30Oui, je suis obligée.
01:32Sinon, je ne pourrais pas du tout vivre.
01:35Je demande toujours un peu d'argent à mes proches
01:38et puis après, je les rembourse dès que j'ai ma bourse, etc.
01:40Il me reste rien, même si je suis en négatif, en fait.
01:42Ça a été énormément source d'anxiété.
01:45C'était vraiment atroce.
01:46Plusieurs fois, j'étais à bout.
01:48Et puis aussi, au niveau de la santé, je me néglige beaucoup.
01:51Je n'ose même plus aller voir un médecin
01:53parce que je sais que s'ils me demandent d'avancer des trucs et tout,
01:56je ne pourrais pas.
01:57Là, je sais que j'ai des problèmes avec mes dents
01:59et il faut que j'avance environ 300 euros.
02:01Les chiffres qu'on a sont très éloquents sur la précarité étudiante.
02:04Les étudiants qu'on accueille sont des étudiants en très grave précarité.
02:07Ils ont moins de 50 euros de reste à vivre par mois.
02:10Moins de 50 euros, ça veut dire qu'ils ne peuvent pas se nourrir.
02:13Donc concrètement, ils sautent des repas
02:15et ils réduisent la quantité de leur alimentation.
02:16Nous, on est un opérateur de terrain.
02:18On fait bien les choses, je crois, mais on a besoin d'aide.